Isabelle Huppert - Partie 1

Isabelle Huppert

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Isabelle Huppert est une actrice et productrice française née le 16 mars 1953, à Paris. De son vrai nom : Isabelle Anne Huppert.

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Biographie [modifier]

De famille bourgeoise, sa mère est professeur d'anglais et férue de piano, et son père est dirigeant d'entreprise, elle passe sa jeunesse à Ville-d'Avray. Trois sœurs et un frère complètent sa famille : Élisabeth et Caroline sont réalisatrices, Jacqueline enseigne l'économie et Rémi est écrivain.

Isabelle Huppert commence par étudier les langues orientales à la faculté de Clichy, tout en suivant des cours d’art dramatique à l’école de la rue Blanche et au Conservatoire national d’art dramatique, où elle est l’élève de Jean-Laurent Cochet et d’Antoine Vitez.

Si elle effectue ses premières apparitions au cinéma dès 1972, chez Nina Companeez, elle se fait remarquer deux ans plus tard grâce à de jeunes metteurs en scène qui marquent le renouvellement du cinéma d’auteur français après l’expérience de la Nouvelle Vague, Bertrand Blier, dans Les Valseuses, et Bertrand Tavernier, dans Le Juge et l'Assassin. Ces deux films, chacun dans leur genre, marqueront le public et la critique et permettront à l’actrice débutante d’affirmer un jeu tout en nuance et en profondeur, une partition singulière qui la distinguera des autres étoiles montantes de l’époque, Miou-Miou et Isabelle Adjani.

De fait, Isabelle Huppert bâtira sa carrière sur des choix exigeants, des films et metteurs en scène non-consensuels et élaborera des gammes d’interprétations jugées plus cérébrales et expérimentales qu'intuitives et authentiques. Ces partis pris et la grande discrétion (pour ne pas dire "méfiance") dont elle fait preuve vis à vis des médias lui assureront une filmographie prestigieuse, admirée des élites intellectuelles et bien éloignée des gros titres de la presse à scandale, mais la mettront régulièrement à distance des suffrages populaires et, en un sens, de ceux d'une partie de la profession qui l'écarta régulièrement du palmarès des César lui préférant les grandes représentantes du star-stystem à la française (Catherine Deneuve et Isabelle Adjani entre autres). Sa carrière prend véritablement son envol avec La Dentellière, du Suisse Claude Goretta, qui lui vaudra plusieurs distinctions internationales (BAFTA anglais et Donatello italien, équivalents des César). Elle y tient le rôle d’une jeune shampouineuse intravertie, victime d’une déception amoureuse qui fait basculer son existence. Cette image victimaire et de fragilité maladive la poursuivra dans plusieurs de ses films des débuts, au risque de l’enfermer dans des compositions quelque peu répétitives (Les Ailes de la colombe, Benoît Jacquot, La Dame aux camélias, Mauro Bolognini). En même temps, elle contredit cette esquisse en donnant corps au personnage-titre de Violette Nozière, devant la caméra de Claude Chabrol. C’est son premier « rôle-limite », registre dans lequel elle affirmera, avec une redoutable fidélité, toute l’étendue de son talent, parvenant à rendre crédible la folie sans jamais verser dans l’hystérie. Violette Nozière fait en cela écho à La Pianiste (d’après le roman d’Elfriede Jelinek, Prix Nobel de Littérature) de Michael Haneke, chacun lui valant un Prix d’Interprétation au Festival de Cannes (seule actrice française à avoir réussi le doublé).

