Homophobie - Partie 1
Homophobie
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Le terme d'« homophobie » désigne l'hostilité explicite ou implicite envers les homosexuels. Cette hostilité relève de la peur, de la haine, de l'aversion ou encore de la désapprobation envers l'homosexualité. Par extension, l'homophobie désigne les préjugés et la discrimination anti-homosexuels.
Bien que le mot ait été forgé par un psychologue, homophobie n'est pas un terme de psychiatrie. Il n'existe pas d'« homophobie pathologique ». Pour la théorie analytique, une homophobie profonde pourrait cependant être liée à une homosexualité refoulée, c'est-à-dire des sentiments homosexuels contrariés. Certains estiment que le terme d'homophobie, étymologiquement inexact (ce n'est en effet pas la peur de l'identique mais la peur de l'homo(sexualité) ; voir plus bas), constitue plutôt un terme utilisé par les associations homosexuelles pour désigner toute attitude d'agression ou de rejet à l'encontre des homosexuels ou de l'homosexualité. En ce sens, l'homophobie peut être apparentée au racisme. Le terme homophobie peut donc sembler être politiquement campé et non pas une définition officielle en psychologie.
L'homophobie n'a pas non plus de définition légale dans tous les pays. En France, la loi de modernisation sociale votée sous la gauche début 2002 a interdit officiellement toute discrimination à l'embauche ou dans le monde du travail (déroulement de carrière, harcèlement...) basée sur le rejet des homosexuel(le)s. Depuis, deux amendements à des lois anti-discriminations existantes ont été adoptées le 31 décembre 2004, réprimant les propos homophobes tenus publiquement (au même titre que les propos xénophobes, racistes, sexistes, handiphobes, etc.) La loi ne précisant pas le terme "homophobe", doit être compris comme tel tout propos qu'un jugement aura déclaré être homophobe. Les adversaires de cette législation accusent les homosexuels de censure. Au Canada, le député homosexuel Svend Robinson tenta en 2002 de faire introduire une loi (C-250) interdisant toute publication négative envers les homosexuels, notamment certains passages de la Bible, du Coran et de la Torah. Les défenseurs des libertés civiles ont néanmoins empêché cette législation jugée répressive. Cette loi a été entérinée au Sénat canadien en mai 2004 avec amendements.
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Étymologie [modifier]
Le mot « homophobia » est un néologisme forgé par le psychologue Kenneth Smith qui apparaît pour la première fois dans son ouvrage Homophobia : a tentative personality profile (1971). Repris par George Weinberg dans son ouvrage Society and the Healthy Homosexual. La société et l'homosexuel bien-portant (1972), le terme a été transposé en français par Claude Courouve dans son ouvrage Les Homosexuels et les autres (Paris : Athanor, 1977). On peut y trouver deux radicaux grecs, homo- pour « semblable » et -phobie, « peur ». Ainsi formé, le terme est un raccourci pour homoérotophobie, ou « peur de l'homoérotisme », créé par le Dr Wainwright Churchill dans son Comportement homosexuel chez les mâles, publié en 1967. Il faut donc noter qu'homophobie ne signifie pas « peur de son semblable » ni, comme le suggèrerait sa construction, « peur de l'uniformité ».
On utilise parfois le terme d'homophobe pour désigner toute organisation ou individu ne reconnaissant pas les mêmes droits aux homosexuels qu'aux hétérosexuels. La pertinence de cette utilisation est objet de controverse.
Utilisation du terme [modifier]
« Homophobie » signifie bien « peur ou haine envers les homosexuels ou l'homosexualité elle-même ».
Quelques personnes, parmi lesquelles des activistes luttant pour les droits des homosexuels, utilisent le mot pour signifier toute forme de désapprobation contre l'homosexualité, pensant que celle-ci est fondamentalement fondée sur une peur et une haine irrationnelles. Par exemple, l'activiste homosexuel américain Scott Bidstrup écrit dans son essai Homophobie : la peur derrière la haine :
- « Si vous cherchez le mot homophobie dans le dictionnaire, celui-ci vous dira sans doute qu'il s'agit de la peur des homosexuels. Alors que la plupart ne se satisferont pas d'une telle définition, elle est cependant vraie à bien des égards : c'est bien une peur de l'homosexualité, ou du moins des homosexuels, ainsi que nous le verrons dans cet essai. » [2]
Pour certains auteurs, l'homophobie masculine renvoie à des mécanismes de défense mis en place pour protéger leur sentiment de virilité « menacé par les homosexuels », un préservatif psychique de leur virilité en somme.
