Créativité, haut potentiel et talent
Créativité, haut potentiel et talent
http://www.ac-bordeaux.fr/ia40/fileadmin/pedagogie/pdf/RapportCNRSUMRJLAUTREY2004.pdf
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Les premières recherches sur les individus à haut potentiel, telles que l'étude
longitudinale de Terman (1925), ont utilisé le quotient intellectuel (QI > 130) comme critère
d'identification. Cependant, un nombre croissant d'auteurs considère que, les phénomènes de
haut potentiel et de talent ne se limitent pas aux capacités intellectuelles mesurées par le QI.
La créativité, notamment, peut jouer un rôle important. La créativité se réfère à la capacité à
réaliser des productions originales et adaptées aux contraintes d'une situation, une tâche ou un
problème (Lubart, 1994). L'importance de la créativité est de plus en plus reconnue par la
société. Outre le rôle de la créativité dans les productions artistiques, littéraires et scientifiques,
un courant très influent en économie, dit de la croissance endogène, considère la génération et
la réalisation des idées comme le facteur principal de la croissance économique. Dans ce
chapitre, nous examinerons, d'abord, les différentes façons dont la créativité peut s'intégrer aux
notions de haut potentiel et de talent. Nous présenterons ensuite les mesures du potentiel
créatif et du talent créatif, les résultats concernant le développement de la créativité, et nous
discuterons la place de la pensée créative dans l'éducation des enfants à haut potentiel. En
dernier lieu, différentes pistes de recherches et d'applications seront mentionnées.
1. Quelle place pour la créativité ?
Depuis plus de 40 ans, la créativité est généralement considérée comme une partie
importante des phénomènes de haut potentiel et de talent (Lucito, 1963 ; Treffinger, 1980). On
peut distinguer deux propositions majeures concernant la place de la créativité.
Selon le premier point de vue, la créativité est une capacité de base pour toute forme
de haut potentiel ou de talent. Par exemple, dans un article qui fait référence dans ce domaine,
Renzulli (1978, 3-ring model), conçoit le haut potentiel et le talent comme le résultat de trois
composantes : (a) l'intelligence, (b) la créativité, et (c) la motivation. Le haut potentiel existe
chez des individus qui ont à la fois un niveau élevé de ces trois composantes.
Selon le deuxième point de vue, il existe différents types de haut potentiel et de talent.
Considérons deux grands types de potentiel. D'une part, il y a la forme « académique » du haut
potentiel (mesuré par le QI) ou du talent (mesuré par des notes scolaires ou des performances
L'état de la recherche sur les enfants dits « surdoués »
- Créativité, haut potentiel et talent 61Chapitre 4
Créativité, haut potentiel et talent
Todd Lubart et Asta Georgsdottir
expertes dans diverses activités). D'autre part, il y a la forme « créative » Dans ce second cas,
le potentiel peut être mesuré par des tests de créativité et le talent peut être évalué dans les
productions artistique, littéraire, scientifique, sociale, commerciale, ou autres.
Nous trouvons ces deux formes de haut potentiel et de talent dans les travaux récents.
Dans certains de ses articles, Renzulli (1986) distingue « schoolhouse giftedness » (qui
implique la capacité intellectuelle et la motivation) et « creative-productive giftedness » (qui
porte sur la capacité créative et la motivation). Getzels et Jackson (1965), dans une des
premières recherches où cette distinction apparaît, ont pu différencier empiriquement quatre
groupes d'enfants : QI élevé et créativité faible, QI faible et créativité élevé, QI élevé et
créativité élevée, QI faible et créativité faible. Freeman (1997) a mené une étude longitudinale
de 27 ans sur 169 enfants anglais à haut potentiel. Elle a identifié deux sous-groupes d'enfants
: les enfants « diplômés » et les enfants « créatifs ». Ces deux groupes d'enfants se sont
différenciés sur leurs motivations (respectivement : plaisir dans la réussite scolaire
vs. plaisirpar les activités créatives), leurs traits de personnalité (compétition
vs ouverture), leurintégration à l'école (bonne
vs mauvaise), et leur environnement familial (valorisation de laréussite scolaire, spécialement dans les matières scientifiques
vs. intérêt pour les beaux-arts,la musique). Pour Hong et Milgram (1996), il existe également un potentiel intellectuel et un
potentiel créatif. Chacune de ces potentialités peut, ensuite, être de nature générale (applicable
à toute activité entreprise) ou spécifique à un champ d'activité (par exemple, les
mathématiques). Son modèle comprend, donc, 4 formes de potentiel (haut potentiel
intellectuel général, haut potentiel intellectuel spécifique, haut potentiel créatif général, haut
potentiel créatif spécifique). Dans plusieurs études, Milgram et ses collaborateurs apportent
des résultats compatibles avec l'existence de ces 4 formes de potentiel (voir Milgram & Hong,
1999).
