LES ENFANTS, LE STRESS ET LA RENTRÉE SCOLAIRE

 

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LES ENFANTS, LE STRESS ET LA RENTRÉE SCOLAIRE

Neuf façons d'aider vos enfants

Par Marie Bérubé, psychologue

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À la fin du mois d'août, quand le rythme estival décontracté se transforme en course folle, nous devons maintenant planifier le retour de nos enfants à l'école. Si de nombreux adultes éprouvent des difficultés à s'adapter aux multiples changements et aux exigences de l’horaire, il n'en est pas autrement des enfants qui, trop souvent, ne savent pas comment gérer leur stress. Quelles sont les sources de stress chez l'enfant, ses conséquences et comment pouvons-nous, comme adultes, les aider à y faire face? Voilà les questions auxquelles nous répondrons dans cet article.

Le stress est une réponse innée de l’organisme visant à assurer sa survie. Si un niveau optimal de stress est nécessaire, que se passe-t-il si on dépasse ce niveau ? Le stress se définit parfois par l’agent qui le provoque, et devient ce qui nous tend, ce qui nous écrase. Il peut désigner aussi ce sentiment d’être dépassé, effrayé, par toutes les pressions et les demandes que nous subissons, et que nous ne sommes plus capables de traiter.

Beaucoup d’adultes, de parents, croient que les enfants n’ont pas de vrais défis à relever, justement parce qu’ils ne sont que des enfants et, par conséquent, qu’ils n’éprouvent pas de stress. Rien n’est plus faux. Le stress est toujours présent dans le développement, car grandir confronte toujours avec la nouveauté et l’inconnu. Nous vivons tous avec un certain stress, les enfants aussi, et parfois le niveau optimal est largement dépassé. De nombreux enfants d’âge scolaire ont de sérieux problèmes de stress et ce de plus en plus tôt. Notre monde, en constante évolution, place les jeunes devant beaucoup plus de défis qu’autrefois.

Tout comme les adultes passent une partie importante de leur vie au travail, les enfants passent aussi plusieurs heures par jour à la garderie ou à l’école. Cette dernière est génératrice d’exigences particulières et stressantes: les études, les examens, les activités parascolaires, les pressions aux performances académiques, les relations avec les pairs et les professeurs. Sans compter les autres sources de stress à la maison qui s’ajoutent à ces pressions. L’estime de soi d’un enfant est grandement sollicitée à travers toutes ces exigences et ces problèmes.

Il est important de réaliser que ce ne sont pas tous les enfants qui peuvent verbaliser spontanément leurs sentiments et leur stress, leur peur de l’échec, leur solitude, leur vulnérabilité, leur peur du rejet et leurs autres préoccupations personnelles. En fait, il est assez rare qu’ils le fassent. Nous devons également nous rappeler que la plupart des enfants manquent de moyens pour faire de l’ordre et relativiser leurs sentiments. De plus, les sources de stress varient suivant les enfants. Par exemple, la première journée d’école peut être éprouvante pour certains, et pas du tout pour d’autres. Il en va de même d’autres situations comme l’anticipation d’une fête d’anniversaire, le nombre de personnes rencontrées à la fois, le bruit ambiant, la naissance d’un autre enfant dans la famille. Autant de situations qui peuvent générer de la joie et de l’excitation comme de la crainte ou de l’anxiété.

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Les principales sources de stress

Le monde d’aujourd’hui, continuellement en mutation, est pour les enfants beaucoup plus inquiétant qu’il ne l’était autrefois. Il offre quantité de stimulations nouvelles, mais aussi beaucoup d’insécurité. Les séparations et les divorces constituent toujours un traumatisme important pour les enfants et une menace à leur sécurité. La structure de la famille élargie (grands-parents, oncles, tantes, cousins, cousines) est moins présente. Plusieurs familles déménagent chaque année, ce qui signifie la perte des amis, un nouveau quartier, une nouvelle école. Les deux parents travaillent à l’extérieur, ce qui exige des enfants plus d’autonomie et de responsabilités. Le phénomène de la violence dans la famille n’est pas sans déranger les enfants qui en sont témoins ou objets.

