Brochure Argos info Bipolaire - Partie 2

« L’hôpital me terrifiait, j’étais pétrifiée à

l’idée de me retrouver enfermée, d’être

privée de ma liberté, pour des semaines».

Brigitte

L’hôpital psychiatrique n’est plus le seul lieu

de soin existant. Aujourd’hui de petites

structures, souvent mieux adaptées, permettent

de vous soigner près de chez vous.

On peut citer :

Le Centre Médico-Psychologique (CMP), véritable pilier de

la prise en charge et du suivi en dehors des crises, vous pouvez y

rencontrer votre psychiatre, vos infirmiers référents, une assistante sociale,

ceux-ci peuvent même parfois aller vous voir chez vous.

Les Centres d’Accueil et de Crise (CAC), des lieux d’écoute ouverts 24

heures sur 24. Ce dispositif extrêmement souple et adapté n’existe

cependant pas partout en France.

Les Hôpitaux de jour, pour des soins en ville, aux horaires de bureau, vous

y pratiquerez différents types d’activités à vocation psychothérapique.

Les Centres d’Accueil Thérapeutique à Temps Partiel (CATTP), pour des

soins ponctuels dans la journée ou dans la semaine. Généralement, il s’agit

d’activités en ateliers hebdomadaires.

Les Urgences de l’hôpital général.

Le Centre Hospitalier Spécialisé (CHS).

d’activités psychosociothérapiques dont l’objectif est de vous offrir des Les lieux de soins

techniques et un environnement adapté à votre état psychique afin que vous

puissiez progressivement retrouver vos compétences et vous réadapter à

une vie sociale et professionnelle ;

de psychothérapies qui ont pour but d’atténuer vos conflits internes, de

favoriser un retour sur vous-même dans le but de mieux comprendre vos

difficultés psychiques et leur retentissement sur votre humeur ;

sans oublier vos propres ressources, vos initiatives et tout ce que vous

pourrez mobiliser par et pour vous-même.

Le traitement comporte classiquement deux phases correspondant au

moment que vous traversez :

le traitement de l’épisode aigu (de l’accès dépressif ou maniaque) ;

le traitement de fond, dont le but est de stabiliser votre humeur, puis de

prévenir les récidives.

Les médicaments sont indispensables au

traitement du trouble bipolaire. Il est strictement

déconseillé d’arrêter brusquement votre

traitement sans l’avis d’un médecin.

D

BIPONEWS N° 1 //>> 24 BIPONEWS N° 1 //>> 25

Agir

« J’avais besoin de rentrer à l’hôpital : seule chez moi, j’aurais fini par faire

une bêtise ».

Myriam

L’hospitalisation peut être utile, voire nécessaire, pour traiter un épisode

maniaque ou dépressif majeur. Elle permet :

de vous protéger de votre maladie et des comportements qu’elle

peut engendrer (geste suicidaire, excès provoqués par une

débauche d’énergie, comportements à risque). Dans ces

moments-là, c’est un « refuge », un endroit où comme

Myriam vous pouvez vous sentir protégé.

une prise en charge « intensive » : adaptation

rapide des traitements à l’évolution de vos

symptômes, entretiens fréquents avec

médecins et infirmiers, possibilité de faire le

point sur vos difficultés sociales.

L’hospitalisation n’est pas synonyme

d’enfermement. La grande majorité des

patients hospitalisés le sont de leur

propre volonté. La durée d’hospitalisation

se limite au temps nécessaire à l’obtention

Il est possible de fréquenter certains de ces lieux de soins à différents

moments de votre parcours, chacun d’eux correspondant à une période

particulière de votre trajectoire. Votre psychiatre, responsable de votre suivi,

est susceptible d’intervenir dans chacun de ces lieux. Il est la plupart du

temps en lien avec les différents soignants qui y travaillent.

Des professionnels libéraux et non rattachés à ces structures de soins

peuvent également prendre en charge votre maladie : médecins généralistes,

psychiatres libéraux, psychologues, psychothérapeutes, etc…

Nous avons vu précédemment que l’état maniaque pouvait conduire

à des excès, notamment des dépenses inconsidérées.

