Brochure Argos info Bipolaire - Partie 1
http://www.lilly.fr/docs/institut/Brochure_biponews.pdf•
BIPONEWS N° 1 //>> 1Information sur les troubles bipolaires
BiponewsN°01
"J'ai des
troubles
de
l'humeur"
•
BIPONEWS N° 1 //>> 3Ce fascicule est le
premier de la collection
Biponews destinée aux
patients souffrant de
troubles bipolaires.
Il apporte des
informations sur ces
troubles, leurs causes,
leurs conséquences
et leur prise en charge.
Il peut être lu seul ou
avec un proche auquel
vous aimeriez
expliquer vos troubles.
Vous pouvez demander
également des
informations
complémentaires,
à votre médecin
ou à un infirmier.
Auteurs :
Dominique Friard, infirmier
de secteur psychiatrique,
avec la collaboration
d'un psychiatre hospitalier.
Vous avez peut-être vécu des
choses proches de ce que
décrivent ces personnes qui
souffrent de troubles bipolaires.
Sachez avant tout que ces
troubles touchent à peu près
1 % de la population
générale
parmi lesquels deshommes politiques, des artistes
et des sportifs connus. La
plupart d'entre eux, une fois la
crise passée reprennent leur vie
sociale et leur activité.
Vous n'êtes donc pas seul
à vivre cette expérience.
« J'écris des poèmes et des chansons qui vont être publiés
bientôt. D'ailleurs, je vais aussi ouvrir un cabinet de
coaching. Vous allez chez quel coiffeur ? Je pourrais faire
sa publicité. Vous savez que vous êtes très belle.
J'ai changé d'assureur. Que je t'aime ! Que je t'aime !
Vous entendez cette voix. Il faut que j'enregistre ce CD ».
« Personne ne peut rien pour moi. Mon médecin
a testé trois antidépresseurs en vain. Je suis de
plus en plus sombre. Il ne me reste qu'à
mourir, qu'à en finir. De toute façon personne
ne me regrettera ».
« Je suis nulle, archi-nulle. Je ne vaux rien et
encore moins que ça. J'ai endetté ma
famille. Ma mère a été obligée de demander
une mesure de sauvegarde de justice.
J'ai acheté une moto neuve alors que je
n'ai même pas le permis moto. J'ai fait
n'importe quoi. Je ne mérite pas de vivre.
Jamais mes parents ne pourront me
pardonner ça ».
« Avec mon nouveau traitement, je me sens
mieux. Je devrais maintenant avoir moins
de variations de l'humeur. Même si je me
sens mieux, ma vie est un peu grise.
Certes je n'éprouve pas de grandes peines
mais pas de grandes joies, non plus.
Il paraît que ça va se modifier ça aussi ».
"J'ai des
troubles
de
l'humeur"
Association d'aide aux personnes atteintes de troubles bipolaires
(maniaco-dépressif) et à leur entourage
Maison des associations du 13
ème arrondissementAssociation ARGOS 2001 - Boîte postale n° 30
11, rue Caillaux - 75013 Paris
Téléphone-répondeur infos-actualités : 01 69 24 22 90
Email : argos.2001@free.fr - Web : http//argos.2001.free.fr/
•
BIPONEWS N° 1 //>> 5Essayez d'abord de repérer
ce que vous savez à propos
des troubles de l'humeur dont
font partie les troubles
bipolaires (que l'on nomme
aussi psychose maniacodépressive).
Qu'entendez-vous par humeur ?
Avez-vous repéré des fluctuations importantes dans votre
humeur ? Si oui, comment se manifestent-elles ?
Comment gérez-vous habituellement ces variations ?
Questionnaire
Ces variations vous semblent-elles liées à des événements de vie
(heureux ou malheureux), si oui lesquels ?
Que savez-vous à propos du traitement de ces troubles de
l'humeur ?
