La complexité de la catégorie BP II

 

La complexité de la catégorie BP II

1/01/2008

Bipo / Cyclo > Bipolarité adulte > Hypomanie / Manie

Soyons claires : Le trouble BP-II n’est pas simplement une alternance de dépressions avec des hypomanies.

C’est la définition pure et simple du DSM-IV et des experts de ce domaine. Si on se cantonne à cette définition, il suffit de certains épisodes dépressifs avec au moins un épisode d’hypomanie pour parler de "BP-II". Donc, si le médecin rate la présence de l’épisode hypomaniaque, il ne reste qu’à retenir celle de la dépression. Et tout le débat est de savoir comment améliorer le dépistage de l’hypomanie (épisode de 1 à 4 jours) !


Quand le trouble BP-II survient à un âge précoce, le trouble est plus complexe, la sévérité des épisodes plus importante ainsi que la comorbidité plus fréquente. De plus, la réponse au traitement est moins favorable et le pronostic plus réservé (MacMahon, Engstrom, Sachs ).


Un travail fait en collaboration avec Franco Benazzi, sur 506 patients, a montré une grande fréquence de diverses formes de désinhibition aussi bien chez les bipolaires de type II que chez les patients souffrant d’un épisode dépressif majeur (Akiskal et Benazzi 2003). D’autres études (qui ne sont pas publiées elles non plus, une allemande et une italienne) ont retrouvé les mêmes résultats. Une étude prospective sur l’évolution de 559 cas d’épisodes dépressifs majeurs vers une bipolarité de type II, a été faite aux Etats-Unis et publiée en 1995 (Akiskal et al 1995). L’étude montre que les patients qui évoluent vers un trouble bipolaire de type II sont plus jeunes, ont plus de récurrences dépressives, ont plus de ruptures maritales, ont des scores plus élevés d’anxiété phobique, de sensibilité interpersonnelle et d’énergie ou d’activité pendant la journée, et ont plus d’éléments borderline. Et surtout, ils ont une plus grande labilité de l’humeur. La labilité de l’humeur doit toujours faire penser à une bipolarité. La phénoménologie de la bipolarité n’est pas seulement thymique, elle a des aspects anxieux, des aspects de personnalité et des aspects de tempérament. C’est très important de s’en souvenir. En termes de fréquence de la maladie et de sa gravité, il apparaît que la bipolarité de type 1, qui est cliniquement la plus grave, est la moins fréquente (environ 1% de la population), alors que la bipolarité de type II est moins grave et plus fréquente (elle concerne jusqu’à 5% de la population). Quand la définition utilise comme critère de sélection une durée d’excitation d’au moins 2 jours (comme Baillarger), la fréquence de la bipolarité de type II est bien supérieure à celle qui utilise le critère de 4 jours (comme dans le DSM-IV). Les pathologies du tempérament et la cyclothymie sont plus fréquentes que la bipolarité de type II (Akiskal et al 2003). Il existerait ainsi plusieurs phénotypes de bipolarité, avec des chiffres prévalence qui sont susceptibles de varier non seulement en fonction du support génétique, mais aussi probablement en fonction d’autres facteurs, liés à l’environnement.

 

Au total, Trouble BP-II n’est pas synonyme d’atténué, de léger ou de bénin. Le trouble BP-II est même plus complexe que le trouble BP-I et plus sévère dans le sens où le diagnostic n’est pas aussi évident que le BP-I. Le trouble BP-II est plus précoce (plus d’impact sur le développement et la scolarité), plus récurrent, plus suicidaire et plus comorbide que le BP-I.

 

Références

  • Benazzi F. Bipolar II disorder. CNS Drugs, 2007 ; 21 : 727-40.
  • Vieta E, Suppes T. Bipolar II disorder : arguments for and against distinct diagnostic entity. Bipolar Disord 2008 ; 10 : 163-78.


14/05/2013
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