Pervers narcissique -partie 1

 

Pervers narcissique

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L'expression pervers narcissique est utilisée en psychopathologie pour désigner les individus présentant une personnalité marquée à la fois par un narcissisme exacerbé et des traits de perversion (sous entendue morale), deux concepts psychanalytiques :

  • Le narcissisme, l'amour de soi, est une composante de toute personnalité. Dans la pathologie associée, il est exacerbé ; on parle alors de trouble de la personnalité narcissique : le besoin d'être admiré est constant et associé à un manque de reconnaissance et d'empathie.
  • La perversion, le fait de détourner, est aussi une composante commune de la personnalité de chacun. La pathologie associée correspond à un type de personnalité particulier tendant vers la satisfaction de ses désirs et de ses besoins aux dépends des autres, qui vont être manipulés et dont les besoins sont niés.

L'expression « pervers narcissique » a été popularisée dans les années 1990 par les ouvrages de deux auteurs : Marie-France Hirigoyen, dans son ouvrage très médiatisé sur le harcèlement moral, et le psychanalyste Alberto Eiguer.

Ce diagnostic ne figure pas dans les grandes classifications actuelles, il se rapproche du trouble de la personnalité narcissique et de la psychopathie, sans les recouvrir tout à fait.

De plus, le principe de pervers narcissique tend à assimiler l'individu et le trouble, qui serait alors la perversion narcissique, mais qui n'a pas été défini au préalable en tant que tel. Cette amalgame fait entre une personne et une maladie reflète mal les differents types de pervers narcissiques et les effets induits par ce détournement de l'image de ce qui est soi et de ce qui est autre.

Il est courant de dire que pour accéder à une image de lui-même dont il puisse jouir, le pervers narcissique essaie de faire croire qu'il est autre que lui-même. Pour ce faire, il a des conduites et des modalités relationnelles particulières, visant à assujettir le regard de l'autre à ses besoins, pour tenter d'être vu comme il aimerait être. Le pas est vite franchi pour affirmer que le détournement des réalités peut avoir de graves conséquences pour ses victimes.

Sommaire

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Le profil du pervers narcissique [modifier]

S'il existe des traits stigmatisant la perversité narcissique (dans la mesure où la définition le permet), il faut bien distinguer la personnalité de chacun des tendances pathologiques qui ne sont répertoriées que de façon subjective. Le pervers narcissique souffre d'une irrésistible concupiscence envers ce que les autres sont, ont ou font. Hélas, les incohérences de ses valeurs morales et ses compétences insuffisantes ne lui permettent pas de satisfaire les insatiables besoins qui résultent de son égo surdimensionné. Par dépit et par jalousie, il cherche alors à dénigrer voire à détruire ce qu'il croit aimer et donc posséder. Qu'il y parvienne ou non, il finit par mépriser voire par haïr ceux qui se laissent ainsi maltraiter, comme ceux qui lui résistent. Les premiers car ils perdent toute valeur à ses yeux, les seconds car ils lui rappellent ses propres insuffisances.

Intelligence, niveau culturel [modifier]

Certains ont un très bon niveau culturel. Tous sont intelligents et particulièrement bons psychologues.

Perversions des valeurs morales [modifier]

Leur manque d’état d’âme, de remords ou de problème de conscience peut être si extrême, qu’au début de leur relation avec elles, leurs victimes ne peuvent y croire. Ce manque de scrupules les déroute, les estomaque ou les abasourdit.

En fait, ils ont un total mépris pour toutes lois ou contraintes morales. Leur morale est, le plus souvent, celle de la morale ou la loi du plus fort et/ou du plus rusé, du plus retors. Il y a le plus souvent, dans leur comportement, la banalisation du mal, une certaine « relativisation » de la morale, dans le cadre d’un nihilisme opérationnel, qui peut même être militant. Ils n’ont du respect que pour les gens plus forts qu'eux, ayant plus de pouvoir et de richesse ou plus combatifs qu'eux. Faire preuve d’humanité, de sensibilité est souvent vu par eux comme l’expression d’une forme de naïveté ou de sensiblerie qui n’a pas lieu d’être. Seuls les résultats comptent : « la fin justifie les moyens ».

Le pervers narcissique n'éprouve donc aucun respect pour les autres, qu'il considère comme des objets utiles à ses besoins de pouvoir, d'autorité ou servant ses intérêts. Il fait des promesses qu’il ne tiendra pas, sachant que « Les promesses n’engagent que ceux qui y croient ».

