Jésus de Nazareth - Partie 2
Jean le Baptiste
Vers 30 ans Jésus rejoint Jean le Baptiste, un prédicateur populaire des milieux baptistes[59] qui dénonce la pratique formaliste des milieux sacerdotaux dont il est issu[60], qui prêche en se déplaçant dans le désert de Judée, sur les bords du Jourdain et que le nouveau testament identifie à un nouvel Élie[61] . Jésus reçoit le baptême que Jean administre alors pour le pardon des péchés à ceux qui reçoivent son message favorablement, en un baptême dans l'eau vive qui prépare au règne messianique et à l'imminence du Jugement divin[62]. Il est possible que Jésus ait été transitoirement le disciple du Baptiste quand on le verra plus tard, aux tout débuts de sa vie publique, simplement « annoncer le Royaume de Dieu » comme le faisait Jean. Mais il apparait des divergences[réf. nécessaire], voire des tensions[63], entre Jésus et Jean-Baptiste quant à leurs conceptions respectives du règne de Dieu, même si c'est bien aux côtés de Jean que Jésus murît sa mission[64]. Par ailleurs, la communauté chrétienne, qui envisage le Baptiste comme un précurseur, conservera le rite initiatique du baptême dans sa forme, mais non point son sens[65].
Jésus s'entoure de disciples dont la tradition veut qu'ils aient été douze[66], dont les premiers sont peut-être recrutés dans les milieux baptistes[67]. On utilise également le nom d'apôtres[68] pour les désigner. Ce groupe de douze disciples choisis par Jésus est sans doute une création relativement tardive, comme le montre l'existence d'apôtres extérieurs à ce noyau. On parle généralement à leur sujet de Groupe des Douze : le chiffre 12 est en effet essentiel pour comprendre le rôle de ces disciples constituant autour de Jésus un cercle restreint à la forte signification symbolique. Si leurs noms varient de livre en livre[69], ils montrent pourtant une triple référence hébraïque[70], araméenne[71] et grecque[72], au coeur de la vie des Galiléens[73] . L'un de ces disciples, Simon-Pierre ou Kepha, reçoit une importance plus particulière au sein du groupe tandis que Judas, auquel est attribué la trahison de Jésus auprès des autorités, a une responsabilité attestée de trésorier de ce groupe.
Son enseignement
Le message de Jésus semble prolonger celui de Jean-Baptiste en s'inscrivant dans la fièvre apocalyptique du monde juif au Ier siècle tandis que certains exégètes préfèrent voir Jésus comme un maître de sagesse populaire, la dimension apocalyptique relevant d'une lecture postérieure[74], sous l'éclairage de la foi chrétienne. Ce message, original et varié, entre néanmoins difficilement dans les catégories socio-religieuses préalablement établies[75]. On peut cependant souligner plusieurs point de ruptures avec Jean le Baptiste : Jésus n'est pas un ascète, il présente un Dieu de grâce, de jugement et de l'amour sans limite[76] qui inverse l'exhortation de Jean à la conversion sur fond de colère divine[77]. Enfin, Jésus est celui par qui le jour vient quand Jean annonçait l'aube[78].
Jésus se fait connaître localement, dans un premier temps comme guérisseur thaumaturge, puis par son enseignement. Pour ce qui est de ses talents de guérisseurs, on peut noter une nette progression quand on compare la guérison très hésitante de l'aveugle de Bethsaïde, où il doit s'y reprendre à deux fois, et celle - à distance et d'une seule parole - de Bar Timée à Jéricho[79]. Les évangiles insistent souvent plus sur la confiance des bénéficiaires de miracles qu'ils ne s'attardent sur le détail des manipulations[80]. Jésus présente les miracles comme une anticipation de l'accès au bonheur éternel auquel a droit chaque humain, y compris les plus pauvres.
Les textes révèlent à cet égard un comportement général de Jésus fait de bienveillance, tourné vers les gens, particulièrement ceux plongés dans une situation personnelle ou sociale méprisée et difficile : les femmes, particulièrement les veuves, les malades, les lépreux, les étrangers, les pécheurs publics ou les collecteurs de l'impôt romains[81]. Cette façon d'être, associée à une dénonciation de l'hypocrisie et de toute forme de mensonge, lui attirera inévitablement nombre d'admirateurs en provoquant simultanément de l'hostilité.