"J'ai des
troubles
de
l'humeur"
Questionnaire
Que savez-vous à propos des troubles de l'humeur ? P 04
Quand l'humeur est tout en haut ou tout en bas P 06
Les causes multiples
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P 14Pour retrouver un équilibre
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P 20Repérer
Repérer
Quand l'humeur
est tout en
haut ou tout
en bas
Repérer
Agir
Comprendre
« Je n'avais plus besoin de dormir, je menais cinq projets à la fois, je
prenais des cours de japonais sur Internet, j'avais acheté une voiture neuve
et renouvelé entièrement ma garde-robe. J'avais un moral d'enfer jusqu'au
moment où j'ai voulu distribuer tous mes biens aux pauvres. Mon mari a
trouvé que ça suffisait et m'a emmené voir un psychiatre ».
ManonCette sensation de ne pas avoir besoin de dormir, cette impossibilité à se
concentrer sur une tâche, ce sentiment de toute puissance, ces dépenses
inconsidérées, sont probablement les manifestations d'un trouble de l'humeur
que l'on nomme
accès maniaque.« Je me sentais nulle, responsable de toutes les catastrophes arrivées dans
la famille. J'avais ruiné mes enfants, mon mari. Je ne méritais pas de vivre.
Je n'avais qu'une idée : en finir, débarrasser la terre une fois pour toutes de
l'être abject que j'étais ».
ManonAccès maniaques et dépressifs
constituent ce que l'on nomme
aujourd'hui le trouble bipolaire.
Cette notion de bipolarité traduit les
deux versants symptomatiquement
opposés de la maladie dont les
patients peuvent souffrir.
D
1 Il est indispensable de reconnaître ce qui vous arrive
•
BIPONEWS N° 1 //>> 7Ce sentiment de culpabilité, d'indignité, ces affects profondément dépressifs,
cette volonté d'en finir avec la vie, sont des signes du même trouble de
l'humeur, vécu sous sa
forme dépressive.•
BIPONEWS N° 1 //>> 6•
BIPONEWS N° 1 //>> 8 •BIPONEWS N° 1 //>> 9Repérer
Le psychiatre Jean Delay définit l'humeur comme une
« disposition affectivefondamentale riche de toutes les instances émotionnelles et instinctives, qui
donne à chacun de nos états d'âme une tonalité agréable ou désagréable,
oscillant entre les deux pôles extrêmes du plaisir et de la douleur ».
C'est unterme qui est utilisé couramment par les médecins et les équipes soignantes.
Il n'est pas sûr que cette définition générique soit très éclairante mais les
spécialistes, eux-mêmes, ont du mal à proposer une définition évidente de
l'humeur.
L'humeur, au fond, c'est ce que vous nommez « le moral ». Lorsque vous vous
sentez bien vous direz que vous avez un bon moral, que vous êtes de bonne
humeur ; et un mauvais moral ou de mauvaise humeur quand vous vous
sentez triste ou énervé.
Si nous percevons bien l'infinie tristesse de Manon au cours de la phase
dépressive, il est moins évident de rattacher son accès maniaque à de la
bonne humeur. Nous voyons bien le côté forcé, excessif, morbide même de
ce qu'elle exprime. La manie, ce n'est pas la joie…
LL''hhuummeeuurr
Dans le langage courant
, une personnemaniaque est extrêmement attachée à ses
habitudes, très méticuleuse et elle peut même
avoir des idées fixes.
En psychiatrie
, la manie (qui signifie en grec« folie ») décrit tout autre chose.
Elle constitue un état de surexcitation du
psychisme qui se caractérise par :
•
L'euphorie•
Le ludisme (la personne donnel'impression de jouer de tout, avec tous)
•
Une augmentation de l'estime de soi etde ses capacités (sentiment de toute
puissance, de grandeur, de pouvoir)
•
Un ressenti des émotions (joie, colère,etc...) plus vif que d'habitude
•
Très peu de sommeil (la personne estconvaincue de pouvoir s'en passer,
ne ressent pas la fatigue)
•
Un débit accéléré de la parole, logorrhée(la parole coule ininterrompue comme
un flux verbal) , un désir de parler constamment
•
Une accélération des pensées et des actions (la personne passe d'un sujetà l'autre sans pouvoir se fixer à un sujet de conversation), elle n'a pas de
limite dans ses projets (rien ne lui semble impossible)
•
Une grande énergie, des activités inhabituelles, un comportementdésinhibé
•
Des dépenses inconsidérées d'argent•
Une hyperactivité sexuelle•
Une distractabilité, une grande difficulté à maintenir son attention surquelque chose
•
Une fuite des idées•
Des troubles du jugement•
Une irritabilité avec une tendance agressive•
Une hyperactivité, une agitation•
Parfois un délire et des hallucinations.Ces différents symptômes doivent se
maintenir plus d'une semaine et être
en rupture avec le fonctionnement
antérieur de la personne pour être
considérés comme caractéristiques
d'un épisode maniaque.