Des activistes opposés aux droits des homosexuels contestent l'emploi du mot « homophobe ». Par exemple, Jarrod Carter écrit, en 1995, dans une lettre adressée à un journal estudiantin :
- « Je ne suis pas homophobe, pour reprendre cette expression idiote encore utilisée par tous ces homosexuels. Vous ne pouvez vous l'affirmer si rapidement ; le mot homophobe signifie, dans une acception populaire, « peur des homosexuels » ou « peur de devenir homosexuel ». Aucune des deux ne m'effraie. Ce qui, cependant, m'agace, c'est que ces personnes à sexualité déviante soient, dans ce pays [c'est-à-dire les États-Unis], tellement mises en valeur. L'homosexualité ne demande aucune compassion : elle est moralement incorrecte. » [3]
Polémiques sémantiques [modifier]
Les opposants aux mouvements œuvrant pour la reconnaissance des droits des homosexuels affirment que les mots homophobie et homophobe sont utilisés pour « gommer » de manière irrationnelle la différence qui existe entre ceux qui ont réellement peur des homosexuels et les abhorrent et ceux qui désapprouvent l'homosexualité pour des raisons de principes moraux, souvent liés à un dogme religieux, de manière à donner honte à ces derniers, ce qui les forcerait à oublier leur désapprobation. Ainsi, les arguments rationnels et les peurs irrationnelles sont mises sur un pied d'égalité, au profit du caractère irrationnel, afin de discréditer toute forme d'homophobie, quelle qu'en soit la définition. Les opposants aux droits des homosexuels jugent cette attitude intellectuelle tout aussi irrationnelle que ce qu'elle combat.
Certains activistes homosexuels, cependant, répondent que l'homophobie ne consiste pas à croire que l'homosexualité est une erreur, mais serait plutôt un ensemble de prises de position et d'actions spécifiques telles que le déni du droit à l'égalité entre homosexuels et hétérosexuels, ou encore l'opposition à toute forme de protection spécifique. Cette vision s'oppose donc à celle de Niclas Berggren, par exemple, qui décrit ces attitudes comme phobiques par essence.
Des chercheurs, enfin, pensent qu'un terme plus adapté pour décrire une prise de position négative envers les homosexuels serait homo-discrimination, puisque les connotations propres à ce type de discriminations rejoignent celles concernant l'ethnie (discrimination raciale, racisme, etc.) ou encore le sexe (sexisme, machisme, misogynie, etc.).
Hétérocentrisme [modifier]
Certains estiment que l'homophobie n'est qu'un effet de l'« hétérocentrisme », c'est-à-dire la suprématie du modèle social hétérosexuel, présenté comme le seul existant par défaut dans les sociétés actuelles ; cela équivaudrait à la suprématie du modèle blanc, lequel oblitère, dans tous les aspects quotidiens, l'existence d'une grande partie de la population. Analogiquement, l'inexistence dans la publicité, les médias, les exemples des leçons de langues, les films, etc., d'un modèle noir est comparable à l'absence d'un modèle homosexuel : de fait, c'est d'une homophobie par défaut qu'il s'agit ; l'homosexuel n'a pas de représentation de lui-même lui permettant de se situer par rapport à une norme autre que l'hétérosexualité, à laquelle, par définition, il ne peut s'identifier.
Au contraire, les opposants aux activistes homosexuels soutiennent que cette vision des choses est une volonté de marginaliser ceux qui désapprouvent l'homosexualité.
La publicité pourrait ne plus être suspecte d'hétérocentrisme : les couples homosexuels font le plus souvent partie de la cible ─ très recherchée ─ des ménages dits double income, no kids « doubles revenus, sans enfants ». Elle a donc intérêt à les choyer au même titre que toute autre catégorie ayant un bon potentiel économique. Pourtant, dans les faits, la publicité française ne met encore en scène que des stéréotypes d'homosexuels et, surtout, « oublie » comme c'est très souvent le cas, les lesbiennes. L'homosexuel dans la publicité existe surtout pour montrer des situations de décalage humoristique. Il est rare, en effet, qu'on y voie un couple homosexuel banal plongé dans les activités de la vie quotidienne. Dans les pays anglo-saxons, cependant, il semble que l'on assiste à une évolution des mentalités permettant de dire que l'utilisation clichéique de l'homosexualité dans la publicité marquerait un recul. On peut par exemple consulter ce site web, qui recense les publicités mettant en scène l'homosexualité et les classant selon leur degré d'homophobie, de neutralité voire d'homophilie.
Il en va de même, bien que dans une moindre mesure, en politique où les 5%[réf. nécessaire] (il s'agit là d'une estimation assez conservatrice) de voix associées ne peuvent être négligés lorsque tant de circonscriptions se jouent dans un mouchoir de poche. En d'autres termes, on pourrait croire que la démocratie fonctionne, pour les intéressés, dans le pourcentage exact de leur présence dans la population. Pourtant, encore une fois, il n'existe pas de véritable force politique homosexuelle : les revendications homosexuelles ne sont que très rarement présentées par les hommes politiques s'étant déclarés homosexuels ou l'étant sans l'affirmer : la politique reste en effet un milieu somme toute conservateur dans son approche sociale et ne se risque que rarement dans le domaine de la reconnaissance sociale. En sorte, si l'homosexuel vote, il vote le plus souvent pour des programmes hétérocentristes de fait (ou affirmés comme tels par certains hommes politiques).
Conséquences de l'homophobie [modifier]
Les conséquences de l'homophobie incluent l'homosexualité refoulée, la violence et la discrimination.
