Troubles maniaco-dépressifs : reconnaître sa maladie
Troubles maniaco-dépressifs : reconnaître sa maladie
Aujourd'hui, les syndromes maniaco-dépressifs sont de plus en plus fréquents. Mais une grande partie de ces troubles restent sous-diagnostiqués : les médecins ne reconnaissant pas forcément ce problème, et les malades refusant d'admettre leur pathologie. Pourtant des traitements existent.
Les troubles maniaco-dépressifs, ou désordres bipolaires, toucheraient une personne sur cent. Cette succession de phases dépressives et d'excitation souvent sans limite est pourtant encore mal connue… et reconnue.
Les oubliés du diagnostic
L'un des principaux problèmes des désordres bipolaires, c'est de le reconnaître ! Bien souvent, le délai entre le moment où les premiers symptômes apparaissent et la mise en place du traitement est de 5 à 10 ans ! Le malade aura vu entre temps 3 à 4 médecins en moyenne avant que l'un d'eux ne reconnaisse le problème. Car il est souvent difficile de différencier la dépression simple du véritable désordre bipolaire. Selon le Pr. Marie-Christine Hardy-Bayle, de l'hôpital André Mignot au Chesnay, de nombreux "déprimés" souffrent en fait de troubles bipolaires. Et 26 % ne seront pas diagnostiqués lorsqu'ils seront vus en médecine générale.
Ce pourcentage passe à 36 % chez les psychiatres, dont on pourrait pourtant croire qu'ils sont plus a même de reconnaître le mal ! Enfin, 45 % ne seront pas diagnostiqués lors d'un passage à l'hôpital !
Un délai inacceptable
Ce temps d'identification de la maladie est un véritable problème. Car le principal risque accompagnant ce trouble est le suicide : 15 % des hommes bipolaires et 22 % des femmes mettront ainsi fin à leur jour. Et un quart à la moitié feront une tentative de suicide, avec plus ou moins de séquelles. Sans parler des conséquences mettant ainsi en jeu la vie de la personne, les désordres bipolaires représentent un véritable handicap social et professionnel. Ils sont responsables de difficultés au bureau et de chômage, et ont un retentissement important sur la vie de famille.
Un malade qui s'ignore
Mais souvent, c'est le malade qui ne veut pas reconnaître le mal. Par exemple, lors d'un accès dépressif, la personne bipolaire va être traitée par des antidépresseurs. Or elle va tout à coup aller beaucoup mieux, et même totalement oublier son moment de déprime, déjà requalifié en fatigue passagère. Or cela même doit lui mettre la puce à l'oreille : une dépression ne s'oublie pas comme ça ! Pourtant la personne bipolaire va nier sa pathologie, et il va être difficile pour elle de reconnaître qu'elle est malade. Ce qui entraîne une résistance à se soigner souvent difficile à vaincre pour le médecin.