Egoïsme, défense agressive de leurs intérêts [modifier]

Charité bien ordonnée commence toujours par soi-même. Le pervers narcissique sait parfaitement et farouchement défendre ses intérêts et il en a toujours une vision très claire. Son unique objectif est d’obtenir un bénéfice pour sa propre personne. Il essaye de profiter à chaque instant de toute opportunité, de toutes les situations, de toutes les personnes rencontrées - ces personnes étant systématiquement instrumentalisées tant que cela est possible - pour en tirer avantage pour lui. Sa philosophie est toujours utilitariste. Et il sait ménager ceux dont il a besoin : son conjoint, une relation de travail… car même l’être le plus asocial a besoin d’affection, de compagnie, de présence (ne serait-ce que pour se faire admirer) et donc par moments, sera gentil avec son partenaire.

Il n'est « courageux » que quand il est sûr de gagner, et que cela va dans le sens du renforcement gratifiant de son image narcissique. Sinon, il fait preuve d’une extrême prudence et s’abstient de faire preuve de courage. Lors du naufrage du Titanic, il sera le premier à passer, selon les prétextes les plus fallacieux, avant les femmes et les enfants, dans le canot de sauvetage.

Egocentrisme [modifier]

Comme pour les autres narcissiques, tout leur est dû. Le pervers narcissique n'admet aucune mise en cause et aucun reproche Leur loi est celle de leur désir, immédiat, dans l'instant. Tout doit leur céder systématiquement. C’est comme s’ils étaient demeurés, à l’âge adulte, un enfant gâté.

Voici quelques exemples du mode de pensée du pervers narcissique :

· « Je suis génial, je suis fort, je suis au dessus des autres, dans le haut du panier ». · « Les autres ne peuvent pas ne pas m’aimer ». · « Je vais me servir de l'autre pour obtenir ce que je veux, ce à quoi j’ai droit ». · « Je vais m'arranger pour que ma victime se sente coupable afin qu'elle ne m'en veuille pas et qu’elle n’ait aucun désir de prendre son indépendance ». · « Pourquoi aurais-je un problème de conscience, ce n’est quand même pas ma faute si elle est à ce point stupide ou naïve. Je n’y suis pour rien si elle est si naïve ». · « Ma victime me remerciera pour ce que je fais pour elle, ce qui est normal étant donné que c’est vrai, sans moi elle ne serait rien, c’est un honneur que je lui fais ». · « Quand il arrive un problème - même si c’est autrui qui a ce problème -, j’ai de la peine pour moi, pas pour autrui » (ce raisonnement est généralement inconscient).

Une empathie spécieuse [modifier]

Les pervers narcissiques n'aiment les autres que pour les bénéfices qu'ils peuvent en tirer. Dans leur immense majorité, ils ont une conception très réductrice de la notion d'« humanité », et certains sentiments humains leur restent étrangers, peu d'état d’âme, et des affects réducteurs. Ils sont plutôt froids, calculeurs, et peu sensibles à la souffrance d’autrui.

Mais tout en étant, le plus souvent, incapables de les avoir, ils simuleront d’être totalement remplis, en apparence, de bons sentiments humains et d’une sincère empathie pour autrui.

Les pervers peuvent se passionner pour une personne, une activité ou une idée, mais ces flambées restent très superficielles. Ils sont en fait souvent vides d’intérêts, sauf pour leur intérêt immédiat. Ils ignorent les véritables sentiments, en particulier les sentiments de tristesse ou de deuil (pour les autres). Les déceptions entraînent chez eux de la colère ou du ressentiment avec un désir de revanche. Cela explique la rage destructrice qui s'empare d'eux lors des séparations. Quand un pervers perçoit une blessure narcissique (défaite, rejet), il ressent un désir illimité d'obtenir une revanche. Ce n'est pas, comme chez un individu coléreux, une réaction passagère et brouillonne, c'est une rancune inflexible, implacable à laquelle le pervers applique toutes ses forces et ses capacités de raisonnement. Et alors, il n’aura de cesse d’assouvir son désir de vengeance.

