Victor Hugo - Partie 1
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Victor Hugo | |
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Victor Hugo en 1883. | |
Naissance | 1802, Besançon |
Décès | 1885, Paris |
Activité | Écrivain, poète, dramaturge |
Nationalité | France |
Mouvement | Romantisme |
Victor-Marie Hugo, né le 26 février 1802 à Besançon et mort le 22 mai 1885 à Paris, est un écrivain, dramaturge, poète, homme politique, académicien et intellectuel engagé français considéré comme le plus important des écrivains romantiques de langue française.
Son œuvre est très diverse : romans, poésie lyrique, drames en vers et en prose, discours politiques à la Chambre des Pairs, correspondance abondante.
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Biographie [modifier]
Enfance et jeunesse [modifier]
Il est né le 26 février 1802 à Besançon où son père est en garnison, puis passe son enfance à Paris. Victor est le fils du comte et général napoléonien du Premier Empire Joseph Léopold Sigisbert Hugo (1773–1828) et de Sophie Trébuchet (1772–1821) et cadet de trois enfants Abel Joseph Hugo (1798–1855) et Eugène Hugo (1800–1837). De fréquents séjours à Naples et en Espagne, à la suite des affectations militaires de son père, marqueront ses premières années. Vers 1813, il s’installe à Paris avec sa mère qui s’est séparée de son mari, car elle entretient une liaison avec le général d'empire Victor Fanneau de la Horie. Âgé de quatorze ans à peine, Victor, en juillet 1816, note sur un journal : « Je veux être Chateaubriand ou rien »[1] Sa vocation est précoce et ses ambitions sont immenses.
Avec ses frères Abel et Eugène, il fonde en 1819 une revue, « le Conservateur littéraire », qui attire déjà l'attention sur son talent. La même année, il remporte le concours de l'Académie des Jeux floraux (voir Clémence Isaure). Deux fois lauréat (1819 et 1820), également primé par l’académie, Victor Hugo délaisse les mathématiques, pour lesquelles il a un goût marqué (il suit les cours des classes préparatoires), et embrasse la carrière littéraire. Son premier recueil de poèmes, Odes, paraît en 1821 : il a alors dix-neuf ans et ses études au lycée Louis-le-Grand lui permettent de faire connaître rapidement cet ouvrage. Il participe aux réunions du Cénacle de Charles Nodier à la Bibliothèque de l'Arsenal, berceau du Romantisme, qui auront une grande influence sur son développement. Dès cette époque, Hugo est tout à la fois poète, romancier, dramaturge et même journaliste : Hugo entreprend tout et réussit beaucoup.
Le jeune écrivain [modifier]
C’est avec Cromwell, publié en 1827, qu’il fera éclat. Dans la préface de ce drame, il s’oppose aux conventions classiques, en particulier à l’unité de temps et à l’unité de lieu. Il met véritablement en pratique ses théories dans la pièce Hernani (1830), pièce qui inaugure le genre du drame romantique. Cette œuvre est la cause d’un affrontement littéraire fondateur entre anciens et modernes, ces derniers, au premier rang desquels Théophile Gautier, s’enthousiasmant pour cette œuvre romantique — combat qui restera dans l’histoire de la littérature sous le nom de « bataille d’Hernani. » Dès lors, la production d’Hugo ne connaît plus de limites : romans (Notre-Dame de Paris, 1831) ; poésie (Les Chants du crépuscule, 1835) ; théâtre (Ruy Blas, 1838).
Il épouse, le 12 octobre 1822, Adèle Foucher qui lui donne cinq enfants :
- Léopold (16 juillet 1823–10 octobre 1823)
- Léopoldine (28 août 1824–4 septembre 1843)
- Charles (4 novembre 1826–13 mars 1871)
- François–Victor (28 octobre 1828–26 décembre 1873)
- Adèle Hugo (24 août 1830–21 avril 1915), la seule qui survivra à son illustre père mais dont l'état mental, très tôt défaillant, lui vaudra de longues années en maison de santé.
De 1826 à 1837, il séjourne fréquemment au Château des Roches à Bièvres, propriété de Bertin l'Aîné, directeur du Journal des débats. Au cours de ces séjours, il y rencontre Berlioz, Chateaubriand, Liszt, Giacomo Meyerbeer et rédige des recueils de poésie dont le célèbre ouvrage des Feuilles d'automne.
Il aura, jusqu’à un âge avancé, de nombreuses maîtresses. La plus célèbre sera Juliette Drouet, actrice rencontrée en 1833, qui lui consacrera sa vie et le sauvera de l’emprisonnement lors du coup d’état de Napoléon III. Il écrira pour elle de nombreux poèmes. Tous deux passent ensemble l'anniversaire de leur rencontre et remplissent, à cette occasion, année après année, un cahier commun qu'ils nomment tendrement le « Livre de l’anniversaire »[2]
Hugo accède à l’Académie française en 1841.
