Psychanalyse - Partie 3
Psychanalyse classique [modifier]
La cure psychanalytique classique comporte déjà un cadre : un divan, et un analyste que le patient ne voit pas. La règles fondamentales structure la situation analytique : l' association libre : le patient doit dire tout ce qui lui passe par la tête.
Le patient formule d'abord un contenu manifeste et le psychanalyste décèle un contenu latent : inconscient. Le psychanalyste fait son travail d'interprétation.
Mais le moyen essentiel de la cure est que le patient développe un transfert envers l'analyste, réédition de relation infantile, que l'analyste interprétera. Simultanément l'analyste pourra constater en lui un contre-transfert, sa propre réaction au transfert du patient sur lui.
La psychanalyse classique a elle-même évolué, du temps de Freud et par la suite. Au début de ces cures, Freud était assis en face du patient, puis il s'est assis de manière à ne plus être vu par le patient, afin d'éviter que des attitudes inconscientes de l'analyste puissent influencer le patient.
Freud considéra, en un premier temps, le transfert comme un obstacle à la cure, avant de se mettre à l'étudier et à l'utiliser. De même, le contre-transfert lui parut d'abord négatif, mais les psychanalystes ont découvert qu'il est le moyen de comprendre mieux le transfert et d'avoir un accès à ses propres réactions inconscientes. Ainsi d'une cure à l'autre, le psychanalyste n'est jamais « identique à lui-même », il évolue par la progressive découverte de son propre inconscient et de la compréhension plus profonde des phénomènes de transfert et de leurs évolutions. Ceci explique la grande difficulté de comparer des cures entre elles, soit menées par des psychanalystes différents soit pour un même psychanalyste d'une période à l'autre. La dimension singulière de l'expérience d'une cure analytique rend pour le moment une approche scientifique classique très réductrice, sauf à considérer de très grands nombres de cure, mais les résultats en seraient de faible apport théorique (les appréciations étant très largement subjectives).
Le patient prend conscience de nombreux fantasmes, notamment à travers l'interprétation du transfert. Il s'agit aussi d'un travail quasi historique sur la biographie (psychique) du sujet.
Le transfert est ensuite liquidé (de nombreuses phases sont décrites dans ce processus) et la phase intense de l'analyse se termine, mais, une fois ce processus enclenché et relativement compris par la personne, l'analyse ne cesse jamais vraiment : elle entre dans les processus habituels de réflexion de la personne affrontée à des difficultés intérieures ou extérieures.
À l'origine de la cure, une personne demande de l'aide à quelqu'un (le psychanalyste) qu'elle suppose savoir pourquoi elle est en difficulté. L'analysant (ce terme est utilisé depuis Lacan, pour marquer que la personne qui engage une cure est active et engagée dans un travail personnel devant le psychanalyste) évoque les divers aspects de sa vie, ses répétitions douloureuses, ses symptômes, ses rêves, etc. L'analyste, dans cette « écoute flottante » préconisée par Freud, va intervenir pour aider l'analysant à aller plus loin, pour mettre en valeur un dire, en reprenant un mot, en ponctuant un silence, en posant une question, en coupant la séance...
Par associations, de manière inconsciente, la biographie, peu à peu, va se dire différemment et les symptômes évoluer de telle sorte que l'analysant saura ne plus leur être soumis et trouver ainsi sa place de sujet dans les divers liens sociaux. En fin de cure, si celle-ci se termine, il aura compris, concrètement, que le sujet supposé savoir n'est pas le psychanalyste, mais lui-même.
Il est important de signaler que le paiement, pour des raisons pratiques, symboliques et thérapeutiques, doit se faire en liquide, à l'issue de la séance. La justification, argumentée, en est que la dette de l'analysant doit être réglée sur le champ, sans la laisser s'accumuler au fil du temps : l'analysant doit être libre d'interrompre sa cure après chaque séance (moyen de marquer que l'analysant n'est pas prisonnier d'un contrat de longue durée, ni dans un groupe de type sectaire).
Psychodrame analytique [modifier]
Le psychodrame de Moreno amena les psychanalystes à remanier ce procédé afin de créer le psychodrame analytique.
Psychodrame analytique individuel [modifier]
- Le psychodrame analytique individuel regroupe un psychanalyste meneur de jeu, un patient et plusieurs analystes cothérapeutes. Le meneur de jeu ne participe pas aux scènes. Le psychodrame comprend plusieurs temps :
- Le temps de l'élaboration de la scène, discours entre le patient et le meneur de jeu ;
- Le temps du jeu, dans lequel prime la figuration y compris gestuelle, l'association libre, et qui se comprend souvent comme transitionnel ;
- Le temps de l'interprétation, dans lequel le meneur de jeu renvoie au patient ce qu'il a mis dans la scène.
- Si le jeu permet une élaboration plus facile, et recommande le psychodrame pour des individus très inhibés ou souffrant de difficultés quant à la représentation, l'interprétation et le transfert latéralisé assurent une thérapeutique spécifiquement analytique.
- Le jeu psychodramatique est souvent comparé aux restes diurnes d'un rêve.
Psychodrame analytique de groupe [modifier]
Il faut distinguer le psychodrame analytique de groupe et le psychodrame analytique en groupe ou un patient se retrouve dans un groupe de deux ou trois cothérapeutes.
Le psychodrame analytique de groupe se fonde sur les mêmes principes que le psychodrame individuel. Il y a « couple thérapeutique » , c'est-à-dire un thérapeute homme et un thérapeute femme, et les patients eux-mêmes se font cothérapeutes. Il y a, éventuellement, un observateur, spectateur hors des enjeux de la scène. Les phénomènes de groupe sont alors particulièrement pertinents (par opposition au psychodrame analytique individuel, dans lequel les phénomènes de groupe sont finalement restreints aux cothérapeutes).