Pour certains auteurs, comme Maker (1993), l'intelligence et la créativité sont des
capacités qui interviennent différemment dans les phénomènes de haut potentiel et de talent
selon la nature du problème auquel l'individu est confronté. D'après les travaux de Getzels et
Csikszentmihalyi (1976), il existerait un continuum allant de problèmes bien formulés avec
une solution connue, à des problèmes peu formulés ayant une ou plusieurs solutions possibles,
et jusqu'à des problèmes pas encore formulés (problèmes à découvrir) dont la ou les solutions
sont inconnues. Par exemple, en mathématiques, Burjan (1991) distingue des enfants qui
s'intéressent à la résolution de problèmes « posés par d'autres » et des enfants qui préfèrent
poser leurs propres problèmes et inventer le moyen de les résoudre (voir à ce sujet le chapitre
de V. Camos dans ce rapport). Selon le type de problème, l'accent est mis sur l'implication de
l'intelligence ou sur celle de la créativité. Les problèmes formulés clairement avec une seule
bonne solution sont favorisés dans les programmes scolaires traditionnels et sont bien
représentés dans les tests traditionnels d'intelligence. Les problèmes dont la formulation reste
à préciser, et dont la solution reste à inventer, font appel à la créativité. A partir de cette
distinction, certains auteurs considèrent la créativité comme la forme la plus élevée de
«giftedness» (Runco & Albert, 1986, Clark, 1992).
En dernier lieu, à partir des études de cas, des résultats psychométriques et d'autres
types de données, Gardner (2000) distingue au moins 7 domaines dans lesquels nous pouvons
observer des enfants et des adultes ayant un potentiel ou du talent. Il y a les domaines
linguistique, mathématique, spatial-kinesthésique, artistique, musical, interpersonnel, et intrapersonnel.
Dans chaque domaine, nous pouvons parler du potentiel ou du talent de nature
intellectuelle et de nature créative. Heller (1991), dans son étude longitudinale sur 20 ans
auprès d'enfants allemands, a mis en évidence les talents académique, créatif et social. Le
Département de l'Education des Etats Unis se place également dans l'optique de multiples
formes du haut potentiel et du talent. Le texte législatif de référence est celui de Marland
L'état de la recherche sur les enfants dits « surdoués »
- Créativité, haut potentiel et talent 62(1972). Les enfants capables d'un haut niveau de performance (potentiel ou réalisé) sont
appelés « gifted and talented » : Ces enfants ont une ou plusieurs des capacités suivantes (1)
intelligence générale, (2) capacité académique spécifique, (3) capacité de pensée créative, (4)
capacité d'être un leader, (5) capacité artistique, (6) capacité psychomotrice. Une révision de
la législation en 1993 (« Javits act ») s'est centrée sur la capacité intellectuelle, la capacité
créative et/ou artistique, la capacité d'être un leader, ou la possession d'un niveau excellent
dans un champ académique spécifique.
En résumé, la littérature accorde une place importante à la créativité dans les
phénomènes de haut potentiel et de talent. La tendance actuelle est de concevoir la créativité
comme une forme parmi d'autres de haut potentiel ou de talent. Cependant, une analyse des
recherches empiriques publiées dans les journaux scientifiques spécialisés (par exemple,
HighAbility Studies
, Roeper Review) montre que très peu d'études utilisent les mesures de créativitédans l'identification de leurs échantillons d'individus à haut potentiel (Zeigler & Raul, 2000).
Pendant la période de 1997-1998, une seule recherche sur les 90 études répertoriées a utilisé
la créativité comme le seul critère d'identification du haut potentiel et 5 études ont utilisé des
mesures de créativité en combinaison avec d'autres mesures. En général, les procédures
traditionnelles d'identification ont été utilisées, c'est-à-dire des tests d'intelligence et des notes
scolaires.
Quelques recherches ont étudié également la conception de « giftedness » des
enseignants et des responsables d'écoles élémentaires et secondaires aux Etats-Unis ainsi que
leurs critères d'identification d'élèves ayant un haut potentiel. La plus importante est une
enquête menée par Hunsaker et Callahan (1995) auprès de 418 circonscriptions (« school
districts »). Aux Etats Unis, chaque état et chaque circonscription d'écoles, peut définir ses
propres critères et sa façon de prendre en charge les élèves à haut potentiel. Selon l'enquête,
une majorité de circonscriptions (235 / 418) adhère à la définition « nationale » du haut
potentiel et du talent proposée par le Département de l'Education (Marland, 1972). La
créativité est une partie du phénomène pour 69,6 % des circonscriptions (291 / 418).