À ces causes viennent s’ajouter les pressions et les exigences propres de la vie scolaire, les standards de réussite et même les activités sportives ou artistiques à l’intérieur desquelles, plutôt que la détente escomptée, on retrouve encore des demandes exagérées de performance. Si la famille ne peut pas, ou ne peut plus répondre aux demandes de soutien de l’enfant, où ce dernier peut-il trouver l’écoute, le support, l’aide dont il a besoin pour se comprendre lui-même et faire face à la musique? La plupart se tournent alors vers leurs amis, qui ne peuvent offrir ce qu’ils recherchent, car trop souvent, ils sont aussi stressés qu’eux et tout aussi inconscients de la signification des symptômes qu’ils éprouvent.

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Comportements et attitudes qui révèlent un problème

C’est souvent dans leurs comportements que les enfants vont exprimer leurs problèmes. On appelle « acting out » ces manifestations ou ces conduites inadaptées. On assiste alors à de l’irritabilité, de l’agitation, ou même des comportements violents antisociaux dirigés contre des objets ou contre les autres. Parfois, il y aura régression, c’est-à-dire retour en arrière à des comportements plus jeunes. L’enfant peut, par exemple, recommencer à sucer son pouce, pleurer ou se plaindre fréquemment.

Il peut avoir tendance à être malade plus souvent, se plaindre de maux de ventre ou de tête au moment de partir pour l’école. Il peut avoir un sommeil plus agité, faire des cauchemars, présenter des problèmes d’appétit, être plus irritable. Sa concentration est souvent faible, il est distrait, absent. Ces symptômes ne sont jamais là pour rien. Ce sont toujours des réactions à des événements ou à des circonstances particulières. Tant que les conditions qui les ont provoquées persistent, il est risqué qu’elles deviennent chroniques.

La plupart du temps, les adultes ne lisent pas le message correctement, et vont soit punir, soit faire la morale, pour faire cesser le comportement indésirable, ce qui isole davantage l’enfant et engendre un cercle vicieux: de plus en plus de conduites inappropriées et davantage de punitions de la part de parents et de professeurs bien pensants.

Les enfants sont beaucoup plus sensibles que les adultes au rejet ou à l’approbation. Devant une réponse inadéquate du parent, les stresseurs se transforment petit à petit en peurs et en véritables phobies.

Tout semble indiquer que les garçons sont plus sujets à ces réactions au stress que les filles, peut-être à cause des normes culturelles qui mettent davantage de pression sur les garçons, les incitant à être braves et forts pour ne pas pleurer ni exprimer leur détresse.

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Neuf façons d’aider vos enfants à gérer leur stress

Lorsqu’on demande aux enfants comment ils pourraient bien s’y prendre pour résoudre un conflit, ils nous démontrent par leurs réponses qu’ils peuvent trouver des stratégies intéressantes, du moins de façon cognitive, pour gérer leur stress.

Certains affirment qu’il faut pouvoir en parler à une grande personne. D’autres parlent d’évitement, de se distraire en pensant ou en faisant autre chose. Certains n’ont d’autres ressources que les pleurs ou la tristesse. Quelques-uns croient qu’il faut s’imaginer ce qu’il faudrait faire ou encore se défouler sur les objets ou les autres. Toutes les stratégies des enfants ne sont pas mauvaises. Certaines cependant ne règlent rien et les enfants eux-mêmes sont prêts à l’admettre.

Il est très important d’aider adéquatement ces enfants, d'autant plus que les bonnes stratégies pour gérer le stress tendent à se maintenir dans l’âge adulte. Dans la mesure où un moyen est efficace, il est maintenu. Il s’agit donc, dans un premier temps, d’identifier les mauvaises stratégies, et de les transformer en moyens adéquats et socialement acceptables.

