Citizen Kane
Citizen Kane
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Citizen Kane | |
Réalisation : | Orson Welles |
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Scénario : | Herman J. Mankiewicz Orson Welles John Houseman |
Durée : | 119 minutes |
Sortie : | 1er mai 1941 (New York) 3 juillet 1946 |
Format : | Noir et blanc - 1,37:1 Mono - 35mm |
Citizen Kane est un film américain d'Orson Welles sorti en 1941.
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Synopsis [modifier]
Début des années 1940, Charles Foster Kane meurt dans son manoir de Xanadu, en prononçant dans un dernier souffle « Rosebud » (« bouton de rose », en français). Ce dernier mot énigmatique attire la curiosité de la presse. Le journaliste Thompson est chargé de l'enquête. Plusieurs rencontres vont alors avoir lieu avec différentes personnes ayant côtoyé Kane. Elles sont accompagnées à chaque fois de flashbacks qui lèvent toujours un peu plus le voile sur sa vie.
Héritier de la fortune laissée par sa mère, Kane devient un grand magnat de la presse. Il épouse la nièce du président, et espère faire une carrière politique, carrière qui s'interrompt lorsque l'on apprend qu'il trompe sa femme avec une pseudo-cantatrice. La première demande le divorce, et Kane épouse alors la seconde, qui demandera finalement, elle aussi, à se séparer de lui. Kane finit par mourir seul dans son immense manoir inachevé.
Chaque personne ayant côtoyé Kane a une perception bien particulière du personnage, souvent très différente de celle des autres - les récits, mêmes entrecroisés, ne font qu'éclairer certains aspects ponctuels de Charles Foster Kane. Son mystère reste (presque) entier...
Commentaires [modifier]
Citizen Kane est autrement plus riche pour ses aspects visuels et sonores que pour son scénario. Il s'agit d'un film révolutionnaire pour l'époque. Il s'oppose complètement au rêve américain puisque nous suivons la vie d'un homme qui jouit d'une grande richesse, mais que celle-ci ne comble pas pour autant. De plus, le personnage de Kane s'oppose au président des États-Unis, c'est du jamais vu à l'époque.
Le narrateur [modifier]
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Ce qui suit dévoile des moments clefs de l’intrigue.
Le narrateur de Citizen Kane est omniprésent et omnipotent. En attestent la première et la dernière scène du film. Ainsi, dès le début du film, une pancarte filmée en gros plan l’interdiction « No trespassing » est immédiatement transgressée par la caméra qui franchit les grilles de Xanadu. Ensuite, la caméra finit par arriver devant la fenêtre de Kane, et par un champ/contrechamp, passe outre cette barrière de verre pour s’immiscer dans la vie du vieillard. De même, lors de la conclusion du film, la caméra décrit des arabesques au cœur des innombrables objets laissés par Kane pour aboutir simplement sur une luge dont se saisit un ouvrier/domestique pour la livrer aux flammes. L’œil de la caméra aura encore le temps de se rapprocher suffisamment de l’inscription que porte le jouet avant que l’action de la chaleur ne la fasse définitivement disparaître : « Rosebud », le mot qu’avait prononcé le mourant.
Les flashbacks [modifier]
Contrairement aux traditions de l’époque, Welles décide de raconter la vie de Charles Foster Kane sous la forme de flashbacks. Cependant, afin de ne pas perdre le spectateur, le réalisateur prend la peine de réaliser un « sommaire » grâce à la scène de la bande d’actualité, qui résume la vie de Kane. D’autre part, les flashbacks reprendront un ordre chronologique, avec dans le pire des cas des superpositions (par exemple entre le témoignage de Leland et celui de Susan).