Cependant, 35, 2 % (147 / 418) seulement déclarent utiliser les tests de créativité dans leurs
procédures d'identification du haut potentiel ou du talent. On constate un désaccord important
entre la conception avancée et l'opérationalisation de cette conception dans les procédures
d'identification. De plus, les tests de créativité utilisés ne correspondent pas systématiquement
à la définition spécifique de créativité. Par exemple, certaines circonscriptions définissent la
créativité comme une capacité complexe, multifactorielle, de résolution de problèmes par des
moyens innovants. Un test de pensée divergente (la capacité à trouver plusieurs idées à partir
d'un stimulus) est utilisé mais cette capacité est seulement une des composantes de la
créativité.
D'autres études centrées sur les attitudes des enseignants suggèrent qu'il y ait une
tendance, au sein de ce public, à élargir la définition du haut potentiel et du talent en incluant
la notion de créativité. L'identification reste cependant centrée sur le QI, la capacité de
raisonnement abstrait et l'avance dans les matières académiques, surtout pour les enseignants
les plus expérimentés (Hunsaker, 1994). Pour certains enseignants, le QI est préféré parce que
ce critère est largement accepté. En effet, si un enfant, identifié par des tests de créativité ne
réussit pas dans un programme pour des élèves à haut potentiel, le jugement de l'enseignant
pourra être remis en cause. Il est également compréhensible que les enseignants s'appuient sur
les performances académiques et les indicateurs liés à ces performances (comme le QI) parce
que ces indicateurs sont valorisés au sein de l'école. Il n'est pas surprenant que l'école, étant
donné les grandes lignes de son programme pédagogique actuel (l'acquisition des
connaissances, pensée convergente, raisonnement), soit centré sur l'identification des enfants
à haut potentiel académique plutôt que créatif.
L'état de la recherche sur les enfants dits « surdoués »
- Créativité, haut potentiel et talent 632. Mesures du potentiel créatif et du talent créatif
Comme mentionné ci-dessus, la plupart des auteurs définissent la créativité comme la
capacité à produire un travail original en accord avec les contraintes d'une tâche. Ce travail
pourra être effectué dans tout type de domaine. La production devra être nouvelle en ce sens
qu'elle va au-delà d'une réplique ou d'une copie de ce qui existe. Le degré auquel un travail
pourra être original varie de l'originalité à l'échelle de l'individu seul (potentiellement un cas
de ré-invention d'une idée) à l'originalité à l'échelle de sa culture. On fait la distinction entre
des idées créatives et des idées bizarres parce que les idées créatives prennent en compte les
paramètres d'une situation et des contraintes imposées. Selon le champ d'activité, l'art, la
science ou la littérature, la pondération de ces 2 composantes, originalité et satisfaction de
contrainte, peut varier.
En pratique, la créativité chez l'enfant est souvent mesurée par (a) les tests de pensée
divergente, (b) les évaluations de productions spécifiques telles que des dessins ou des
histoires inventées, (c) les questionnaires de personnalité et de motivation , (d) les
questionnaires d'auto-évaluation des activités créatives et des accomplissements, (e) les
jugements des parents ou des enseignants (Lubart, 1994; Sternberg & Lubart, 1993).
Les tests de pensée divergente, comme le Test de Pensée Créative de Torrance ou ceux
proposés par Wallach et Kogan, demandent aux enfants de produire le plus possible de
réponses originales concernant un stimulus (Torrance, 1974; Wallach & Kogan, 1965). Ce
stimulus peut être une situation hypothétique (par exemple, que pourrait-on faire si des ficelles
étaient attachées aux nuages), un dessin, un objet (par exemple, imaginer tous les usages
possibles d'une boîte, d'un trombone, etc.) ou bien autre chose. Le plus souvent les individus
ont un temps limité pour chaque épreuve. Trois indices de performance sont notés : (a)
fluidité, c'est-à-dire le nombre d'idées, (b) flexibilité, le nombre de catégories différentes dans
lesquelles les idées proposées peuvent être classées, et (c) l'originalité des idées (voir
Mouchiroud & Lubart, 2001).
Sur le plan pratique, le score de fluidité est le plus simple à calculer et le moins
subjectif (Runco, 1997). On observe que la fluidité est corrélée positivement avec l'originalité.
Cette corrélation est attendue parce que le nombre d'idées générées augmente la probabilité
d'avoir au moins une idée créative. L'originalité peut être mesurée par un indice de fréquence
statistique de chaque idée proposée. Les idées qui sont statistiquement rares sont originales.
Une autre façon de mesurer l'originalité dans les tests de pensée divergente est de demander à
des juges d'évaluer le caractère nouveau des idées émises.
Une alternative aux tests de pensée divergente est l'utilisation de tâches de production
dans lesquelles l'enfant doit élaborer une idée. L'objectif est de produire une oeuvre, une
histoire, un dessin, une composition musicale, ou autre chose. La créativité de cette
production est évaluée ensuite par des juges, adultes dans la plupart des cas. Ces tâches de
production impliquent les diverses facettes d'un vrai travail créatif. Un autre type de mesure
est le questionnaire d'auto-évaluation de personnalité et de motivation. Le score indique la
correspondance entre les caractéristiques exprimées par un individu et celles qui décrivent des
personnes créatives.