  1. Se maîtriser. Pour aider un enfant stressé, il faut d’abord maîtriser sa propre anxiété. Les enfants sont très réceptifs au stress des parents et l’anxiété se communique très facilement.
  2. Être à son écoute. Le support familial est la principale source d’aide pour montrer à un enfant à gérer son stress. D’abord, il faut aider l’enfant à reconnaître ses propres signaux qui lui démontrent que son stress n’est plus contrôlable (insomnies, brusques changements d’humeur, boulimie, tics nerveux, maux de tête). Parler diminue la pression. Lui montrer qu’il n’est pas seul, lui laisser voir que vous éprouvez parfois des pressions semblables. L’aider à exprimer ses angoisses. Discuter avec lui de l’école, de ses apprentissages, de ses amis. L’écoute active renforce la relation parent-enfant. Visiter son école, rencontrer ses professeurs et les autres parents. Cela vous permettra de voir le problème avec ses yeux et votre enfant sentira que vous vous préoccupez vraiment de lui.
  3. Ne pas minimiser le problème de l’enfant. Les adultes ont tendance à minimiser les problèmes de l’enfant. Ce qui importe, ce n’est pas la signification qu’ils revêtent pour nous, mais la souffrance réelle de l’enfant. Même si ses problèmes vous semblent insignifiants, ils sont très réels et significatifs pour lui. Il ne faut jamais rire de lui, le ridiculiser ou être indifférent à ses peurs. Cela ne veut pas dire d’être totalement investi dans ses difficultés, mais d’être ouvert et disponible. Il ne faut ni ignorer, ni surprotéger.
  4. Modifier sa routine. Il convient parfois de faire quelques changements dans ses habitudes pour que l’enfant puisse relaxer et prendre part à des activités plaisantes. Le retour à l’école n’est peut-être pas le moment idéal pour étudier ou faire ses devoirs.
  5. Bien le préparer. Une bonne préparation à la rentrée scolaire, ou à toute autre situation nouvelle permet de diminuer l’anxiété. Une situation connue est déjà moins anxiogène.
  6. Du temps pour « décompresser ». Réserver des moments pour jouer et se reposer (bonnes habitudes de sommeil). L’encourager et l’accompagner dans des activités physiques qui diminuent la tension (natation, jogging, bicyclette, ballon panier, etc.) 2 à 3 fois par semaine. Avec certains enfants, cependant, mieux vaut éviter les activités sportives ou artistiques parascolaires parce qu’elles sont trop souvent bâties sur le modèle performant de l’école.
  7. Développer sa confiance. Il est important de permettre à votre enfant de participer à la solution du problème. Suggérez, guidez, mais laissez-le décider. Souvenez-vous que le problème n’est pas le stress lui-même, mais comment votre enfant y fait face. Construire sa confiance en lui-même est plus important que supprimer les causes du stress. Lire avec lui de bons livres sur le stress, des livres écrits en fonction de son âge. Ces lectures lui permettront de mieux comprendre ce qui lui arrive et de trouver des moyens qui s’appliquent à lui.
  8. Apprendre à relaxer. Apprendre, pratiquer et lui enseigner certaines techniques de relaxation. Montrer l’exemple en changeant vous-même.
  9. Demander de l’aide. Si vous êtes incapable d’intervenir, d’identifier le problème, de l’alléger ou de soutenir l’enfant, n’hésitez pas à demander l’aide d’un professionnel.

La gestion du stress et les techniques de résolution de problème sont des habiletés qui s’apprennent. Ce que les enfants peuvent apprendre aujourd’hui au sujet du stress et des frustrations donne un aperçu de la façon dont ils s’y prendront avec ces choses pour le restant de leur vie.

