RCF : "La souffrance psychique et les payhologies des sans-abri"
RCF : "La souffrance psychique des sans-abri"
Les hommes et les femmes qui ont fait de la rue leur lieu de vie seraient 300.000 dans notre pays. Qui sont ces personnes fragilisées ? Comment les rejoindre dans leur souffrance ? Béatrice Soltner reçoit le Dr Alain Mercuel.
30% des personnes sans-abris présentent des troubles psychiatriques sévères. Il peut s'agir de troubles réactionnaires - après avoir fui un pays en guerre, d'états dépressifs graves... Certaines personnes de la rue n'ont plus le souci de leur santé. Atteintes de schizophrénie ou de paranoïa ces personnes décrochent du soin : la perte de défense psychologique peut entraîner un affaiblissement corporel et une mise en danger d'elles-mêmes.
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La souffrance psychique des sans-abri
8 Avril 2013
Les hommes et les femmes qui ont fait de la rue leur lieu de vie seraient 300.000 dans notre pays. Qui sont ces personnes fragilisées ? Comment les rejoindre dans leur souffrance ? Béatrice Soltner reçoit le Dr Alain Mercuel.
Quand on vit à la rue on n'est pas heureux. 30% des personnes sans-abris présentent des troubles psychiatriques sévères. Il peut s'agir de troubles réactionnaires - après avoir fui un pays en guerre, d'états dépressifs graves... Certaines personnes de la rue n'ont plus le souci de leur santé. Atteintes de schizophrénie ou de paranoïa ces personnes décrochent du soin : la perte de défense psychologique peut entraîner un affaiblissement corporel et une mise en danger d'elles-mêmes.
Comment aider une personne qui vit à la rue ? On peut toujours penser être bienveillant, mais l'acte que l'on propose ne l'est pas toujours. C'est l'exemple de Catherine dont la forte odeur corporelle était un moyen de tenir les hommes à l'écart, que l'on a incité à prendre une douche et qui ensuite a été violée. On ne peut pas penser être bienveillant sans penser à ce que l'on enlève à la personne : ce sont ces petits mètres carrés de cartonnage sur le trottoir que l'on n'identifie pas toujours comme étant la propriété de la personne.
Vivre à la rue vrille la perception du temps. On est dans l'immédiateté : où manger ? où dormir ? Au mieux l'avenir s'arrête à une ou deux heures. Pour venir en aide à ces personnes, on est obligé de s'adapter à cette temporalité. Cette aide ne peut être que progressive. Il faut prendre le temps de créer du lien. Il vaut mieux donner un euro cent fois à la même personne plutôt qu'un euro à cent personnes différentes : l'euro peut devenir facteur de lien. Il faut aussi beaucoup de tact pour savoir décrypter certains messages. Une personne placée à côté d'une boulangerie peut signifier qu'elle a faim... Par ailleurs, il ne faut jamais être seul pour aider une personne qui vit dans la rue. Il est important de se renseigner - auprès de la mairie par exemple - sur ce qui est fait pour elle et sur les associations qui lui viennent en aide.
Pour le Dr Alain Mercuel, l'important est de faire surgir une demande chez ceux que la souffrance empêche d'exprimer un désir. Aider revient pour le psychiatre à donner à la personne un état de conscience qui lui permette de faire un choix. Accompagner la personne de la rue pour qu'elle puisse être sujet, c'est-à-dire affirmer un oui ou un non. On dit qu'il faut autant de temps pour sortir quelqu'une de la rue que de temps que la personne y a passé...
Les invités
Alain Mercuel , psychiatre, chef de service à l'hôpital Sainte-Anne à Paris, responsable du service d'appui Santé mentale et exclusion sociale
Bibliographie
Alain Mercuel - Souffrance psychique des sans-abri - Vivre ou survivre (Odile Jacob)