Un autre type de mesure est le questionnaire d'activités et d'accomplissements
extrascolaires dans des champs d'activité tels que l'art, la science, la littérature, le leadership,
et la musique. La publication d'une poésie, un prix pour une invention, ou le fait d'être le
leader d'un club extrascolaire sont des exemples d'accomplissements qui peuvent être
rapportés. Milgram et Hong (1999) ont développé et utilisé un questionnaire de ce genre ( Tel-
Aviv Activities Inventory) dans plusieurs pays, celui-ci permet d'appréhender l'implication de
L'état de la recherche sur les enfants dits « surdoués »
- Créativité, haut potentiel et talent 64l'individu dans diverses activités auto-séléctionnées.
En dernier lieu, la créativité peut être mesurée par des évaluations d'enseignants ou de
parents qui doivent désigner les enfants qui font preuve de créativité à l'école ou à la maison.
Ces évaluations sont une source d'informations potentiellement riches, fondées sur plusieurs
occasions d'observations. Cependant, certains biais potentiels peuvent influencer les
jugements.
Les différentes mesures de créativité mentionnées ci-dessus peuvent être catégorisées
en deux groupes. Certaines sont des mesures du potentiel créatif, d'autres sont des mesures du
talent créatif, c'est à dire de la réalisation d'un potentiel. Les tests de pensée divergente, et des
questionnaires de personnalité créative mesurent le potentiel. Les évaluations de productions
spécifiques, comme des dessins ou des histoires inventées, et les questionnaires d'autoévaluation
d'activités créatives et d'accomplissements créatifs, sont principalement des
mesures du talent créatif. Les évaluations globales de la créativité d'un individu par ses
enseignants ou par son entourage (parents, amis) peuvent porter sur une estimation du potentiel
créatif, du talent ou les deux.
En ce qui concerne l'évaluation du potentiel et du talent créatif, Wallach (1985)
présente une très bonne revue des études empiriques et de certains débats concernant les
mesures de la créativité. Il constate que les performances aux tests du QI corrèlent faiblement
avec celles des tests de pensée divergente, et ne corrèlent pas avec les mesures du talent créatif
(la productivité créative dans les activités professionnelles, chez l'adulte, ou extrascolaires,
chez l'enfant et l'adolescent) (voir Runco & Albert, 1986, pour une étude des relations entre QI
et pensée divergente). C'est la productivité créative en milieu professionnel chez l'adulte qui
est le mieux prédite par les mesures d'activités créatives et d'accomplissement créatif pendant
l'enfance et l'adolescence. Les résultats sont plus hétérogènes concernant les corrélations entre
les scores du talent créatif (accomplissements créatifs) et les mesures du potentiel créatif,
notamment les tests de pensée divergente.
Wallach suggère que les tests de pensée divergente mesurent, partiellement, une
capacité générale de créativité. Selon le domaine de productivité, ce facteur général intervient
à un degré variable. Il sera utile de mesurer le potentiel créatif dans un domaine précis afin
de prédire le talent créatif dans ce même domaine. La pensée divergente n'est que
partiellement liée à la production créative pour une autre raison aussi ; une idée originale, qui
peut résulter de la pensée divergente, doit être élaborée et retravaillée avant d'aboutir à une
production créative. Outre la pensée divergente, d'autres capacités cognitives ainsi que des
variables conatives (traits de personnalité et motivation) jouent un rôle dans l'expression du
talent créatif (ce point est discuté plus loin dans ce chapitre).
Dans son analyse des pratiques courantes dans le milieu éducatif, Hunsaker (1994) a
constaté que quand la créativité est mesurée, un seul test (ou questionnaire) parmi ceux
disponibles est typiquement utilisé. Parfois, le test ou le questionnaire utilisé est un produit
«maison» avec des caractéristiques psychométriques douteuses. Sachant que les diverses
mesures de créativité appréhendent différentes facettes du phénomène, il est souhaitable
d'utiliser de multiples mesures (ayant des qualités psychométriques acceptables) de créativité
pour l'identification et le suivi développemental du potentiel créatif ou du talent créatif.
3. Le phénomène de la créativité et son développement
La créativité est un phénomène complexe. Les capacités intellectuelles, les
connaissances, les traits de personnalité, la motivation et l'environnement peuvent tous jouer
un rôle dans une production créative ( Sternberg & Lubart, 1993, Lubart, 1999). Une synthèse
L'état de la recherche sur les enfants dits « surdoués »
- Créativité, haut potentiel et talent 65de recherches concernant cette conception multivariée des sources de créativité est présentée
ci-dessous.
