Le Meilleur des mondes

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Catégorie:science-fiction

Le Meilleur des mondes (en anglais : Brave New World) est un roman de science-fiction, écrit en 1931 par Aldous Huxley. Il parut en 1932. Cela ne prit que quatre mois à Huxley pour le composer.

Vingt-cinq ans plus tard, Huxley publie un essai dédié à ce livre, Retour au meilleur des mondes

Le titre original du roman, Brave New World, provient de La Tempête de William Shakespeare, acte 5 scène 1. Le titre français, Le Meilleur des mondes, est tiré d'une phrase en français présente au début de la version originale anglaise du livre de Huxley, empruntée à Candide de Voltaire.

Sommaire

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Résumé de l'intrigue [modifier]

Dans le futur, la technologie a permis le clonage (ou la bokanovskification dans le livre) de la plupart des hommes. Ils sont séparés en différentes classes, de l'élite intellectuelle à la classe des travailleurs manuels. L'éducationendoctrinement — les convainc de faire leur travail du mieux qu'ils peuvent, et toute tristesse est traitée par la pilule du bonheur, le soma.

John, un « sauvage » élevé dans une « réserve » primitive du Nouveau-Mexique, va se heurter de plein fouet à cette société.

Analyse [modifier]

Le Meilleur des mondes décrit une société future dotée des caractéristiques suivantes :

  • La société est divisée en sous-groupes, des Alphas aux Epsilons, en fonction de leurs capacités intellectuelles et physiques. L'appartenance à un groupe ne doit rien au hasard : ce sont les traitements chimiques imposés aux embryons qui les aiguillent dans l'un des sous-groupes plutôt qu'un autre, influençant leur développement.
  • Ces sous-groupes, qui constituent des castes, coexistent avec harmonie et sans animosité, chacun est ravi d'être dans le groupe où il a été placé. Et pour cause, des méthodes hypnopédiques (répétitions de leçons orales durant le sommeil) conditionnent les comportements de chacun dès le plus jeune âge.
  • La reproduction est entièrement artificielle. Non seulement la notion de parenté ne correspond plus à une réalité courante, mais son évocation est considérée comme vulgaire, voire obscène. La sexualité n'a plus d'autre fonction que récréative.
  • Le conditionnement transforme les goûts des membres de la société vers des loisirs nécessitant l'achat d'équipements spécialisés au lieu de l'appréciation des passe-temps gratuits ou bon marché. On les conditionne, par exemple, à ne pas aimer les fleurs, au motif que ce goût n'engendre pas assez d'activité économique. Huxley montre ici les dérives possibles du behaviorisme ou comportementalisme étudié notamment par John Broadus Watson.
  • Le soma est une drogue parfaite qui est distribuée par l'administration. Cette drogue empêche les habitants d'être malheureux. Elle agit sur un mode anxiolytique. C'est en outre un moyen de contraception imposé.
  • Sur le plan religieux, le régime est théocratique. Cela dit, les notions de religion et de théocratie y sont inexistantes et il en va de même pour toutes les autres notions associées à la religion, sauf l'hérésie (qui peut être punie de déportation).

Huxley fonde sa dystopie sur l’aspect utopique d’une société-monde profondément anesthésiée par le progrès scientifique et technique de l’an 600 après Ford. Ce roman pousse à son paroxysme les conceptions sur l'eugénisme qui était alors considéré par la communauté scientifique, et particulièrement par les généticiens et les biologistes, comme une science à part entière. Il faut d'ailleurs noter que le frère d'Aldous Huxley était Julian Huxley, éminent généticien partisan de l'eugénisme (qui sera nommé à la tête de l'UNESCO en 1946). Le Meilleur des mondes dénonce les méfaits de l’utopie en tant que conceptualisation fausse et assujettissante. L’épigraphe qui introduit l’œuvre cloue au pilori l’utopie et invite les intellectuels à l’éviter pour échapper au piège idéologique qu’elle tend.

