Traitement de la Bipolarité par la Thérapie Comportementale - École de Palo-Alto

 

École de Palo-Alto

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L'École de Palo-Alto est un courant de pensée et de recherche ayant pris le nom de la ville de Palo Alto en Californie, à partir de 1950. On le cite en psychologie et psycho-sociologie ainsi qu'en sciences de l'information et de la communication. Ce courant est notamment à l'origine de la thérapie familiale et de la thérapie brève. Parmi les principaux fondateurs de ce courant, on trouve Gregory Bateson, Donald D. Jackson, John Weakland, Jay Haley et Paul Watzlawick.

Sommaire

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Historique [modifier]

1952 : le Projet Bateson [modifier]

En 1952 l'anthropologue Gregory Bateson obtient le financement de la fondation Rockefeller pour une étude du « paradoxe de l'abstraction dans la communication ». Bateson réunit une équipe au sein du Veterans Administration Hospital de Palo Alto, composée de l'étudiant en communication Jay Haley, de l'étudiant en psychiatrie William Fry et de l'anthropologue John Weakland. L'équipe s'intéresse à l'humour, au Zen (ils rencontrent Alan Watts et Daisetz Teitaro Suzuki), à l'hypnose (nombreuses rencontres avec Milton Erickson).

Bateson est fort influencé par le courant cybernétique, né des conférences Macy auxquelles il a participé de 1942 à 1953. Comme l'a montré Yves Winkin, Bateson fait également partie d'un réseau informel qu'il a appelé le collège invisible, constitué de personnes venant d'horizons différents, et qui s'est développé à coup d'échanges d'étudiants, de conférences, et de publications. Outre les membres du Projet Bateson, on compte dans ce réseau les anthropologues Ray Birdwhistell et Edward T. Hall, le médecin Albert Scheflen et le sociologue Erving Goffman.

En 1954, Bateson obtient par Frank Fremont-Smith un financement pour deux ans de la part de la Fondation Macy pour l'étude de la communication chez les schizophrènes. Cette même année, William Fry part pour l'US Navy et le groupe est rejoint par le psychiatre Donald D. Jackson qui vient de publier son article La question de l'homéostasie familiale dans lequel il applique les concepts de « Milieu Interne » de Claude Bernard et d'homéostasie de Walter Bradford Cannon à l'étude de la famille.

Jackson a appris à observer les troubles psychiatriques dans une perspective interactionnelle lors de son travail avec Harry Stack Sullivan et Frieda Fromm-Reichmann. Il s'est également intéressé très tôt dans sa carrière aux travaux sur l'hypnose de Milton Erickson et Lawrence Kubie.

En 1956, les membres du projet publient leur article commun Vers une théorie de la schizophrénie qui introduit le concept de « double contrainte ». Les auteurs envisagent la maladie mentale comme un mode d'adaptation à une structure pathologique des relations familiales. Cette théorie provoque un bouleversement des conceptions psychiatriques traditionnelles et contribue au développement de la thérapie familiale.

1959 : le MRI [modifier]

Dans le but d'étudier les implications thérapeutiques de cette approche, Don Jackson fonde, en 1959, le Mental Research Institute (MRI) à Palo Alto avec Virginia Satir et Jules Riskin. Paul Watzlawick, puis Richard Fisch, Jay Haley et John Weakland rejoignent le MRI alors que Bateson quitte Palo Alto en 1963. En 1962, Jackson et Haley sont les co-fondateurs de la revue Family Process avec Nathan Ackerman.

1965 : le Centre de thérapie brève [modifier]

En 1965, Richard Fisch crée le Centre de thérapie brève au sein du MRI. Il y est rejoint par Watzlawick et Weakland qui continueront à y travailler jusqu'à leur mort. Jay Haley quitte le MRI en 1967, Virginia Satir en 1968, l'année de la mort de Jackson. Watzlawick, Weakland et Fisch développent l'approche clinique de Palo-Alto, la grille d'intervention « classique » de la thérapie brève. En 1974, il publient leur livre Changements : Paradoxes & psychothérapie.

1976 : le constructivisme [modifier]

En 1976, Heinz von Foerster, qui comme Gregory Bateson avait participé aux conférences Macy, se lie au MRI à l'occasion de la deuxième conférence à la mémoire de Donald D. Jackson au cours de laquelle il fait un exposé sur la portée des fondements du constructivisme radical sur la psychothérapie.

Le constructivisme devient progressivement un des fondements de l'approche de Palo-Alto, comme en témoigne la publication en 1981 de L'invention de la réalité, Contributions au constructivisme sous la direction de Paul Watzlawick, qui comprend des contributions de von Foerster et Ernst von Glasersfeld.