En 1843, Léopoldine meurt tragiquement à Villequier, noyée avec son mari Charles Vacquerie dans le naufrage de leur barque. Hugo sera terriblement affecté par cette mort qui lui inspirera plusieurs poèmes des Contemplations — notamment, son célèbre « Demain, dès l'aube... »
L'exil [modifier]
Élevé par sa mère vendéenne dans l’esprit du royalisme, il se laisse peu à peu convaincre de l’intérêt de la démocratie (« J’ai grandi », écrit-il dans un poème [3] où il s’en justifie). Son idée est que « là où la connaissance n’est que chez un homme, la monarchie s’impose. Là où elle est dans un groupe d’hommes, elle doit faire place à l’aristocratie. Et quand tous ont accès aux lumières du savoir, alors le temps est venu de la démocratie ».
Devenu partisan d’une démocratie libérale et humanitaire, il est élu député de la deuxième République en 1848, et soutient la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte élu Président de la République en décembre, avec qui il rompt en 1849. Hugo s’exile après le coup d'État du 2 décembre 1851 qu’il condamne vigoureusement pour des raisons morales (Histoire d'un crime). Sous le Second Empire, opposé à Napoléon III, il vit en exil à Bruxelles, puis à Jersey et enfin à Guernesey. Il fait partie des quelques proscrits qui refusent l’amnistie[4] décidée quelque temps après (« Et s’il n’en reste qu’un, je serai celui-là » [5]). Pendant ces années difficiles, il publiera notamment Les Châtiments (1853), œuvre en vers qui prend pour cible le Second Empire ; Les Contemplations, poésies (1856) ; La Légende des Siècles (1859), ainsi que Les Misérables, roman (1862). Le souvenir douloureux de Léopoldine — ainsi que sa curiosité — le pousse à tenter à Jersey, d’étranges expériences de spiritisme consignées dans Les Tables tournantes de Jersey.
Pendant les années 1860, il traverse plusieurs fois le Grand-Duché de Luxembourg comme touriste, alors qu'il se rend sur le Rhin allemand (1862, 1863, 1864, 1865). En 1871, après la Commune de Paris, tandis qu'il est expulsé de Belgique pour y avoir offert asile aux communards poursuivis dans la capitale française, il trouve refuge pendant trois mois et demi dans le Grand-Duché (1er juin–23 septembre). Il séjourne successivement à Luxembourg, à Vianden (deux mois et demi), à Diekirch et à Mondorf, où il suit une cure thermale.
Le retour en France et la mort [modifier]
Après la chute du Second Empire consécutive à la guerre franco-prussienne de 1870, c’est l’avènement de la Troisième République : Hugo peut enfin rentrer après vingt années d’exil. Jusqu'à sa mort, en 1885, il restera une des figures tutélaires de la république retrouvée — en même temps qu'une référence littéraire incontestée.
Il décède le 22 mai 1885[6], prononçant, selon la légende, ces derniers mots : « Ceci est le combat du jour et de la nuit. » Conformément à ses dernières volontés[7], c'est dans le « corbillard des pauvres » qu'eut lieu la cérémonie. Il est d'abord question du Père Lachaise mais le premier juin il sera finalement conduit au Panthéon, la jeune Troisième République profitant de cet événement[8] pour retransformer l'église Sainte-Geneviève en Panthéon. On considère que trois millions de personnes se sont déplacées alors pour lui rendre un dernier hommage.
Une œuvre monumentale [modifier]
L'ensemble de ce qui a survécu des écrits de Victor Hugo (plusieurs lettres personnelles ont été volontairement détruites par ses exécuteurs testamentaires Paul Meurice et Auguste Vacquerie) a été publié chez Jean-Jacques Pauvert et représente presque quarante millions de caractères !
« L’ensemble de mon œuvre fera un jour un tout indivisible. [...] Un livre multiple résumant un siècle, voilà ce que je laisserai derrière moi [...]. » (Lettre du 9 décembre 1859)
À travers ces mots, on devine une volonté farouche de pratiquer tous les genres : roman, poésie, théâtre, essai, etc. — autant qu’une passion du Verbe, à condition toutefois que ce dernier soit ancré dans l’Histoire. Par conséquent, distinguer la fiction proprement dite de l’engagement politique est, chez Hugo plus que chez tout autre écrivain, une gageure.