« Les utopies apparaissent comme bien plus réalisables qu’on ne le croyait autrefois. Et nous nous trouvons actuellement devant une question bien autrement angoissante : comment éviter leur réalisation définitive ?… Les utopies sont réalisables. La vie marche vers les utopies. Et peut-être un siècle nouveau commence-t-il, un siècle où les intellectuels et la classe cultivée rêveront aux moyens d’éviter les utopies et de retourner à une société non utopique, moins parfaite et plus libre».

Ce monde qui se veut parfait évoque déjà celui du Fahrenheit 451 de Ray Bradbury ou d’Un bonheur insoutenable d'Ira Levin. Toutefois, Le Meilleur des mondes est plus souvent rattaché à la littérature générale qu'à la science-fiction, comme d'ailleurs 1984 de George Orwell auquel il est souvent comparé, les deux ouvrages présentant des visions du futur fort différentes. Ici, la liberté a disparu, le doute a disparu mais les gens sont heureux, chacun est à sa place et se réjouit de son sort.

Le Meilleur des mondes a longtemps été présenté comme une vision pessimiste du futur de la société de consommation. Ce n'est pas seulement un livre de science-fiction mais aussi une métaphore de la société actuelle.

Qu'un système puisse se charger méthodiquement d'écraser ce qu'il y a d'humain dans l'homme a aussi été décrit par Soljenitsyne dans sa pièce Une petite flamme dans la tempête.

Les personnages [modifier]

La plupart des personnages ont des noms de personnes connues pour avoir créé ou voulu partager des idées sociales, professionnelles et politiques :

On peut aussi ajouter John, le sauvage, comme une représentation du christianisme (sonorité due à son prénom). Le fait qu'il soit appelé « le sauvage » renforce l'idée qu'il est très différent de cette civilisation, le christianisme étant « l'inverse » du communisme-industrialisme.

Pour les principaux personnages :

  • Portrait physique
  • Portrait moral
  • Évolution au cours de l’histoire
  • Symbolique — Que représente-t-il ?

Il existe cinq classes socioprofessionnelles : les Alphas, les Bêtas, les Gammas, les Deltas et les Epsilons. Les Alphas ont le meilleur physique et les tâches intellectuelles tandis que les Epsilons n’ont que des travaux jugés dégradants et un physique peu avantageux.

Bernard Marx : Alpha [modifier]

  • Il est petit et sa beauté est inférieure à la majorité des Alphas, en décalage avec le physique de cette caste, la rumeur prétend que lors de sa « conception » — en éprouvette, comme tout humain — une erreur aurait causé l'injection d'alcool dans son sang, traitement réservé aux fœtus des classes inférieures, ce qui justifierait son physique dégradé.
  • De ce décalage physique est née une exclusion de la part des autres : il est d’abord connu par sa réputation comme un asocial, ayant des mœurs différentes. Ce décalage physique aurait pu être estompé par son conditionnement, mais il y manifeste une résistance, précisément du fait de ces différences qui l'isolent et le préviennent d'adopter mécaniquement la vision commune.

Bernard souffre de sa laideur et de son inadaptation. Il éprouve par là-même une conscience de son « moi », de son individualité, que les autres individus n’ont pas.

  • Au début du roman Bernard est détaché de son milieu et lui trouve des défauts, comme la pauvreté des relations et des libertés. Il est malheureux.

Quand il ramène John, qui devient une vedette, les autres s’intéressent à lui, alors il change de comportement, et devient comme les autres, se laissant flatter par la renommée. Un jour, John refuse de sortir pour se présenter à une soirée préparée en son honneur, Bernard perd alors soudainement sa ridicule gloire, redevient comme avant, et renoue avec ses anciennes amitiés. À la fin du roman, après une phase de faiblesse assez pitoyable où il fuit l’engagement moral, il retrouve son identité individuelle avec détermination.

  • Bernard est l’exemple même des failles de cette société, il est l’inadaptation, l’erreur, dû à un mauvais dosage lors de son ectogénèse.

Le fait qu’il se comporte normalement quand il devient connu prouve que sa déviance n’est due qu'à sa mauvaise intégration à la société.