D
L'accès maniaque
(selon le DSM IV-TR)•
BIPONEWS N° 1 //>> 11Repérer
Si le mot « manie » a deux sens selon que l'on se réfère au langage courant
ou au langage médical,
le mot dépression décrit toujours une humeurtriste
.•
Ce sentiment constant s'accompagne de ruminations douloureusesdominées par le sentiment d'incapacité, d'inutilité, de culpabilité,
d'incurabilité et de pessimisme.
•
La personne n'éprouve que désintérêt pour le monde qui l'entoure et uneincapacité absolue à ressentir du plaisir. On parle de douleur morale,
d'anesthésie affective.
•
Elle se met généralement en retrait de toute vie sociale.•
La pensée est ralentie, les idées sontpauvres.
•
La personne ressent une fatigue,une perte d'énergie.
•
Elle éprouve des difficultésà se concentrer, des trous de
mémoires et les prises de
décision sont difficiles.
Tout cela contribue à alimenter
la diminution de l'estime
de soi.
•
On constate un ralentissement desgestes et une pauvreté de la mimique
(qui donne à la personne un air figé).
Tous les actes de la vie quotidienne
exigent des efforts démesurés. La
personne préfère rester au fond de son
lit (la fatigue est déjà là au réveil).
•
Troubles de l'appétit (peu ou trop d'appétit)avec changement secondaires de poids (le
plus souvent amaigrissement ou parfois prise de
poids).
•
Une anxiété, une inquiétude exagérée.•
Sommeil perturbé (insomnies ou besoin de dormir plusqu'habituellement).
•
Troubles physiques (douleurs corporelles, troubles digestifs, oppressionsrespiratoires, problèmes cutanés).
•
Perte du plaisir et, plus généralement, perte d'intérêt (notamment pour lesactivités agréables).
•
Idées noires, idées de mort ou de suicide.L'accès dépressif
(selon le DSM IV-TR)•
BIPONEWS N° 1 //>> 10Ces différents symptômes doivent être
présents pratiquement toute la journée
durant au moins deux semaines et être
en rupture avec le fonctionnement
antérieur de la personne pour être
considérés comme caractéristiques
d'un épisode dépressif que l'on appelle
majeur ou caractérisé.
D
Repérer
•
BIPONEWS N° 1 //>> 132 Quelles sont les conséquences de ces troubles ?
Ces troubles de l'humeur peuvent entraîner des comportements
à risque et plus particulièrement, une désinsertion
socioprofessionnelle et familiale.
Parmi ces conséquences, on note :
•
Les conséquences professionnelles qui sont caractérisées par lelicenciement (dû au comportement étrange et agité), la démission hâtive et
irréfléchie, les rapports conflictuels avec les collègues et/ou la hiérarchie,
l'instabilité professionnelle (plus de la moitié des patients perdent leur
emploi) (Romans SE, McPherson HM,1992).
•
Les conséquences familiales et sociales sont illustrées par les conflitsconjugaux (en particulier si la maladie est mal expliquée), la séparation ou le
divorce, une mauvaise entente familiale (pouvant aussi avoir aussi des
conséquences sur les enfants), la perte de ses ami(e)s, etc… (Coryel W
et al.1993, Perlick D
et coll. 1999).•
D'autres conséquences sont liées à la prise de risque inconsidérée : abusde toxiques, rapports sexuels non protégés, conduite automobile à vitesse
excessive, défis dangereux, actes médico-légaux (atteintes aux biens et aux
personnes), violence. La consommation d'alcool est également fréquemment
retrouvée au cours des troubles bipolaires : les études scientifiques
retrouvent cette association dans 35 à 45% des cas (Rouillon F. 1997,
Goodwin 1990).