Le romancier [modifier]
Un romancier inclassable [modifier]
Hugo a laissé neuf romans. Le premier, Bug-Jargal a été écrit à seize ans ; le dernier, Quatrevingt-treize, à soixante-douze. L’œuvre romanesque a traversé tous les âges de l’écrivain, toutes les modes et tous les courants littéraires de son temps sans jamais se confondre totalement avec aucun. En effet, on trouve toujours chez Hugo une volonté de parodie et de décalage : Han d'Islande en 1823, Bug-Jargal publié en 1826, Notre-Dame de Paris en 1831 ressemblent aux romans historiques en vogue au début du XIXe siècle mais n’en sont pas vraiment ; c'est que Hugo n’est certainement pas Walter Scott ; chez lui en effet, les temps modernes pointent toujours derrière l’Histoire.
Le Dernier Jour d'un condamné en 1829 et Claude Gueux en 1834 ne sont pas plus aisés à définir. Ce sont des romans à la fois historiques et sociaux qui sont, surtout, engagés dans un combat — l’abolition de la peine de mort — qui dépasse de loin le cadre de la fiction. On pourrait en dire autant des Misérables qui paraît en 1862, en pleine période réaliste, mais qui lui emprunte peu de caractéristiques. Ce succès populaire phénoménal embarrassera d'ailleurs la critique car il louvoie constamment entre mélodrame populaire, tableau réaliste et essai didactique…
De la même façon, dans Les Travailleurs de la mer (1866) et dans L'Homme qui rit (1869), Hugo se rapproche davantage de l’esthétique romantique du début du siècle, avec ses personnages difformes, ses monstres et sa Nature effrayante.
Enfin, en 1874, Quatrevingt-treize signe la concrétisation romanesque d’un vieux thème hugolien : le rôle fondateur de la Révolution française dans la conscience littéraire, politique, sociale et morale du dix-neuvième siècle.
Une œuvre de combat [modifier]
Le roman hugolien n’est pas un « divertissement » : il est — presque toujours — au service du débat d’idées. On l’a vu avec les romans abolitionnistes de sa jeunesse, on le voit encore dans sa maturité, à travers de nombreuses, et parfois envahissantes, digressions sur la misère matérielle et morale, dans Les Misérables. Ses héros sont, comme les héros de tragédie (le dramaturge n’est pas loin), aux prises avec les contraintes extérieures et une implacable fatalité tantôt imputable à la société (Jean Valjean ; Claude Gueux ; le héros du Dernier jour d’un condamné), tantôt à l’Histoire (Quatrevingt-treize) ou bien à leur naissance (Quasimodo). C’est que le goût de l’épopée, des hommes aux prises avec les forces de la Nature, de la Société, de la fatalité, n’a jamais quitté Hugo ; l’écrivain a toujours trouvé son public sans jamais céder aux caprices de la mode : qui s’étonnera qu’il ait pu devenir un classique de son vivant ?
Le dramaturge [modifier]
À vingt-six ans, dans la célèbre préface de Cromwell, Victor Hugo jette les bases d’un genre nouveau : le drame romantique. Dans ce texte, le jeune homme ambitieux remet en cause les règles bien établies du théâtre classique, et introduit les thèmes romantiques sur la scène : multiplication des personnages, des lieux, mélange des registres — le vulgaire et le recherché, le sublime et le grotesque – et met ainsi davantage de vie dans un théâtre trop compassé. Revers de la médaille : Cromwell, pièce aux 6000 vers et aux innombrables personnages n’est pas jouée — « injouable » disent certains…
C’est grâce à Hernani que le dramaturge accède véritablement, en 1830, à la célébrité et prend une place déterminante parmi les modernes. Les années suivantes, Hugo se heurtera aux difficultés matérielles (scène à l’italienne, peu propice aux spectacles d’envergure) et humaines (réticences des Comédiens Français devant les audaces de ses drames). Il alternera triomphes (Lucèce Borgia) et échecs (Le Roi s’amuse), avant de décider, avec Alexandre Dumas, de créer une salle dédiée au drame romantique : ce sera le Théâtre de la Renaissance où il fera donner, en 1838, Ruy Blas.
En 1843, l’échec des Burgraves l’affecte durement. Hugo désespère de parvenir à un théâtre à la fois exigeant et populaire. Le dramaturge, frappé en outre par le deuil (Léopoldine meurt cette même année), délaisse la scène.
Victor Hugo marquera son retour au théâtre avec l'écriture, à partir de 1866, de plusieurs pièces, dont la série du Théâtre en liberté.
