la Clinique d’Aufréry (Haute-Garonne) est la première en France à proposer une prise en charge psychoéducative des troubles bipolaires (selon la méthode de Bauer et McBride).
http://www.uncpsy.fr/prise-en-charge/pathologies/troubles-bipolaires
Les troubles bipolaires
Structure
- Définition
- Caractéristiques
- Causes et facteurs de risque
- Conséquences
- Prise(s) en charge
- Chiffres clés
- Contacts référents
- Annexes
Définition
Au sein des maladies mentales, les troubles bipolaires (TB) relèvent de la catégorie des « troubles de l’humeur ». Ils se définissent par un dérèglement de l’humeur cyclique avec des phases à polarité maniaque, caractérisées par une euphorie et une excitation, et des phases à polarité dépressive. Entre ces épisodes, le sujet est le plus souvent d’humeur normale. La dénomination « troubles bipolaires » est plus proche de la réalité clinique que celle, autrefois en usage, de « psychose maniaco-dépressive ».
Caractéristiques (fréquences)
- Les TB concernent autant les femmes que les hommes sans distinction ethnique ou socio-économique marquée.
- Ils débutent le plus souvent chez l’adulte jeune (entre 15 et 24 ans).
- Les TB sont classés selon l’âge d’apparition des premiers symptômes :
- - classe 1 : âge moyen de début 17 ans : 41 % des patients. Les formes à début précoce (classe 1) se caractérisent souvent par une plus grande sévérité (plus grand nombre d’épisodes maniaques et plus grande fréquence des troubles anxieux ou de l’alcoolisme associés).
- - classe 2 : âge moyen de début 27 ans : 42 % des patients.
- - classe 3 : âge moyen de début 46 ans : 17 % des patients.
- Il existe plusieurs types de TB selon la fréquence des épisodes maniaques et dépressifs :
- - Type I : alternance d’épisodes maniaques et d’épisodes dépressifs.
- - Type II : association d’un ou plusieurs épisodes dépressifs et d’au moins un épisode hypomaniaque.
- - Cyclothymie : fluctuations de l’humeur évoluant depuis au moins 2 ans avec alternance de nombreuses périodes hypomaniaques et dépressives.
- - Troubles bipolaires dit « non spécifiés » (formes cliniques non insuffisamment spécifique pour être classé en Type I ou Type II). L’évolution dira de quel type de TB le sujet est atteint.
- - Troubles bipolaires à « cycles rapides » : plus de 4 épisodes aigus (maniaques ou dépressifs) par an.
Causes et facteurs de risque
Les TB constituent une maladie à part entière et non une simple faiblesse psychologique. Comme pour l’ensemble des maladies psychiatriques, les TB ont une origine multifactorielle :
- génétique (risque de transmission familiale des troubles de l’humeur de l’ordre de 10 % chez les apparentés de premier degré, soit un risque 10 fois supérieur à celui rencontré dans la population générale),
- psychologique (instabilité émotionnelle, hypomanie et tempéraments cyclothymiques),
- environnementale (événements stressants et événements perturbants la vie quotidienne).
Les TB sont fréquemment associés à d’autres troubles psychiques qui viennent les aggraver et influencer notablement leur évolution :
- les comportements addictifs (alcoolisme 42 % ; cannabis 16 %) ;
- les troubles anxieux (trouble panique 20 % ; phobie sociale 16%).
Conséquences
Elles concernent le sujet lui-même mais aussi ses proches et plus largement la société :
- - Problèmes conjugaux, séparations, divorces plus fréquents.
- - Adaptation socio-professionnelle perturbée (51 % des sujets souffrants de TB n’occupent pas d’emploi rémunéré ; 22% travaillent à temps partiel ; 11% ont un emploi rémunéré à temps plein).
- - Augmentation du risque d’acte médico-légal (délit ayant des répercussions légales, juridiques ou judiciaires) lié aux épisodes maniaques.
- - Risque de suicide important (15 fois plus élevé que celui de la population générale). 30 % des sujets bipolaires ont déjà commis une tentative de suicide dans le passé.
- - Coût élevé pour la santé publique (consommation de soins ≤ coûts indirects) : en France, on évalue le coût annuel des hospitalisations pour épisode maniaque à environ 1,3 milliards d’euros (coût moyen du traitement dans un hôpital parisien 22 297 euros dont 98, 6 % sont consacrés aux frais d’hospitalisation).