La rupture de Susan avec Kane est ainsi racontée successivement en flashback par deux protagonistes différents, Susan elle-même et le majordome de Xanadu. Kane et Susan connaissent leur dernière altercation, et Kane, impuissant, regarde Susan quitter la pièce et s’éloigner en franchissant différentes ouvertures. Le dernier plan cadrant Susan peut prendre toute sa dimension dans la mesure où c’est elle qui relate leur séparation. Thompson interroge ensuite le majordome dont les souvenirs font l’objet du flashback suivant, qui débute de manière abrupte (par un cri de perroquet) au moment où le majordome voit Susan partir. Welles choisit ainsi de couvrir la fin de la liaison entre Kane et Susan Alexander par deux personnages différents. La construction en flashbacks remplit ici son office car elle autorise une variation sur ce qui avait déjà été dit auparavant en ménageant un nouveau point de vue. Plus précisément la rupture était déjà connue lors du flashback précédent mais peut-être vue dans toute sa continuité grâce à la présence du majordome qui assure sa fluidité à la narration.
La profondeur de champ [modifier]
Le recours à la profondeur de champ est omniprésent dans Citizen Kane. Comme pour le flashback, c’est la systématisation du procédé plus que le procédé lui-même qui marque une date dans l’histoire du cinéma.
Un plan devenu à ce titre exemplaire est celui de la découverte de la tentative de suicide par Kane. L’image montre en amorce le verre et la fiole tandis que Kane force la porte à l’arrière plan, Susan respirant avec difficulté sur sa couche faisant office d’intermédiaire. On sait que ce plan n’a pas été effectué en une seule prise mais que la mise au point a été successivement faite sur les différents composants du plan avant intégration dans une image unique.
De même, l’enfance de Kane qui fait l’objet des mémoires de Thatcher est représentée par la même méthode. La séquence débute par des images du jeune Charlie Kane jouant dans la neige avec sa luge. Puis, un travelling arrière fait comprendre que le point de vue se situait à l’intérieur de la maison familiale. Les jeux du garçon seront désormais perçus en arrière plan tandis que son proche avenir est débattu dans le foyer, les deux plans étant nets.
Les plongées/contre-plongées [modifier]
De nombreux plans de Citizen Kane sont soit en plongée, soit en contre-plongée. La contre-plongée traduira souvent l’exaltation (le discours de Kane contre Gettys) tandis que la plongée enregistrera les périodes de doute et d’échec (la demande de mutation de Leland à Kane après la débâcle électorale, la destruction de la chambre après le départ de Susan par Kane).
Welles transgresse aussi les règles basiques des contre-plongées en les inversant. Car si cette même contre-plongée traduit généralement l'exaltation, la puissance écrasera parfois Kane, comme dans la scène de la rupture avec sa seconde femme.
Les effets spéciaux [modifier]
Welles aime à faire appel à des effets spéciaux pour enrichir son film. On peut citer quatre exemples dans Citizen Kane :
- la scène de Leland parlant à Thompson à l'hôpital est jouée devant un mur blanc, des diapositives créeront le fond par la suite.
- les vues extérieures de Xanadu et la foule du meeting politique sont des illusions : ce sont en réalité des toiles peintes.
- la scène où Gettys surveille le discours de Kane depuis le poulailler possède une caractéristique très particulière : chaque moitié d'image a été filmée séparément puis rassemblée, ce qui permet de voir nettement les deux personnages.
- le suicide de Susan a été filmé en trois fois, pour pouvoir avoir les trois plans nets. Seul un plan est éclairé et filmé, puis la bobine est rembobinée et le plan suivant est éclairé, et ainsi de suite.
