L'ESPT : l'état de stress post-traumatique
Pour en savoir plus sur l'état de stress post-traumatique (ESPT)
1. Quels sont les symptômes de l'ESPT?
Les symptômes de l'ESPT se manifestent généralement dans le mois suivant un événement traumatisant. En de rares occasions, les symptômes peuvent ne pas se manifester avant plusieurs mois, voire plusieurs années. Les trois symptômes généralement présents sont les suivants : 1) réexpérience de l'événement traumatisant, 2) évitement des endroits ou des situations qui rappellent l'événement ou engourdissement mental suscité par des événements similaires et 3) hyperactivité continuellement suscitée par le souvenir de l'événement.
La réexpérience peut prendre la forme de visions, de pensées ou de retours en arrière très vifs ou de cauchemars liés à l'événement traumatisant. La réexpérience peut se produire le jour comme la nuit; elle peut être déclenchée par un élément évocateur de l'événement, comme une photo ou une image télévisuelle. La réexpérience se caractérise par une détresse physique et émotionnelle intense. Elle s'apparente à cet égard à un accès de panique.
L'évitement et l'engourdissement se traduisent par le besoin de se tenir éloigné, physiquement et psychologiquement, de la scène traumatisante et de tout ce qui rappelle l'événement. Parfois, l'évitement empêche le sujet de se souvenir des éléments importants de l'événement (mais il occulte rarement totalement le traumatisme). L'engourdissement se caractérise par un sentiment de détachement. Les personnes qui souffrent d'ESPT sont souvent convaincues qu'il ne leur reste plus longtemps à vivre.
Les symptômes d'hyperactivité comprennent l'anxiété, les troubles du sommeil, l'irritabilité, le manque de concentration, le fait d'être à cran et de ne pas tenir en place.
Il est également très fréquent que les personnes atteintes d'ESPT se sentent tristes et déprimées. Heureusement, nombre des traitements efficaces contre l'ESPT sont également efficaces contre la dépression.
Références
Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, 4e édition, révision de texte. 2000 American Psychiatric Association, Washington DC.
Foa EB , Keane TM et Friedman MJ (éditeurs). (2000) Effective Treatments for PTSD. Guilford Press. NY (chapitre 2).
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2. Quels sont les traitements physiques de l'ESPT?
Dans la phase aiguë de l'ESPT, le stress peut être soulagé, dans un premier temps, par l'administration temporaire d'un anxiolytique, comme une benzodiazépine, telle que l'alprazolam (Xanax), le diazépam (Valium) ou le lorazépam (Ativan). Les benzodiazépines agissent rapidement, mais elles créent une accoutumance. C'est pourquoi elles ne doivent pas être administrées quotidiennement pendant plus de deux ou trois semaines. Les benzodiazépines à elles seules ne constituent pas un traitement à long terme efficace.
À moyen terme, l'ESPT est habituellement traité par un antidépresseur. Plusieurs études ont montré que les inhibiteurs spécifiques du recaptage de la sérotonine (ISRS) soulageaient efficacement l'ESPT. La paroxétine (Paxil), la sertraline (Zoloft) et le citalopram (Celexa) sont des exemples d'ISRS. Ces agents peuvent être administrés en concomitance avec de la venflaxamine (Effexor). Il faut compter généralement deux à trois semaines pour que les effets d'un antidépresseur se fassent sentir.
Référence
Friedman MJ, Davidson JTR, Mellman TA et Southwick SM Pharmacotherapy (chapitres 5 et 17) Foa EB, Keane TM et Friedman MJ (éditeurs). [2000] Effective Treatments for PTSD. Guilford Press. NY.
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3. Quels sont les traitements psychologiques de l'ESPT?
La psychothérapie, individuelle ou collective, peut s'avérer efficace dans le traitement de l'ESPT. Parmi les diverses psychothérapies, la thérapie cognitive du comportement (TCC) offre le plus grand bienfait. La TCC comprend une évaluation détaillée des craintes du sujet, des mécanismes d'adaptation à acquérir et des réflexions à faire sur certaines situations sociales. Un programme de TCC comprend habituellement de 16 à 20 séances hebdomadaires.
La confrontation des craintes, par exposition directe (in vivo) ou simulée, est un élément important de la TCC. L'acquisition de stratégies pour composer avec le trouble est un élément tout aussi important. Il s'agit notamment d'acquérir une nouvelle assurance par le truchement de diverses mesures pratiques.
Le traitement par désensibilisation des mouvements oculaires et retraitement est plus récent, mais il ne fait pas l'unanimité.
Le débreffage systématique après un événement traumatisant n'est pas nécessairement utile. Des travaux récents indiquent qu'il peut amener le sujet à se concentrer sur l'événement en question et l'empêcher d'aller de l'avant.