C'est l'annonce du « Royaume de Dieu » qui constitue le cœur de sa prédication en des termes qui, s'ils reprennent l’attente des Juifs qui espèrent la venue d’un Messie qui restaurera l’indépendance d’Israël, déplacent cet espoir : le Royaume de Dieu selon Jésus inaugure le nouveau rapport avec Dieu qui se prépare à intervenir dans le monde pour le gouverner directement[82].
Sa doctrine paraît d'emblée sûre et originale[83]. Son enseignement est essentiellement connu à travers les Évangiles, qui en font le récit, et les commentaires qui en seront faits dans le reste du nouveau testament. Son enseignement et son action montrent une très bonne connaissance des textes religieux et de la loi juive[84]. Il utilise deux méthodes typiques des docteurs de la Loi, ses contemporains : le commentaire des textes canoniques et l'usage de meshalim ou Paraboles. [85] dont il fait le ressort privilégié de sa pédagogie. Par cet usage de la parabole, Jésus laisse souvent l'auditeur libre de ses réactions, en ne le prenant pas de front.
Mais il n'en pratique pas moins un enseignement d'autorité[86] qui tranche avec les enseignement des scribes[87], se réclamant eux toujours de l'autorité d'une source. Jésus est néanmoins respectueux de la Loi de Moïse[88] et, si la proximité de Jésus avec les pêcheurs ou des épisodes comme son affirmation que les besoins de l'homme préemptent sur la prescription du sabbat[89] ont pu choquer les pieux de son temps, on ne peut pas dire que Jésus ait violé les lois de pureté chère aux pharisiens[90], au contraire de ses disciples qu'il ne condamne pourtant pas.
Son action suscite des réactions fortes et contrastées. On trouve à la fois des témoignages sur de grandes foules qui le suivent et le cherchent, montrant un indéniable succès populaire, et d'autres le montrant vivant dans une quasi clandestinité au milieu de populations hostiles.
Arrestation et la Passion
Bien que ce soit là le coeur de chacun des quatre Évangiles, il est assez difficile de mettre ceux-ci d'accord sur le récit de la Passion. Leur récit est bâti dans une optique d'accomplissement des Écritures plutôt que de reportage sur les évènements[91].
Arrestation
Jésus est arrêté alors qu'il séjournait à Jérusalem pour célébrer la fête de la Pessa'h (Pâque juive). Ce dernier séjour à Jérusalem se déroule dans une ambiance très clandestine (Mc 14:13-15), où les disciples échangent des mots de passe et des signes de reconnaissance pour préparer le repas dans un endroit caché. Le contraste avec l'ambiance enthousiaste de l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem (célébrée le dimanche des Rameaux) est flagrant, ce qui suggère que ces deux montées à Jérusalem n'ont pas eu lieu la même année. L'étude des évangiles ne permet pas une lecture très claire des causes et de l'historique de ce retournement d'opinion. On trouve la trace dans les évangiles de l'attente messianique d'une partie de la population, qui attendait un messie politique, libérateur du joug des romains. Cette attente se retrouve dans le qualificatif donné à Simon le zélote et à Judas l'Iscariote[92]. Jésus a pu décevoir cette attente en refusant explicitement l'action sur le terrain politique.[93] Néanmoins, si Jésus ne conteste pas radicalement le pouvoir romain, refusant de s'enfermer dans un cadre nationaliste, il ne manifeste pas davantage d'inclination envers les grandes familles sacerdotales proches de celui-ci[94].
Le retournement d'opinion s'est d'abord manifesté en Judée[95], puis dans son pays en Galilée. Il semble que le signal de la répression soit venu des milieux sacerdotaux conservateurs de Jérusalem, souvent assimilés aux sadducéens[96], inquiets de l'impact de son enseignement ouvert sur la Torah et des effets de l'enthousiasme populaire qu'il suscitait sur le fragile modus vivendi avec l'occupant romain[97]. Il apparait également vraisemblable que c'est le scandale que cet homme, réputé doux, provoque au Temple de Jérusalem un peu avant la Pâque de 30[98] dans l'épisode dit des marchands du temple,[99] qui a pu précipiter son arrestation[100].