Les sources cognitives de la créativité et leur développement
Plusieurs capacités intellectuelles sont considérées comme importantes pour la
créativité. Parmi elles, il y a la capacité de noter des informations liées à la tâche, la capacité
d'utiliser la pensée analogique et métaphorique, la capacité à combiner différents éléments et
la pensée divergente afin de générer de nombreuses idées dont certaines seront par la suite
sélectionnées et élaborées. Ces capacités évoluent avec l'âge chez l'enfant et chez l'adulte. Il
est important de noter que le développement de ces capacités impliquées dans la créativité,
comme la pensée divergente, n'est pas isolé du développement d'autres capacités cognitives,
comme le raisonnement logique. Certaines de nos recherches suggèrent qu'il y a des moments
de stagnation dans le développement de la créativité quand d'autres modes de pensée sont en
train d'être mises en place (Lubart & Lautrey, 1995). Il est également utile de rappeler ici que
les capacités cognitives importantes pour la créativité ne sont pas toujours mesurées dans les
tests d'intelligence. Les corrélations faibles observées souvent entre la créativité et le QI ne
veulent pas dire que l'intelligence au sens large n'est pas impliquée dans le phénomène de la
créativité (voir Lubart, 2003).
La flexibilité cognitive, la capacité à changer sa manière de penser, est une autre
composante cognitive importante pour la résolution créative de problèmes (Thurston & Runco,
1999 ; Jaušovec, 1994). La flexibilité est la capacité de se plier aux exigences de la tâche pour
trouver une solution adéquate. Par exemple, si on se trouve dans une impasse pour résoudre un
problème, on peut changer de stratégie en abandonnant celle qui ne fonctionne pas pour en
adopter une autre, plus adaptée au problème. On peut aussi changer la manière dont on
envisage le problème - le redéfinir - afin d'arriver à de nouvelles solutions (Chi, 1997,
Jaušovec, 1991). La flexibilité peut être exprimée soit d'une manière spontanée soit d'une
manière délibérée selon les exigences d'une tâche.
Il existe quelques études sur la flexibilité cognitive des enfants à haut potentiel comme
celle de Dover & Shore (1991), qui ont comparé la performance des enfants représentant la
population normale de 11 ans à ceux de haut potentiel dans la tâche de Luchins (1942) (voir
annexe 1, page 77). Le groupe d'enfants à haut potentiel a été composé d'enfants participant à
un programme spécial dans leur école. Les deux critères d'inclusion dans ce programme étaient
une performance supérieure à un test d'aptitude standardisé ( un QI de 130 ou plus) et d'être
désigné par ses parents ou par ses pairs. La tâche de Luchins est conçue pour induire une
rigidité cognitive , une fixation mentale qui consiste à utiliser toujours la même méthode pour
résoudre les tâches, même si une méthode plus simple existe. Les résultats montrent que,
premièrement, les enfants à haut potentiel ont, en général, mieux réussi que les enfants du
groupe contrôle. Sur 19 enfants dans le groupe à haut potentiel, 12 ont réussi (63%), tandis
que dans le groupe contrôle, seulement 2 enfants sur 11 ont réussi (18%). Deuxièmement, les
enfants à haut potentiel semblent avoir plus de connaissances métacognitives sur le processus
de résolution de la tâche que les enfants du groupe contrôle. Ceci se manifeste, d'une part, par
le fait que les enfants à haut potentiel font moins d'erreurs sans s'apercevoir qu'ils en ont fait
une, et, d'autre part, par les informations récoltées lors d'un entretien sur les connaissances
métacognitives conduit après la passation (les enfants à haut potentiel étaient plus conscients
de leur processus de résolution et des stratégies qu'ils y appliquaient). Les auteurs concluent
que les enfants précoces semblent plus flexibles, moins sensibles aux « pièges » de pensée
rigide, que les enfants de la population générale, grâce à leur capacité méta-cognitive d'être
conscient de la manière avec laquelle ils résolvent la tâche. De façon générale, les recherches
L'état de la recherche sur les enfants dits « surdoués »
- Créativité, haut potentiel et talent 66concernant le développement de la flexibilité démontrent que, comme pour la fluidité dans la
pensée divergente, la flexibilité cognitive et la pensée logique suivent des trajets
complémentaires dans le développement, avec un affaiblissement temporaire de la flexibilité
pendant une période de croissance de la pensée logique, et ensuite une croissance de la
flexibilité au même moment où est observée une stabilité dans le développement de la pensée
logique. (voir Georgsdottir, Ameel & Lubart, 2002).
Outre les capacités intellectuelles citées ci-dessus, les connaissances interviennent dans
la créativité. Elles sont le matériau sur lequel les processus cognitifs vont opérer. A cause, en
partie, de leur niveau « limité » de connaissances, il semble que les enfants ne sont pas prêts
dès le premier jour à être créatifs de la même manière que les adultes. Par exemple, un enfant
de deux ans qui commence à parler peut produire des combinaisons originales de mots qui
ressemblent parfois à une sorte de poésie . Ces productions linguistiques n'ont pas le même
statut d'originalité que les productions originales des adultes qui connaissent la tradition
linguistique (Gardner, 2000). Les connaissances se réfèrent à des faits, des théories dans un
champ d'activité, mais également aux expériences vécues et aux savoirs implicites. Il est
important de connaître l'état de l'art dans un domaine afin de reconnaître une réponse créative
et de la distinguer d'une idée excentrique. Les capacités d'évaluer une idée, et de sélectionner
une idée originale parmi ses propres idées dépendent des connaissances (Runco, 1992).
