"CTAH – janvier 2008
La génétique de la bipolarité est un domaine assez vaste et complexe (plus de 4000 publications récentes sur ce sujet). Voici les données qu’on peut retenir comme « robustes »
La bipolarité est une maladie familiale (aucun doute) dont la transmission est de nature génétique et non sociale ou liée à l’éducation ou les conditions de vie des parents
Les enfants des patients bipolaires présentent une fréquence nettement plus élevée de troubles psychiatriques (bipolarité, dépressions, anxiétés, troubles des conduites) que les enfants de parents non bipolaires ; dans une étude récente, la fréquence est de 78% contre 24%. Le risque de transmission dépend de la charge génétique dans la famille, notamment si les 2 parents sont bipolaires ou ont des antécédents familiaux bipolaires
Importance de la co-morbidité pour comprendre le spectre familial de la bipolarité, notamment l’abus de substance, l’alcoolisme, les syndromes sychotiques, l’histoire de tentative de suicide et le niveau bas de fonctionnement social
La transmission génétique du trouble BP-II est différente de celle du trouble BP-I (on peut affirmer qu’il y a plus de BP-II dans les familles des patients BP-II et plus de BP-I dans les familles des BP-I ; il n’y a pas d’études sur la transmission de la cyclothymie – mon expérience clinique est en faveur d’un taux d’environ 75% des cas)
On ne sait pas encore ce qui est vraiment transmissible dans les familles des bipolaires ; certains experts parlent d’une dimension « ACTIVATION » ou « DESINHIBITION » D’autres experts perlent d’un CUMUL de gènes dysfonctionnels qui est responsable de la genèse du trouble bipolaire (chaque paquet de gènes étant lié à une fonction pas forcément pathologique)
L’âge de début précoce de la bipolarité semble déterminer une génétique distincte et une bipolarité à part (c’est le cas des bipolaires juvéniles)
Transmission de la sévérité bipolaire : pas évidente ; certains experts parlent de phénomène « ANTICIPATION » (à savoir que la maladie tend à s’aggraver d’une génération à une autre avec un rajeunissement de l’âge de début de la maladie)
Transmission de la force bipolaire : Les niveaux de succès et de créativité sont élevés dans les familles des patients bipolaires, donc possibilité qu’une partie des gènes bipolaires soit liée à des dimensions positives (cf. question transmission possible de la « force » bipolaire)
Multitude des gènes : on pense qu’il existe des gènes déterminant le degré de récurrence, d’autres la possibilité de virer d’un pôle à un autre et d’autres prédisposent aux épisodes d’hypomanie / manie et de dépressions
Les gènes ne font pas la maladie bipolaire ; ils déterminent des prédispositions ou des tempéraments comme « stable – hyperthymique » versus « instables – cyclothymiques ». Par exemple, selon Koukopoulos, c’est l’interaction entre des déclencheurs externes et le tempérament hyperthymique qui fait naître les épisodes de manie.
Disons que c’est un sujet assez complexe et délicat qui se pose pour des futurs parents bipolaires. L’information, le conseil génétique, la stabilisation préalable, la préparation de la grossesse, le suivi des futurs parents, le dépistage précoce chez les enfants à risque… sont les moyens actuels et réalisables pour soutenir les futurs parents.
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