Toutefois, chez les personnes visiblement atteintes d'ESPT, la psychothérapie demeure souvent la meilleure façon d'aborder le traitement, suivi des médicaments si nécessaire. Il est recommandé de changer de médicaments si la réponse au traitement est faible ou si les effets indésirables sont intolérables.
Références
Rothbaum BO, Meadows EA, Resick P et Foy DW Cognitive Behavioral Therapy (chapitre 16) Foa EB, Keane TM et Friedman MJ (2000) Effective Treatments for PTSD. Guilford Press. NY.
Expert Consensus Guidelines, LLC, Foa EB, Davidson JRT et Frances A (éditeurs), J Clin Psychiatry 1999;60 (suppl. 16).
Rose S, Bisson J et Wesseley S: Psychological debriefing for preventing post traumatic stress disorder. Cochrane Database of Systematic Reviews. Numéro 3, 2002.
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4. Tout le monde est confronté à une situation traumatisante ou stressante de temps à autre. En quoi l'ESPT est-il différent?
La plupart des gens connaissent un ou plusieurs événements traumatisants au cours de leur vie. Les traumatismes les plus fréquents chez les civils sont les agressions et les accidents effrayants. Le personnel militaire peut être sujet à l'ESPT durant le combat.
La plupart des gens ressentent un stress intense après un traumatisme important. Dans la plupart des cas, le stress s'estompe avec le temps et le soutien des proches. Les personnes sujettes à l'anxiété et à la dépression et celles qui ont été le plus directement touchées par le traumatisme sont les plus susceptibles de souffrir d'ESPT.
L'ESPT diffère du stress normal parce que le traumatisme submerge la victime. Il se distingue également du stress normal par la gravité des symptômes. L'anxiété panique est fréquente. L'intolérance au stress et les cauchemars sont de mise. L'ESPT est diagnostiqué dès que les symptômes perturbent les capacités fonctionnelles normales.
L'ESPT a probablement une assise psychologique qui va au-delà du stress normal. Dans l'ESPT chronique, certaines anomalies peuvent survenir dans la structure du cerveau, comme l'atrophie de l'hippocampe. Des changements ont également été observés dans l'activation du cerveau. On ignore encore si ces changements correspondent à des anomalies caractéristiques de l'ESPT ou s'ils indiquent une vulnérabilité psychologique à l'ESPT.
La plupart des personnes aux prises avec un ESPT sont atteintes de troubles psychiatriques concomitants, comme la dépression ou la dépendance à l'alcool.
Référence
Pitman RK, Shin LM et Rauch SL Investigating the pathogenesis of PTSD with neuroimaging. J Clin Psychiatry 62 (Suppl.),17:47-54,2001.
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5. Les cas d'ESPT sont-ils fréquents?
La prévalence à vie de l'ESPT est de 1 % chez les hommes et de 2 % chez les femmes. Chez les personnes qui ont subi un événement traumatisant, comme une guerre, un viol ou un acte de pédophilie, elle est d'environ 8 % chez les hommes et de 20 % chez les femmes.
Référence
« The Economic Burden of Anxiety Disorders », commandité par l'ADAA et publié dans le Journal of Clinical Psychiatry.
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6. Qu'est-ce qui cause l'ESPT?
Les trois facteurs de risque prédisposant à l'ESPT sont les suivants : 1) des antécédents personnels de maladie psychiatrique, 2) des antécédents familiaux de maladie psychiatrique et 3) un traumatisme remontant à l'enfance.
Référence
Breslau N: Epidemiologic studies of trauma, post traumatic stress disorder and other psychiatric disorder; Can J Psychiatry 47;10:923-929.
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7. L'ESPT est-il une maladie héréditaire?
L'ESPT n'est pas héréditaire. Par définition, une « expérience traumatisante » est indispensable pour qu'il soit question d'ESPT. En revanche, certains facteurs qui rendent un sujet vulnérable à l'ESPT sont héréditaires. Les personnes présentant des antécédents personnels ou familiaux de maladie psychiatrique peuvent être plus vulnérables.
Référence
Offord DR et al. One-year prevalence of psychiatric disorder in Ontarians 15-64 years of age. Can J Psychiatry 41;559-563,1996.
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9. Qu'est-ce qui peut causer des symptômes similaires?
Les accès de panique occasionnent de nombreux symptômes qui ressemblent à ceux de l'ESPT, surtout l'hyperactivité et la crainte excessive. Toutefois, la principale crainte pendant un accès de panique est celle de la paralysie imminente causée par l'anxiété. Chez les personnes atteintes d'ESPT, la principale crainte concerne la survenue d'un autre événement traumatisant.
La préoccupation de la perte, les rêves perturbateurs et l'instabilité émotive accompagnent souvent le deuil. Le deuil peut prendre des proportions anormales. Il est alors question de réaction de deuil pathologique, un état qui peut se transformer en dépression.
Pour obtenir de plus amples renseignements sur le sujet :
Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, 4e édition, révision de texte. 2000 American Psychiatric Association, Washington DC.