La séduction perverse ne comporte aucune affectivité, car le principe même du fonctionnement pervers est d'éviter tout affect. Les pervers, tout comme les paranoïaques, maintiennent une distance affective suffisante pour ne jamais s'engager vraiment. L'efficacité de leurs attaques tient au fait que la victime ou l'observateur extérieur n'imagine pas que l'on puisse être à ce point dépourvu de sollicitude ou de compassion devant la souffrance de l'autre.

Les éventuels dérèglements sexuels ou la « méchanceté » foncière pourraient être les conséquences de cette absence de sentiments et d’empathie pour les autres. Il est possible que le manque d’affect empêche de ressentir l’intégralité des limites morales entre ce qui est permis ou interdit dans la société. Mais ce n’est qu’une hypothèse.

L'absence d'empathie n'est cependant pas toujours présente ; dans certains cas, l'empathie existe bel et bien, mais à un niveau plus élevé que la moyenne, et donc soit refoulée sur des cibles selectionnées (qui ne seront pas les victimes), soit (ou) utilisée pour son entreprise de manipulation.

Haine et agressivité [modifier]

Le pervers narcissique a souvent besoin de haïr pour exister ; c'est une des raisons pour lesquelles il n’est jamais satisfait par quoi que ce soit (les autres, les objets…). La haine peut être chez lui un moteur très puissant de son action et de son comportement. N’arrivant pas à obtenir et jalousant la plénitude ou le bonheur qu’il observe chez l’autre, il en vient à haïr et à détruire ce qu'il aime et recherche intensément. Étant incapable d'aimer, il essaie de détruire, par cynisme, la simplicité de toute relation naturelle et saine.

A cause de leur histoire personnelle, les pervers n'ont souvent pas pu se réaliser. Ils observent alors avec envie ce que d'autres qu'eux ont pour se réaliser. Et ils essaient de détruire le bonheur qu’ils observent auprès d'eux. Prisonniers de leur propre personnage et de l’image, le plus souvent factice, qu’ils présentent à la société - ce qui leur impose de terribles contraintes permanentes -, ils tentent alors de détruire la liberté d’autrui et de lui imposer des contraintes décidées par eux. Il y a, chez eux, une mentalité agressive d’envie, de convoitise, d'irritation haineuse à la vue du bonheur, des avantages d'autrui.

Pour s'accepter et s’affirmer, les pervers narcissiques doivent triompher de quelqu'un d'autre, le détruire, jouissant alors de sa souffrance. Cette perception, de ce qu’ils croient ne pas posséder, est subjective, elle peut même être délirante. Ce sentiment d'infériorité vis-à-vis de la personne enviée et haïe les pousse à chercher à posséder ce qui est convoité. Pour combler l'écart qui les sépare de l'objet de leur convoitise, il leur suffit alors de l'humilier, de l'avilir.

Ils envient la réussite des autres, qui les met face à leur propre sentiment d'échec, sans cesse refoulé, car ils ne sont pas plus contents des autres qu'ils ne le sont d'eux-mêmes. Pour eux, rien ne va jamais. Ils imposent aux autres leur vision péjorative ou négative du monde et leur insatisfaction chronique concernant la vie. Ils cherchent, souvent, à démontrer que le monde est mauvais, que les autres sont mauvais. Personne n’a vraiment grâce à leurs yeux. Agresser les autres est le moyen d'éviter la douleur, la peine, la dépression.

Ils aiment attendre dans l’ombre, masqués. Certains calculent leurs coups ou leur vengeance très longtemps à l’avance, parfois sur plusieurs années (pour eux la vengeance est un plat qui se mange froid et ils aiment à s’en délecter). C’est la raison pour laquelle ils peuvent être redoutables et imprévisibles. Et d’ailleurs, ils sont le plus souvent imprévisibles.

Mensonge [modifier]

Le pervers narcissique est toujours, intérieurement, dans la peau d’un autre, il n'est jamais sincère, toujours menteur. Il peut aussi bien dire la vérité que mentir avec aplomb, d’une façon jusqu’au-boutiste (comme un « arracheur de dents »). Le plus souvent, il effectue de sensibles falsifications de la vérité, qu'on ne peut pas vraiment qualifier de mensonges, et encore moins de constructions délirantes. Mélanger le mensonge, la sincérité et la franchise - ce qui est, pour l'autre, très déstabilisant - fait partie de son jeu.

