Voici un florilège des phantasmes que les psychothérapeutes et les psychanalystes ont des psychologues, ces croyances sont commentées par nos soins.
« Les psychologues débutants n’ont pas assez d’expérience de la vie »
Comment mesurer cela ? On sait que comme le talent, la maturité n’attend pas le nombre des années. Examens réguliers, travaux dirigés et stages supervisés, permettent aux enseignants d’écarter les étudiants immatures. La formation fait aussi partie de la vie.
On peut même remarquer un sentiment de responsabilité et un sens moral chez ceux qui s’investissent dans une formation longue avant de prendre en charge autrui.
« La formation est trop théorique »
Il existe pourtant des psychologues praticiens évalués et supervisés depuis 1985.
Pour éviter l’infantilisation et les dérives sectaires, on parle d’analyse de pratique (et pas de supervision) après l’obtention du diplôme.
Tous les étudiants de l’enseignement supérieur exercent un emploi (cumul de CDD, CDI) au cours de leurs études, quelle que soit la formation. Pour les étudiants en psychologie, on retrouve souvent les professions suivantes : agent hospitalier, animation socio-culturelle, bénévolat dans des associations, soutien scolaire… Ces expériences développent la connaissance du monde du travail et permettent de mesurer les capacités d’accompagnement psychologique (style relationnel, analyse et résolution de problèmes).
Sans oublier le stage obligatoire (et supervisé) de troisième cycle auquel s’ajoutent des stages facultatifs. En outre, de nombreux travaux personnels nécessitent d’aller sur le terrain (TER ,TD, TP). La théorie n’est pas l’ennemie de la pratique, elle est le support qui permet de l’améliorer.
« Les psychologues sont tournés vers le passé »
Avec ce jugement de valeur, on est dans la caricature du psychologue confondu avec le psychanalyste.
« Bac + 5 c’est pas assez ! ». Non, c'est la garantie d'une expertise professionnelle: A titre d’information d’autres spécialistes ont une formation de ce niveau : dentistes, juristes, architectes. Certains assument aussi de grandes responsabilités avec un Bac + 3, comme les infirmières et les kinésithérapeutes par exemple. Le psychiatre quant à lui se spécialise en pathologie mentale (et pas en psychologie) à la fin de son cursus de médecine, avec une approche organique. En matière de psychologie, aucune formation n’est plus complète que celle du psychologue.
Comme il n’y a pas d’Ordre des psychologues, ils sont libres de faire ce qu’ils veulent !
Faux : l’Ordre des médecins n’a jamais empêché les médecins de recourir à des pratiques douteuses voire dangereuses (radiesthésie pour établir un diagnostic, prétention de soigner le cancer sans chimiothérapie, dérives sectaires). Les médecins exclus vont en général continuer leurs forfaits à l’étranger, ce qui ne résout pas le problème de fond.
Le psychologue n’est pas au dessus des lois, son titre est encadré juridiquement, il respecte les règles éthiques en matière de psychologie. Tout usager peut demander des comptes à son psychologue comme à son médecin, et comme à toute personne à qui il a eu à faire. Différentes procédures sont accessibles : lettre recommandée avec accusé de réception, main courante, dépôt de plainte, signalement par courrier au procureur de la République.
Il vaut mieux consulter un psychanalyste car il a lui-même suivi une psychanalyse
Faux : avoir fait un travail personnel ne démontre pas le professionnalisme. Les psychologues se mettent aussi à la place de leurs bénéficiaires en passant eux-même les tests qu’ils vont utiliser, en étant cobayes pour des recherches en psychologie, en faisant un travail de connaissance de soi et de développement personnel qui ne se limite pas à la psychanalyse (même si cette théorie est largement expérimentée par eux). Mais ce vécu ne dispense d’une formation de haut niveau en psychologie.
« Il existe un grand nombre d’annuaires sérieux de psy certifiés. Il vaut mieux consulter un psychothérapeute ou un psychanalyste certifié qu’un psychologue ! »
Non et non ! Il existe au contraire un grand nombre d’annuaires bidons et de fausses certifications.
Par exemple, il faudrait que le magazine psychologies (loin d’être une référence en matière de psychologie, hormis celle du consommateur) cesse de présenter son annuaire comme une référence sérieuse. En effet, il s’agit de partenariats commerciaux avec des associations qui n’ont aucune légitimité en matière de psychologie et ne sont pas reconnues par les pouvoirs publics.
L’annuaire « Pages jaunes » n’effectue aucune vérification de qualification voire de légalité, et se contente de faire signer une décharge de responsabilité juridique afin de ne pas avoir de problèmes. De plus lorsque vous faites une requête sur leur site web, les réponses ne sont pas présentées dans l’ordre alphabétique mais suivant le prix payé par le professionnel (qui peut ne pas en être un). Il faut compter 300 euros HT au minimum pour ajouter quelques mots clés, ou l'adresse d'un site internet ou un numéro ADELI (pourtant obligatoire pour les psychologues praticiens et les médecins). Et bien sûr on additionne le prix de chaque insertion !
Le site « Choisir-son-psy » ne fait, lui non plus, aucune vérification des qualifications de ses psy (certains sont vraiment psychologues praticiens attestés par leur numéro ADELI, mais la plupart ne donnent aucunes informations tangibles). Pire encore, dans la rubrique qualification figurent des éléments n’ayant rien à voir avoir une formation de qualité : être adhérent à telle association ne tient pas lieu de diplôme !
