Psychanalyse de l'enfance

Psychanalyse de l'enfance

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La psychanalyse de l'enfance est la psychanalyse axée sur l'enfance. En général, on désigne ainsi la psychanalyse qui se place, dans le développement de l'enfant, avant les éléments de théorie émis par Freud, donc dans l'infance (l'enfance d'avant la parole selon Lacan) ou l'enfance d'avant le complexe d'Œdipe.

Il y est question de la possibilité pour les enfants de pratiquer une cure psychanalytique, de la compréhension des mécanismes précoces de la constitution de la psyché, et donc des sources possibles de pathologies chez l'adulte.

Elle émergea tardivement et influença tant la compréhension, voire la pratique, de la psychanalyse de l'adulte que la conception culturelle de l'éducation.

Sommaire

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Histoire [modifier]

Prémices [modifier]

La psychanalyse des enfants semble d'abord impossible aux psychanalystes. La question n'est pas réellement traitée par Freud, sauf dans son récit de la cure du petit Hans, même si celui-ci aborde l'infantile dans l'adulte, théorisant, par exemple, les stades sexuels précoces.

C'est en fait Sandor Ferenczi plus que Freud qui pose les premières briques d'une interprétation analytique de la vie psychique de l'enfant. Il apporte notamment le principe d'introjection. Il développe aussi très trop l'idée d'accueillir la parole de l'enfant, qu'il juge trop contraint à suivre aveuglément ses parents.

Hermine von Hug-Hellmuth a, la première, pensé l'intérêt du jeu dans la psychanalyse. Elle aborde des questions comme celles de l'analyste se déplaçant chez son patient enfant. Cette psychanalyste reste cependant peu connue ; elle publie un livre - soi-disant le journal qu'elle aurait reçu d'une petite fille, en fait écrit par elle-même.

Anna Freud : Le Traitement psychanalytique des enfants [modifier]

C'est Anna Freud qui sera la pionnière reconnue dans l'idée d'appliquer la psychanalyse aux enfants. Elle écrit la psychanalyse des enfants où elle cherche l'application des principes de son père pour permettre cette psychanalyse. Elle considère comme lui que le surmoi n'apparaît que tardivement, ce qui lui sera largement reproché, au point souvent d'oublier ses apports.

Ils concernent l'enfance au sens large, englobant l'adolescence, et notamment l'établissement de lignes de développements qui mènent à l'état adulte. Elle distingue, entre autres, le passage[1] :

  • de l'état de dépendance à l'autonomie affective et au taux de relation d'objet de type adulte
  • de l'allaitement à l'alimentation rationnelle
  • de l'incontinence au contrôle des sphincters anal et urétral
  • de l'insouciance au sens des responsabilités en ce qui concerne la manière de traiter son propre corps
  • de l'égocentrisme à la camaraderie
  • du corps au jouet et du jeu au travail.

Mélanie Klein : envie et gratitude [modifier]

Dans la ligné de Sandor Ferenczi et a partir des travaux de Karl Abraham, ses deux analystes, Mélanie Klein s'attache à étendre les théories freudiennes pour leur permettre d'intégrer l'enfance depuis la naissance. Elle reste en opposition constante avec Anna Freud, mais elle est incontournable en matière de décryptage des mécanismes de la petite enfance. Position paranoïde-schizoïde, position dépressive, clivage de l'objet, identification projective, objet total, objet partiel, envie et gratitude, sont autant de concepts du mouvement de psychanalyse kleinnien qui reposent sur son analyse de l'enfance.

Donald Winnicott : La théorie de la relation parent-nourrisson [modifier]

Hors de ce conflit, bien que proche de Mélanie Klein, Donald Winnicott va tisser un ensemble de théories, moins nécessairement liées au concept et surtout au langage freudien, mais réputées beaucoup plus accessibles au néophyte. Il forme une sorte de troisième clan, mais apporte surtout des explications inédites sur les logiques de mise en place de la psychè du nourrisson, en appliquant et développent les concepts de Mélanie Klein. Il ajoute, entre autres, les idées de mère suffisamment bonne, de vrai et faux self, ainsi que l'objet transitionnel.