•
Le risque de suicide est majeur particulièrement dans la phase dépressivemais aussi maniaque. Parmi les patients souffrant de troubles bipolaires,
environ 1/3 fait une tentative de suicide et 1/3 présente des idées suicidaires
(Suppes T
et coll. 2001). C'est probablement la pathologie où le risquesuicidaire est le plus important.
Le trouble bipolaire est une maladie anciennement appelée psychose
maniaco-dépressive (PMD). Elle se caractérise par une exagération des
variations normales de l'humeur qui vont affecter mentalement et
physiquement le patient. L'évolution est chronique et cyclique et oscille
entre trois états :
• L'état maniaque avec exaltation de l'humeur
• L'état dépressif caractérisé en opposition avec le précédent
• Une humeur normale ou parfois quasiment normale entre les phases de
survenue de ces deux états pathologiques.
Les symptômes de la maladie sont très variables d'un patient à l'autre (caractéristiques
des phases, intensités, durées, fréquences, concomitances...).
Les troubles bipolaires
(selon le DSM IV-TR)Si, comme Manon, vous souffrez de ce trouble,
vous avez du connaître des phases
dépressives et des phases d'exaltation
(dites maniaques) qui ont entraîné des
troubles importants de votre pensée,
de vos actes, de vos sentiments, de
votre comportement et de votre
état physique.
•
BIPONEWS N° 1 //>> 12Les causes multiples
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P 14Pour retrouver un équilibre
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P 20Comprendre
Comprendre
Les causes
multiples
Agir
Comprendre
« Pourquoi ça m'arrive à moi ? On avait tout pour être heureux. J'avais un
bon travail, des collègues qui m'appréciaient. Avec ma femme, on était un
couple uni, les enfants poussaient bien. Non, je ne comprends pas ».
Jacques
« Pourquoi moi ? », « Pourquoi cette maladie ? », « Qu'est-ce que j'ai fait pour
mériter ça ? »
. Lorsque l'on souffre, il est naturel de rechercher l'origine du mal.De la même façon que l'on veut connaître le virus à l'origine de la grippe, ou
quel organe est atteint lorsqu'une douleur apparaît, on cherche à comprendre
ce qui peut être à l'origine d'un trouble psychique.
On n'est pas plus responsable d'un trouble bipolaire que de la grippe.
Les croyances personnelles voire familiales ou collectives sont pourtant souvent
à l'origine d'idées fausses qui peuvent provoquer différentes réactions :
• « Il faut le cadrer pour que son esprit cesse de battre la campagne »,
« Il faut lui éviter toute émotion trop forte »
(on veut corriger) ;• « C'est de ma faute… Je ne suis pas assez… Elle est trop… »
(on accuse) ;• « Il n'y a rien à faire. C'est mon destin… »
(on se résigne) ;• « On ne sait plus quoi faire quand il est comme ça »
(on ne comprend pas).Ces réactions bien compréhensibles lorsque
l'on est confronté à une maladie bipolaire sont
souvent préjudiciables pour celui qui souffre.
Il est donc important pour vous et votre
entourage d'essayer de comprendre que les
troubles dont vous souffrez s'inscrivent dans
une maladie.
D
1 Quelle sont les causes de cette maladie ?
•
BIPONEWS N° 1 //>> 14 •BIPONEWS N° 1 //>> 15•
BIPONEWS N° 1 //>> 16 •BIPONEWS N° 1 //>> 17« Pour être malade de la sorte, il faut bien que quelque chose se soit
déréglé dans mon cerveau ».
Jean-PierreLe cerveau est composé d'un très grand nombre de neurones qui communiquent
entre eux au niveau de jonctions appelées synapses. La
transmission de l'information au niveau de ces synapses s'effectue par le biais
de petites molécules sécrétées par les neurones. Ces « messagers
biologiques » sont appelés neurotransmetteurs. Le trouble bipolaire de
l'humeur pourrait être lié à une perturbation de la transmission de l'information
au niveau de ces synapses.
La recherche a fait de nombreux progrès dans ce domaine au cours des
dernières années et les découvertes ont permis d'améliorer les traitements
disponibles.
Il n'existe pas une seule explication au trouble bipolaire de l'humeur, mais
plusieurs causes intriquées qui sont autant de pistes, de voie de recherche, et
surtout de domaines où l'action thérapeutique pourra s'exprimer.