Jésus prend un dernier repas avec ses disciples pour fêter la Pessa'h dans un épisode, la Cène, dont les chrétiens de toutes tendances considèrent qu'il institue le sacrement de l'Eucharistie. À la suite de cet ultime repas, Jésus est arrêté au jardin de Gethsémani, par la dénonciation de son disciple Judas[101], sans que le motif soit vraiment clair[102].
Jésus va alors se trouver confronté aux trois pouvoirs superposés de la Palestine[103] : le pouvoir romain, le pouvoir du tétrarque de Galilée et Pérée et le pouvoir des grands-prêtres du temple-État de Jérusalem.
Procès et exécution
Quoiqu'il en soit, Jésus est arrêté par la police du Temple, aux ordres des autorités religieuses. Il est tout d'abord conduit chez l'ex-grand prêtre Anân[104], puis devant une cour de justice, que les évangiles appellent Sanhédrin[105], devant le souverain sacrificateur Caïphe, avant de comparaître devant le gouverneur romain Ponce Pilate qui l'envoie chez Hérode Antipas[106] avant de l'interroger à son tour. Cela donne lieu a des confrontations où Jésus soit se tait, soit paraît souligner le caractère relatif du pouvoir de ses interlocuteurs par sa liberté de parole[107]dans des scènes très chargées symboliquement[108].
Jésus est finalement condamné par Ponce Pilate à être crucifié après s'être lavé les mains de sa mort en la portant uniquement sur la conscience des juifs [109]. Son exécution a lieu un vendredi, veille du Chabbat, sur une croix surmontée d'un titulus portant l'inscription « Jésus le nazôréen[110], Roi des Juifs »[111]. Pour les trois évangiles synoptiques, ce vendredi est le jour même de la fête de Pessa'h, le 15 Nissan, ce qui peut être (compte tenu du calendrier hébreu usuel) un vendredi 7 avril 30 ou un vendredi 3 avril 33 (cette dernière date est celle justifiant le choix de l'an 1 dans le calcul de Denys le Petit). La chronologie donnée par l'évangile selon Jean est différente, et conduit à un vendredi 14 Nissan, mais il est possible encore une fois qu'il y ait des ruptures dans la chronologie de ce récit, voire que les rédacteurs de l'évangile selon Jean aient utilisé une autre version du calendrier. En tout cas, sa mort a eu lieu pendant que Pilate était préfet de Judée, donc après 26 et avant 36, où Pilate est rappelé à Rome.
Qu'on rapproche ces récits du droit romain en vigueur en Syrie-Palestine à l'époque ou qu'on le rapproche du droit hébraïque tel qu'il se pratiquait alors, les narrations du procès faites par les évangiles ne correspondent à rien qui soit cohérent avec la tradition juridique retenue. La question du procès de Jésus - question historique ouverte - est d'autant plus difficile à résoudre que le temps et l'antisémitisme chrétien au cours des siècles écoulés l'ont recouverte de multiples enjeux politiques et religieux[112].
Résurrection
La mort de Jésus est suivie d'un épisode qui relève de la foi mais qui n'en appartient pas moins à l'histoire par les effets incalculables[113] qu'il a produits : l'épisode de la Résurrection.
Il faut considérer l'annonce de la résurrection de Jésus comme l'élément majeur de la fondation de ce qui va devenir une nouvelle religion. Cet épisode fondamental n'est décrit dans aucun évangile. La peinture suppléra aux textes pour fixer l'interprétation. Tressé que de quelques scènes[114] qui présentent une forte diversité selon les évangiles, les textes présentent l'après-coup : l'étonnement des femmes qui découvrent le tombeau vide, puis l'apparition du Ressuscité parfois en Galilée, parfois dans les environs de Jérusalem ou encore ici et là, envoyant tantôt en mission, tantôt accordant l'Esprit aux disciples ou encore partageant leur repas.
Néanmoins, on peut constater trois constantes des récits canoniques : la résurrection est inattendue, elle n'est pas décrite en tant que telle et elle n'est accessible qu'aux seuls croyants[115]. L'évènement ne nie toutefois pas la mort car Jésus ne ressuscite que le troisième jour après sa crucifixion; il s'agit davantage du passage à une vie qui ne finit pas, qui se place dans l'éternité et sur laquelle le temps n'a pas de prise. L'évènement, dans un récit qui ne connait pas de terme résurrection, est raconté dans un langage forgé par la foi juive dans l'apocalyptique de laquelle il ne répond pas à une angoisse de la survie des corps : le tombeau ouvert répond à la promesse de Dieu de relever les morts à la fin des temps[116] qui se concrétise déjà pour Jésus[117].