Derrière cette attitude de mensonge jusqu’au-boutiste, qui paraît parfois suicidaire, se cache, le plus souvent, une attitude de défi à l’ordre social, une façon de montrer qu’il est toujours le plus fort et qu’il contrôle toujours la situation... Même quand il le faudrait, il ne reconnaîtra jamais rien, ni ses mensonges, ni ses torts, même dans les moments cruciaux lors d’un interrogatoire policier, voire d'un procès d’assises.

En revanche, il pourra reconnaître éventuellement un mensonge mineur s’il n'a pas grand chose à y perdre. Mais même l’aveu de ce petit mensonge sera toujours difficile à obtenir de sa part.

Mythomanie [modifier]

Le pervers narcissique a souvent une composante mythomane. Elle est liée à sa propension au mensonge - une composante opérationnelle, consciente, pour parvenir plus facilement à ses fins - et à un besoin de se voir mieux qu’il n'est dans la réalité.

Il aime se mentir à lui-même, sur lui-même. Le déni (de ses défauts, de l'autre) lui permet de « s'aimer » (et de s’aimer toujours plus).

Comme tout mythomane, il ment souvent parce qu'il craint la réaction négative de l’entourage (de dévalorisation, par exemple) qu'entraînerait l'aveu de la réalité et de son mensonge. Sa mythomanie a tendance alors à s’auto-entretenir, sans fin, voire à se renforcer au cours du temps. Il se ment à lui-même, sur sa vraie valeur, sur ce qu’il est réellement. Il sait partiellement qu’il se ment à lui-même, mais en même temps il minimise son propre mensonge sur lui-même. A certains moments, il finit par croire à son mensonge, à d’autres, il a conscience de son mensonge. C’est toute l’ambivalence de la pathologie mythomane.

Un « comédien né » [modifier]

Le pervers narcissique est un « comédien né ». Ses mensonges à force d’entraînement sont devenus chez lui une seconde nature.

Sa palette de personnalités, de personnages, d’émotions feintes est étonnante. L’éventail de son jeu d’acteur est étonnant, infini, sans cesse renouvelé.

Il donne le plus souvent l’image d'une personne parfaitement calme, ne s’énervant jamais.

Intégration sociale et extraversion [modifier]

Le pervers narcissique est en général apprécié au premier abord car il paraît extraverti, sympathique et séduisant. Assez fin psychologue, il a souvent un talent pour retourner l’opinion en sa faveur et emporter l’adhésion à ses idées, même les plus contestables.

Orgueil et Combativité [modifier]

Le pervers narcissique est le plus souvent doté d’une combativité extrême et d’une capacité de rebond remarquable. Sa mégalomanie, son narcissisme, voire sa paranoïa, renforcent cette combativité.

Souvent immensément orgueilleux, voire mégalomane, le pervers narcissique aime gagner, à tout prix, sans fin, et ne peut admettre, une seule fois, de perdre. Il est prêt à tout, même aux coups les plus retords, pour ne jamais perdre. Le pervers est comme un enfant gâté. S’il ne rencontre pas de résistance, il ira toujours plus loin.

À cause de cette stratégie de victoires sans fin il peut parvenir à se convaincre qu’il n’y a pas de valeurs morales positives dans l’univers et qu’il gagnera toujours à agir ainsi.

À la longue cette tendance, qui peut lui assurer une dynamique du succès pendant un certain temps, devient une addiction. Signe de sa mégalomanie, elle la renforce en retour, et l'amène à ne plus pouvoir tolérer la moindre frustration ou contradiction.

Le pervers narcissique adore se valoriser, paraître plus qu’il n’est réellement. Toute atteinte à la haute image qu’il a de lui-même le rend très méchant, agressif. Tous ses efforts viseront alors à rétablir cette image flatteuse qu’il a de lui-même, et ce par tous les moyens, y compris par la destruction du perturbateur, celui qui a commis le crime de lèse-majesté.

Il a une très haute opinion de lui-même. Les autres sont pour lui quantités négligeables - ce sont des larbins, des domestiques, des « peanuts »… -. Il déteste qu’on lui fasse de l’ombre, qu’on se mette en avant, qu’on prenne de l’ascendant sur lui, qu’on lui résiste, qu’on lui dise non. Il a besoin sans cesse de rabaisser autrui, par une petite pique de-ci de-là (untel n’a pas de personnalité, untel est égoïste, untel est ingrat, untel est pingre…).