Comprendre
2 Quelles sont les hypothèses scientifiques actuelles ?
LLe'hsu fmacetuerurs biologiques
Les facteurs génétiques
Les facteurs psychologiques
« J'ai eu une enfance traumatisante. Mon père a quitté ma mère après ma
naissance. Elle nous a élevé seule, mes soeurs et moi puis a connu un
homme qui s'est installé avec nous. Il buvait, frappait ma mère.
Dès que j'ai eu 18 ans, j'ai quitté la maison.
Je pense que cela peut expliquer ma maladie ».
MyriamLes causes du
trouble bipolaire semblent être une combinaison :•
de facteurs innés : génétiques existant indépendamment de l'environnementet de la vie de la personne,
•
et de facteurs acquis : dépendant de l'environnement, de la qualité de lavie affective, des stress et des traumatismes importants et répétés vécus
depuis la naissance.
L'explication psychologique essaie de comprendre comment la personnalité
du patient s'est construite et de quelle manière le trouble bipolaire pourrait
répondre à des traumatismes psychiques plus ou moins précoces.
« Mon grand-père paternel était maniaco-dépressif. Un de mes oncles
s'est suicidé. Chez nous, la dépression, c'est dans les gènes ».
BrigitteDes études auprès des familles de patients bipolaires ont montré l'implication
de facteurs génétiques dans le risque de survenue de la maladie. Plusieurs
gènes pourraient être impliqué. Les troubles bipolaires appartiennent au
groupe des maladies à hérédité complexe, caractérisées par l'interaction de
nombreux facteurs génétiques et de facteurs liés à l'environnement pour
arriver à l'éclosion de la maladie. Autrement dit, même si l'implication des
Certaines personnes pourraient ainsi naître avec
une « vulnérabilité », une sensibilité particulière aux
évènements de vie stressants. Nous reviendrons sur
cette hypothèse liant stress et vulnérabilité.
facteurs génétiques est indéniable, un
parent ne transmet pas de façon
automatique sa pathologie à son enfant
à la fois parce qu'il y a beaucoup de
gènes en jeu et aussi parce qu'il y a probablement
une interaction entre le terrain
génétique et des facteurs environnementaux
qui peuvent être très précoces (durant
la grossesse).
•
BIPONEWS N° 1 //>> 18 •BIPONEWS N° 1 //>> 19« C'est normal que je sois tombé malade. Mon travail est stressant, les
cadences sont infernales, mon patron me harcèle : c'est intenable ».
Gérard
Les patients qui souffrent de troubles bipolaires seraient particulièrement
vulnérables aux évènements de vie stressants :
-
« douloureux » : perte d'un proche, perte d'emploi, déménagement dans unerégion inconnue, séparation d'avec un conjoint, etc…
- mais également
« heureux » : promotion professionnelle, mariage, naissance,etc...
On nomme
« événements de vie stressants » toute modification de votreenvironnement qui implique une remise en cause des mécanismes
psychiques que vous utilisez habituellement pour vous adapter à une
nouvelle situation. Votre éventuelle fragilité génétique, biologique ou
psychologique entraînerait des difficultés
à surmonter de tels changements sans
« passer » par l'expression de troubles
de l'humeur.
Les personnes atteintes de troubles
bipolaires deviendraient ainsi, au cours de
leur vie, hypersensibles et hyper-réactives aux
situations de stress.
Il est évident que la vie moderne avec ses
contraintes économiques, affectives, sociales et
culturelles nourrit abondamment cette hypersensibilité
aux stress.
Comprendre
Les facteurs environnementaux
D
Plusieurs approches peuvent s'avérer utiles dans la compréhension de soi :
- L'approche psychodynamique, d'inspiration pschychanalytique
Cette approche propose de rechercher l'origine des troubles dans la
construction initiale de la personnalité du sujet et notamment lors de sa toute
petite enfance (traumatismes, difficultés dans la relation aux proches, en
particulier les parents). Ces difficultés pourraient avoir un impact sur la
construction de la personnalité et expliquer en partie la souffrance actuelle du
sujet.