- D'un point de vue chrétien
Cette résurrection est interprétée par les disciples comme le sceau par lequel Dieu manifeste miraculeusement que le sacrifice sanglant de la Passion a été agréé. Pour eux, cette approbation divine inattendue donne rétrospectivement un sens à toute l'histoire de Jésus: elle signifie pour eux que le but de son sacrifice (rapporté par Jn 17) est atteint, que l'homme est donc libéré du poids du péché originel, et par conséquent que le mémorial institué de l'eucharistie[118] est validé et efficace.
L'annonce de l'évangile (littéralement la « bonne nouvelle) » qui s'ensuit porte avant tout sur cette résurrection; l'histoire et l'enseignement de Jésus étant rapportés dans le but d'attester l'historicité de l'évènement par ceux qui en ont été témoins.[119]
L'annonce de l'évangile ne porte plus simplement sur l'homme historique, mais sur un personnage que les yeux de la foi reconnaissent comme rempli de la présence de Dieu, messie et christ par excellence, voire fils de Dieu, et qui est de ce fait désigné sous le terme de : Jésus-Christ.
Héritage et postérité
Cet article fait partie d'une série sur |
---|
Jésus Christ et Chrétienté |
Contexte historico-culturel |
Perspectives sur Jesus |
Jésus dans la culture |
Enseignement moral
Sur le plan de la morale, l'enseignement de Jésus est centré sur les notions d'amour et de sollicitude, que l'Homme doit observer pour être à l'image de Dieu. Cet enseignement est exprimé de manière synthétique dans les béatitudes, et plus développée dans le Sermon sur la montagne d'où elles sont tirées. Ces principes sont déjà présents dans la religion juive, mais Jésus les place dans une perspective centrale, et privilégie une interprétation spirituelle de la loi mosaïque au détriment d'une interprétation littérale et formaliste qu'il dénonce.
Histoire des religions
Sur le plan de la religion, Jésus n'a jamais cherché à se séparer du judaïsme, et ses disciples ont dans un premier temps été considérés comme une secte juive parmi d'autres. La séparation des christianisme d'avec le judaïsme est progressive et peut être lue en partie comme une conséquence de la crise d'identité qui traverse le judaïsme Ie et IIe siècles qui se traduit entre autre par les révoltes contre Rome auxquelles ne prennent pas part la secte des nazaréen[120], et qui entraîne la disparition de la plupart des courants du judaïsme suite à la destruction du Temple en 70 [121]. La diversité des pratiques juives se réduisant au seul néo-pharisianisme, c'est alors qu'être juif devient vivre en conformité avec l'enseignement des sages pharisiens, ce qui devient incompatible avec l'observance de l'enseignement de Jésus, comme le souligne Ignace d'Antioche[122].
Selon l'école traditionnelle et même dans l'apologétique récente[123], cette séparation serait esquissée dès les premières dissensions apparues au cours d'une réunion décrite dans les Actes des Apôtres, qui sera nommée rétrospectivement le premier concile de Jérusalem, réunion qui admet l'adhésion des non-juifs sans les circoncire, et écarte de fait l'application littérale des lois mosaïques au moins pour les prosélytes (voir Christianisme ancien).L'histoire de la séparation se réunit autour de deux pôles selon que l'historiographie est issue de l'une ou l'autre école : l'école européenne considère qu'elle est chose faite avec la Birkat haMinim qui serait écrite en 135 ; l'école anglo-saxonne [124] remarque que bien des cérémonies sont encore communes dans certaines régions (surtout en Orient, mais parfois en Occident) jusqu'au Ve siècle, c'est à dire quand la période des conciles christologiques est engagée.
Le christianisme connaîtra une croissance importante dans ses multiples branches, jusqu'à en faire la religion la plus importante en nombre de fidèles dans le monde au XXIe siècle.