Théorie [modifier]

Influence de la cybernétique

L'influence de la « première cybernétique » sur l'École de Palo-Alto s'est traduite par le fait que le thérapeute ne considère plus son patient comme un individu isolé sur lequel il devrait poser un diagnostique psychiatrique mais s'intéresse aux interactions actuelles du patient avec son environnement qui maintiennent son problème. En d'autres termes, le thérapeute se demande comment le système maintient l'homéostasie. On passe d'une explication individuelle et diachronique à une explication systémique et synchronique.

Dans une deuxième étape, suivant les travaux de la « deuxième cybernétique » de Humberto Maturana, qui étudie comment les systèmes évoluent loin de leur point d'équillibre et créent des nouvelles structures (morphogenèse), les thérapeutes se sont intéressés aux possibilités de changement que recelle la situation de crise (voir aussi les structures dissipatives de Ilya Prigogine). Comme le souligne Prigogine, « si différents régimes sont possibles avec des molécules, des régimes beaucoup plus variés et plus nombreux sont possibles dans les communautés humaines. » Cette vision a amené les thérapeutes à penser la situation de crise comme un moment privilégié de l’intervention contrairement à l’idée généralement admise selon laquelle on ne travaille pas avec les gens dans l’urgence et dans la crise (il faut d’abord apaiser la souffrance). Ainsi, le « client » de l'intervention thérapeutique est une personne en souffrance, c'est à dire loin de son point d'équilibre, et prette à faire quelque chose pour atteindre un nouvel équilibre.

Enfin, influencés par les travaux de Heinz von Foerster sur la « cybernétique de deuxième ordre », où l’observateur s’inclut lui-même dans le système observé, les thérapeutes ont pris davantage en compte de l’existence de l’observateur dans l’observation. Dans cette perspective, on soulignera, par exemple, que si le patient « résiste », c'est que le thérapeute est en train d'exercer une pression sur lui.

Bibliographie [modifier]

  • Gregory Bateson, John Weakland, Jay Haley et Donald deAvila Jackson, « Vers une théorie de la schizophrénie », 1956
  • (en) William Fry, Sweet Madness, 1963
  • Jay Haley, Stratégies de la psychotherapie, 1963
  • Paul Watzlawick, Janet Helmick Beavin et Donald D. Jackson, Une logique de la communication, 1967
  • Paul Watzlawick, John Weakland et Richard Fisch, Changements: Paradoxes & psychothérapie, 1974
  • John Weakland et Paul Watzlawick (dir.), Sur l'interaction, 1977
  • Gregory Bateson,Vers une écologie de l'esprit (deux tomes), 1977
  • Paul Watzlawick, Le langage du changement. Éléments de communication thérapeutique, 1978, trad. Seuil 1980
  • Yves Winkin, La nouvelle communication, 1981, Le Seuil, Paris coll. Points
  • Paul Watzlawick (dir.), L'invention de la réalité, Contributions au constructivisme, 1981. trad. Seuil 1985 réed. 1984 et trad. 1988
  • John Weakland, Richard Fisch et Lynn Segal, Tactiques du changement, 1984
  • Edmond Marc & Dominique Picard, L'École de Palo-Alto. Un nouveau regard sur les relations humaines, 1984, RETZ
  • Paul Watzlawick, Faites vous-mêmes votre malheur, 1983, Norton, trad. Seuil 1985.
  • Paul Watzlawick, Comment réussir à échouer, 1986, Norton, trad. Seuil 1988
  • Paul Watzlawick, Les cheveux du Baron de Munchausen, 1988, trad. Seuil 1991
  • Paul Watzlawick et Giorgio Nardone, L'art du changement: thérapie stratégique et hypnothérapie sans transe, 1990, trad. L'esprit du temps, 1993
  • Jean-Jacques Wittezaele et Claude Seron, Aide ou contrôle : L'intervention thérapeutique sous contrainte, De Boeck, Bruxelles, 1991
  • Jean-Jacques Wittezaele et Teresa Garcia, À la recherche de l'école de Palo-Alto, 1992, Le Seuil, Paris
  • (en) John Weakland et Wendel Ray (dir.), Propagations: Thirty Years of Influence from the Mental Research Institute, Hawoth, New York, 1995
  • Mony Elkaïm, Panorama des thérapies familiales, Seuil, 1997
  • Paul Watzlawick et Giorgio Nardone, Stratégies de la Thérapie Brève, 1997
  • Jean-Jacques Wittezaele, L'homme relationnel, Seuil, 2003

Liens [modifier]



02/05/2008
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