Le suicide en France

 

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Editorial

Jean-Louis Terra
Professeur de psychiatrie, Université Claude Bernard Lyon 1, France

 
 
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    François Beck (francois.beck@inpes.sante.fr) et al.
    Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes), Saint‑Denis, France
    Cermes3 - Équipe Cesames (Centre de recherche médecine, sciences, santé, santé mentale, société), Université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité/CNRS UMR 8211/Inserm U988/École des hautes études en sciences sociales (EHESS), Paris, France

    Résumé

    En 2010, sur une période rétrospective de 12 mois, 3,9% des personnes âgées de 15 à 85 ans interrogées déclaraient avoir eu des pensées suicidaires et 0,5% avoir fait une tentative de suicide (TS). Si le taux de TS déclarées au cours de la vie semble stable depuis 2000 (environ 6%), le taux de TS au cours des 12 derniers mois est supérieur à celui observé en 2005. Globalement, la fréquence des TS déclarées au cours des 12 derniers mois diminue avec l’âge, tandis que la survenue d’idées suicidaires est maximale entre 45 et 54 ans. Le genre est une variable importante : les femmes sont plus nombreuses que les hommes à avoir pensé au suicide et à avoir effectué une TS au cours de l’année. Le facteur de risque le plus important dans la survenue à la fois des pensées suicidaires et des TS est le fait d’avoir subi des violences (sexuelles mais aussi non sexuelles). Les autres facteurs associés aux pensées suicidaires et/ou aux TS sont le fait de vivre seul, la situation de chômage, un faible niveau de revenu, et la consommation de tabac. Quelques facteurs de risque sont spécifiques au sexe ; c’est le cas d’une consommation d’alcool à risque chronique chez les femmes.

    Mots-clés : Suicide, pensées suicidaires, addiction, santé mentale, genre, violence
     
     
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    Christine Chan-Chee (c.chan-chee@invs.sante.fr) et al.
    Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France

    Résumé

    Le Programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI) a été utilisé pour l’analyse des hospitalisations pour tentatives de suicide (TS).
    En France métropolitaine, entre 2004 et 2007, un total de 359 619 séjours pour TS ont été comptabilisés en médecine et chirurgie, correspondant à 279 843 patients, soit environ 90 000 hospitalisations pour 70 000 patients par an. Au cours des quatre années étudiées, 84,1% des patients ont été hospitalisés une seule fois et 15,9% des patients ont été hospitalisés plusieurs fois pour TS. Quelle que soit l’année, les séjours féminins ont représenté 65% de l’ensemble des séjours pour TS. L’absorption de médicaments était le mode opératoire des TS de loin le plus fréquent, concernant 79% des TS hospitalisées, soit entre 67 000 et 79 000 séjours hospitaliers par an. Le taux de séjours pour TS était de 16,9 pour 10 000 habitants (12,4 pour 10 000 hommes et 21,2 pour 10 000 femmes). Les séjours hospitaliers pour TS concernant les adolescentes de 15 à 19 ans présentaient les taux les plus élevés, avoisinant 43 pour 10 000. Les régions du Nord et de l’Ouest, à l’exception de l’Île‑de‑France et des Pays‑de‑la‑Loire, avaient des taux standardisés supérieurs au taux national chez les hommes et chez les femmes.
    Le taux de ré‑hospitalisation pour TS progressait de 14,0% à 12 mois jusqu’à 23,5% à 48 mois sans différence selon le sexe ; il était plus élevé parmi les 30-49 ans et chez les patients ayant un diagnostic psychiatrique.
    Cette étude montre l’ampleur du phénomène suicidaire en France, souligne la nécessité de compléter la surveillance des TS et de mettre en place des actions de prévention et de prise en charge de certains groupes de population particulièrement vulnérables.

    Mots-clés : Tentatives de suicide, hospitalisation, France
     
     
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    Albertine Aouba (albertine.aouba@inserm.fr) et al.
    Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (Inserm‑CépiDc), Le Kremlin-Bicêtre, France

    Résumé

    Introduction – Un certain nombre de suicides ne sont pas connus à partir de la statistique nationale des décès. Certains sont, en particulier, enregistrés en tant que causes inconnues de décès ou morts violentes dont l’intention n’est pas déterminée. La sous‑évaluation du nombre de décès par suicide a été estimée à 20% à la fin des années 1990. Compte tenu de l’évolution des méthodes de certification et de codification, cette étude présente une analyse de la qualité et de l’exhaustivité des données de mortalité par suicide en France métropolitaine actualisée sur des données plus récentes et propose des recommandations pour une amélioration de la statistique nationale des décès par suicide.
    Méthode – L’étude est basée sur l’ensemble des décès survenus en France métropolitaine durant l’année 2006. À partir d’un échantillon aléatoire de 500 décès concernant des causes pouvant « masquer » des suicides, une enquête rétrospective auprès des médecins certificateurs a permis d’évaluer la part de suicides parmi ces causes et de proposer une estimation corrigée des effectifs et taux de décès de la statistique nationale.
    Résultats – En 2006, un total de 10 423 décès par suicide a été enregistré en France métropolitaine. L’investigation des groupes de causes de décès pouvant « masquer » un suicide, a identifié un certain nombre de décès par suicide et conclut à une sous‑estimation de 9,4% du nombre officiel de décès. Après correction, le nombre de suicide passait, chez les hommes, de 7 593 à 8 250 (+8,7%) et chez les femmes de 2 830 à 3 154 (+11,5%). La situation des régions face au suicide est peu modifiée après prise en compte des taux standardisés corrigés de décès.
    Conclusion – L’étude souligne l’importance d’obtenir l’ensemble des informations sur les causes médicales de décès, en particulier après enquête médico‑légale. De plus, l’information sur les circonstances des morts violentes est également essentielle pour l’obtention d’une statistique fiable, surtout pour un indicateur aussi sensible que le suicide. Des recommandations impliquant une collaboration entre les ministères de la Santé, de la Justice et du CépiDc ainsi qu’une évolution du certificat de décès sont proposées.