Françoise Dolto : Psychanalyse et pédiatrie [modifier]

Françoise Dolto développe très tôt l'application de la psychanalyse à l'enfance, comme elle l'explique dans sa thèse en 1939 : Psychanalyse et pédiatrie. Si ses apports laissent rarement froid (un correcteur de sa thèse lui déclare qu'il n'a jamais autant ri qu'en la lisant), la grande majorité de son travail n'est plus remis en cause en grande partie en raison de son efficacité sur le terrain. Elle met en avant le fait de considérer l'enfant depuis son plus jeune âge comme un l'individu a-à part entière, doué de compréhension et capable d'expression, avec qui il faut communiquer de façon vraie. Elle précise, entre autres, le rapport de l'enfant à l'image du corps, et explique d'une façon nouvelle le rôle du père dès le plus jeune âge.

René spitz : L'embryogenèse du moi [modifier]

René Spitz effectue un travail considérable sur le développement de la naissance à la parole (selon le titre de l'un de ses ouvrages), notamment sur l'état de dépression de l'enfant abandonné. Il crée les notions de dépression anaclitique et d'hospitalisme.

Le débat [modifier]

Très tôt, une grande opposition s'établie donc entre les idées d'Anna Freud et celles de Mélanie Klein, mais ne deviendra réellement houleux qu'à partir de l'émigration de Sigmund et Anna Freud à Londres, en 1938, et la mort du fondateur de la psychanalyse en 1939.

Cette controverse est maintenant surmontée sur de nombreux points. Elle représentait les extrêmes d'un débat entre primauté de l'adapation comme but et celle de la valeur de l'intrerpétation comme facteur thérapeutique.

La psychanalyse des enfants se heurte à la définition même du transfert, soit la réedition de relations infantiles. Ce point central, tant débattu, amène la psychanalyse à réinterroger sa pratique.

Ces grandes controverses ont donc lieu à partir de la fin des années 30 et se poursuivent dans les années 40, au sein de la BPS (British Psychoanalytical Society). Elles commencent sous les bombes et aboutiront à la formation de trois grands groupes. Celui d'Anna Freud, Celui de Ménalie Klein, et le troisième groupe, les indépendants ou encore middle group, ne prend pas directement parti.

Anna Freud note quatre points de la psychanalyse classique :

  • reconstruction du passé (s'appuyant sur la mémoire du patient) ;
  • interprétation des rêves ;
  • association libre ;
  • interprétation du transfert.

Pour Anna Freud, ces quatre points seraient impossibles dans la psychanalyse de l'enfant. L'enfant est dépendant des parents et ne pourrait développer de transfert. Il faudrait donc modifier la méthode, la mâtinant de pédagogie.

Mélanie Klein réfuta ces quatre points et propose elle, en utilisant le dessin au lieu du rêve, d'appliquer à la psychanalyse des enfants les mêmes principes qu'avec les patients adultes. Il ne s'agit cependant pas de prendre la psychanalyse de l'adulte mais bien d'apprendre à travailler avec l'enfant, ce qui permet la formation d'une complète névrose de transfert.

Elle sera conduite, en s'inspirant également des travaux de Karl Abraham, à postuler des positions psychiques très précoces, décelant le nourrisson dans l'enfant à partir de mouvements transférentiels justement très — trop — marqués chez l'enfant. Le deuxième grand groupe se constitue donc des kleiniens.

Cette controverse va de pair avec d'autres différents sue la théoriques de la métapsychologie. Anna Freud, analysée par son père, sera donc à l'origine de l'annafreudisme , premier grand groupe de la BPS (société britannique de psychanalyse). Ce groupe fut le point de départ de l'egopsychology de par son intérêt envers la fonction d'adaptation du Moi.

De même on vas voir se constituer le courant qualifié de kleinien, de ceux qui vont prolonger les théories fondées par Mélanine Klein parmi lequel on peut citer Wilfred Bion. On parle plutôt aujourd'hui du mouvement néokleinnien.