Bien sûr, à partir d'un certain niveau, les connaissances peuvent gêner la créativité en
favorisant une rigidité, une expertise « fossilisée ». Gardner (2000) dans son approche du
phénomène de haut potentiel souligne que le potentiel créatif d'un enfant ne devra pas être
évalué de la même façon que celui d'un adolescent ou d'un adulte qui a une base de
connaissances plus développée. L'acquisition de connaissances et les rapports établis avec
celles-ci peuvent jouer un rôle dans la façon dont un potentiel chez l'enfant se développera en
expertise ou en talent créatif chez l'adulte.
Les sources conatives et leur développement
Certains traits de personnalité sont importants pour la créativité. En particulier, les
recherches menées chez l'adulte mettent en valeur les traits de prise de risques, d'ouverture à
de nouvelles expériences, d'individualité, de persévérance et de tolérance à l'ambiguïté.
Prenons l'exemple de la prise de risques. Par nature, une production créative implique
une rupture avec les habitudes, la possibilité d'un échec et des critiques d'autrui. Des études
empiriques montrent que la créativité est corrélée avec la prise de risques mesurée par des
questionnaires de mise en situation hypothétique ; la créativité dans une tâche de dessin est liée
à la prise de risques dans des situations artistiques mais pas liée à la prise de risques dans
d'autres situations (de création littéraire, de la vie de tous les jours) (Lubart & Sternberg,
1995). Dans une étude concernant le développement de la prise de risques, Clifford (1988) a
demandé aux enfants âgés de 8 à 12 ans de choisir des problèmes académiques à résoudre.
Chaque problème a été identifié comme approprié pour des enfants d'un certain âge (par
exemple, certains problèmes pour les enfants de 6 ans, d'autres pour les enfants de 10 ans,
d'autres encore pour les enfants de 14 ans). En moyenne, les enfants du CM1 (« 4th grade »)
ont choisi des problèmes destinés aux enfants en milieu d'année de CE2 (6 mois de décalage).
Les enfants du CM2 ont préféré les problèmes destinés aux élèves du CM1 (1 an de décalage)
et les enfants de la 6
ème ont choisi des problèmes destinés aux enfants en milieu du CM1 (1,5an de décalage). Les enfants semblaient donc devenir de plus en plus allergiques au risque
d'échec (voir Phillips, 1984 pour une étude portant sur des enfants à QI élevé). Ce même type
de résultat a été observé en Chine, à Taiwan et en France. Si les enfants apprennent à éviter
L'état de la recherche sur les enfants dits « surdoués »
- Créativité, haut potentiel et talent 67les risques en choisissant des tâches faciles dans leur scolarité, on peut imaginer l'influence
négative que cette attitude peut avoir sur le développement de la créativité. La créativité est
fondée, en partie, sur les traits de personnalité qui sont acquis pendant l'enfance.
Outre certains traits de personnalité, la motivation est également une variable
importante pour la créativité. Selon Cox (1926), si nous cherchons une personne ayant un
potentiel créatif élevé, il vaut mieux avoir une personne très motivée mais relativement moins
intelligente qu'une personne très intelligente mais peu motivée. La motivation se réfère à la
force qui conduit un individu à entreprendre une tâche. Il y a, d'une part, la motivation
intrinsèque (curiosité, épanouissement, grâce à l'expression de ses propres idées) et, d'autre
part, la motivation extrinsèque, (prix, récompenses, compliments de la part de ses parents ou
ses enseignants). Les études empiriques suggèrent que la motivation intrinsèque contribue
positivement à la créativité. La motivation extrinsèque est parfois négativement liée à la
production créative mais cela dépend de la nature de la récompense proposée et d'autres
caractéristiques de l'individu. De façon générale, la motivation se développe au cours des
expériences scolaires et extra-scolaires, et peut être influencée par des modèles adultes.
Les sources environnementales et leur développement
L'environnement physique et social de l'enfant est un autre facteur qui joue dans la
créativité et son développement. Considérons l'influence de la famille, de l'école et de
l'environnement culturel.
L'environnement peut apporter une stimulation intellectuelle et un soutien affectif
(Harrington, Block & Block, 1987). Par exemple, la présence d'activités culturelles, de
magazines et de livres dans le milieu familial est corrélée avec le développement de la
créativité (Simonton, 1984). Rogers (1954) a avancé l'idée qu'un environnement familial
chaleureux et sécurisant sera propice pour un travail créatif qui implique une prise de risque.
