Éducation sexuelle générale
Éducation sexuelle
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L'éducation sexuelle consiste à informer sur la sexualité et à transmettre un certain nombre de valeurs et de recommandations. Elle peut également avoir pour objet l'expression et la discussion autour des sentiments amoureux, des pratiques sexuelles et du respect mutuel.
Histoire de l'éducation sexuelle[modifier]
Éducation par l'exemple[modifier]
L'apprentissage de la sexualité a longtemps pu être débuté par l'observation des pratiques animales ou humaines. Ainsi, autrefois, dans le Japon traditionnel, les enfants couchaient dans le lit des parents jusqu'à l'âge de neuf ans[1]. Cette première découverte pouvait être ou non complétée par des avis moraux ou pratiques.
L'éducation sexuelle dans le cadre scolaire ou institutionnel[modifier]
Enjeux[modifier]
Alors que l'éducation sexuelle peine à se développer, notamment à l'école, les enjeux liés à son développement restent considérables :
- Les comportements sexuels à risques (rapports sexuels non protégés...) sont en augmentation, notamment chez les jeunes
- le taux de grossesse (et d'avortement) chez les très jeunes filles reste élevé
- Une identité sexuelle mal vécue augmente le risque suicidaire[2]
Objectifs[modifier]
L'éducation sexuelle scolaire vise à dédramatiser les angoisses des néophytes, ainsi qu'à avertir les jeunes des risques liés aux pratiques sexuelles (maladies sexuellement transmissibles, grossesse non désirée) et à les informer sur des pratiques sûres.
Méthodes[modifier]
On utilise traditionnellement des coupes anatomiques des organes reproducteurs masculin et féminin, avec des explications sur le modus operandi des spermatozoïdes en compétition face à l'ovule, souvent unique dans l'utérus. On projette parfois leur parcours filmé via un microscope.
Dans les années 1970, il était également fréquent de montrer des scènes d'accouchement sans douleur, notamment celui dans l'eau.[réf. nécessaire]
L'éducation sexuelle dans le cadre familial[modifier]
Elle est généralement assurée par les parents, plus précocement que dans le cadre institutionnel, sous la forme de conversations éventuellement accompagnées par un manuel d'éducation sexuelle adapté à l'âge de l'enfant ou du jeune.
Objectifs parentaux[modifier]
L'éducation sexuelle parentale se propose en outre de réglementer (âge, modalités) et d'orienter la sexualité des jeunes vers les valeurs auxquelles elle doit, selon les parents, correspondre.
Les autres vecteurs d'éducation sexuelle[modifier]
Les antennes des radios jeunes abordent librement ces sujets avec des adolescents à des heures de grandes écoutes. Lovin' Fun, première émission de ce type, animée par Doc et Difool, diffusée sur Fun Radio au début des années 1990, est un exemple de ce type d'émissions. La fameuse phrase « Ce n'est pas sale » du doc, montrait une volonté de dédramatiser les sujets liés au sexe et de mettre à distance la morale traditionnelle, qui fait du sexe et du sexuel un tabou.
Certaines associations mêlent aujourd'hui éducation à la sexualité (notamment par la prévention des pratiques à risques) et au respect mutuel.
De plus, internet, bien qu'étant la source de bien des désinformations, peut parfois s'avérer très instructif, que ce soit médicalement parlant ou abordé d'une façon plus pragmatique. On trouve des informations sur des sites de large envergure comme doctissimo, ou encore sur des sites plus spécialisés.
Critiques de l'éducation sexuelle[modifier]
Normativité[modifier]
L'éducation sexuelle fait l'économie d'une dimension considérée comme incommunicable de la sexualité ; Wilhelm Reich dénonce ses « variantes mystiques et mécanistes »[3], la première comme mièvre et la seconde comme froidement distanciée.
Roger Dadoun estime avec lui qu'il s'agit surtout de domestiquer et de normer la sexualité[4].
Indécence[modifier]
L'éducation sexuelle a longtemps été condamnée par l'Église catholique comme plus susceptible de mener au péché que d'en détourner[5],[6].
Aujourd'hui, certains catholiques considèrent toujours d'un mauvais œil l'éducation sexuelle dispensée à l'école[7].
Confusion et concurrence avec la pornographie[modifier]
Beaucoup de jeunes pensent avoir bénéficié d'une éducation sexuelle par le biais de revues et de films érotiques ou pornographiques. On y rencontre des pratiques spécifiques au genre telle que l'épilation du pubis, ainsi que des pratiques à risques comme des rapports non protégés ; en revanche, la relation de complicité, d'amour ou de tendresse qui est souvent liée à la sexualité réelle est généralement absente de la pornographie.