Buts [modifier]

La psychanalyse s'intéressa d'abord à l'enfant dans l'adulte. Par exemple Freud théorise des stades de développement psychosexuels et Ferenczi questionne la figure du nourrisson savant. (C'est d'ailleurs Ferenczi qui conseille à Melanie Klein de s'engager dans la psychanalyse des enfants.)

Les psychanalystes précurseurs espéraient pour certains éviter aux futurs adultes la névrose, alors pensée comme le résultat d'une éducation problématique.

L'enjeu de la psychanalyse de l'enfant ne saurait se situer dans l'éducation d'hommes non névrosés. L'analyse des enfants amena une nouvelle compréhension de la différence entre infantile et enfance. Elle produisit de nouvelles théories sur la vie psychique des origines, qu'il s'agisse de la position paranoïde-schizoïde chez Melanie Klein, de la régression environnementale chez Winnicott ou encore du processus originaire chez Piera Aulagnier. Les effets de l'abandon, des séparations précoces ont fait l'objetc d'études de psychanalystes comme René Spitz, en France Myriam David entre autres. La question du rapport de l'enfant à son corps, plaisirs, douleurs et maladies a été particulièrement investiguées par des analystes comme Michel Fain, Léon Kreisler, Michel Soulé dans leur approche psychosomatique.

Enfant et infantile [modifier]

Si la psychanalyse révèle l'infantile dans l'adulte, et questionne la fixation au trauma sexuel, la psychanalyse de l'enfant pose plusieurs questions. Lesquelles ?

Psychanalyse d'enfants et d'adultes [modifier]

Les techniques de la psychanalyse d'enfants sont pour certaines applicables à la psychanalyse de l'adulte, ce sur quoi Ferenczi fonda précocément une part de sa pratique clinique. La conception du jeu en émergea et ne cessa depuis de se développer.

Spécificités de l'analyse d'enfant [modifier]

Comme la psychanalyse de l'adulte, celle de l'enfant pose des questions comme la fréquence de l'interprétation - faut-il par exemple interpréter d'emblée le transfert négatif ? La psychanalyse de l'enfant a cependant sa particularité. Elle soulève des problèmes inédits tels que :

  • la connaissance que le psychanalyste a de l'enfant ;
  • l'impossibilité d'éviter le contact avec l'entourage ;
  • l'inévitable recours à l'encouragement, la pédagogie ;
  • la massivité (et la rapidité) des mouvements transférentiels.

La place des parents y est importante. Par exemple les parents seront les auteurs de la demande de psychanalyse et ils devront assurer une partie du respect du cadre.

Influences [modifier]

  • La psychanalyse de l'enfant inspirera la psychologie du développement.
  • Les théories de psychanalystes, comme Bruno Bettelheim ou, en France, Françoise Dolto pour les plus connues du grand public mais aussi Myriam David, René Spitz, John Bowlby, Margaret Mahler, Esther Bick et bien d'autres inspireront directement ou indirectement des pratiques psychothérapeutiques et éducatives.
  • Si la naissance de la psychanalyse de l'adulte rencontre une psychiatrie déjà porteuse de premiers résultats, la psychanalyse de l'enfant émerge au même moment que la psychiatrie de l'enfant.
  • En France, en Suisse et en Grande-Bretagne, le développement de la psychanalyse des enfants a généré de grands progrès dans la psychiatrie de l'enfant (pédopsychiatrie), la psychologie et les psychothérapies jusqu'à parfois se confondre l'un l'autre. Tous les domaines de la psychopathologie de l'enfant ont été envisagés, des psychoses infantiles, des autismes, des cas-limites, aux troubles primaires de la relation parents-enfants et des maladies psychosomatiques, en passant par les névroses, les phobies, etc.

Aujourd'hui encore la classification française des maladies mentales, CFTMEA, est parmi les classifications psychiatriques françaises la plus proche de la psychopathologie psychanalytique.

Bibliographie [modifier]

Liens internes [modifier]



Concepts :



21/09/2007
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