LES CUMPS (Cellules d’Urgence Médicopsychologiques)

 

 

 

 

LES CUMPS (Cellules d’Urgence Médicopsychologiques) et le psychotrauma victimes de leur "succès" ?

 

Au départ, voulues par le président Chirac très ému de l’état psychologique des blessés des attentats de 1995, les CUMP ont été conçues sur des bases assez simples :

1° Dans chaque département français

2° Une CUMP : Un psychiatre, un psychologue, une secrétaire tous à mi-temps, ayant donc un autre poste de travail dans un hôpital ou un CMP devant organiser et former à la prise en charge psychologique

3° Des volontaires bénévoles non rémunérés, psychiatres, psychologues, infirmiers.

4° Formés au psychotrauma.

5° Quittant dans l’urgence leur poste de travail dans un hôpital, un CMP ou tout autre structure de santé.

6° Intervenant dans le sillage des SAMU dans le cadre de l’urgence immédiate d’un évènement à fort retentissement psychologique : attentats, catastrophes naturelles ou technologiques essentiellement. Situations somme toute à l’époque relativement rares.

7° A la demande par le préfet.

15 ans après, qu’en est-il ?

7° Certains préfets sont victimes du principe de précaution et déclenchent les CUMPS pour des raisons où il n’y a vraiment que peu de risques de voir des blessés psychiques : L’arrivée d’avions de touristes détournés de leur destination finale par le facétieux volcan islandais par exemple... Les prefets sont surtout victimes de leur méconnaissance du traumatisme psychologique (et de la désorganisation des services hospitaliers qui s’en suit.)

6° Les situations à fort retentissement psychologique ont néanmoins augmentées : les catastrophes naturelles, la circulation automobile et les carambolages, les évènements rassemblant des foules, et, pouvant être à l’origine de malveillance ou accidents aussi, sans parler des braquages ou ds suicides en public...

Les déclenchements de CUMPS ne sont plus l’affaire de quelques jours par an mais de régulières interventions.

5° Les postes de travail en psychiatrie sont à peine pourvus en temps normal et le départ en urgence  de personnels de santé crée une véritable pagaille dans les services de soin : que faire des patients qui attendent leurs consultations, des malades sans infirmiers ? Comment gérer des postes vacants sans alternative de remplacement ? Comment donner du repos aux  "Cumpers" souvent épuisés ?

4° Encore peu de professionnels de santé formés au psychotrauma à ce jour... Mais le psychotrauma est " à la mode". Nous recevons sur le site des demandes de professionnels de santé de toutes spécialités qui ont envie de s’y "coller"  bénévolement après une formation "éventuelle". (Imagine-t-on un psychiatre en retraite -formé en deux jours-  au bloc opératoire ?).

3° Des bénévoles de CUMP qui démissionnent en nombre, car en sus d’avoir des chefs de service sur le dos (qui n’en peuvent plus eux-mêmes de gérer des personnels "en points de suspension"),  travailler dans des conditions difficiles sans être rémunérés... une fois ça va mais sans arrêt : basta !

2° et 1° : Il n’y a pas de CUMP dans tous les départements. Sur le papier, il y a un référent nommé par le préfet. Mais dans la réalité, celui-ci n’a parfois aucune formation à la prise en charge de blessés psychologiques, à la gestion de crise engendrée par une catastrophe et il n’y a derrière ce paravent aucune équipe capable de réagir dans les conditions requises pour être efficace...  Parfois on fait appel à des psychiatres praticiens hospitaliers retraités.

L’indigence criarde de certaines zones attirent (nécessitent) aussi des organisations diverses prêtes à réagir au moindre évènement. Non formées elles peuvent être potentiellement nocives pour la santé des personnes victimes : le défusing est un acte médical, où les mots peuvent nuire à la guérison future.  Ou pires : certaines sont des sectes...

Et la prise en charge médico-psychologique dans tout cela ?

"Les psys sont là ! tout va bien !" ce mythe perdure encore et encore... Une personne victime d’un psychotraumatisme a non seulement besoin d’une prise en charge efficace la plus rapide possible comme pour toute blessure grave, non pas lors d’une seule journée, ou de deux ou trois consultations, mais plus souvent de soins qui perdurent pendant de longs mois.

Chaque intervention, consultation de psychiatre, psychologue est un acte médical de spécialiste.  Les mots ou les médicaments prescrits sont maniés avec autant de technique que les bistouris. Mal utilisés, le danger est le même pour le patient.

Quand il y a une CUMP efficace et rodée, c’est à coup sûr un très grand nombre de personnes victimes d’évènements traumatisants isolés (accidents de voiture, agressions etc) qui pourront être repérées et soignées en raison de professionnels de santé compétents.

Les statistiques montrent que les personnes non soignées coûtent deux fois plus cher à la société en matière de soins, sans compter les pertes d’emploi, éclatements de famille et autres destructurations sociales.

Il convient de faire réfléchir tous ceux qui ont le pouvoir de décider, et je vous invite à lire le très beau discours de François-Emmanuel BLANC, directeur de l’ Agence Régionale de Santé de la région Poitou-Charentes dans notre section Santé Publique.

Marie-Christine MILLEQUAND

Dernière mise à jour le mercredi 6 juillet 2011, par  Marie-Christine Millequand



27/04/2013
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