Stress et réussite scolaire

Il ne faut pas confondre apprentissage et développement, performances académiques et réussite. Les enfants doivent surtout apprendre à se bien développer. Les meilleurs parents sont ceux qui favorisent chez eux le sens des responsabilités, qui les aident à devenir des enfants motivés, qui pensent par eux-mêmes et qui sont préparés au monde réel, tel qu’il est. Aucune de ces aptitudes, pourtant, n’est mesurable par les performances académiques. Demandez à n’importe quel employeur le candidat qu’il choisira entre un bon travailleur, qui démontre de la créativité, des habiletés à résoudre un problème et de la motivation, et une personne qui a des bonnes notes à un examen théorique?

Trop de parents mettent énormément de pression pour obtenir de leurs enfants des succès académiques et mesurent leur efficacité parentale par les résultats scolaires et le niveau académique de leurs enfants. Il y a souvent une forte corrélation entre les préoccupations exagérées pour les performances scolaires des enfants et le manque de satisfaction dans sa propre vie. L’enfant devient alors un symbole pour résoudre les frustrations et les échecs des parents.

Plus les parents investissent dans leurs exigences, plus les enfants deviennent rebelles et pleins de ressentiment. Plus les enfants sont poussés au succès, plus le stress augmente. De plus, les enfants saisissent très rapidement que, plus les autres endossent leurs responsabilités et leurs problèmes, moins ils ont à le faire eux-mêmes. Le résultat, ce sont l’apathie, le retrait, la rébellion et la colère.

Il est amusant de constater qu’en général, lorsque les parents relâchent le contrôle, l’atmosphère à la maison est beaucoup plus légère, plus sereine, plus détendue, et les relations avec les enfants s’améliorent grandement. Pousser les enfants ne donne guère de résultats, et cela crée même un nouveau problème qui menace la relation.

Il est plus profitable d’accepter les enfants sans condition, de les soutenir, de les encourager, de récompenser leurs habiletés créatrices, leur confiance en eux-mêmes, leur habileté à résoudre les problèmes, leur sens des responsabilités, plutôt que de se centrer sur la performance à tout prix.

Si un enfant réussit en deçà de ses capacités, il faut lui en parler et l’écouter, mais non lui donner des ordres ou lui faire des demandes démesurées. Si un enfant réclame de l’aide pour un travail scolaire, donnez-la lui - sans faire à sa place - par tous les moyens possibles, mais seulement si vous y trouvez aussi du plaisir. Si un travail n’est pas remis au professeur, il est préférable de rester en dehors de la situation, mais de comprendre et de supporter les doléances de l’école et de laisser l’enfant assumer sa responsabilité.

Si le comportement d’un enfant à l’école est répréhensible, la plupart du temps c’est le signe d’un conflit intérieur. La souffrance peut s’exprimer ainsi. Il est préférable d’être à l’écoute de ces signaux et d’essayer d’en comprendre le sens plutôt que de sévir.

 
 

Comment aider l’enfant préscolaire ?

Quelques conseils pour vos enfants d’âge préscolaire. Le petit enfant (0–6 ans) ne peut ni analyser, ni formuler de plans stratégiques. Seul l’adulte peut le protéger du stress. Le succès dépend donc de l’habileté de l’adulte à reconnaître les signes, à identifier le problème, à écouter, à faire verbaliser, à supporter, à rassurer, à serrer dans ses bras et à démontrer son affection.

Il faut ensuite s’attaquer à la source elle-même. Par exemple, si le stress de l’enfant est en réaction à la garderie, il faut tenir l’éducatrice au courant de votre préoccupation en lui demandant ce qui, d’après elle, peut causer le stress de l’enfant et lui demander de lui offrir réassurance et protection.

Développer parallèlement chez votre enfant une bonne estime de lui-même en verbalisant votre satisfaction, en l’encourageant à utiliser des outils verbaux ou autres adéquats pour faire face à ses difficultés.

Enfin, donner l’exemple. Les enfants apprennent par imitation. Gardez votre calme dans les situations urgentes et les difficultés.

 

Voir aussi notre article: Le stress des parents à l’égard de la réussite scolaire de leurs enfants



31/05/2013
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