Lenina Crowne : Beta [modifier]

  • Elle est très belle et a beaucoup de charme, même auprès des Alphas
  • Son conditionnement est parfaitement réussi, elle ne remet pas en cause les lois de cette société, et se montre outrée quand elles ne sont pas appliquées, par exemple quand John lui explique le mariage. Cependant, elle a des tendances relationnelles hors normes : elle est restée longtemps avec Henry Foster, sans avoir d’autres relations, et son attirance pour Bernard Marx ne s’est pas faite avec les critères de sa société, elle est avec lui parce qu’il est petit et faible, elle a envie de le « cajoler », et est intriguée par sa différence tout en ne la comprenant pas.
  • Elle est attirée dans le roman par trois personnes : Henry, Bernard, puis John, ayant à chaque fois une relation étrange, cependant, son conditionnement est trop poussé pour qu’elle puisse sortir des limites imposées par la société.
  • Elle est souvent tentée de ne pas obéir aux lois de ce monde ; ce qui la pousse en ce sens c’est l’amour, considéré dans ce livre comme un instinct.
  • Lénina est considérée comme une partenaire conforme aux vœux de la société pour l'exercice de la promiscuité sexuelle (qui est une obligation de l'État mondial). Elle est très « pneumatique ». L'emploi de ce mot est un jeu de mots élaboré de l'auteur, car la kabbale et la gnose qualifient de « pneumatique » les individus ayant une âme en contact avec la source divine : l'idée qui vient derrière ce mot est que l'érotisme est une pratique mystique qui fusionne l'individu avec le « Grand Tout » (tantrisme). Mais le terme pneumatique fait aussi penser au caoutchouc des pneus d'une Ford T, ainsi les filles pneumatiques sont aussi des poupées gonflables améliorées.

Helmholtz Watson : Alpha ou bêta [modifier]

  • Beau et sportif, il a tous les critères physiques d’un Alpha, voire supérieurs à ceux d’un Alpha.
  • Autant sur le plan physique que moral, il est supérieur à cette caste, ce qui le rend très sociable, il est la réussite même, mais pourtant il ne se plaît pas dans ce monde : si le conditionnement de Bernard est raté du fait d'une insuffisance physique, celui de Helmholtz l’est parce qu’il est trop réussi. Trop intelligent pour apprécier les valeurs insipides de ce monde, il a aussi l’impression d’être sous-employé.
  • Helmholtz au début de l’histoire a une impression de vide dans son travail, mais il ne sait pas quoi. À la fin, il aide John, peut-être juste pour l’aider, ou peut-être a-t-il pris parti pour le message de ce dernier. Dans le bureau de Mustapha Menier, organisateur clef de la société, il critique son travail, et sait quoi critiquer : le manque de sentiments profonds dans cette société.
  • Il représente, tout comme Marx, l’inadaptation, mais aussi quelque chose de nouveau : l’intelligence, incompatible avec ce monde.
  • Écrivain

Linda : ancienne Bêta [modifier]

  • Elle est difforme, dégradée par l’alcool, vieille, très obèse car elle n’a pas vécu dans son milieu, mais dans une « réserve pour sauvages ». Elle doit avoir 40 ans. Contrairement aux membres de cette société, les outrages du temps n'ont pas été évités par les traitements scientifiques ; elle présente les signes de la vieillesse.
  • Elle a été parfaitement conditionnée, et n’a pas changé sa manière de vivre chez les Indiens, ce qu’il l’a rendu exclue. Elle n’a pas pu rentrer à Londres, à cause de son enfant, elle est donc bloquée dans la réserve.
  • Il n'y a aucune évolution psychologique de sa part ; en rentrant à Londres, elle fait ce que tout Bêta bien conditionné aurait fait : elle se drogue au soma pour le restant de ses jours, jusqu’à en mourir.
  • Malgré la honte qu’elle éprouve d’avoir un fils, due à son conditionnement, elle lui apprend à lire et elle l’aime.