Il peut alors s’avérer nécessaire de mettre en oeuvre des procédures pour

protéger vos ressources, notamment par la mise en place d’une mesure

transitoire, la sauvegarde de justice, qui permet de contrôler les dépenses.

La sauvegarde de justice médicale à la demande du médecin traitant est

une mesure de protection immédiate, souple et en général, de courte durée.

Elle peut notamment s’appliquer en urgence, sur décision médicale. Elle est

régie par le Code civil, des articles 491 à 491-6. Toute personne majeure chez

laquelle il est constaté une altération des facultés mentales et / ou corporelles

peut être placée sous sauvegarde de justice Le majeur protégé conserve

l'exercice de ses droits. Toutefois, les engagements passés, tels que des prêts

peuvent être annulés ou réduits s’ils s’avèrent excessifs. Une sauvegarde est

limitée dans le temps. Elle cesse automatiquement de produire ses effets

2 mois après son ouverture. Des renouvellements sont possibles si l'état du

majeur le nécessite. Chaque renouvellement dure 6 mois.

Tutelle et curatelle sont les deux autres mesures de protection. Elles

limitent davantage l’autonomie de décision de la personne protégée. Elles

s’appliquent sur décision du juge des tutelles et ne sont pas des mesures

d’urgence.

d’une amélioration compatible avec la

poursuite des soins à l’extérieur. La règle

est que plus les troubles sont pris tôt en

charge, plus la durée d’hospitalisation peut

être brève. Il est même possible de traiter la

crise à domicile pour peu qu’un certain

nombre de précautions soient prises et que

l’entourage soit présent et informé des

risques et de la maladie.

La place de l’hospitalisation La protection du patient

BIPONEWS N° 1 //>> 26 BIPONEWS N° 1 //>> 27

Agir

Plusieurs types de psychothérapies

sont proposés :

La thérapie de type psychanalytique

(cure par la parole), fondée sur l’exploration

de l’inconscient, à travers le transfert et un

travail sur sa vie personnelle (notamment

comment la petite enfance résonne aujourd’hui chez

le sujet en analyse).

Les thérapies familiales agissent non pas sur la personne mais sur

l’ensemble du système familial. Elles ne s’intéressent pas à la cause des

troubles bipolaires, mais à la façon dont la famille réagit autour de ces

troubles. Elles aident à identifier et comprendre l’impact du trouble dans les

relations familiales afin de les diminuer.

La thérapie cognitive et comportementale (TCC) est une thérapie brève

qui comprend une quinzaine de séances. Elles se pratiquent en séances

individuelles ou en groupes et sont basées sur les théories de l’apprentissage

et du conditionnement. Le thérapeute apprend au patient un certain nombre

de techniques comportementales (comme la technique de résolution de

problème) qu’il pourra utiliser seul et poursuivre après l’arrêt du traitement.

Ces techniques de « psychoéducation » donnent aux patients les moyens

théoriques et pratiques d’améliorer leur compréhension de la maladie et la

gestion de ses conséquences.

elle ne constitue pas à elle seule une prise en

charge suffisante, mais elle permet de

mieux vivre avec sa maladie, de mieux la

comprendre et de mieux se comprendre.

C’est un soutien important.

respecter la posologie et signaler les effets indésirables éventuels au

médecin ou à l’infirmière.

La prise régulière des médicaments

« Grâce aux informations que l’on m’a données au cours des groupes de

psychoéducation, je sais repérer les variations de ma réactivité

émotionnelle. Dès que je sens une hyperréactivité émotionnelle

inhabituelle, je sais que je risque de débuter un accès maniaque.

Je contacte le plus rapidement possible mon psychiatre ».