Sadisme [modifier]

Un plaisir pervers s'éprouve dans la vision de la souffrance de l’autre. Le pervers ressent une jouissance extrême, vitale, à voir l'autre souffrir, à le maintenir dans le doute, à l'asservir et à l'humilier. Étant incapable de relation véritable, il ne peut en établir que dans un registre pervers de malignité destructrice. Les êtres humains ne sont plus pour lui des êtres humains, mais des objets de jeu et de plaisir. Il aime chosifier l'autre, et faire en sorte que sa victime ne puisse jamais s’en sortir, ne serait-ce que pour l'empêcher de témoigner contre lui.

Paranoïa [modifier]

À leur personnalité perverse et narcissique peut parfois se superposer une composante paranoïaque. À force de duper les gens, le pervers se doit d’être de plus en plus secret et d’être de plus en plus sur ses gardes. Il se confie de moins en moins. À un moment clé, il peut se révéler d’une hyper-susceptibilité maladive. Il vit dans une suspicion constante et une prudence extrême, qu’il dissimule profondément. Sa paranoïa apparaît alors décupler son intelligence, lui fournissant alors un extraordinaire regain d’énergie combative.

« Esprit mesquin » [modifier]

On est parfois surpris de découvrir, derrière son apparence généreuse, brillante, très intelligente, un esprit mesquin, terriblement jaloux, rancunier, vengeur, d'une indéniable petitesse morale. Ses buts « nobles » et « généreux » se révèlent alors nettement moins nobles qu’il n’y paraissait au premier abord. Il semble en effet (et c’est ce qui apparaît à l’analyse) aimer se venger discrètement, sans témoin, sans que la victime s’en rende compte et il savoure le plus souvent sa vengeance en solitaire. Et c’est une des raisons pour lesquelles sa conduite peut paraître parfois secrète, indéchiffrable ou déroutante.

Si sa victime lui a résisté et lui a fait un affront, il pourra « s’amuser », par exemple, à lui envoyer une lettre d’anniversaire incompréhensible, à une date éloignée de la date d’anniversaire, cette action incongrue étant à ses yeux une « bonne plaisanterie », dont il sera d’ailleurs le seul à rire ou à jouir.

Ce genre de comportement paraît parfois être l'indicateur d’un début de psychose ou de démence précoce, en tout cas d’une réelle forme de maladie mentale, mais pas nécessairement.

Narcissisme criminel [modifier]

Terme imaginé par Daniel Settelen, psychiatre, et Denis Toutenu, psychiatre, dans leur livre « L'affaire Romand : le Narcissisme criminel », consacré au cas de Jean-Claude Romand, qui décrit la personnalité du pervers narcissique au moment où il passe à l’acte criminel.

Psychogénèse et enfance [modifier]

Selon des thèses psychanalytiques, le pervers narcissique est quelqu'un qui n'aurait jamais été reconnu dans sa personnalité propre. Par exemple il peut avoir été victime d’investissement narcissique important (c'est-à-dire d'une identification projective) et donc été obligé de se construire un jeu de personnalités (factices), pour se donner l'illusion d'exister et être conforme à l’image narcissique réclamé par exemple par les parents.

La pathologie de l'enfant se trouverait induite par les exigences narcissiques (c'est-à-dire la demande de présentation d'une personnalité) de son entourage familial et scolaire. A l'âge adulte, la pathologie du pervers narcissique est le maintien d'une image fausse de lui-même à travers le regard de l'autre, en l'instrumentant (souvent à travers un échange de rôles) maintenant ainsi l'aveuglement de son entourage, et donc sa souffrance de manque de reconnaissance.

On dit parfois que certaines carences affectives dans l’enfance peuvent aussi l’empêcher, à l’âge adulte, d’aimer autrui.

Autrement dit, s'il a pu subir durant son enfance des blessures narcissiques, plus ou moins importantes, ces blessures le pousseront à satisfaire, sans cesse, un énorme désir de reconnaissance ou de revanche. On peut dire alors qu'il a un besoin énorme d'être aimé, reconnu... mais cette reconnaissance étant demandée pour sa personnalité factice ou usurpée, il ne peut atteindre la satisfaction et reste dans la demande d'être alors surévalué, surestimé (mais sans rapport à ce qu'il est réellement).