C’est de la désinformation à but très lucratif : plus les critères sont larges, plus le nombre d’inscrits est important !
« Il y a trop de psychologues » . Non, il y a trop de faux-psy !
« N’importe qui peut devenir psychologue, on donne le diplôme à tout le monde ». Faux : s’il n’y a pas de concours d’entrée, la sélection est drastique et s’effectue à chaque évaluation (deux sessions d’examens par année), sur les critères les plus démocratiques qui soient : le travail et le niveau de compétence ! Moins de 20% des étudiants de première année obtiendront le titre de psychologue. Pour les autres, les connaissances qu’ils auront acquises pourront leur servir dans de nombreux domaines (enseignement, communication…).
« Les études de psychologie mènent au chômage ! » Faux !
Il a de plus en plus de demandes en matière de conseil psychologique. Le délai observé entre la fin des études et le premier emploi n’est pas plus important que dans les autres filières. Il s’agit le plus souvent d’un problème culturel de manque de confiance vis à vis des jeunes diplômés. La propagande des faux-psy n’y est pas étrangère. De plus, c’est un métier exercé majoritairement par des femmes, et on sait que celles-ci ont plus de mal à se mettre en avant que les hommes (socialisation différenciée). Ce n’est pas le travail qui manque mais plutôt les conditions de travail qui laissent à désirer (surcharge de travail, l’emploi des personnes non qualifiées font baisser les revenus qui ne prennent déjà pas en compte la totalité du travail fourni).
« Il vaut mieux consulter un Maître Praticien en PNL »
La « Programmation Neuro Linguistique » est un bon exemple de la simplification et la commercialisation des concepts et outils psychologiques. Bien entendu, le titre ronflant de « Maître Praticien en PNL » n’a aucune valeur juridique et ne fait référence à aucune formation validée par les pouvoirs publics.
Tous les psychologues sont plus que Maîtres en psychologie. C’est l’ensemble du cursus qui est pris en compte, et qui vous garantit l’expertise du psychologue : le seul spécialiste en psychologie, c’est le psychologue !
N’oubliez pas que l’utilisation d’outils psychologiques par des personnes n’y ayant pas été formé sérieusement, est dangereuse.
De même, nous attirons l’attention sur le fait que le coaching est une prestation d’accompagnement basée sur des outils de psychologie appliquée, il convient donc d’être très vigilant sur la formation des coachs. Le titre de coach n’est pas reconnu par l’Etat et ne fait pas l’objet d’une formation validée sur le plan national. Il existe dans ce domaine, comme chez les faux-psy, quantité d’associations de certification ne faisant l’objet d’aucun contrôle.
« Les termes clinique ou clinicien assurent de la compétence du psy » NON
Le terme clinique n’est pas associé à une loi qui définie son usage. Loin d’être précis et de constituer une référence méthodologique (voir la rubrique « qu’est-ce qu’un psychologue ? »), ce terme peut en plus être utilisé par n’importe qui : clinicien du bien-être, psychanalyse clinique…
Le seul titre protégé qui vous garantit l’expertise en psychologie c’est : PSYCHOLOGUE.
« On ne peut faire confiance qu’aux certificats européens de psychothérapie et de psychologie »
Archi faux !
Ces certificats ne sont pas reconnus par l’Etat français, ni par l’Europe d’ailleurs. Ils sont en général vendus par des structures associatives qui ne font l’objet d’aucun contrôle de compétences.
Seules les structures reconnues au niveau national (universités par exemple) garantissent un niveau de formation reconnu en Europe. Mais cela ne signifie pas l’équivalence des titres. En effet, de nombreux pays européens n’ont pas protégé le titre de psychologue (ni de psychothérapeute d’ailleurs) et les formations en psychologie durent entre 1 et 5 ans (ce qui fait de larges différences).
Pour exemple, un livre sur l’EMDR, à destination du grand public, a récemment été publié par une dentiste qui se dit titulaire du certificat européen de psychothérapie. Elle dit avoir été formée à cette technique par un psychiatre célèbre (lui-même a été formé aux États-Unis, et il dit réserver ses formations aux psychologues !) suite à un accident de voiture. Une technique, même si elle fonctionne pour une situation particulière, n’est pas suffisante pour se réclamer d’une expertise quelconque en psychologie.
Autre exemple : une association européenne de psychologues souhaite proposer des labels qualités européens renouvelables tous les 7 ans (pourquoi pas 5 ou 10 ans ?), en mettant en avant « la supervision » (terme psychanalytique et scolaire) sans définir des critères d’évaluation précis de compétences, et sachant que le titre de psychologue recouvre des réalités très différentes suivant les pays (pas de protection du titre de psychologue en Angleterre et en Suisse par exemple). De plus, aucune association française de psychologie ne représente tous les psychologues de France, alors imaginez la représentativité de cette structure européenne.
Ce commerce est évidemment très lucratif car les adhérents payent des procédures de soi-disant validation. De plus, n’importe qui peut créer une association, qu’elle soit française ou européenne. Ces deux éléments expliquent la circulation de ces pseudo-certificats.
En conclusion, vous êtes libre de choisir le praticien en psychologie de votre choix, mais celui-ci doit être clair sur ses compétences. N’oubliez pas que le seul spécialiste en psychologie, c’est le psychologue !