John, le « sauvage » [modifier]

  • Il a environ 20 ans ; il est né de façon naturelle, fait répréhensible dans la société future, de l'union du directeur (un Alpha) et de Linda (une Bêta). Il doit avoir des qualités physiques et psychiques assez importantes.
  • Il a été éduqué dans un village indien, et n'a donc pas subi le conditionnement de la société, mais celui de sa culture d'adoption, qui n'est d'ailleurs pas moins contraignante (Huxley nous décrit son désespoir quand une jeune femme qui lui plaît se marie avec un autre). Il a des préjugés favorables sur Londres, mais pourra juger cette société d’un œil nouveau. Il connaît par ailleurs beaucoup d’œuvres écrites (Shakespeare) et manifeste des sentiments ainsi que certaines valeurs morales (chasteté, fidélité relationnelle, etc.) souvent en opposition avec les valeurs de la société.
  • Idéalisant d'abord Londres, il découvre vite l’aliénation collective de ce monde. Son idée de Londres évolue au fur et à mesure qu'il en découvre toute la réalité.

Il a aussi été attiré par Lenina, qui voulait directement avoir des relations sexuelles et rien d’autre, comme tout individu et selon les règles de cette société. C’est à ce moment-là qu’il juge pauvres et superficielles les relations humaines de ce monde, conformément à son propre conditionnement. La découverte de l'utilisation du soma, renforce ce qu’il pensait de ce monde : bonheur superficiel et absence de raisons d’exister.

  • Il symbolise le point de vue du lecteur de 1931, celui de ses principes (liberté, passions, etc.), en opposition à ce monde normé et lisse.
  • John symbolise aussi certains mauvais côtés, assez extrêmes, de sociétés antérieures : chasteté poussée à l'extrême, perte de contrôle de soi facile et accès de violence (il fouette Lenina parce que celle-ci lui explique son désir), mais traduit aussi une réalité d'actualité en 1930 lors de la publication du livre : « Une femme n'est pas censée exprimer directement son désir, et si elle n'est pas vierge alors sa moralité est douteuse (impudent stumpet). » Lorsque Lenina fait des avances à John il entre en fureur et la frappe en la traitant de courtisane et de catin.

Il représente en quelque sorte « monsieur tout le monde », c'est le seul être dit « normal » il ne consomme pas de soma, il a lu des livres, il est né naturellement, etc. C'est le contraire des Alphas, Bêtas, etc.

On comprend à la fin du livre que John est entièrement contre ce meilleur des mondes, de plus un groupe d'homme le retrouvera pendu dans sa cabane, le livre se termine d'ailleurs là dessus .

Mustapha Menier : Alpha [modifier]

  • Cet Alpha est l’un des hommes les plus importants de la société. Il est l’administrateur mondial de l’Europe occidentale. Au début du roman, il donne l’impression d’être convaincu par le système même s'il montre une grande connaissance des sociétés antérieures. Cependant, au fil du texte, le lecteur apprend qu’il n’est pas convaincu mais plutôt réaliste. En effet, il évoque la stabilité apportée par la dictature en place en opposition avec la liberté trop permissive des sociétés anciennes.

Chef-d'œuvre de la science-fiction [modifier]

Ce roman a été classé parmi les chefs-d'œuvre de la science-fiction dans les ouvrages de références suivants[1] :

  • Annick Beguin, Les 100 principaux titres de la science-fiction, Cosmos 2000, 1981 ;
  • Jacques Goimard et Claude Aziza, Encyclopédie de poche de la science-fiction. Guide de lecture, Presses Pocket, coll. « Science-fiction », n°5237, 1986 ;
  • Denis Guiot, La Science-fiction, Massin, coll. « Le monde de... », 1987 ;
  • Lorris Murail, Les Maîtres de la science-fiction, Bordas, coll. « Compacts », 1993 ;
  • Stan Barets, Le science-fictionnaire, Denoël, coll. « Présence du futur », 1994 ;
  • Bibliothèque idéale du webzine Cafard cosmique.

Liens internes [modifier]

Liens externes [modifier]

Notes et références [modifier]

  1. Pour consulter les listes complètes, voir le site Top des Tops.


27/08/2007
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