D'autres auteurs ont cependant noté que des individus créatifs éminents ne proviennent pas
forcément d'un environnement idéal pour le développement créatif de l'enfant, mais plutôt d'un
environnement conflictuel, voir traumatisant (perte d'un proche pendant l'enfance, rejet
parental, etc). Dans ces cas, la créativité peut jouer le rôle d'une stratégie du « coping » pour
ces personnes, contribuant ainsi à leur résilience (leur capacité de se construire et de s'épanouir
malgré des conditions défavorables, et de se remettre de chocs émotionnels) (Olszewski-
Kubilius, 2000).
L'école joue également un rôle central dans le développement de la créativité, ou son
manque de développement. Par exemple, l'habitude de demander aux élèves de résoudre des
problèmes clairement posés ayant une « bonne » réponse n'est pas forcément propice pour le
développement de la créativité (Sternberg & Lubart, 1993). Les connaissances sont souvent
transmises à l'école d'une façon morcelée, avec une importance attachée à la mémorisation et
au rappel de ces connaissances. Il existe, cependant, des curricula fondés sur la création de
liens entre divers champs de connaissances et les multiples façons d'utiliser les connaissances.
Les enseignants servent de modèles pour leurs élèves. Dans une étude portant sur 91
personnes créatives (en littérature, en musique, en commerce, en science), presque chaque
sujet a mentionné un ou deux enseignants qui ont joué un rôle important dans le
développement de leur talent (mais l'école a été décrite comme ennuyeuse et répressive, de
façon générale) (Csikszentmihalyi, 1996). Un enseignant peut valoriser (ou dévaloriser) la
pensée créative par les activités éducatives choisies, par sa manière d'enseigner, et par ses
réactions aux idées proposées par ses élèves. Les recherches sur les conceptions d'un élève
idéal suggèrent que les enseignants valorisent assez souvent les caractéristiques de rapidité, de
L'état de la recherche sur les enfants dits « surdoués »
- Créativité, haut potentiel et talent 68concentration, d'intérêt pour les matières académiques, d'attitude respectueuse, et de capacité
à travailler d'une manière bien posée aux dépens de celles impliquées dans la créativité (par
exemple, prise de risques). Les enfants créatifs peuvent être source de perturbation dans une
classe parce que leurs idées sont inattendues, parfois amusantes, et peuvent remettre en cause
l'expertise de l'enseignant (voir Cropley, 2000).
Au delà de l'environnement familial et scolaire, le milieu culturel influence le
développement et l'expression de la créativité (Lubart, 1999). Par exemple, la présence
d'activités artistiques, littéraires et scientifiques contribuent au développement de la créativité.
Les études portant sur les analyses de données historiques montrent que la présence de
modèles de créativité (par exemple, scientifiques et écrivains) dans une génération (g) prédit
la quantité des accomplissements créatifs des générations suivantes (g+1, g+2) dans le même
domaine d'activité (Simonton, 1984).
4. La pensée créative dans l'éducation des enfants à haut potentiel
Bien que le QI et la réussite académique soient les critères d'entrée les plus typiques
dans les programmes éducatifs destinés aux enfants à haut potentiel, ces programmes euxmêmes
sont souvent orientés vers le développement de la pensée créative . Les activités
éducatives créatives proposées présentent une opportunité de développer un mode de pensée
différent de celui mesuré par le QI. Parmi les objectifs à long terme de ces programmes pour
enfants à haut potentiel, nous trouvons le souhait de promouvoir les contributions créatives
chez l'adulte dans ses activités professionnelles (Feldhusen, Encyclopedia, 1999).
Nous pouvons distinguer au moins deux façons dont la créativité s'articule avec les
programmes éducatifs (voir le chapitre de J. Lautrey dans ce rapport). Premièrement, la
créativité peut faire l'objet d'un programme d'enrichissement. Le plus souvent de tels
programmes cherchent à stimuler la pensée divergente ou d'autres capacités spécifiques
impliquées dans la créativité (Wallach, 1985). Deuxièmement, les activités créatives peuvent
être intégrées dans le curriculum général soit par le biais d' exercices « créatifs » soit par la
réalisation d'un projet, tels que la création d'une exposition artistique, la rédaction d'une courte
histoire, l'invention d'un produit innovant. Ces projets sont parfois réalisés dans le contexte
d'une compétition régionale, nationale ou internationale comme « Odyssey of Mind » ou
« Intel Talent Search ».
Dans les programmes d'accélération ou d'approfondissement, la créativité reçoit peu
d'attention. Cependant, selon Bloom (1985) et d'autres auteurs, la créativité repose sur une
base de connaissances bien élaborée dans un champ précis. L'acquisition de cette base de
connaissances d'un domaine est la première étape. Si les connaissances sont acquises d'une
façon accélérée, la créativité peut se développer elle-même d'une manière relativement
précoce.