Fiche technique [modifier]
- Titre : Citizen Kane
- Titre original : Citizen Kane
- Réalisation : Orson Welles
- Scénario : Herman J. Mankiewicz, Orson Welles et John Houseman
- Production : Orson Welles
- Société de production : RKO Pictures
- Musique : Bernard Herrmann, Richard Wagner et Charlie Barnet
- Photographie : Gregg Toland
- Montage : Robert Wise, Mark Robson
- Décors : Darell Silvera
- Effets spéciaux : Vernon L. Walker
- Pays d'origine : États-Unis
- Format : Noir et blanc - 1,37:1 - Mono - 35mm
- Genre : drame
- Durée : 119 minutes
- Budget : 700 000 $
- Dates de sortie : 1er mai 1941 (New York) ; 3 juillet 1946 (France)
Distribution [modifier]
- Orson Welles : Charles Forster Kane
- Buddy Swan : Charlie Kane à 8 ans
- Joseph Cotten : Jedediah Leland
- Dorothy Comingore : Susan Alexander, seconde épouse de Kane
- Agnes Moorehead : la mère de Kane
- Harry Shannon : le père de Kane, aubergiste dans le Colorado
- Sonny Bupp : le fils de Kane
- Ruth Warrick : Emily, première épouse de Kane
- Ray Collins : James W. Gettys
- Erskine Sanford : Carter
- Everett Sloane : Bernstein
- William Alland : Thompson
- Paul Stewart : Raymond
- George Coulouris : Thatcher, tuteur de Charlie Kane
- Fortunio Bonanova : Matiste
- Gus Schilling : le maître d'hôtel
- Philip Van Zandt : monsieur Rawlston
- Georgia Backus : madame Anderson
Récompense [modifier]
- Oscar du meilleur scénario original 1941 (décerné en 1942)
- National Film Registry 1989 : Sélectionné et conservé à la Bibliothèque du Congrès américain.
- Il a été élu le "Meilleur film de tous les temps" en 2002 par 108 réalisateurs et 144 critiques internationaux consultés par la revue britannique "Sight and Sound" du British Film Institute.
- Il est a nouveau élu "Meilleur film américain de tous les temps" en 2007 par l'AFI, American Film Institute.
Autour du film [modifier]
- Le film a été tourné aux studios de la RKO à Hollywood (Californie), du 29 juin au 23 octobre 1940.
- Le titre initial devait être American.
- Ce film arrive régulièrement en première place des sondages auprès des critiques anglo-saxons, voire internationaux, concernant les plus grands films de l'histoire du cinéma. Il se trouve par exemple en tête depuis une trentaine d'année du classement établi par l'American Film Institute : Le top 100 de l'American Film Institute.
- Orson Welles s'est inspiré d'un personnage réel : William Randolph Hearst (1863-1951), qui s'était réfugié dans un château, Hearst Castle, à la fin de sa vie, comme Kane à Xanadu dans le film.
- Rosebud, le fameux mot-clé prononcé par Kane, veut dire littéralement « bouton de rose ». On dit que ce mot était utilisé par William Randolph Hearst pour désigner le clitoris de sa maîtresse, Marion Davies (ce mot est également employé par La Mettrie pour désigner le clitoris, notamment dans L'art de jouir). Certains estiment que c'est une des raisons pour lesquelles William Randolph Hearst a essayé d'interdire le film à sa sortie. Otto Preminger rendra hommage à ce film avec son propre film Rosebud (1974).
- La poste américaine a émis sur timbre-poste une scène du film dans la série Celebrate the Century en 1999 (cf. la reproduction du timbre).
- Le scénariste Herman J. Mankiewicz est le frère de Joseph L. Mankiewicz.
- Les tentatives d'interdire le film par Hearst ont donné lieu à un documentaire télévisé : The Battle Over Citizen Kane (en).
Références au film dans la culture populaire [modifier]
- Un comic strip des Peanuts montre toute l'importance du mystère de « Rosebud » pour le spectateur. Alors que le jeune héros annonce à une copine qu'il regarde Citizen Kane pour la première fois. Elle lui révèle la solution de l'énigme.
- Le dessinateur Don Rosa a imité plusieurs fois des scènes du film dans ses aventures de Picsou :
- William Randolph Hearst qui a inspiré Welles, est cité dans la liste des milliardaires dépassés par Picsou dans le onzième épisode de La Jeunesse, « Le Bâtisseur d'empires du Calisota ». Picsou a donc une fin de vie proche de celle du réel Hearst et du fictif Kane.
- La séquence d'ouverture (« Rosebud » et le reportage) dans le dernier épisode de la Jeunesse de Picsou, « Le Canard le plus riche du monde ». Dans cette histoire, Picsou prononce « Goldie », qui, pour Don Rosa dans la suite de Carl Barks, est la clé pour comprendre la vie du canard de fiction.
- La consultation des Mémoires du financier Thatcher est reprise dans Sa Majesté Picsou Ier lorsque Picsou va lire les mémoires de Cornelius Écoutum, fondateur de Donaldville.
