Éthique de l'environnement

 

Éthique de l'environnement

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L'éthique de l'environnement (ou éthique environnementale) est une branche de l'éthique appliquée qui concerne directement, ou indirectement, les aspects de l'environnement. Elle précise plus particulièrement le rôle écologique et social de l'espèce humaine avec la biosphère et la culture du lien entre l'Humain et la Nature.

La pensée écologique de l'écologisme actuel est constitué d'une multitude de courants de doctrines diverses, parfois complémentaires, parfois incompatibles. La majorité de ces doctrines donnent une explication éthique aux différentes causes de dégradation de l'environnement : elles accordent une priorité aux changements dans les manières de penser plutôt que dans les manières de faire et visent à redéfinir le rapport de l'Homme avec la Nature. C'est une forme d'éthique écothéocratique qui peut être définie comme l'ensemble des doctrines écologiques, proposant pour résoudre les crises actuelles, de repenser le rapport Homme/Nature d'un point de vue philosophique, esthétique, voire religieux. De ces faits, elle reconnait la variété de la pollution de l'environnement et la pensée pollué.

La pensée écologique des systèmes est éthique. La pensée écologique est perceptible dans les ensembles biophysiques et humains. L'éthique environnementale reconnait par les sciences les systèmes évolutifs et s'occupe de la pollution réelle. Elle s'intéresse plus aux faits qu'aux causes, aux idéologies et aux crises, territoire principalement occupé par les acitvités de l'écologisme. Elle accorde une priorité à la façon de penser plus qu'à l'objet pensé, ce qui modifie les façons de faire avec l'environnement.

Quatre grandes approches de l'éthique environnementale peuvent être définies

La réalisation du barrage des Trois-Gorges en Chine centrale a concerné un million de personnes, aux fins de production hydroélectrique.
La réalisation du barrage des Trois-Gorges en Chine centrale a concerné un million de personnes, aux fins de production hydroélectrique.

Sommaire

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Fondements philosophiques [modifier]

Pour Aristote[1], la plante et l'animal ne sont que des moyens pour l'homme. Descartes justifie cette utilisation de la nature par son caractère entièrement mécaniste : l'animal n'est qu'une « machine » au fonctionnement remarquable. En sens inverse, Montaigne met en doute la place privilégiée de l'homme dans la nature : quand je joue avec ma chatte, dit-il, qui sait si elle ne me prend comme un passe-temps plus encore que je ne le fais d'elle ? [2]

D'un point de vue philosophique, l'éthique de l'environnement découle de principes éthiques généraux définis entre autres par le philosophe allemand Hans Jonas et l'Écologiste René Dubos (penser global, agir local). En remontant plus loin dans l'Histoire, on peut trouver des philosophes du droit naturel comme John Locke, Samuel von Pufendorf, et Jean-Jacques Rousseau.

La conception moderne des rapports entre l'homme et l'environnement [modifier]

La plupart des penseurs modernes ne donnent une valeur morale qu'aux êtres libres ou doués de raison, c’est-à-dire aux hommes.

Pour Rousseau, certes l'animal est une « machine ingénieuse », mais son caractère d'être sensible interdit à l'homme de le considérer comme une simple chose et de le maltraiter inutilement[3]. La différence entre l'homme et l'animal, pour Rousseau, n'est que quantitative sur le plan de l'intelligence. Ce qui distingue essentiellement l'homme, c'est sa liberté d'agir ou de ne pas agir ; c'est aussi sa capacité à se perfectionner au cours de sa vie (éducation) et d'une génération à l'autre (histoire).

Kant fonde son éthique sur la volonté et la liberté. Les animaux, qui en sont dépourvus, ne sont donc que des choses et non des personnes : les hommes peuvent les utiliser comme moyens[4].

L'éthique environnementale dans le monde anglo-saxon [modifier]

L'éthique environnementale, au XXe siècle, s'est surtout développée dans le monde anglo-saxon sous l'influence de deux sources : la pensée utilitariste anglaise et la fascination des Américains, depuis Thoreau et John Muir, pour la nature vierge (wilderness).

À la fin du XVIIIe siècle, Jeremy Bentham s'interrogeait : les animaux souffrent-ils[5] ? Si oui, la perspective utilitariste du « plus grand bonheur pour le plus grand nombre » devrait prendre en compte leur bien-être au même titre que celui des humains.

Au XXe siècle, Peter Singer développe cette thèse. La dignité d'être moral ne dérive pas de la raison, puisque nous l'attribuons à des enfants ou à des fous, mais de la sensibilité, de la capacité à souffrir. Par analogie avec les théories racistes ou sexistes qui refusent la prise en considération égale des intérêts des Noirs ou des femmes, Singer désigne sous le nom de spécisme (speciesism) un comportement qui donne plus de poids aux intérêts humains qu'à ceux des animaux.

Tom Regan, contre l'utilitarisme, place la valeur de l'individu non dans la maximisation des plaisirs, mais dans un certain accomplissement de vie qui fait de l'individu un « sujet de vie » : a une valeur l'être qui a conscience de soi, désire et construit son avenir. Les mammifères et en particulier les primates entrent dans cette catégorie. Cette dignité, dans la tradition kantienne, interdit de le traiter comme un moyen et lui confère des droits moraux. Il en déduit l'interdiction de les chasser, les élever ou de les consommer.