Le poète [modifier]
Vers de jeunesse [modifier]
À vingt ans, Hugo publie les Odes, recueil qui laisse déjà entrevoir, chez le jeune écrivain, les thèmes hugoliens récurrents : le monde contemporain, l’Histoire, la religion et le rôle du poète, notamment. Par la suite, il se fait de moins en moins classique, de plus en plus romantique, et Hugo séduit le jeune lecteur de son temps au fil des éditions successives des Odes (quatre éditions entre 1822 et 1828).
En 1828, Hugo réunit sous le titre Odes et Ballades toute sa production poétique antérieure. Fresques historiques, évocation de l’enfance ; la forme est encore convenue, sans doute, mais le jeune romantique prend déjà des libertés avec le mètre et la tradition poétique. Cet ensemble permet en outre de percevoir les prémices d’une évolution qui durera toute sa vie : le catholique fervent s’y montre peu à peu plus tolérant, son monarchisme qui se fait moins rigide et accorde une place importante à la toute récente épopée napoléonienne ; de plus, loin d’esquiver son double héritage paternel (napoléonien) et maternel (royaliste), le poète s’y confronte, et s’applique à mettre en scène les contraires (la fameuse antithèse hugolienne !) pour mieux les dépasser :
« Les siècles, tour à tour, ces gigantesques frères,
Différents par leur sort, semblables en leurs vœux,
Trouvent un but pareil par des routes contraires. »[9]
Puis Hugo s’éloigne dans son œuvre des préoccupations politiques immédiates auxquelles il préfère — un temps — l’art pour l’art. Il se lance dans les Les Orientales (l’Orient est un thème en vogue) en 1829, (l’année du Dernier jour d’un condamné).
Le succès est important, sa renommée de poète romantique assurée et surtout, son style s’affirme nettement tandis qu’il met en scène la guerre d'indépendance de la Grèce (l’exemplarité de ces peuples qui se débarrassent de leurs rois n’est pas innocente du contexte politique français) qui inspira également Lord Byron ou Delacroix.
La première maturité [modifier]
Dès les Feuilles d’automne (1832), les Chants du crépuscule (1835) Les Voix intérieures (1837), jusqu’au recueil les Rayons et les ombres (1840), se dessinent les thèmes majeurs d’une poésie encore lyrique — le poète est une « âme aux mille voix » qui s’adresse à la femme, à Dieu, aux amis, à la Nature et enfin (avec les Chants du crépuscule) aux puissants qui sont comptables des injustices de ce monde.
Ces poésies touchent le public parce qu’elles abordent avec une apparente simplicité des thèmes familiers ; pourtant, Hugo ne peut résister à son goût pour l’épique et le grand si bien que, dès le premier vers des Feuilles d'automne, on peut lire le fameux :
« Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte
Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte »
On le voit, Hugo s’applique d’emblée à ancrer le poète dans l’Histoire. Il ne l’en fera jamais sortir, tout au long de son œuvre.
L'exil [modifier]
À partir de l'exil commence une période de création littéraire qui se caractérise par sa richesse, son originalité et par sa puissance. C'est alors que naîtront certains des plus fameux poèmes de la langue française (l'Expiation dans les Châtiments, Booz endormi dans la Légende des siècles, pour ne citer que ces deux exemples).
Les Châtiments sont des vers de combat qui ont pour mission, en 1853, de rendre public le "crime" du « misérable » Napoléon III : le coup d'État du 2 décembre. Prophète des malheurs qui attendent Napoléon III, exécuteur du neveu honni, Hugo s’y fait cruel, satirique, voire grossier pour châtier "le criminel". Mais Hugo se fait aussi poète de temps meilleurs comme par exemple dans Stella ; le poète prend alors des tons quasiment religieux. Quant à la "forme" des Châtiments, elle est d'une extrême richesse puisque Hugo recourt aussi bien à la fable, qu'à l'épopée, à la chanson ou à l'élégie, etc.
Quelques années plus tard, Hugo déclare, à propos des Contemplations qui paraissent en 1856 : « Qu’est-ce que les Contemplations ? — Les mémoires d’une âme » [10] Apothéose lyrique, marquée par l’exil à Guernesey et la mort (cf. Pauca Meae) de la fille adorée : exil affectif, exil politique : Hugo part à la découverte solitaire du moi et de l’univers. Le poète, tout comme dans les Châtiments, se fait même prophète, voix de l’au-delà, voyant des secrets de la vie après la mort et qui tente de percer les secrets des desseins divins. Mais, dans le même temps, les Contemplations, au lyrisme amoureux et sensuel, contient certains des plus célèbres poèmes inspirés par Juliette Drouet. Les Contemplations : œuvre multiforme donc comme il convient aux « mémoires d’une âme ».
Enfin, la Légende des siècles, son chef-d’œuvre, synthétise rien moins que l’histoire du monde en une immense épopée parue en 1859 
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