Il peut être l’enfant surprotégé, chouchouté, le petit dernier (à l’exemple du jeune Abdallâh, des albums de Tintin), statut dont il profite à fond, un de ces enfants qui profitent sans cesse de l'aveuglement de ses parents sur sa véritable nature (en se faisant passer pour le petit malade souffreteux, pour la victime imaginaire des professeurs, du frère ou de la sœur). En particulier l’enfant unique, tant attendu, conçu tardivement…, qu’on dorlote alors d'autant plus. Ou simplement un de ces enfants gâtés, à qui on n’a pas appris à résister à leurs désirs et leurs frustrations.

De fait, le pervers narcissique est sans cesse amer, frustré et accuse systématiquement les autres. À la moindre blessure narcissique, à la moindre frustration il bascule dans la haine et passe à l’acte.

Dès leur enfance, ces pervers sont souvent doués d'une intelligence supérieure à la moyenne, voire redoutable, machiavélique, leur permettant déjà d'élaborer des pièges ou des stratégies très subtils. Tôt, ils peuvent déjà abuser leurs parents et leurs amis. L’enfant, plus intelligent, plus psychologue, que les parents l’imaginent, phagocyte littéralement la mère ou le père (une mère ou un père complice ou bien qui ne se doute de rien), dans une relation littéralement fusionnelle qui empêche les parents d’avoir un recul suffisant.

Sa biographie personnelle (son histoire) est importante à ses yeux car elle justifie, plus que toute chose, sa philosophie de vie et son comportement actuel.

Les pervers narcissiques sont-ils fous ? [modifier]

Selon Marie-France Hirigoyen, « Les pervers narcissiques sont considérés comme des psychotiques sans symptômes, qui trouvent leur équilibre en déchargeant sur un autre la douleur qu'ils ne ressentent pas et les contradictions internes qu'ils refusent de percevoir. ils font mal parce qu'ils ne savent pas faire autrement pour exister. Ils ont eux-mêmes été blessés dans leur enfance et essaient de se maintenir ainsi en vie. Ce transfert de douleur leur permet de se valoriser aux dépens d'autrui. » ("Le Harcèlement Moral", page 126).

En général, on ne les considère pas comme complètement fous, car ils sont capables de maîtriser et de calculer leurs actes. Ils ne sont pas irresponsables en particulier sur le plan pénal. Toutefois la question n’est pas tranchée.

Les psychologues voient éventuellement dans le narcissisme, quand il est excessif, une « maladie », une addiction (le « malade » est parfaitement conscient de sa maladie, mais la minimise, ne peut pas changer ou ne cherche pas à changer), et non une folie.

Au pénal, les pervers narcissiques ne bénéficient généralement pas d’une responsabilité altérée ou atténuée, comme on l’a vu dans le procès de Jean-Claude Romand : Le pervers connaît la loi et il est conscient de ce qu’il fait (simplement, il le fait quand même par défi, par jeu, pour le frisson). Donc il reste responsable de son choix (en tout cas, il semble être responsable pénalement).

Mais le pervers narcissique lui-même se considère souvent comme « irresponsable » de ses actes. Ce qui rappelle la litanie des « ce n'est pas ma faute, et ce n'est pas ma faute … » du Vicomte de Valmont annonçant à Madame de Tourvel qu’il va rompre d’elle dans le roman "Les Liaisons dangereuses" de Pierre Choderlos de Laclos. (lettre CXLI)

Le pervers narcissique ne se considère pas comme malade [modifier]

Le problème, c'est que le pervers narcissique refusant de considérer qu'il a un problème, les thérapies n'ont pas de prise sur lui.

S'il accepte de s'y soumettre (pour pouvoir dire qu'il a fait "tous les efforts possibles"), il va vite considérer le thérapeute comme nul et incompétent et la thérapie comme totalement inutile. Peut-être aussi d’ailleurs a-t-il très peur de découvrir certaines vérités désagréables, sur lui-même (le fait qu’il ne soit pas si magnifique que ce qu’il imagine).

Pour la plupart des témoins de leur comportement étrange, il est très difficile de comprendre les pervers narcissiques car la littérature psychiatrique ne décrit, le plus souvent, que le mécanisme mais pas leurs motivations profondes (comme celle se s’enfermer systématiquement dans un mensonge, ou le fait de sans cesse rebondir d’un mensonge à l’autre). On ne fait que des supputations...



02/05/2008
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