J' ai participé ce matin à une conférence internationale organisée par l'Université de Paris V et Todd Lubart sur l'éducation des enfants surdoués (http://icieworld.net/main/).
Le sujet de mon intervention était : Cyclothymia and artistic creativity in gifted adolescents: Evaluation and potential channelization.
J'ai rappelé brièvement ce que j'ai déjà écrit dans mon livre sur ce sujet :
- La créativité est une interaction entre l'individu, le domaine (musique, science, littérature...) et le "field" (experts, professionnels du domaine, public, critiques).
- La créativité est une défense saine (concept de Storr) contre la dépression, l'anxiété ou l'hostilité
- Chaque intelligence permet une créativité sui generis (concept des MI de Gardner) et donc les tests Wechsler sont incomplets voire dépassés surtout dans le domaine artistique. Le QI classique doit être donc réétudié.
- La cyclothymie, depuis le tempérament jusqu'au trouble, permet un développement hors du commun de la capacité créative si bien entendu les symptômes sont contrôlés et que le domaine soit maîtrisé (10 ans de pratique en général).
- Concernant la "capacity building" des enfants potentiellement créatifs, je propose une liberté dans les horaires (favorables au daydreaming et à la suppression de l'anxiété), ne jamais perdre de vue le sentiment de Flux (flow), une mise en exergue de la construction du caractère et de l'ego avec les dommages collatéraux éventuels qui doivent être assumés par les parents et enseignants, la résilience lentement et progressivement enseignée, la capacité de nourrir intellectuellement et par l'expérience l'enfant durant son "moratoire psychologique" lié souvent à la phase dysthymique de l'enfant cyclothymique ou bipolaire sans que les éducateurs cherchent à modifier le repli temporaire de l'enfant.
J'ai en fait fondé ces quelques théories sur ma lecture des travaux des spécialistes en créativité qui ont étudié l'enfance des individus les plus créatifs du XX et du XIX eme siècle. La persévérance et la résilience de ces personnalités étaient bien sûr hors du commun mais certains enfants surdoués (PAS TOUS ) possèdent naturellement cette résilience et cette force de l'ego (hypomanie + dysthymie).
Pensons à des personnalités et non à des CV : Au lieu de formater les esprits des individus hors du commun, pourquoi ne pas les encourager à penser-par eux-mêmes et à développer leur propres stratégies de défense. Les psychanalystes ont bien compris cela et les psychiatres s'en rendront compte un jour....
Finalement, la créativité se dévoile peu et à peu et naturellement chez l'individu "souffrant" et cela constitue sa défense la plus complexe et la plus bénéfique pour lui et son entourage.
La question n'est pas de donner une éducation spartiate ou hors du commun aux enfants surdoués et cyclothymiques mais d'épouser leur rythmes et désir d'apprendre au lieu d'imposer des méthodes rigides et une vision uniforme de la société comme le fait le système public éducatif en général.