Homophobie et homosexualité refoulée [modifier]
(Cf. discussion)
Violences [modifier]
Agressions institutionnalisées [modifier]
Régime Nazi [modifier]
Dans certains cas extrêmes, l'homophobie a conduit à des meurtres, que la victime soit soupçonnée d'homosexualité à tort ou à raison. Les agressions homophobes ont même été institutionnalisées sous le régime nazi[1] [2]. Il est difficile de savoir combien de victimes homosexuelles furent déportées et assassinées entre 1933 et 1945 par ce régime mais les travaux sur bases des condamnations « légales » suggèrent 10 000 victimes. [3], ainsi que 10 000 déportés homosexuels[4]. Inclus dans le système de marquage nazi des prisonniers, les homosexuels étaient tenus de porter un triangle rose. Enfin, le taux de mortalité des homosexuels prisonniers dans les camps est estimé à soixante pour cent.
Actuellement [modifier]
De nos jours, les actes homosexuels sont encore passibles de peine de mort dans sept pays : Afghanistan, Arabie saoudite, Iran, nord du Nigeria, Mauritanie, Soudan et Yémen. Ces législations sont effectivement appliquées. Ainsi, le 19 juillet 2005, deux adolescents iraniens, âgés de 16 et 18 ans ont été pendus à Mashhad, en Iran pour avoir eu des relations homosexuelles. Le recours déposé par l'avocat des condamnés devant la Cour Suprême de la République Islamique d'Iran fut rejeté. Au Nigéria en 2007, 18 homosexuels sont jugés risquent la peine de mort dans l'État de Bauchi[5].
L'homosexualité est toujours punie d'emprisonnement (de quelques mois à la perpétuité), de sévices corporels, de déportation ou de travaux forcés dans une soixantaine de pays dont :
Algérie, Bangladesh, Botswana, Cameroun, Chine, République démocratique du Congo, Émirats arabes unis, Équateur, Éthiopie, Îles Fidji, Guyana, Jamaïque, Kenya, Libye, Malaisie, Maroc, Mozambique, Nicaragua, Nigeria, Oman, Pakistan, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Singapour, Sri Lanka, Syrie, Tanzanie, Togo, Zambie. Cette liste n'est pas exhaustive.
Certains pays répriment indirectement l'homosexualité (interdiction de soutien pour des associations, licenciement, etc.) ou la discriminent, ce qui peut être vécu comme une agression : Grande Bretagne (interdiction des homosexuels dans l'armée jusqu'à il y a un an), Grèce,...
Aux États-Unis, en 2003, la Cour suprême a déclaré anticonstitutionnelles les lois de certains états fédérés contre la sodomie [6]. Elles violent le XIVe amendement de la constitution qui protège la vie privée et la liberté des citoyens américains. 13 états fédérés sur 50, situés surtout dans le sud du pays, pratiquaient jusqu’alors des lois contre la sodomie entre adultes consentants, quatre condamnant aussi les fellations : le Texas, l’Oklahoma, le Missouri, et le Kansas. Dans ce dernier État, en 2000, un jeune déficient mental de 18 ans a été condamné pour sodomie (en fait fellation) à 17 ans de prison pour circonstance aggravante d'homosexualité. Cette décision fut par la suite annulée par une décision unanime de la Cour Supreme du Kansas. [7].
En revanche, dans des pays davantage affranchis de l'hégémonie des doctrines religieuses, la discrimination à l'égard des personnes homosexuelles est aujourd'hui réprimée dans plusieurs pays du monde et tombe sous le coup de la loi.
Agressions diverses [modifier]
Généralités [modifier]
Le meurtre — qu'il soit légalisé dans le cas de la peine de mort ou non — n'est pas la violence la plus répandue. Il faut compter au titre des violences dues à l'homophobie surtout les passages à tabac, voies de fait, insultes, etc. D'autre part, l'injure homophobe est, en France, très commune, bien que souvent démotivée : des expressions comme pédé, tapette ou encore enculé sont fréquentes. Elles ne servent cependant pas toujours à injurier une personne soupçonnée d'homosexualité.
La peur de l'agression, verbale ou physique, est un trait partagé par nombre d'homosexuels, qui, le plus souvent, désertent les zones rurales afin de gagner la ville, où les populations peuvent être plus ouvertes et moins agressives. Dans certaines villes de France, comme Paris (dans le quartier du Marais) ou Montréal ou encore Montpellier, à l'instar d'autres métropoles, il existe des communautés homosexuelles, s'inscrivant dans une aire géographique délimitée plutôt que véritablement dotées de valeurs communes. Les violence physiques à l'encontre des homosexuels n'en existent pas moins dans ces métropoles et sont parfois le fait de bandes urbaines. Une presse engagée dans l'activisme homosexuel, comme le mensuel français Têtu, dénonce fréquemment les exactions, brimades, discriminations, homophobes, punies par la loi française.
Loi en vigueur (en France) [modifier]
Loi du 18 mars 2003, article 132-77 du code pénal qui fait une circonstance aggravante lorsqu'un crime ou un délit est commis en raison de l'orientation sexuelle de la personne. Loi du 30 décembre 2004, pénalisant les propos liés au sexe ou l'orientation sexuelle de la personne. Environ une vingtaine d'affaire pour agressions homophobes ont été jugées. [8]