- L'approche comportementale et cognitive
Elle consiste à préciser le fonctionnement de la pensée, les liens entre
pensées et émotions, et ceux entre pensées et comportements. Le vécu
émotionnel, ainsi que les pensées associées détermineraient le comportement
d'un individu dans une situation donnée. Ce modèle permet d'expliquer en
partie les pensées et les comportements problématiques rencontrés dans le
trouble bipolaire, secondaires à un éventuel emballement émotionnel.
En conclusion, le risque de développer un trouble bipolaire serait
constitué par une vulnérabilité neuropsychologique liée à des
interactions entre de nombreux gènes et des facteurs
environnementaux pouvant être très précoces. Ensuite, le contexte
éducatif et affectif de l'enfance, à l'origine de « traumatismes »
importants ou mineurs, pourrait aggraver cette fragilité initiale. Pour
qu'un trouble bipolaire se déclenche, il faudrait que l'ensemble de ces
facteurs soient présents. Enfin, la sensibilité particulière aux
événements de vie stressants positifs et négatifs pourrait être à
l'origine des épisodes eux-mêmes.
Ces théories soutiennent les différentes approches thérapeutiques qui
sont proposées aux personnes souffrant de troubles bipolaires.
Agir
Agir
pour retrouver
un équilibre
Afin de vous aider à dépasser la situation de crise, les soignants peuvent vous
proposer d'associer plusieurs types de prise en charge.
En psychiatrie, les soins sont multiples et doivent prendre en compte :
•
le stade d'évolution de votre maladie ;•
vos symptômes prédominants ;•
la qualité de votre environnement ;•
votre milieu familial et social ;•
vos ressources matérielles, psychologiques et culturelles.Concrètement vous pouvez bénéficier :
•
de professionnels et de lieux d'accueil et de soins proches : quel quesoit l'endroit où vous habitez, il existe près de chez vous un lieu de soins,
une équipe prête à répondre à vos questions, à vous recevoir ;
•
de traitements médicamenteux qui visent à réduire vos symptômes lesplus aigus et à vous proposer un traitement de fond pour réguler votre
humeur et prévenir la survenue de nouveaux épisodes ;
•
d'accompagnements soignants autour du quotidien, autour desdifficultés qu'il entraîne et des émotions qu'il suscite en vous : visite à
domicile, entretiens infirmiers, etc…;
1 Comment vous repérer dans la diversité des soins
•
BIPONEWS N° 1 //>> 20 •BIPONEWS N° 1 //>> 21•
BIPONEWS N° 1 //>> 22 •BIPONEWS N° 1 //>> 23« Au début, j'étais très réticente à prendre des médicaments.
Je me sentais très bien, je ne comprenais pas l'intérêt de me « shooter »
avec des pilules ».
Brigitte
Dans le traitement des troubles bipolaires, plusieurs classes de psychotropes
peuvent s'avérer utiles. Chaque classe à un intérêt thérapeutique particulier.
C'est votre médecin qui adaptera votre traitement en fonction de votre cas.
Agir
Le traitement médicamenteux
« L'hôpital me terrifiait, j'étais pétrifiée à
l'idée de me retrouver enfermée, d'être
privée de ma liberté, pour des semaines».
Brigitte
L'hôpital psychiatrique n'est plus le seul lieu
de soin existant. Aujourd'hui de petites
structures, souvent mieux adaptées, permettent
de vous soigner près de chez vous.
On peut citer :
•
Le Centre Médico-Psychologique (CMP), véritable pilier dela prise en charge et du suivi en dehors des crises, vous pouvez y
rencontrer votre psychiatre, vos infirmiers référents, une assistante sociale,
ceux-ci peuvent même parfois aller vous voir chez vous.
•
Les Centres d'Accueil et de Crise (CAC), des lieux d'écoute ouverts 24heures sur 24. Ce dispositif extrêmement souple et adapté n'existe
cependant pas partout en France.
•
Les Hôpitaux de jour, pour des soins en ville, aux horaires de bureau, vousy pratiquerez différents types d'activités à vocation psychothérapique.
•
Les Centres d'Accueil Thérapeutique à Temps Partiel (CATTP), pour dessoins ponctuels dans la journée ou dans la semaine. Généralement, il s'agit
d'activités en ateliers hebdomadaires.
•
Les Urgences de l'hôpital général.A découvrir aussi
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- Maladie maniaco-dépressive ou troubles bipolaires
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