La lecture de sa filmographie traduit également la permanence de deux directions dans ses rapports à la création : fidélité à des metteurs en scène et goût tout aussi assidu pour l’expérience auprès d’auteurs débutants. C’est ainsi qu’elle tourne plusieurs fois avec Tavernier, Blier, Jean-Luc Godard, Benoît Jacquot, Werner Schroeter ou Michael Haneke. Mais la complicité nouée depuis 1978 avec Claude Chabrol s’affirme comme une ligne de force où le dialogue instauré entre le maître et la muse devient quasiment l’objet même du film, comme ce fut le cas avec L'Ivresse du pouvoir en 2006, qui est autant une fiction sur un scandale politique contemporain qu’un documentaire sur l’actrice. Entre-temps, le duo aura exploré toute une série de genres dramatiques, de la comédie (Rien ne va plus, aux côtés de Michel Serrault) au drame social (La Cérémonie avec Sandrine Bonnaire, Jean-Pierre Cassel, Jacqueline Bisset et Virginie Ledoyen) ou historique (Une affaire de femmes), en passant par le film noir (Merci pour le chocolat, avec Jacques Dutronc) et l'adaptation littéraire (Madame Bovary). C'est d'ailleurs à Chabrol qu'elle doit l'obtention de son seul et unique César de la meilleure actrice en 1996, pour son interprétation de postière infanticide dans La Cérémonie. Fait étonnant et paradoxal dans la mesure où Isabelle Huppert est la comédienne la plus nommée de toute l'Histoire de la manifestation (treize nominations au total). Mais cette relative injustice est largement compensée par une razzia de prestigieuses récompenses internationales, glanées aux European Awards ainsi qu'aux festivals de Venise, Berlin, Moscou, Thessalonique, Hambourg, San Sebastián et Montréal.

Parallèlement, elle travaille tout aussi régulièrement avec la nouvelle génération de metteurs en scène qui apparaît au début des années 1990, tels Christian Vincent, Laurence Ferreira Barbosa, Patricia Mazuy, François Ozon, Olivier Dahan, plus récemment encore, le Belge Joachim Lafosse. Comme elle le fit avec Maurice Pialat dans Loulou au côté de Gérard Depardieu, ou bien dirigée par Schroeter (Malina, Deux) et Haneke (La Pianiste, Le Temps du loup), elle n’hésite pas à doubler les risques en acceptant de tenir le rôle-titre de Ma mère, filmé par le jeune écrivain Christophe Honoré.

