Pourquoi, enfant, je suis comme je suis ?
Pourquoi, enfant, je suis comme je suis ?
1/01/2009
Témoignages > Information-Psychoéducation-Découverte du diagnostic
POURQUOI EST CE SI DIFFICILE POUR MOI D’ECRIRE ?
si cette notion existe vraiment, en plus d’être bipolaire, je pense être neuro-droitière ( je ne sais pas non plus si le féminin existe).
je vois les choses et les événements sur un plan global et je me passionne ensuite pour un détail.
mes associations d’idées aboutissent le plus souvent sur un résultat que les autres qualifieraient d’improbable et j’ai ensuite , vu la complexité d’enchevêtrement d’idées, énormément de mal a exposer une argumentation. En revanche j’ai une très bonne qualité d’écoute dont je me sers pour réfuter les arguments de l’autre et ainsi étayer les miens.
pour chaque réponses a donner j’ai tellement d’idées que je pourrai écrire un nombre très conséquent de pages que d’ailleurs personne ne pourrait comprendre car Il me faut en plus me dépêcher d’écrire pour ne pas perdre l’idée aussitôt remplacée par une autre. Il est donc pour moi presque impossible d’établir un plan.
Alors pour me contrôler j’essaye de me donner un sujet très précis , j’essaye de situer au maximum le contexte et je me réfère a des événements très concrets.
ainsi ce que je vous écris pourra parfois vous paraître hors sujet.
mais j’ai délibérément choisit de n’être pas directe dans l’approche de ma maladie. mes raisonnements seraient incomplets.
je vous propose donc de faire un petit voyage au coeur de mes digressions .
non je vous l’impose car a dire vrai je ne saurai faire autrement.
1988
A l’époque je fréquentais l’école primaire Joliot curie. Une moche école comme ils en ont tant construit dans les années 70.
Une très moche école avec son très long couloir, avec d’un coté de si hautes fenêtres qu’un enfants ne pouvait regarder au dehors et de l’autre de ridicules petits portes manteaux chargés a bloc de sacs a goûter, d’écharpes et de de bonnets. Pendant les heures de cours le temps y était suspendu; pour de vrai ! je le sais !
Une sorte de mystère de l’Atlantide flottait et même l’air avait peur d’y circuler. Arrivé au bout du couloir il fallait monter quelques marches pour atteindre la grosse porte noire , celle avec une plaque dorée ... MR LE DIRECTEUR ... et ça ça collait vraiment les j’tons !
Mais revenons a notre couloir et a ses rangées de portes donnant sur de petites cellules ,appelées salles de classes, donnant elles même sur une cour, non pas de promenade mais de récréation. Ces petits prisonniers jouaient a heures fixes, mangeaient a heures fixent et se rangeaient a coup de sifflet.
Pas de barreaux, pas de chaînes mais un endroit si hermétique que la vie même se demandait si elle avait le droit d’y entrer.
JE DETESTAIS l’école!
Tout et tout le monde me semblait dangereux. Des sources d’angoisse a chaque coin de porte; avoir le bon cahier, aller au tableau, prendre la parole, aller pisser...
J’y étais a portée de main de la moindre injustices qui passerai par lâ . Humilié la plupart du temps de n’être pas écoutée de n’être pas comprises . mon principal problème était que je n’attirais pas les adultes.
J’etais une petite fille discrète et silencieuse, je passais de long moments a chercher une phrase, une idée, un subterfuges pour les aborder.
En revanche avec les autres enfants j’étais très directive voir autoritaire très instigatrices de rondes et autres jeux dont les règles étaient dictées ... par moi ... très esclavagiste en somme ...
mais les adultes, je voulais sans cesse les épater ... et chaque tentative se soldait pas un misérable bégaiement . Ma phrase, celle que j’avais mâchée pendant des heures m’abandonnait. Mes joues se couvraient d’un rouge honteux, mon esprit ne pensait plus , mon esprit scandait " ils te détestent ...", mon esprit criait " tu es idiote...", mon esprit chouinait " j’aurais aimé..."
Mais rien ne sortait.
Les adultes ne jouaient pas , ne discutaient pas , ne rigolais pas avec moi...
Ils fuyaient mes petits doigts moites et tremblants, ils fuyaient mon insistance, ma maladresse ... je ne sais que trop ce qu’ils fuyaient ... et c’était moi!
Dorémy et ma mère étaient en plein divorce, pour le moins difficile , qui a duré des années , parsemées d’insultes et de procès.
Et c’est â cette période que tout a commencé.
MAIS J’ADORAIS l’école tout autant!
Je sentais que les gens ne m’aimaient pas mais le savoir lui m’avait prit sous son aile.
Des félicitations chaque trimestre, des moyennes générales a 19,5 / 20
Première de la classe en CE1
Première de la classe en CE2
Première de la classe en CM1
Oui j’aimais l’école parce que j’y étais la meilleure!
Et c’est la que ma vie a basculée!
Retour de vacances, la classe est silencieuse, Christine mon instit nous demande de sortir nos livres. Un roman qu’elle voulait nous faire lire , l’incroyable invasion de la Sicile par les ours.
Elle me chargea de démarrer la lecture. j’étais premier prix de lecture cet honneur me revenait de droit ;)
Et ce jour la j’ai buté sur le premier mot puis sur le quatrième et sur le suivant ...
J’annonais des successions de syllabes qui n’avaient plus de sens.
" concentre toi marilyne"
Christine avait relevé la tête et me regardait par dessus ses lunettes .
Le calvaire continua pendant plusieurs longues minutes.
"Tu ne sais plus lire ou quoi ?"
Non Christine je ne sais plus lire et je ne sais pas pourquoi .
J’aurais aimé pleurer mais je n’était pas une petite fille pleine de larmes.
La panique .... la panique ... plus aucun sens ... je ne sais plus lire...
Christine demanda a julien mon éternel second de continuer la lecture.
Je lui cédais ma place.
Plus de panique mais une sorte de grand vide, une sorte de grondement lointain qui inexorablement allait se rapprocher.