    Mots-clés : Suicide, causes de décès, données de mortalité, situation épidémiologique, régions, France
     
     
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    Christine Cohidon (christine.cohidon@univ-lyon1.fr) et al.
    Unité mixte de recherche épidémiologique et de surveillance en transport, travail et environnement (Umrestte), InVS-UCBL-IFSTAR, Lyon, France
    Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France

    Résumé

    Introduction – L’objectif de cette étude est de décrire le risque suicidaire selon l’emploi. Elle s’appuie sur les données de la phase pilote en région Rhône‑Alpes du programme de surveillance de la santé mentale selon l’activité professionnelle « Samotrace », développé à l’Institut de veille sanitaire (InVS).
    Matériel et méthodes – L’échantillon a été constitué par tirage au sort aléatoire au sein d’une population de salariés, surveillée par un réseau d’environ 80 médecins du travail, entre janvier 2006 et mars 2008. Le risque suicidaire a été exploré par le questionnaire diagnostique Mini, administré par le médecin du travail. L’emploi était décrit par la profession et le secteur d’activité. Le risque suicidaire est ici décrit selon le sexe, l’âge, la catégorie sociale et le secteur d’activité.
    Résultats – Le risque suicidaire concerne près de 10% des femmes et 7% des hommes. Chez les hommes, ce risque suit un gradient social, les catégories sociales les plus favorisées étant les moins concernées. Bien que les résultats ne soient pas significatifs, le secteur de la santé et de l’action sociale et celui des transports et communications pourraient être plus particulièrement concernés. Chez les femmes, le risque suicidaire selon l’emploi est moins contrasté.
    Conclusion – L’identification de populations vulnérables, en particulier avec un risque suicidaire élevé, devrait aboutir à la mise en place d’actions de prévention spécifique.

    Mots-clés : Risque suicidaire, salariés, France, catégorie sociale, secteur d’activité
     
     
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    Géraldine Duthé (geraldine.duthe@ined.fr) et al.
    Institut national d’études démographiques, Paris, France

    Résumé

    Introduction – En France, le niveau de suicide était, en 2011, bien plus élevé en prison qu’en population générale. Nous sommes revenus sur l’évolution du taux brut de suicide en prison depuis 1945 et avons essayé de comprendre les tendances observées.
    Matériel et méthodes – Le taux de suicide en prison en France métropolitaine a été comparé depuis 1945 à celui observé en population générale masculine (de 15 à 59 ans). Des données sur trois ans et demi d’observation de séjours sous écrou provenant du fichier national des détenus de la direction de l’administration pénitentiaire (DAP) ont permis de confirmer certains facteurs de risque identifiés dans la littérature. Les données annuelles de la DAP ont été mobilisées pour décrire les évolutions survenues dans la population écrouée ayant pu jouer un rôle dans l’évolution du suicide.
    Résultats – De 1945 à 2010, le niveau de suicide en prison a beaucoup augmenté, passant de 4 à 19 pour 10 000 personnes, et s’est distingué du niveau observé en population générale. À partir de 1955, la proportion de femmes est devenue marginale et les effectifs de la population écrouée ont augmenté. Après avoir progressé, la part des prévenus a diminué. Plus récemment, les aménagements des courtes peines se sont développés. La part des personnes condamnées pour agression sexuelle a augmenté ainsi que, plus récemment, celle des personnes condamnées pour violence volontaire.
    Discussion-conclusion – Les conditions carcérales et le profil social et sanitaire des personnes détenues n’ont pas pu être étudiées dans le temps, mais les modifications du profil pénal des détenus ont probablement joué un rôle important dans la hausse du suicide.

    Mots-clés : Suicide, évolution, facteurs, population carcérale, France
     
     
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    Jean-Marie Firdion (jean-marie.firdion@wanadoo.fr) et al.
    Équipe de recherche sur les inégalités sociales, Centre Maurice Halbwachs, Paris, France

    Résumé

    Depuis les années 1990, de nombreuses études se sont penchées sur le risque suicidaire des minorités sexuelles, aboutissant à des estimations de risque majoré. Les résultats obtenus en France confirment les observations relevées dans la littérature internationale. L’hypothèse de l’homophobie comme facteur de risque du comportement suicidaire est la plus solide pour expliquer la prévalence plus élevée de tentatives de suicide dans les populations homosexuelle et bisexuelle. Les phénomènes d’exclusion, de mépris et de stigmatisation peuvent en effet conduire à une perte d’estime de soi, de confiance dans l’avenir et dans les autres. Des stratégies de prévention spécifiques sont à mettre en oeuvre ou à renforcer, notamment en direction des jeunes, pour lutter contre des phénomènes de bouc émissaire et de mal-être social.

    Mots-clés : Suicide, épidémiologie, facteurs psychosociaux, identité sexuelle, homosexualité, non‑conformité de genre
     
     
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    Dans l’article « Risque suicidaire et activité professionnelle » paru dans le BEH n°47-48 du 13 décembre 2011, plusieurs erreurs doivent être corrigées.



02/05/2013
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