Les programmes éducatifs mentionnés ci-dessous peuvent aider les enfants et les
adultes à développer leur potentiel créatif et à actualiser ce potentiel en talent créatif. Il est
également possible que la créativité joue un rôle dans la réussite académique. Par exemple,
Baum, Renzulli et Hébert (1995) ont proposé des activités créatives à 17 élèves à haut
potentiel ayant des notes scolaires relativement faibles (« underachievers »). Suite à
l'intervention, la majorité des sujets (82 %) ont montré une amélioration sur le plan
académique (notes scolaires, tests d'aptitude, entretien avec l'enfant). Il reste à vérifier,
cependant, si la nature créative des aides proposées a contribué spécifiquement à la réussite
des élèves (Par ailleurs, il n'y a pas eu de groupe contrôle dans cette étude).
L'état de la recherche sur les enfants dits « surdoués »
- Créativité, haut potentiel et talent 695. Discussion : Pistes de recherche et d'applications
Deux questions qui reviennent souvent dans la littérature sont (a) pourquoi certains
enfants à haut potentiel ne deviennent pas des adultes exceptionnels, et (b) pourquoi des
adultes ayant un talent créatif n'étaient pas toujours des enfants à haut potentiel (voir Runco &
Albert, 1986 ; Simonton, 1984). En fait, il n'est pas surprenant de trouver un décalage entre le
potentiel de l'enfant et l'expression du talent chez l'adulte. Assez souvent, l'identification des
enfants à haut potentiel est fondée sur le QI, qui mesure des capacités peu liées à la créativité.
En plus, la nature multivariée des composantes de la créativité qui peuvent intervenir au cours
du développement, rend la prédiction du talent chez l'adulte à partir d'un potentiel chez l'enfant
difficile à prédire sans avoir tenu compte des événements développementaux. Des études
portant sur les traits de personnalité et sur la motivation des enfants à haut potentiel devraient
aider à expliquer le décalage entre la population d'enfants identifiés à haut potentiel et celle
d'adultes qui acquièrent un talent, en tenant compte aussi des différents types du talent qu'ils
peuvent développer (talent créatif, talent académique et expertise).
Ces questions peuvent donner lieu à plusieurs pistes de recherche, sur le
développement de différents aspects de la créativité, sur l'influence de la personnalité et de la
motivation sur le destin du potentiel créatif, et sur le contexte environnemental dans lequel le
potentiel créatif a le plus de chances de devenir un talent mature. Sur le plan cognitif, nous
avons vu que le développement de la pensée logique (fortement liée au QI), et le
développement de la pensée créative semblent suivre des chemins distincts. Il serait intéressant
d'étudier comment des transitions entre ces différents types de pensée peuvent être introduites
dans le programme scolaire. Il pourrait être également intéressant d'étudier la flexibilité
cognitive et son rôle dans le développement du talent et dans l'ajustement des enfants à haut
potentiel aux différents programmes éducatifs (programme scolaire standard, programmes
d'accélération, programmes d'enrichissement). Pour certains auteurs, il faut partir des études
des adultes créatifs afin de comprendre le phénomène du haut potentiel créatif chez l'enfant
(Gruber, 1982).
Les recherches sur la créativité ont des implications pratiques pour l'accompagnement
de l'individu qui veut réaliser son potentiel. Premièrement, l'identification des enfants à haut
potentiel pourrait bénéficier des méthodes existantes pour évaluer la créativité, afin de pouvoir
distinguer entre les enfants à haut potentiel académique et ceux ayant un haut potentiel créatif,
forts en pensée divergente ou particulièrement flexibles. Deuxièmement, une meilleure
compréhension de la créativité pourrait servir dans la formation des enseignants
(Csikszentmihalyi & Wolfe, 2000). D'une part pour les sensibiliser aux comportements qui
caractérisent souvent les élèves très créatifs et, d'autre part, pour aider les enseignants à
distinguer entre ces comportements (intellectuellement provocants) et des attitudes
d'opposition en classe auxquelles ils sont souvent confrontés. En dernier lieu, une meilleure
identification des enfants à haut potentiel qui prendrait en compte à la fois le niveau du QI et
de la créativité, permettrait de développer des programmes mieux ciblés sur le type de
potentiel de l'enfant et donc mieux à même de développer ce potentiel.
Pour conclure, il faut enfin souligner que l'intérêt des études sur la créativité ne se
limite pas au champ des enfants à haut potentiel. Les méthodes d'évaluation de la créativité
peuvent aussi améliorer des capacités d'enfants qui ne sont guère valorisés dans le système
scolaire traditionnel et leur donner une motivation pour réussir. Les méthodes développées
pour accompagner des enfants à haut potentiel créatif pourraient également être utiles pour
l'accompagnement des enfants de la population générale.
L'état de la recherche sur les enfants dits « surdoués »
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