Front homosexuel d'action révolutionnaire

Front homosexuel d'action révolutionnaire

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Le front homosexuel d'action révolutionnaire (FHAR) est un mouvement parisien, fondé en 1971, issu d'un rapprochement entre des féministes lesbiennes et des activistes gays. Guy Hocquenghem et Françoise d'Eaubonne étaient deux des leaders de ce mouvement, si leaders il y avait. On a pu y voir aussi Christine Delphy, Daniel Guérin, Laurent Dispot, Jean Le Bitoux …

Le FHAR est assez connu pour avoir donné une visibilité radicale aux homosexuel(le)s dans les années 70 dans le sillage des soulèvements étudiants et prolétaires de 68, qui ne laissèrent que peu de place à la libération des femmes et des homosexuel(le)s. En rupture avec les anciens groupes homos plus « planqués », et parfois conservateurs, ils-elles revendiquèrent la subversion de l'État bourgeois et hétéropatriarcal, ainsi que le renversement des valeurs machistes et homophobes des milieux de gauche et d'extrême gauche.

L'aspect outrageant (vis-à-vis des autorités) des rencontres sexuelles (masculines) qui s'y déroulaient, et la prédominance numéraire des hommes qui augmentait de plus en plus (ce qui occultait inévitablement petit à petit les questions féministes et les voix des lesbiennes) ont fini par amener à la scission du groupe. Sont alors apparu(e)s les GLH (groupe de libération homosexuelle) et les Gouines rouges au sein du MLF.

Sommaire

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Naissance et débuts [modifier]

A l'origine, le groupe rassemble des féministes du MLF et des lesbiennes venues de l'association Arcadie, auxquelles s'ajoutent des homosexuels en février 1971. Mais le déclencheur serait une affiche d'un "Comité d'action pédérastique révolutionnaire" collée à la Sorbonne en mai 1968. Le groupe organise des réunions à l'école des Beaux-arts de Paris.

Le 5 mars 1971, le groupe interrompt un meeting contre le droit à l'avortement[1], et le 10 mars, il se fait connaître en perturbant et interrompant une émission de Ménie Grégoire sur le thème de l'homosexualité diffusée sur Radio Luxembourg[2]. Le nom qu'ils se donnent, "Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire", réduit au sigle "FHAR", est cependant déposé officiellement comme "Fédération Humaniste Anti-Raciste"[3].

Le groupe parvient aussi à s'exprimer à travers un journal gauchiste, Tout. Il revendique la liberté sexuelle de tout individu. Une déclaration fait référence au Manifeste des 343 salopes :

« Nous sommes plus de 343 salopes
Nous nous sommes faits enculer par des Arabes
Nous en sommes fiers et nous recommencerons »

Le numéro est saisi par la police et le directeur de publication, Jean-Paul Sartre, poursuivi en justice. Cependant, un arrêt du Conseil constitutionnel déclarant inconstiutionnelles les atteintes à la liberté d'expression en juillet 1971 fait cesser les poursuites.

Le FHAR dénonce l'hétérosexisme et la médicalisation de l'homosexualité. Il perturbe ainsi un Congrès international de sexologie à San Remo en 1971. Il intervient également dans des meetings politiques communistes, notamment à la Modèle:Maison de la MutualitéJacques Duclos leur dit : "Allez vous faire soigner, bande de pédérastes, le PCF est sain !"[4]

Dissensions [modifier]

Devant le nombre croissant d'hommes développant leurs propres centres d'intérêt, les femmes du FHAR forment le groupe des Gouines rouges pour lutter davantage contre le sexisme et la phallocratie.

D'autres groupes se singularisent : les Gazolines, les journaux Fléau social et Antinorm[5]. Ils publient encore un Rapport contre la normalité en 1971 et un épais numéro spécial de la revue Recherches dirigée par Félix Guattari en 1973.

Bien que tous ces groupes se reconnaissent dans les slogans du FHAR ("Prolétaires de tous les pays, caressez-vous !", "Lesbiennes et pédés, arrêtons de raser les murs !") et la lutte contre les "hétéro-flics"[6], ils s'éloignent les uns des autres.

Déclin et postérité [modifier]

De plus, des membres du groupe commencent à le quitter : Daniel Guérin à cause des outrances des Gazolines lors de l'enterrement d'un maoïste tué par un vigile en 1972, mais aussi Françoise d'Eaubonne, qui n'y voit plus qu'un lieu de drague.

La police interdit les réunions à l'école des Beaux-Arts en février 1974, et le FHAR abandonne ses actions spectaculaires.

Le FHAR a cependant des héritiers. Ses revendications, bien différentes de l'appel à la tolérance sociale et à la discrétion des homosexuels du groupe Arcadie, se retrouvent à travers les associations homosexuelles des années 1980, comme les Universités d’été euroméditerranéennes des homosexualités et le CUARH en 1979, ou la revue Gai Pied.

La radicalité du mouvement et son côté très politisé ont aussi été repris par les mouvements LGBT des années 1990, inspirant en partie le courant queer aux États-Unis et en France[7].

Références [modifier]

  1. "Le mouvement homosexuel français face aux stratégies identitaires" par Yves Roussel.
  2. Retranscription de l'émission et témoignages de Françoise d'Eaubonne et Marie-Jo Bonnet.
  3. Frédéric Martel, Le Rose et le noir, édition du Seuil, 1996.
  4. Pierre Albertini, « Communisme », Dictionnaire de l'homophobie, PUF, 2003.
  5. Extraits d’Antinorm
  6. Article dans Gulliver n° 1, 1972.
  7. Le Zoo, Q comme queer, Lille, GKC, 1998.

Voir aussi [modifier]

Filmographie [modifier]

Bibliographie [modifier]

Provenant du FHAR [modifier]

Sur le FHAR [modifier]

Liens internes [modifier]



31/08/2007
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