Or l'éducation sexuelle vise à informer, notamment sur des pratiques (par exemple, de contraception, ou de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles), et à permettant une libre parole sur le sujet, tandis que la pornographie sert uniquement à provoquer l'excitation de celui qui la lit ou la regarde, sans souci didactique, prophylactique ou de représentativité.
Voir aussi[modifier]
Bibliographie[modifier]
- Wilhelm Reich, La lutte sexuelle des jeunes, Maspero, 1972.
- Harold Portnoy et J-P Bigeault, Le sexe entre à l'école, Magnard, 1973.
- Jean Cohen et al., Encyclopédie de la vie sexuelle, Hachette, 1973.
- Dominique Wolton, Le nouvel ordre sexuel, Seuil, 1974.
- Émile Durkheim, Sur l'éducation sexuelle, Paris, Payot, coll. Petite Bibliothèque Payot, 2011 (ISBN 978-2-228-90680-7).
- Sigmund Freud, Le Petit Hans, suivi de Sur l'éducation sexuelle des enfants, Paris, Payot, coll. Petite Bibliothèque Payot, 2011 (ISBN 978-2-228-90673-9).
- Jeanne Leroy-Allais, Comment j'ai instruit mes filles des choses de la maternité Chez Maloine à Paris (1907) 123 pp[8].
Articles connexes[modifier]
Notes et références[modifier]
- Ruffié, Jacques, Le sexe et la mort, Éditions Odile-Jacob, Paris, 1986, page 144.
- De nombreuses études attestent du lien entre homosexualité et suicide (http://www.refdoc.fr/Detailnotice?idarticle=24121589 [archive]), le risque étant augmenté en cas de sentiment de rejet (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20665326 [archive])
- Les proliférants discours de l'éducation sexuelle se répartissent aisément sur les deux pôles distingués par Reich : le mystique et le mécaniste. Mécanistes, les discours bourrés de « scientificité », monopolisés par les « spécialistes » rarement peu pédants proposant, avec gants, pincettes et asepsie garantie, ce qui n'est bien souvent qu'infantiles robinetteries sexuelles. Mystiques, les discours du lyrisme versificateur, des imageries romanesques, des candeurs nuptiales, forçant vers le haut, vers le cœur, vers l'âme, vers le vague-à-l'âme une sexualité enfoncée piétinée dans sa bassesse essentielle ; c'est la main sur le « cœur » que l'on parle, par contrainte, du sexe. Cent fleurs pour Wilhelm Reich [archive] de Roger Dadoun, (Payot, Paris, 1975, pages 187-190 de l'édition Payot & Rivages 1999)
- [...] dans une hiérarchie sexuelle culminant dans l'hétérosexualité reproductrice, dans un couple harmonieux comme une composition de magazine, dans une famille heureuse, dans une société bonne ; la puissance-désir, tout doux, tout doux, est apprivoisée, et la sexualité, innommable dramaturgie universelle s'épelle, se dédramatise en gentils accouplements normalisés. Cent fleurs pour Wilhelm Reich [archive], déjà cité
- « Très répandue est l’erreur de ceux qui, avec des prétentions dangereuses et une manière choquante de s’exprimer, se font les promoteurs de ce qu’ils appellent «l’éducation sexuelle». Ils se figurent faussement pouvoir prémunir la jeunesse contre les périls des sens, uniquement par des moyens naturels, tels que cette initiation téméraire et cette instruction préventive donnée à tous indistinctement, et même publiquement » Pie XI [archive], le 31 décembre 1929
- « Cette propagande menace encore le peuple catholique d’un double fléau, pour ne pas employer une expression plus forte. En premier lieu, elle exagère outre mesure l’importance et la portée, dans la vie, de l’élément sexuel. Accordons que ces auteurs, du point de vue théorique, maintiennent encore les limites de la morale catholique; il n’en est pas moins vrai que leur façon d’exposer la vie sexuelle est de nature à lui donner dans l’esprit du lecteur moyen, et dans son jugement pratique, le sens et la valeur d’une fin en soi. » Pie XII [archive], le 18 septembre 1951
- L’enseignement sans Dieu a entrepris cette abomination de révéler à des petits innocents les mystères délicats de la transmission de la vie, mystères qui relèvent uniquement de la compétence des parents, aidés de la grâce de Dieu, à eux seuls conférée par le sacrement de mariage. site du journal catholique Vers demain [archive]
- Jeanne Leroy-Allais (1853-1914) est la sœur d'Alphonse Allais