Simon

Parmi les stratégies efficaces pour prévenir les rechutes

il faut souligner :

2 Comment éviter une rechute ?

L’apport de la psychothérapie

BIPONEWS N° 1 //>> 29

Agir

Plusieurs conseils peuvent vous

aider à limiter le nombre et

l’impact des crises :

Sommeil adéquat (respect des

rythmes veille - sommeil),

Activité régulière (éviter le surmenage),

Eviter (ou limiter) les produits excitants : alcool,

thé, café,

Eviter toutes les autres drogues,

Gérer les risques de stress (être attentif aux engagements affectifs,

aux succès et aux échecs),

Pratiquer des activités sportives ou de détente,

Eviter l’inactivité excessive,

Bien se connaître pour mieux se contrôler : ce contrôle est essentiel pour

prévenir les phases d'excitation et savoir reconnaître les signes

annonciateurs d'un nouvel épisode,

Consulter rapidement dès les premiers signes annonciateurs d’une rechute.

Les interactions avec l’entourage

Ma femme souffre d’un trouble bipolaire. Avant je ne comprenais pas bien

sa maladie. Du coup ma réaction était vive et ne faisait qu’augmenter son

irritabilité. C’était le cercle infernal. Maintenant, j’ai appris à repérer s’il

s’agit d’une réaction adaptée à une situation précise, ou d’un signe

précurseur d’une phase maniaque. Dans ce cas, j’évite de prendre cette

irritabilité pour moi et d’envenimer la situation. J’aide ma femme à la

repérer pour que nous allions ensemble voir son psychiatre traitant avant

l’urgence ».

Jean

Les familles ne doivent pas être tenues à

l’écart de la prise en charge et de l’information.

Avec vous, elles souffrent des effets

négatifs liés à la maladie. Cependant, il est

important qu’elles puissent trouver un juste

milieu entre l’absence d’implication et la

substitution au soignant. Ces deux comportements

extrêmes partent souvent de

bonnes intentions, soit elles ne veulent

pas interférer dans la prise en charge,

soit elles veulent aider au maximum le

patient.

Si les soignants ont un rôle

important à remplir, votre

famille et vos amis

ont aussi un rôle

à jouer.

BIPONEWS N° 1 //>> 28

Le respect des conseils d’hygiène de vie

BIPONEWS N° 1 //>> 30 BIPONEWS N° 1 //>> 31

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Coryell W et coll.

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Rouillon F.

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Affect. Disord., 2001 ; 67 :

45-49

Lorsque vous êtes en état maniaque ou plongé dans une grave dépression

vous êtes rarement conscient qu’il s’agit d’un trouble psychique. Vous ne

pensez donc pas à consulter un médecin. Ce sont souvent vos proches qui

réagissent, inquiets des troubles du comportement ou des conduites bizarres

qu’ils ne supportent plus ou qui leur paraissent menacer votre santé.

Les familles, le médecin, les pompiers, la police peuvent alors intervenir. La loi

prévoit des modalités d’hospitalisation sous contrainte lorsque la personne ne

peut consentir aux soins. Afin d’éviter, les affrontements, la violence qui

parfois en découlent, il est indispensable de repérer ses symptômes le plus tôt

possible. Certaines personnes qui souffrent de troubles bipolaires ont réussi à

identifier quelques signes annonciateurs, ce qui leur permet de recourir plus

précocement aux soins.

Apprendre à identifier les signes d’alerte de la crise

Cette information sur le

trouble bipolaire, ses signes

caractéristiques, les

hypothèses scientifiques à

l’oeuvre aujourd’hui, les

différents traitements

proposés, constitue une

étape indispensable de

votre prise en charge.

Bien connaître et bien

comprendre votre maladie

peut vous aider à limiter

les rechutes et leurs

conséquences.

D

Exemples de signes d’alerte de l’accès maniaque

(modifications notables par rapport à votre comportement habituel)

• Dormir seulement quelques heures et ne pas se sentir

fatigué ;

• Mes proches me disent que je suis très irritable voir

agressif ;

• Faire beaucoup de tâches ménagères à des moments

inopportuns, par exemple la nuit ;

• Parler beaucoup en sautant d’un sujet à l’autre.

-



25/09/2007
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