- La série télévisée des Simpsons a, à plusieurs reprises parodié le film, notamment dans les épisodes suivants :
- « Monsieur Chasse-Neige » : À la fin du spot publicitaire pour Monsieur Chasse-Neige, une boule à neige tombe à terre et se brise (le clin d'œil n'est pas certain)
- « Rosebud » :
- Le portail de la propriété de Burns est surmonté d'un « B » qui fait penser au « K » sur le portail de Xanadu. Sur le grillage se trouvent également des pancartes d'avertissement semblables à celles du film.
- «» : On aperçoit la silhouette de Burns, mort, à travers des fenêtres ouvragées et grillagées, comme on aperçoit le corps de Kane dans le film.
- «» : Burns a été confié, dans son enfance, à un percepteur aisé, tout comme Kane. Les deux avaient une enfance modeste mais sont tout de même parvenus au pouvoir.
- «» : L'ours en peluche Bobo remplit exactement le même rôle que le traîneau Rosebud, il est comme ce dernier enseveli sous la neige et son nom est prononcé, dans un râle, à la mort de Burns.
- «» : À sa mort, Burns laisse tomber une boule à neige qui se brise. Dans le reflet d'un éclat de verre, on voit Smithers qui, comme l'infirmière dans le film, entre dans la chambre.
- « Le sang, c'est de l'argent » : Burns est allongé sur son lit, souffrant, et au second plan, le docteur s'entretient avec Smithers. Dans le film, Kane parle avec le docteur au chevet de sa femme.
- « Marge a trouvé un boulot » : Le spectacle de chant et de danse organisé par Smithers est très semblable à celui organisé pour Kane, surtout au niveau des costumes (vestes rayées, chapeau et cane.) Dans cette scène, la chanson est également une parodie de celle du film.
- « Un tramway nommé Marge » : Homer qui assiste à la comédie musicale dans laquelle joue sa femme s'ennuie et souffle sur un programme déchiré en bandelettes. Jebediah Leland agit de la même façon lorsqu'il assiste à l'opéra chanté par la femme de Kane.
- « Le maire est amer » et « Sous le signe du poisson » : La tribune depuis laquelle Tahiti Bob pour le premier épisode et Burns pour le deuxième s'adressent au public est un clin d'œil à celle utilisée par Kane. De plus, derrière eux se trouve une affiche représentant leur photo et leur nom. Bart, assistant à la TV au discours de campagne de Burns, demande à Homer : « Est-ce que ton patron est déjà gouverneur ? ». Dans le film, le fils de Kane demande à sa mère : « Est-ce que Papa est déjà gouverneur ? »
- « Sous le signe du poisson » : Burns, fou de rage en apprenant que sa campagne tombe à l'eau, tente de s'en prendre à son mobilier, ce que Kane fait dans le film en apprenant que sa seconde femme le quitte.
- Le magazine de mode Citizen K rend hommage au film.
- Le jeu TimeSplitters: Future Perfect rend également hommage à ce film avec la dernière remarque de Crow:" Rosebud...."
- Dans le jeu Les Sims si l'on tape "Rosebud" dans la fenêtre de cheat on débloque les fonds illimités.
- Le grand détournement « La Classe Américaine » : Georges Abitbol l'homme le plus classe du monde meurt en prononçant ces mots : « monde de merde ». Des journalistes enquêtent sur son passé ce qui donné lieu à des flashbacks. Orson Welles fait même une apparition détournée au début du film.
Voir aussi [modifier]
Bibliographie [modifier]
- Sandra Joxe, Citizen Kane - Orson Welles, éd. Hatier, collection Image par image, 1990.
- Jean Roy, Citizen Kane - Orson Welles (étude critique), Nathan, 1989, 116p. ISBN 2-09-188622-X
Liens externes [modifier]
- (fr+en) Citizen Kane sur l'Internet Movie Database
- (en) Analyse du film et détail de la séquence biographique au début du film (filmsite.org)
- (en) Scénario du film
- (fr) Analyse complète de Citizen Kane
- (fr) Analyse du prologue du film par le théoricien du cinéma Jean-François Tarnowski, dans La Revue du cinéma