Le diagnostic différentiel entre le trouble de personnalité limite et le trouble cyclothymique ou bipolaire de type 2 est particulièrement difficile à établir

 

 

Un premier psychiatre m'a diagnostiqué maniaco-dépressif et plus tard, un autre psychiatre m'a diagnostiqué comme ayant le trouble de personnalité limite. Qui dit vrai ? Je ne suis pas la seule personne à qui c'est arrivé, car dans un groupe d'entraide, plusieurs personnes m'ont dit que cela leur est arrivé. Comment expliqueriez-vous cela ?

Réponse à la question 2 : _ Le diagnostic différentiel entre le trouble de personnalité limite et le trouble cyclothymique ou bipolaire de type 2 est particulièrement difficile à établir même pour un psychiatre averti et méticuleux dans sa cueillette d'information auprès du patient. La réponse peut aussi varier selon le point de vue du spécialiste qui aura parfois une lorgnette plutôt trouble de l'humeur versus une lorgnette plutôt trouble de personnalité. Ici j'aurais l'argument que c'est pour cela que les psychiatres ont la responsabilité de poser des diagnostics parce qu'ils sont ceux qui ont étudié ces subtilités le plus longtemps mais la science ne nous permet pas toujours d'être sans erreurs si les critères de diagnostic différentiel sont imparfaits... C'est parfois grâce à un suivi au long cours que le psychiatre et le patient font la part des choses mais il faut aussi se rappeler que la même personne peut avoir les deux problèmes...

Les points suivants peuvent aider à distinguer les 2 problèmes:

  • le caractère réactionnel d'un état affectif négatif surtout de l'irritabilité ou de la colère face à un impair interpersonnel ou social suggère un trouble limite.
  • le "cycle" très rapide de la réponse émotionnelle du trouble limite qui peut osciller à l'intérieur d'une même journée en réaction à plusieurs événements qui le font passer par toutes sortes d'états émotifs fait aussi penser à un trouble limite.
  • en contrepartie, le trouble cyclothymique ou bipolaire oscille plus lentement entre l'euphorie ou l'irritabilité et la tristesse usuellement sur plusieurs jours. Il faut aussi pour le psychiatre, si le cycle semble plus rapide, éliminer un " état bipolaire mixte " ce qui complique les choses.
  • le patient avec trouble bipolaire a probablement des moments de stabilité affective où il fonctionne avec plus de sérénité alors que la personne avec trouble limite est souvent labile et dysphorique (mal dans sa peau, en réaction à autrui et soi-même, la plupart du temps).
  • Une question est soulevée par ce problème diagnostic car l'étiologie (la cause profonde) du trouble limite a probablement différentes origines, certaines sont reliées à une enfance difficile vécue avec abus ou négligence, certaines le sont par tempérament difficile qui est peut-être voisin des troubles affectifs tout en étant quelque peu différent. Les chercheurs se posent des questions à cet effet et la réponse n'est pas évidente d'où la difficulté diagnostique.
  • Sans que son efficacité constitue la confirmation d'un trouble cyclothymique, un stabilisateur de l'humeur (lithium, acide valproïque ou lamictal, antipsychotique atypique) rend parfois les patients avec trouble limite moins labiles.
  • Toutefois, les stabilisateurs de l'humeur doivent être prescrits dans un contexte sécuritaire : il vaut mieux s'assurer de la motivation du patient, de sa capacité à suivre le traitement sans qu'il risque de prendre une surdose toxique, de poser un geste suicidaire avec la prescription ou de carrément prendre le médicament de façon si erratique qu'il n'est pas efficace. C'est un enjeu que doivent discuter ensemble patient et psychiatre.
  • Source: Guide à l'usage de l'omnipraticien - Suzane Renaud, md, FABPN, Revue Le Clinicien, 01/1999

    Je crois que cela devrais clarifier un peu.

    Réponse de Suzane Renaud, md., Professeure agrégée de clinique, Faculté de médecine - Psychiatrie, du Centre Hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) - Hôpital Saint-Luc en collaboration spéciale (novembre 2005)

    Voir aussi :

  • Trouble de personnalité borderline et troubles bipolaires : interface clinique et implications du double diagnostic _ Article de L. Biéler J.-M. Aubry A. Mc Quillan F. Ferrero G. Bertschy, Revue Médicale Suisse No -640


  • 01/12/2007
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