LES CHAMPS

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LES CHAMPS

je sors dans la rue du village, suis happé par une force.

Une haute et lointaine colline domine le paysage,

et il faut traverser les champs pour s'y rendre.

Les maisons vieilles comme le temps défilent sur mes pas.

La rue n'en finit plus de finir.

c'est une rue de traverse qui ne mène nulle part.

Enfin j'arrive à la fin. Après c'est le vide, l'inconnu.

La dernière maison me rassure.

j'imagine ses occupants, blottis près de la cheminée.

Cette vision me réchauffe.

Devant ce sont les champs, presque à l'infini,

comme un appel du vivant..

Les couleurs me gifflent en arrivant.

du pourpre, de la terre de sienne, du rouge, mille couleurs..

Les sillons luisent sous le ciel, comme si la pluie était passée..

Sensation qui ondule, serpents qui s'entrecroisent.

L'odeur des terres me serre les poumons.

je m'avance et la foule aux pieds.

je m'enfonce dans la terre molle.

Sensation de marcher sur une chair.

J'ai envie de me baisser, de me rouler dans les sillons.

De m'enfoncer en terre.

Cette terre qui exale une sorte de désir. Je suis troublé.

La terre me colle aux pieds. J'ai l'impression de faire du sur-place.

Je suis maintenant au milieu des champs.

Je m'arrête. Je fais un tour sur moi-même,

et regarde en arrière.

J'ai la sensation d'avoir foulé le monde.

Tout a l'air lointain, le village, la rue, le reste du monde.

Je suis entre le village et la colline, seul.

Je sens l'air qui résonne. J'ai peur que le champ m'avale entier.

Je suis pétrifié un instant, puis me retourne. Je regarde la colline.

Pourtant immense, elle a l'air si loin.

Je suis seul. Pétrifié par les couleurs, les odeurs.

J'ai envie de rester là. Pour profiter à jamais de l'instant.

Le temps se dilate. La terre monte à moi. Ma tête me tourne.

J'ai du mal à reprendre mes esprits.

J'ai la sensation que le monde soudain m'appartient.

Impression d'avoir conquis un monde inconnu.

Je fouille du regard les mottes de terre qui m'entourent,

pour y déceler une trace de vie.

Les sillons vibrent sous moi, comme des cordes au vent.

Je n'ai plus peur maintenant. Un peu tout de meme.

Quelque chose s'est passé.

La terre m'a sussuré. Dans un murmure.

Je reprends lentement mon chemin, à travers les champs,

vers la haute colline.

Je ne sais pas si je vais pouvoir y arriver.

Elle est si loin, et je suis si petit. Si petit...



07/08/2007
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