Sensibilisation au ''trouble des conduites'' de l'enfant (France)

 

 

Sensibilisation au ''trouble des conduites'' de l'enfant (France)

 

 

                               
       
"Dans une expertise collective, rendue publique jeudi 22 septembre, l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) fait le point sur une catégorie de symptômes psychiatriques jusqu'alors inconnue du grand public en France, le "trouble des conduites chez l'enfant et l'adolescent.

Il s'agit d'un "syndrome défini "par la répétition et la persistance de conduites au travers desquelles sont bafoués les droits fondamentaux d'autrui et les règles sociales" . Il s'exprimerait ainsi, chez l'enfant et l'adolescent, par "une palette de comportements très divers" qui vont "des crises de colère et de désobéissance répétées de l'enfant difficile aux agressions graves comme le viol, les coups et blessures et le vol du délinquant" .    


  
    
                    (...) "Jusqu'ici, la délinquance n'était abordée que d'un point de vue judiciaire ou social , précise Isabelle Gasquet, épidémiologiste et membre du groupe d'experts. Loin de nous l'idée de nous approprier le bébé, mais nous avons cherché à ajouter l'angle médical pour en enrichir l'approche. Tout est à faire dans ce domaine, où les données sont inexistantes en France."

Pour l'expertise collective, le trouble des conduites, souvent associé au "trouble déficit de l'attention / hyperactivité", "est le produit d'interactions complexes entre des facteurs individuels (facteurs génétiques, tempérament, personnalité) et des facteurs environnementaux (relations familiales, environnement social)" . Les études internationales estiment sa prévalence dans une large fourchette de 5 % à 9 % des adolescents de 15 ans. En France, il existe une seule étude, menée à Chartres dans 18 écoles primaires et qui rapportait une prévalence globale de 6,5 % et de 17 % dans les classes adaptées.

D'après la littérature internationale, deux tiers des enfants présentant un trouble des conduites répondraient toujours aux critères diagnostiques à l'adolescence. L'étude affirme ainsi que, "selon l'âge de survenue du trouble, avant ou après la dixième année de l'enfant, sa symptomatologie et son évolution diffèrent, avec un pronostic plus péjoratif et un risque élevé d'évolution vers une personnalité antisociale à l'âge adulte, lorsque l'apparition est précoce" .

(...) L'Inserm recommande le dépistage et la prise en charge précoce de ce trouble, en familiarisant les familles, les professionnels de la petite enfance et les enseignants à son repérage. (...) Pour pallier ce "retard", l'expertise collective recommande d'informer le public mais aussi les professionnels de la petite enfance et les enseignants sur les différents symptômes du trouble des conduites. L'idée est de favoriser le "repérage des perturbations du comportement dès la crèche et l'école maternelle" , afin d'enrayer l'évolution de l'enfant vers des comportements délinquants.

(...) Une fois identifiée l'existence d'un trouble chez un enfant, le groupe d'experts recommande le recours à des programmes "psychosociaux" de "guidance parentale" en s'inspirant d'exemples américains et canadiens. Avec les enfants, il est proposé de mener des thérapies individuelles de type comportementaliste, fondées sur des jeux de rôle, pour leur "apprendre des stratégies de résolution des problèmes" . Le groupe d'experts suggère par ailleurs de recourir "en seconde intention" aux traitements psychotropes (antipsychotiques, psychostimulants et thymorégulateurs), qui ont "une action antiagressive" .

L'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) fait l'objet de critiques de la part des psychanalystes français actuellement pour son adhérence à l'approche cognitive comportementale qui constitue l'approche scientifique en psychologie: "Fidèle à son approche biologique de la psychiatrie, centrée sur les symptômes et les comportements, l'Inserm ne remet pas en cause, dans son expertise, la validité de la notion de trouble des conduites ­ un concept jugé fourre-tout par les psychiatres d'orientation psychanalytique, mais très en vogue aux Etats-Unis." 

On se rappelle qu'un rapport de l'Inserm au début de cette année a enflammé le conflit entre ces deux approches. Dans cette polémique, le camp des grands journaux français est définitivement celui de la psychanalyse. 


06/05/2013
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