Si sa proximité avec Daniel Toscan du Plantier, dont elle fut la compagne, lui permit dans les années 1980 d’enchaîner une série de films avec la Gaumont qui officialisèrent sa carrière aux yeux du grand public, elle n’a jusqu’ici que rarement rencontré de grands succès populaires. Elle s’emploie néanmoins à maintenir le contact avec la comédie dans des films qui trouvent leur public, comme Sac de nœuds, de Josiane Balasko, Coup de foudre et Après l'amour, de Diane Kurys, 8 femmes, de François Ozon, Les Sœurs fâchées d’Alexandra Leclère. Dans chacune de ses incursions comiques, celle-ci prend un malin à mettre en scène son image, à jouer de l'étiquette de femme antipathique, frustrée et aigrie qu'elle porte depuis longtemps, au risque malgré tout d'une confusion plus que d'une distanciation dans l'esprit du spectateur, à force d'insistance et de répétitivité dans le ressort dramatique de ses personnages. Mais elle sait, comme à l'accoutumée, éviter l'interprétation uniforme et rigide, soumettant chacune de ses compositions à une coloration singulière. Son insatiable volonté de passer par différentes palettes d'émotions est palpable. L'évolution se fait d'un répertoire d'expressions, de mimiques, d'intonations variées et contraires: d'une manifestation outrancière, théâtrale, tonitruante (l'hystérique et hypocondriaque Tante Augustine des 8 femmes où elle se livre à un époustouflant numéro de transformation, à la fois physique et scénique) à une forme expressive plus détachée, enfouie et intérieure comme dans Les Sœurs fâchées, où elle campe une bourgeoise délaissée par son mari François Berléand, malheureuse, frigide et envieuse du succès de sa sœur, provinciale faussement naïve jouée par Catherine Frot. Son titre de gloire reste toutefois d’avoir été choisie par quelques grands noms du cinéma international, tels Otto Preminger (Rosebud), Joseph Losey (La Truite), Michael Cimino (La Porte du paradis), Marta Meszaros (Les Héritières), Jean-Luc Godard (Sauve qui peut (la vie), Passion), les frères Taviani (Les Affinités électives), David O. Russell (J’adore Huckabees). Même si l'échec de La Porte du paradis, où elle est la prostituée française partagée entre Kris Kristofferson et Christopher Walken, lui a fait râté la marche de grande star mondiale, elle a néanmoins atteint une stature unique dans le cinéma français contemporain, de monstre non sacré, c’est-à-dire à la fois unanimement respectée par ses pairs, tout en s’employant à brouiller cette image trop lisse à travers des choix extrêmes, d'un élitisme revendiqué, aussi bien au cinéma qu’au théâtre (4.48 Psychose, de Sarah Kane ou Quartett de Heiner Müller). Sa passion, c’est le jeu sous toutes ses formes, auquel elle s'adonne avec intensité et curiosité (plus de soixante-dix films et téléfilms à son actif). C’est aussi le sujet de In America, le film de Jerzy Skolimowski adapté du roman de son amie Susan Sontag (en pouparlers depuis six années) pour lequel elle se bat et qu'elle va produire avec la société qu’elle a fondée aux côtés de son mari, le metteur en scène Ronald Chammah (Les Films du Camélia) . Société qui lui a permis de produire certains films dont elle tient le haut de l'affiche (La Vie Moderne de Laurence Ferreira-Barbosa, La Comédie de l'innocence de Raoul Ruiz, Ma mère de Christophe Honoré) et même d'acheter les droits de Wanda de Barbara Loden, actrice et cinéaste qui fut l'une des épouses d'Elia Kazan, disparue prématurément d'un cancer en 1980. Grâce à son acharnement, cet unique film d'une artiste d'exception put ressortir en salles en 2003.

En 2005, une exposition, « La Femme aux portraits », montrée d'abord à New York, puis à Paris (prolongée jusque février 2006 au Couvent des Cordelières) et en Europe, a révélé sa passion pour la photographie qui l'a poussée, depuis une trentaine d'années, à solliciter des portraits auprès des plus grands photographes (de Boubat et Cartier-Bresson à Hiroshi Sugimoto et Ange Leccia, en passant par Jacques Henri Lartigue, Richard Avedon, Robert Doisneau, Helmut Newton ou Nan Goldin…). 2005, année faste pour elle puisqu'elle triomphe au théâtre dans Hedda Gabler d'Henrik Ibsen, mis en scène par Eric Lacascade, reçoit un Lion Spécial d'Interprétation à la Mostra de Venise pour l'ensemble de sa carrière et est sollicitée par le Moma à New York qui lui consacre une large rétrospective, saluant son grand apport à l'art contemporain en général et à l'art dramatique en particulier. Pour l'évènement, elle donne une représentation exceptionnelle de la pièce de Sarah Kane: 4.48 Psychose, interprétée trois ans plus tôt, sous la direction de Claude Régy, aux Bouffes du Nord. Au début 2006, c'est au tour de la Cinémathèque Française, fraîchement réouverte à Bercy, de la mettre à l'honneur. Occasion qui lui a permis d'aller à la rencontre des spectateurs, offrant un large choix de projections, discussions (notamment avec son pygmalion Claude Chabrol) et lectures publiques d'auteurs tels que Maurice Blanchot et Françoise Sagan.

Isabelle Huppert a trois enfants, Lolita née en 1983 (qui a entamé à son tour une carrière d'actrice), Lorenzo 1988 fervent supporter du PSG (également comédien) et Angelo en 1997 qu'elle a eus avec le cinéaste et producteur Ronald Chammah qui la dirigea dans Milan noir en 1988.



27/08/2007
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