Les voyants rouges pour reconnaître un mauvais psy
Les voyants rouges pour reconnaître un mauvais psy
Cinq personnalités de la planète psy ont accepté de nous livrer ce qui leur semblait incompatible avec l’exercice de leur pratique respective.
Aurore Aimelet
En pédopsychiatrie
Daniel Marcelli : Se consacrer aux parents
« En pédopsy, on ne consulte pas pour soi, mais pour ce que l’on a de plus cher au monde, son enfant. Le thérapeute est là pour répondre à la détresse de ce dernier et pas forcément aux attentes de ses parents. C’est parfois délicat et objet de mauvaises interprétations. Cependant, il est évident qu’un pédopsychiatre prendra en compte leur avis et s’abstiendra de toute critique dévalorisante, de toute accusation méprisante, en particulier devant le jeune patient. L’objectif est bien d’identifier les difficultés et de trouver des solutions pour aménager les relations. Et souvent, accompagner les parents dans leur propre remise en question. »
En sexothérapie
Alain Héril : Le contact rapproché
« Ce titre n’étant pas encadré juridiquement, tout un chacun peut s’autoproclamer sexologue. Prudence, donc. Sachez que s’il n’est pas médecin, gynécologue par exemple, un sexologue ou un sexothérapeute n’a en aucun cas le droit de vous ausculter. Même en arguant des prétextes médicaux. Si vous venez consulter pour un vaginisme, n’acceptez pas pour autant un toucher vaginal. De même, attention aux questions insidieuses sur votre intimité. Vous êtes là pour parler de votre sexualité. Mais pas pour répondre à un interrogatoire qui vous paraîtrait intrusif ou même libidineux sur vos pratiques sexuelles. »
En psychanalyse
Dominique Miller : Trop de froideur
« La règle de “neutralité bienveillante” frise parfois la caricature. Être neutre, pour le thérapeute, ce n’est pas être froid ou indifférent. C’est simplement ne pas interférer dans votre cheminement mental. Ne pas parler de soi, par exemple, ou de sa vie. Et surtout, ne pas donner de conseils moraux, politiques, idéologiques, ou encore orienter votre façon de vivre. Sa neutralité est dite bienveillante, parce qu’elle est empreinte d’humanité. S’il vous sent particulièrement fragile après une séance, il peut très bien vous aider à remettre votre manteau. Loin d’être une expérience masochiste, l’analyse s’inscrit dans la vie. »
Comment bien choisir son psy de Sylvie et Pierre Angel
La Psychanalyse sans complexes de Jean-Claude Liaudet
Psychothérapies, cent réponses pour en finir avec les idées reçues de Serge Ginger
En thérapie comportementale et cognitive
Christophe André : La passivité
« En thérapie comportementale et cognitive (TCC), il s’agit d’expérimenter de nouvelles façons d’être, plus en accord avec ses désirs. Le thérapeute doit donc être impliqué et interactif. Il propose des exercices pratiques, comme la mise en situation, le jeu de rôle… Si vous avez l’impression qu’il se contente d’injonctions lointaines, sans “mouiller sa chemise”, c’est-à-dire sans participer et vous accompagner dans la voie du changement, posez-vous des questions. Les TCC reposent avant tout sur l’expérimentation. En son absence, ce n’est peut-être pas une mauvaise thérapie : c’est sans doute une thérapie de soutien, mais ce n’est pas une thérapie comportementale et cognitive. »
En thérapie familiale
Sylvie Angel : S’attacher à l’un ou à l’autre
« En thérapie familiale, nous recevons ensemble les parents, la fratrie, parfois les grands-parents pour des séances de groupe. Le risque est évidemment, pour le thérapeute, de s’attacher à l’un ou à l’autre membre de la famille. De privilégier un discours ou une façon de voir. De focaliser son attention sur l’un des sujets et de le désigner comme étant la victime ou le bourreau du reste du groupe. Raison pour laquelle, sauf cas exceptionnel, le thérapeute familial reçoit toujours la famille ensemble. Il ne propose pas de suivi individuel. Son patient devient le groupe lui-même. »
juin 2008