Dans les récentes années, il y a eu un intérêt croissant en thérapie cognitivo-comportementale pour le rôle que joue la régulation des émotions dans la vulnérabilité à une grande diversité de troubles psychologiques, rapporte le psychologue américain Robert L. Leheay dans Cognitive and Behavioral Practice (2012). La régulation des émotions a notamment été liée à la dépression, à l'anxiété généralisée, à l'abus de substance, aux phobies spécifiques, au stress post-traumatique, aux troubles alimentaires et au trouble de personnalité limite ("borderline").
Leheay propose un modèle décrivant les processus par lesquels des stratégies mal adaptées de régulation des émotions seraient liées au développement de troubles psychologiques.
Ces stratégies mal adaptées incluent par exemple, la rumination, l'inquiétude excessive, la boulimie, la suppression des émotions, l'abus de substances et d'autres formes d'évitement de l'expérience intérieure.
Son modèle (1) repose sur le modèle métacognitif d'Adrian Wells présenté dans la figure suivante:
Imaginons, par exemple, qu'une émotion telle que la colère est "activée
". La première étape consiste à lui porter attention. Deux voies peuvent alors être suivies, selon que la personne estime normal ou anormal de ressentir cette émotion.
Si la personne normalise son émotion, elle peut rapidement l'accepter, l'exprimer, s'adapter et apprendre. Si elle estime anormal et inapproprié de ressentir l'émotion, elle peut la "pathologiser
". Elle peut par exemple, face à l'inconfort de cette émotion, choisir le chemin de l'évitement, ce qui peut avoir pour conséquence des processus de dissociation, la boulimie, l'abus d'alcool ou l'engourdissement émotionnel.... Parce que l'émotion (ou l'expérience qui a mené à cette émotion n'est pas adéquatement traitée ("processed"), la personne peut sentir une perte de contrôle de ses émotions et avoir ainsi l'impression que ces dernières dureront longtemps. Ce qui peut mener à la rumination ou l'inquiétude, l'évitement des situations problématiques ou le blâme sur autrui. Un ensemble d'interprétations négatives des émotions peuvent susciter une culpabilité et un sentiment d'impuissance. Les émotions semblent incompréhensibles et ne peuvent être acceptées.
Leheay propose 14 dimensions, qu'il appelle schémas émotionnels, qui peuvent décrire les différences individuelles dans la façon de répondre aux émotions. Ces schémas émotionnels désignent des plans, des concepts, des croyances, des stratégies qu'une personne peut employer en réponse à une émotion.
Mentionnons qu'un autre modèle, utilisé en thérapie cognitive, qui met l'accent sur l'importance de l'acceptation des émotions est celui de la flexibilité psychologique développé par Steven C. Hayes et ses collègues. Ce modèle est à la base de la thérapie d'acceptation et d'engagement.