TROUBLES DE LA PERSONNALITE - Partie 2

 

II.6. Personnalité histrionique :

 

A.    Epidémiologie :

-         2 à 3 % de la population générale.

-         10 à 15 % des consultants en psychiatrie.

 

B.     Description clinique :

-         dramatisation, théâtralisme, hyperexpressivité émotionnelle,

-         suggestibilité,

-         affectivité superficielle et labile,

-         désir permanent de distractions et d’activités où le sujet est le centre d’attention d’autrui,

-         aspect ou comportement de séduction inappropriée,

-         préoccupation excessive par le souci de plaire physiquement.

 

Le trouble peut s’accompagner d’un égocentrisme, d’une indulgence excessive envers soi-même, d’un désir permanent d’être apprécié, d’une tendance à être facilement blessé et d’un comportement manipulateur persistant visant à satisfaire ses propres besoins.

 

C.     Evolution :

Variable : soit atténuation des traits avec l’âge au bénéfice d’activités gratifiantes (œuvres caritatives, bénévolat…), soit évolution marquée par le risque d’addiction, de dépression…

 

D.    Diagnostic différentiel :

-         Personnalité narcissique

-         Personnalité borderline

 

II.7. Personnalité obsessionnelle-compulsive ou anankastique :

 

A.    Epidémiologie :

-         1 % de la population générale.

-         3 à 10 % des consultants en psychiatrie.

 

B.     Description clinique :

Synthèse de différents concepts dont :

-         La personnalité psychasthénique de P. Janet (doutes, ruminations, prévalence de la vie intellectuelle sur les réalisations pragmatiques).

-         La personnalité compulsive marquée par la vérification, la ritualisation et la parcimonie, avec un goût prononcé pour l’ordre.

 

La personnalité obsessionnelle-compulsive se traduit principalement par :

-         indécision, doutes et prudence excessive,

-         préoccupation par les détails, les règles, les inventaires, l’ordre, l’organisation, les programmes,

-         perfectionnisme qui entrave l’achèvement des tâches,

-         scrupulosité extrême, méticulosité et souci excessif de la productivité aux dépens de son propre plaisir et des relations interpersonnelles,

-         discours recherché et attitude excessivement conformiste,

-         rigidité et entêtement,

-         insistance pour que les autres se conforment exactement à sa propre manière de faire ou réticence déraisonnable pour laisser les autres faire quoi que ce soit.

 

C.     Evolution :

-         Personnalité stable avec pauvreté des investissements sociaux.

-         Complications dépressives, hypochondriaques, anxieuses, symptômes obsessionnels avec intrusion de pensées et d’impulsions importunes s’imposant au sujet.

 

D.    Diagnostic différentiel :

-         Trouble obsessionnel, mais, dans ce cas, présence prédominante d’idées obsédantes et de compulsions.

-         Personnalité psychotique (paranoïaque ou schizoïde).

 

II.8. La personnalité évitante (ou personnalité anxieuse) :

 

Elle se caractérise par :

 

-         un sentiment envahissant et persistant de tension et d’appréhension,

-         une perception de soi comme socialement incompétent, sans attrait, inférieur,

-         une préoccupation excessive par la crainte d’être critiqué, rejeté,

-         un refus de nouer des relations à moins d’être certain d’être accepté sans critique,

-         une restriction du style de vie résultant du besoin de sécurité,

-         un évitement des activités sociales ou professionnelles impliquant des contacts avec autrui de peur d’être critiqué, rejeté.

 

La question des limites diagnostiques entre l’anxiété normale, la timidité, la personnalité évitante et la phobie sociale est toujours débattue.

 

II.9 La personnalité dépendante :

 

On rappelle que la classique personnalité histrionique regroupait les traits histrioniques et les traits passifs-dépendants de personnalité.

 

La personnalité dépendante se caractérise surtout par :

 

-         le fait d’autoriser ou d’encourager autrui à prendre la plupart des décisions importantes à sa place,

-         la subordination de ses propres besoins à ceux des personnes dont on dépend,

-         la réticence à formuler des demandes – mêmes justifiées – aux personnes dont on dépend,

-         un sentiment de malaise ou d’impuissance quand le sujet est seul de peur de ne pouvoir se prendre en charge,

-         la préoccupation par la peur d’être abandonné,

-         une capacité réduite à prendre des décisions sans être rassuré ou conseillé de manière excessive par autrui.

