Les Sentiers de la gloire

Les Sentiers de la gloire

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Les Sentiers de la gloire (Paths of Glory) est un film de guerre américain de Stanley Kubrick, en noir et blanc, sorti en 1957.

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L'histoire [modifier]

En 1916, tandis que la guerre s'est enlisée depuis longtemps dans les tranchées, le général Broulard incite le général Mireau, qui tient tranquillement son secteur, à donner l'assaut à la «fourmilière», une très solide position allemande, et ce sans renforts ni préparatifs. Repoussé par le feu ennemi, le 701e régiment, commandé par le colonel Dax, doit se replier avec de lourdes pertes.

Le général Mireau décide alors de traduire en conseil de guerre le régiment pour « lâcheté ». Malgré l'opposition de Dax, 3 hommes tirés au sort seront condamnés à mort et exécutés.

Dax avait entre-temps soumis au général Broulard, chef de l'état-major, les preuves que le général Mireau avait ordonné à son artillerie de tirer sur ses propres troupes pendant l'attaque, ordre que les artilleurs avaient d'ailleurs refusé d'exécuter sans confirmation écrite. Broulard révoque Mireau et propose son poste à Dax en croyant que celui-ci avait agi par simple ambition. Dax refuse. Quant au 701ème Régiment, il oublie très vite l'affaire.

Le contexte historique [modifier]

Ce film s'inspire de plusieurs faits réels. Pendant la Première Guerre mondiale, environ 2 500 soldats français ont été condamnés à mort par les conseils de guerre, dont un peu plus de 600 furent réellement fusillés « pour l'exemple » par l'armée pour des motifs divers (abandon de poste, mutilations volontaires, refus d'obéissance, etc.), les autres ayant vu leur peine commuée en travaux forcés.

Stanley Kubrick s'appuie entre autres sur l'affaire des caporaux de Souain où le général Réveilhac aurait fait tirer sur son propre régiment refusant de sortir des tranchées lors d'un assaut impossible, avant de faire exécuter quatre soldats en mars 1915, qui seront réhabilités en 1934. La justice militaire était devenue une justice d'exception depuis des décrets d'août et septembre 1914 : le sursis, le recours en révision, les circonstances atténuantes et le droit de grâce étaient supprimés.

L'épisode du soldat sur une civière qu'on ranime pour le fusiller s'inspire lui d'un autre cas, celui véridique du sous-lieutenant Jean Julien Marius Chapelant exécuté le 11 octobre 1914 après une parodie de procès. Gravement blessé aux jambes depuis plusieurs jours, incapable de tenir debout, épuisé moralement et physiquement, le sous-lieutenant Chapelant avait alors été ficelé sur son brancard et celui-ci posé le long d'un arbre pour qu'on puisse le fusiller. Inhumé au cimetière d'Ampuis où il est né, sa tombe a été honorée par l'Union des mutilés et anciens combattants qui y ont apposé une plaque de marbre portant l'inscription suivante : « Les anciens combattants à leur frère d'armes Jean Julien Marius Chapelant, martyr des cours martiales ».

Le film de guerre n'est pas isolé dans l'œuvre de Kubrick. Fear and Desire (1953), son premier long métrage, était déjà un film de guerre, et de Barry Lyndon (1975) à Full Metal Jacket (1987) en passant par Dr Folamour (1964) ou Spartacus (1960), ses films sont nombreux à mettre en scène des soldats.

C'est un film de guerre mais surtout un film contre l'armée. Il dénonce des rapports sociaux profondément viciés, et la résistance désespérée que leur offrira un individu, le colonel Dax. L'opposition, à la différence du film de guerre classique, ne passe donc pas entre deux camps mais entre les supérieurs et les soldats d'un même camp, les uns jouant leur promotion, les autres leur vie (on ne voit jamais les Allemands). Ce thème sera repris en 1970 par Francesco Rosi dans Les hommes contre.

L'accueil [modifier]

À sa sortie, le film est apprécié aux États-Unis car, au premier degré, la cible explicite est l'armée française, qu'il assaisonne de quelques poncifs bien anglo-saxons : les généraux vivent dans des châteaux (alors qu'en 14-18 ils préféraient les écoles, nombreuses et très pratiques pour installer des bureaux, contrairement à l'armée anglaise très friande de châteaux), passent leur temps dans des soirées mondaines et, dans la conversation, s'appellent par leurs prénoms (absolument impensable : ce n'est que très récemment que l'usage du prénom est sorti chez nous de la famille, sous l'influence des anglo-saxons relayée par la télé). Mais le film est chahuté en Belgique lors de sa présentation le 21 février 1958, et suscite de violentes réactions dans les rangs des anciens combattants français et belges. Le film, retiré de l'affiche, ne ressort que quelques semaines plus tard, une fois l'agitation calmée. Il est soumis à une forte pression française, et interdit en Suisse.

En effet, la France, préoccupée par les événements de la guerre d'Algérie craint le parallèle qui peut être établi entre ces faits anciens et l'actualité. En Algérie, l'armée dispose de pouvoirs très étendus. Le film n’est pas distribué dans les salles françaises bien qu'aucune censure officielle ne soit prononcée, les producteurs s’étant soumis à une autocensure. Les cinéphiles français vont le voir en groupe en Belgique. Finalement, le film ne sort en France que dix-huit ans plus tard, en 1975.

Fiche technique [modifier]

Acteurs [modifier]

  • Kirk Douglas : le colonel Dax
  • Adolphe Menjou : le général George Broulard
  • Ralph Meeker : Paris
  • George Macready : le général Mireau
  • Timothy Carey :Férol
  • Joseph Turkel: Arnaud.

Voir aussi [modifier]

Articles connexes [modifier]

Bibliographie [modifier]

Pour les différents films traitant des fusillés :

  • N. Offenstadt, Les fusillés de la Grande Guerre et la mémoire collective, 1914-1999, Paris, Odile Jacob Poches, 2002. (OCLC 52178050)

Lien externe [modifier]



27/08/2007
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