Témoignage : La psychoéducation, mon plan de salut

 

 

La psychoéducation, mon plan de salut

1/01/2009

Témoignages > Cyclothymie > Dear Siobhan

 

Dans  les débuts, nous terminions souvent nos entretiens un peu en demie  teinte… Peut-être me fallait-il trop de temps encore pour ramener â  la  surface, les effluves des râles que je gardais soigneusement enfouis  sous un éboulis psycho-hermétique fait de honte et de pudeur mêlées.  J’avais du mal â  parler et non pas paraître lorsqu’il s’agissait de  dévoiler mon dédale intime. Elle me faisait remarquer très gentiment  qu’elle était ma thérapeute sous-entendant que cette barrière n’avait  pas lieu d’être. Par principe purement thérapique, oui cela allait de  soi, mais n’était-il pas vrai également que « nihil est interius mente »  et dans notre collaboration l’exercice le plus difficile était  d’apprendre â  dépasser mes inhibitions et craintes.

Parler,  juste révéler avec des mots simples la palette de mes humeurs  chamarrées, sans emphases ni allégorie, sans retenue ni pudibonderie de  sociabilité. Car il ne s’agissait plus effectivement de paraître ni de  me conformer au reflet de l’image que l’on se faisait de moi, en me  limitant â  donner la réplique appropriée. Je vivais mon quotidien tel le  ferait un simple figurant qui n’aurait jamais la moindre notion de  l’oeuvre dans laquelle il jouerait, tant-il se serait  contenté,  concentré, contraint â  rester dans le cadre et le bon angle. Par  habitude j’en étais capable extérieurement alors que intus in corpore,  in pectus, au plus profond, je ne pouvais être autrement que  hors   champs, hors sujet, hors norme. Mon esprit est ainsi fait, qu’il a  constamment besoin de sur amplifier toutes choses. Cela  n’est-il pas  inhérent â  l’ambivalence de l’humeur Bipolaire ?

Elle m’avait  d’ailleurs dans la phase d’apprentissage de ma maladie très bien encadré  avec un programme de mood monitoring que j’effectuais quotidiennement  pendant les 2 premiers mois et amplement documenté de courbes,  histogrammes de cycles, des brochures explicatives sur les mécanismes  cognitifs et mentaux caractéristiques des personnes qui comme moi  souffrent de Cyclothymie. Nous avions mis en lumière mes différents  automatismes : le « tout ou rien », la « sur généralisation », « lecture  de pensée », le « catastrophisme », la « dévaluation du positif » ou  encore le « filtrage » pour ne citer que quelques uns. Autant de  conditionnements autodestructeurs qui au de-lâ  de la génétique d’où  elles tiraient leurs racines étaient aussi nourri par la sève d’une  existence émotionnellement chaotique, elles m’avait initié â  la notion  de Trigger, ces signes révélateurs qui étaient les prémices des épisodes  hauts ou bas, dépressifs ou hypomaniaques.

Les identifier afin  d’éviter mes schémas catastrophes fuelled de drogue et d’alcool. Je  saignais aujourd’hui écorché vif comme Marsyas de mon samsara  Sisypheenes qui faisaient de moi un perpétuel looser. Une introspection  profonde nous avait fait remonter bien au-delâ  de mon dernier  déclenchement sous Extasie, avant 2002 années de la naissance de Seymour  et de cette crise foudroyante que j’avais faite le mois précédent sa  naissance, sondant au plus profond les manifestations du mal.

J’avais  retenu de Claude ORSEL ça façon de voir «  le sujet en terme de  contenant et de contenu. La peau étant le contenant, son effraction  faisait issue au sang. Le cerveau était un contenant, la protection  qu’offrait le crâne, autre contenant, était insuffisante pour protéger  celui ci des effractions sensorielles, émotionnelles traumatisantes dans  l’enfance, et certainement dès le premier âge, c’est-â -dire dans la  période dite d’amnésie infantile. Pour supporter ces horreurs et ne pas  avoir â  en parler en vérité, les humains avaient créé les mythes de  comportements. Mais le code indispensable â  la compréhension du texte et  des images s’était perdu, il fallait refaire la trace ». Cette TCC  était mon plan de salut, ma démarche analytique, comme il l’écrivait,   qui a travers les observations de mes automatismes mentaux, me mènerait  avec persévérance, vers l’assimilation de la façon dont ces derniers  s’étaient emboîtés les uns dans les autres et de noter lâ  où ça ne  rentrait pas dans la boite « univers- saine » de la normalité.

Même  si la désignation de cette peine a changée, « Bipolaire » est plus  facile â  porter que « Maniaco-dépressif », il est néanmoins des fois  qu’il est préférable de cacher sa maladie, traverser les phases comme on  combat les vagues â  contre courant en bronchant le moins possible. Je  suivais mon rythme hebdomadaire avec câline, les conférences Argos 2001  tous les premiers jeudi du mois, Hantouche tous les 2 mois mais le coeur  et l’âme toujours aussi lourds. Il fallait néanmoins en dépits se faire  une raison et remettre sans cesse un coup de manivelle pour ranimer une  vie tantôt au point mort ou en dangereuses virevoltes incontrôlées.



01/05/2013
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