 

Ÿ         Les troubles mixtes de la personnalité :

 

De nombreux sujets ont des troubles de la personnalité associant à des degrés divers des traits appartenant à plusieurs troubles distincts de la personnalité : ce sont les troubles mixtes de la personnalité ; par exemple personnalités hystéro-dépendantes, personnalités hystéro-paranoïaques, personnalités histrioniques et borderline, etc…

 

 

III. TROUBLES DE LA PERSONNALITÉ ET PATHOLOGIES PSYCHIATRIQUES

 

Les associations entre troubles de la personnalité et troubles mentaux (comorbidité) est particulièrement fréquentes. Elles ont conduit à analyser selon plusieurs points de vue les relations entre ces deux types de pathologies :

 

III.1. Les troubles de la personnalité appartiennent-ils au même continuum que les pathologies psychiatriques ?

 

L'école psychanalytique postule l'existence d'une continuité entre la personnalité et certains troubles mentaux (névroses, notamment) : ainsi, à la personnalité obsessionnelle correspond la névrose obsessionnelle, à la personnalité hystérique, la névrose hystérique, etc.

La clinique contemporaine a pour sa part constaté :

·        Qu'il n'existe pas de relation systématique entre pathologies mentales et troubles de la personnalité  : un trouble obsessionnel-compulsif peut, par exemple, survenir en l'absence de personnalité pathologique ou être associé à des troubles de personnalité autres qu'obsessionnels.

·        Que la distinction entre certaines pathologies mentales et certains troubles de la personnalité peut être difficile çà faire : par exemple la distinction entre personnalité évitante (phobique) et phobie sociale, entre personnalité psychasthénique et trouble obsessionnel-compulsif.

Certains tempéraments et certains troubles de la personnalité sont même considérés actuellement comme des formes "a minima" d'une pathologie mentale (comme faisant partie du "spectre" de la pathologie). Ainsi :

 

-         dans le domaine des troubles de l'humeur, les tempéraments hyperthymique, cyclothymique, dépressif, voire irritable, sont considérés comme appartenant au spectre de la maladie maniaco-dépressive ;

-         la personnalité schizotypique appartient au spectre de la maladie schizophrénique.

On considère toutefois que troubles de la personnalité et pathologies psychiatriques disposent d'une assez large autonomie. Les troubles anxieux, les troubles dépressifs, comme la plupart des pathologies mentales peuvent en effet s'associer à n'importe quel trouble de la personnalité.

 

III.2. Les pathologies psychiatriques ont-elles un impact sur la   personnalité ?

 

Ÿ         Le fait de souffrir d'un trouble mental sévère et durable représente, au même titre qu'une pathologie organique chronique grave, un élément susceptible de remanier profondément la personnalité des sujets. Certains traits de personnalité peuvent ainsi s'accuser : perte de confiance en soi, sentiment de manquer de secours (d'insécurité), démoralisation, pessimisme, dépendance interpersonnelle …

Ÿ         Du fait de cette interférence, il est donc souvent difficile de diagnostiquer un trouble de la personnalité chez un sujet présentant un trouble mental. Pour ce faire, il importe de se référer à la situation prémorbide (en s'aidant des informations fournies par l'entourage) et de réévaluer la situation au décours de l'épisode pathologique.

 

III.3. Certains troubles de la personnalité (ou certains traits de personnalité) sont-ils des facteurs de risque pour certains troubles   mentaux ?

 

Cette hypothèse est confortée par de nombreuses études cliniques et épidémiologiques. Ainsi :

-         les personnalités borderline et psychopathiques sont associées à un risque élevé de conduites addictives et suicidaires ;

-         les personnalités borderline et hystérique se caractérisent par un risque élevé d'anxiété et de dépression ;

-         la personnalité paranoïaque prédispose au délire chronique paranoïaque ;

-         la personnalité schizoïde prédispose au développement ultérieur d'une schizophrénie.

 

III.4. Les  troubles de la personnalité interfèrent-t-ils avec les troubles mentaux ?

 

Ces troubles interfèrent au niveau sémiologique. Ainsi :

Ÿ         Les dépressions associées à une personnalité hystérique sont souvent hyperexpressives, caractérisées par une dysphorie anxieuse, une hypersensibilité au rejet, une réactivité aux événements extérieurs.

Ÿ         Les traits de personnalité peuvent être amplifiés par le trouble de l'humeur.

 

L'existence d'un trouble de la personnalité est un facteur de mauvais pronostic pour la pathologie psychiatrique. Les épisodes dépressifs associés à un trouble de la personnalité sont ainsi plus souvent résistants aux traitements et évoluent davantage vers la chronicité que les autres.

 

 

bibliographie

 

Féline A., Guelfi J.D., Hardy P. Les troubles de la personnalité. Flammarion Médecine-Sciences éd., Paris, 2002.



05/11/2007
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