Sources de la vie de Jésus
Les sources de la vie de Jésus ont longtemps reposé essentiellement sur des documents littéraires produits par le christianisme lui-même. Dessiner l'histoire de Jésus s'est ainsi longtemps fait suivant le canevas proposé par les textes canoniques du Nouveau testament, par la Tradition et par certains passages apocryphes qui ont noué la trame de la traditionnelle histoire sainte, laquelle sera la norme pendant des siècles, amplement et spectaculairement relayée et magnifiée par l'iconographie chrétienne. Or les auteurs des Évangiles canoniques n'avaient pas pour objet de livrer une documentation de caractère historique à la postérité mais bien un témoignage de foi[125]à une époque où la notion d'exactitude historique n'existait pas.
La nécessité d'une approche historique et rationnelle de Jésus est apparue au XVIIIe siècle avec Hermann Samuel Reimarus[126] qui voulait « arracher Jésus au dogme chrétien » pour « retrouver le Juif de Palestine » et « le restituer à l'histoire »[127]. Au XIXe siècle, il y eut de nombreux auteurs pour écrire une « vie de Jésus » à visée de reconstitution historique, comme celle, célèbre, d’Ernest Renan en France où l'imagination suppléait souvent au silence des sources. L'ouvrage d'Albert Schweitzer sur l'histoire des vies de Jésus a mis un terme à ce genre de projet.
Certains mythologues ont pensé résoudre les difficultés rencontrées par l'historien en expliquant les Évangiles comme un mythe solaire ou un drame sacré purement symbolique dans une démarche qui ne résiste désormais plus à l'analyse[128]. Si l'existence de Jésus n'est plus guère discutée que par quelques auteurs marginaux, la nature de cette existence reste, quant à elle, elle bel et bien débattue sous différents aspects.
Les textes constituent évidemment des sources d'étude valables à condition de les soumettre à la critique. L’étude des premiers temps du christianisme, l'exégèse de la Bible et des autres textes comme les apocryphes, constituent aujourd’hui une discipline à laquelle contribuent en commun des chercheurs et des universitaires, religieux et laïcs, quelles que soient leurs convictions et leur appartenance religieuse. La plupart des publications actuelles traitant de la naissance du christianisme pointent, outre une meilleure interdisciplinarité, l'important enrichissement de la documentation que les découvertes archéologiques et les nouvelles sources documentaires ont permis depuis le milieu du XXe siècle[129], particulièrement depuis les années 1990.
Sources chrétiennes
Les sources canoniques
Le Nouveau Testament dans son entier est la source la plus complète dont on dispose concernant la vie et l'enseignement de Jésus.
Les Évangiles selon Matthieu, Marc et Luc, qui racontent l'histoire de Jésus d'un point de vue relativement semblable, sont dits synoptiques. L'évangile selon Jean relève lui d'une autre christologie, appelée johannique. Le premier des évangiles a avoir été rédigé semble être celui selon Marc. Les parties communes à Matthieu et à Luc dépendent peut-être, selon certains chercheurs, d'un document plus ancien mais perdu appelé source Q. Dans leur état actuel, les évangiles datent vraisemblablement d'entre 68 et 110[130]. Ils sont le fruits d'un long processus de recueil de paroles et de leur agencement est organisé à la manière d'une Vie (une Vita) à l'antique, qui n'est pas une biographie[131].
Les Actes des Apôtres, vraisemblablement rédigés par Luc autour de l'année 80, retracent les débuts des premières communautés chrétiennes à partir de la Pentecôte qui, pour Luc, préfigurent l'Église universelle[132]. Ils racontent le début de la diffusion de ce qui est alors obscure courant du judaïsme[133], dans certaines parties de l'empire romain, dans une vision centrifuge à contre-courant de l'eschatologie juive centrée sur Jérusalem.
Les Épîtres de Paul, où se trouve le passage qui constitue la mention la plus ancienne du christianisme concernant la mort et la résurrection de Jésus[134], sept autres Épîtres, dites catholiques - c'est-à-dire, alors, adressées à toutes les communautés chrétiennes - et l'Apocalypse forment un corpus qui témoigne de la réflexion des premiers disciples sur Jésus. Leur rédaction prend place entre 50 et 65 mais elles ne fournissent que peu de renseignements sur la vie de Jésus[135]