À ces éthiques individualistes s'opposent des éthiques de l'espèce ou de l'écosystème. La land ethic d'Aldo Leopold associe dans une même « communauté biotique » le chasseur, le gibier et le milieu naturel dans lequel ils évoluent. Chasser n'est pas illégitime, mais l'homme doit s'inscrire dans le monde naturel sans le bouleverser comme le fait le fermier ou l'industriel. A. Leopold a beaucoup influence le philosophe John Baird Callicott considéré comme le père de l'éthique environnementale contemporaine aux Etats-Unis

Domaines concernés par l'éthique de l'environnement [modifier]

Les aspects environnementaux constituent un des trois piliers du développement durable raisonnable (avec l'économique et le social). Ils remontent au plus large et au plus haut niveau de préoccupation éthique, sur des sujets comme la gouvernance globale et locale mondiale, l'organisation de l'État et des collectivités territoriales, l'éducation, la culture et le pilotage des entreprises.

L'apparition de principes de droit naturel dans la culture moderne devrait avoir à l'avenir des conséquences importantes dans le droit, en particulier dans la façon d'appliquer le Principe de précaution, tout en trouvant à concillier les exigences économiques, sociales et environnementales.

Compte-tenue des répercussions engendrés par les activités humaines sur environnement humain et la santé, le champ de l'éthique environnementale ouvre principalement des secteurs d'applications dans les cultures humaines.

Situation dans plusieurs régions du monde [modifier]

En France [modifier]

L'éthique de l'environnement est montée au plus haut niveau de préoccupation au sommet de la Terre de Johannesburg en août 2002. On se souvient aussi de l'influence exercée par Nicolas Hulot sur le Président de la République, le grand public et jusque dans le processus du Grenelle de l'Environnement.

Des réflexions ont été menées depuis 2003 pour définir une charte de l'environnement. Après de multiples discussions, cette charte a été adoptée officiellement et a été incluse le 1er mars 2005 dans la constitution française.
Le fait que la charte soit placée au plus haut niveau de la pyramide des normes juridiques laisse présager de fortes évolutions dans le droit.

En Australie et dans le monde anglo-saxon [modifier]

Une charte dite en:Global Greens Charter a été adoptée par 800 personnalités en avril 2001 à Canberra.

Par ailleurs, des travaux normatifs ont été réalisés en Australie sur la maîtrise des risques. Cette norme est une norme internationale (ISO).

Application pratique de l'éthique de l'environnement [modifier]

La déclinaison pratique des principes philosophiques de l'éthique de l'environnement imposent de se poser la question d'un niveau recherché ou à rechercher de qualité, et donc la question de l'état naturel originel de l'environnement considéré ; cela à la fois du point de vue des aspects physiques et écosystiques et du point de vue "éthique", soit : quels êtres vivants vivent ou devraient vivre dans cet environnement, avec quels impacts sur celui-ci, quelle « légitimité », voire nécessité, à y demeurer ? sur quelles surfaces ?, etc. C'est le champ de la naturalité qui commence à être exploré avec des outils scientifiques (écologie rétrospective, cartes de potentialité et de naturalité, importance des aspects fonctionnels des relations écosystémiques, incluant boucles de rétroactions entre Climat et Biodiversité)..

Pour une entreprise et sa responsabilité sociale on voit que l'analyse fine du contexte spatial et temporel est très importante. Le domaine dit de l'Ecologie industriel peut inclure une dimension éthique, mais non nécessairement (il peut s'agir d'un simple soucis de gestion plus rationelle en faisant en sorte que les déchets d'un processus deviennent source d'énergie ou de matière pour un autre. Néanmoins l'apparition d'écosociolabels (FSC par exemple dans le domaine du bois/papier et de la forêt, ou MSC pour la pêche) montre un intérêt croissant de certains acteurs pour une prise en compte transparente de principes éthiques dans le commerce et la gestion des ressources naturelles, incluant le respect des droits et conditions de vie des populations autochtones.

Cette question découle du pré-supposé que d'une part l'environnement et d'autre part "la vie qui l'habite" (ou la fréquente habituellement) se co-construisent, profitent l'un à l'autre, ou à tout le moins ne se nuisent pas, soit : se supportent harmonieusement.

Voir aussi [modifier]

Notes et références [modifier]

  1. Aristote, Politique, Livre I.
  2. Michel de Montaigne, « Apologie de Raymond Sebond », Essais (texte sur Wikisource).
  3. Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, (texte sur Wikisource).
  4. Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs (traduction de Victor Delbos disponible sur Wikisource) : « Les êtres dont l’existence dépend, à vrai dire, non pas de notre volonté, mais de la nature, n’ont cependant, quand ce sont des êtres dépourvus de raison, qu’une valeur relative, celle de moyens, et voilà pourquoi on les nomme des choses ».
  5. Jeremy Bentham, Introduction aux principes de la morale et de la législation.

Articles connexes [modifier]

Articles sur la philosophie et l'éthique

Articles sur l'environnement

Articles sur le droit

Articles sur la gouvernance

Bibliographie [modifier]

Liens externes [modifier]



29/05/2008
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