Prise(s) en charge
Un traitement de régulation de l’humeur (thymorégulateur) et un encadrement psycho-éducatif individuel ou de groupe sont les deux axes essentiels de la prise en charge des troubles bipolaires.
Les obstacles au bon usage des soins
- - Les délais d’accès aux soins sont souvent longs et les retards diagnostics fréquents : il faut compter plusieurs années – entre 8 et 10 ans en moyenne – entre les premiers symptômes, la première consultation et le diagnostic de bipolarité !
- - La principale difficulté du diagnostic est de dépister les TB lorsque le patient est en phase dépressive. Le risque est alors de considérer que le patient souffre de dépression. La prescription d’un antidépresseur l’expose alors au risque de virage de l’humeur (déclenchement d’un épisode maniaque) en l’absence d’un traitement thymorégulateur. Les virages maniaques peuvent aussi être induits par une consommation excessive d’alcool.
Les bénéfices des mesures psychoéducatives associées aux thymorégulateurs
- - Les patients bénéficiant de séances psychoéducatives présentent moins de récidives, sont moins fréquemment et moins longtemps hospitalisés.
Chiffres clés
- Environ 1% de la population générale de plus de 15 ans souffre d’un trouble bipolaire soit près de 500 000 personnes en France
- Les troubles bipolaires débutent le plus souvent entre 15 et 24 ans
- 6ème cause de handicap dans le monde (OMS)
- La fréquence des conduites addictives chez les sujets bipolaires est 6,6 fois supérieure à celle d’un individu de la population générale
- 30 % des sujets bipolaires ont fait une tentative de suicide et 10 % décèderont de suicide
- Un retentissement socio-familial (25 % des sujets bipolaires vivent en couple) et socio-professionnel (60 % sont sans situation professionnelle stable)
Contacts référents
Au sein de l’Uncpsy
Parmi les 160 cliniques psychiatriques privées de France, la Clinique d’Aufréry (Haute-Garonne) est la première en France à proposer une prise en charge psychoéducative des troubles bipolaires (selon la méthode de Bauer et McBride). L’objectif est d’améliorer la capacité de gestion de la maladie et de ses conséquences fonctionnelles, en complément du traitement pharmacologique et de l’accompagnement psychothérapeutique.
Associations référentes
Argos 2001 www.argos2001.fr
Association d’aide aux personnes avec un « Etat limite » www.aapel.org
Association de personnes atteintes de troubles bipolaires ou de dépression www.association-atb.org
Annexes
La prise en charge psychoéducative des troubles bipolaires (selon la méthode de Bauer et McBride) à la Clinique d’Aufréry, (Haute-Garonne)
Deux médecins de la clinique, les docteurs Michel Frexinos et Raphaël Giachetti, ont mis en place depuis mai 2004 une prise en charge psycho-éducative ambulatoire qui repose sur le modèle de Mark S. Baeur et de Linda Mc Bride. Ce programme vise à améliorer la capacité de gestion de la maladie et ses conséquences fonctionnelles ; il s’organise en 2 phases :
La première phase consiste en cinq sessions de deux heures, par groupe fermé de six à huit patients. Le but principal est d’aider à mieux comprendre la maladie, avec les caractéristiques et les difficultés propres à chaque individu. Chaque séance repose sur l’interactivité entre le groupe et les animateurs, ainsi qu’entre les patients eux-mêmes. Un canevas très structuré et précis est proposé pour chacune des séances. Le patient établit un profil personnel de dépression, de manie et des stratégies d’adaptation au trouble selon le modèle « coût-bénéfice ».
La seconde phase vise à accompagner chaque participant dans la réalisation d’objectifs personnels qui ont été jusqu’alors entravés par la maladie et de réitérer et renforcer les compétences développées en Phase 1.
Le groupe est semi-ouvert, le nombre de séances est déterminé par la progression vers l’objectif fixé.
Le patient identifie un « Objectif Général », le fractionne en « Objectifs Secondaires » pertinents et réalisables, pour ensuite construire les « Etapes Comportementales » vers chaque objectif.
Des ateliers visant à réanimer des secteurs de fonctionnement perturbés par l’envahissement de la pathologie sont proposés : créativité, gymnastique, psychomotricité, relaxation et Internet.
Enfin, des conférences d’informations ouvertes aux proches, aux associations et aux patients complètent le programme.