Le rôle des patients définit des indications spécifiques, celles de patients capables d'écouter les autres, d'être sensibles à d'autres problématiques, pouvant participer à des scènes qu'ils n'ont pas construites. Le psychodrame de groupe sera souvent à visée de formation.
Psychanalyse groupale, familiale et de couple [modifier]
La psychanalyse et le groupe [modifier]
« L’inconscient produit partout et toujours des effets contre lesquels les humains ne cessent de se défendre, ou qu’ils interprètent faussement, ou encore qu’ils cherchent à manipuler par des voies obscures pour un profit supposé. »
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- (Cf. Didier Anzieu, Le groupe et l’inconscient, Dunod, 1999)
- Le cadre de la psychanalyse de groupe
Comme dans la cure, « la tâche du sujet est d’exprimer tout ce qu’il pense, imagine, ressent dans la situation, c’est-à-dire de “symboliser” les effets que celle-ci exerce sur lui. La tâche du psychanalyste est de comprendre comme transfert, ou comme résistance au transfert, tout ce que le sujet cherche à signifier dans cette situation. » (p. 9)
Par ailleurs, « une fois énoncées les règles dont le psychanalyste se fait le garant, celui-ci a non pas à veiller en censeur à leur application par le ou les sujets, mais à chercher à comprendre et à interpréter les manquements à ces règles, ou les difficultés de leur mise en pratique. » (p. 11)
Les inconscients des différents membres du groupe sont en interaction : « à tout effet inconscient tendant à se manifester dans un champ quelconque correspond une résistance s’opposant à cette manifestation ». (p. 15) Par exemple, toute tentative d’organisation, autre que les règles minimales prévues par le cadre, a un caractère défensif. Chaque défense est le contre investissement d’une pulsion.
Les deux règles fondamentales de non–omission et d’abstinence sont valables pour le groupe. (p. 16) Les participants énoncent en séance les échanges qu’ils ont eu à propos du groupe en dehors des réunions. De son côté, l’animateur interprétant garantit le respect des consignes et permet « au transfert de se développer sur lui et sur le groupe ». Il communique « à tous ce qu’il a compris. » (p. 17)
- Le groupe en situation
La liberté de parole place chaque participant face à ses désirs refoulés et à l’angoisse de « transgresser l’interdit en les formulant ». (p. 16)
« Personne n’est propriétaire d’aucune place et le moniteur donne lui-même l’exemple en changeant occasionnellement de place d’une séance à l’autre ». (p. 18) « D’un côté les participants engagés dans un processus inconscient de transfert, arrivent à l’élaborer par un travail de symbolisation. De l’autre côté, les moniteurs se dégagent de leur contre-transfert inconscient par un travail d’inter-analyse, et ils saisissent et communiquent le sens du transfert par un travail d’interprétation. » (p. 20)
L’interprétation n’est possible qu’au moment où les échanges du groupe laissent entendre que ses membres sont en train d’accéder à cette symbolisation.
- Repères interprétatifs
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- Le petit groupe est l’objet d’un transfert, en plus des transferts existant des membres entre eux et sur l’interprétant (Pontalis, 1963).
- Le groupe, comme le rêve, est l’accomplissement d’un désir refoulé (Anzieu, 1966).
- Le vocabulaire psychosociologique de dynamique des groupes exprime une attitude défensive envers les processus inconscients du groupe (Anzieu, 1971).
- « L’illusion groupale » est une façon pour le groupe de se constituer en objet transitionnel, pour se départir de la tout-puissance maternelle (Anzieu, 1971).
- L’angoisse dans le groupe est de nature psychotique, elle est accrue dans les groupes non directifs. Elle donne naissance à deux formes principales de résistances : la mise en place d’un leadership et la division en sous-groupes (Bejarano, 1972).
- La production d’une idéologie par un groupe est le signe de la « dénégation défensive d’un fantasme originaire » (Kaës, 1971, 1973). L’autre voie d’élaboration des fantasmes du groupe est le mythe (Kaës, 1971).
- Le groupe présente un « appareil psychique » combinant les mêmes instances que l’appareil psychique individuel, selon des modes de fonctionnement qui lui sont spécifiques (Kaës, 1976).
- Lorsqu’ils se réunissent en groupe large, les psychanalystes n’échappent pas à l’angoisse du déferlement de la pulsion de mort. De surcroît, ils déplacent sur leurs collègues et sur le groupe (l’institution) les pulsions qui ne peuvent pas s’exprimer dans l’espace des séances.
- Deux strates principales de fantasmes à interpréter (hors les fantasmes originaires) :
- Position dépressive ou persécutive à l’égard du groupe vécu comme une mère toute puissante, accompagnée d’angoisses de perdre la mère et d’être détruit.
- Meurtre collectif du père, chasse aux usurpateurs et tabou de l’inceste.
- Le groupe des moniteurs réalise une « analyse intertransférentielle » ou contrôle réciproque (Kaës, 1982).
- Modalités d’interprétation
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- L’interprétation dans le groupe est purement actuelle, fondée sur l’ici et maintenant du groupe (angoisses, défenses, désirs inconscients).
- Elle est adressée à l’ensemble du groupe (et non individuellement).
Psychanalyse des enfants [modifier]
Ethnopsychanalyse [modifier]
- Rébeca Grinberg, Leon Grinberg : "Psychanalyse du migrant et de l'exilé", Ed.: Cesura, 1987 , ISBN 2905709022
Rêve éveillé en psychanalyse [modifier]
Freud donne ce nom à un scénario imaginé à l’état de veille, soulignant ainsi l’analogie d’une telle rêverie avec le rêve. Les rêves diurnes constituent, comme le rêve nocturne, des accomplissements de désir. Leurs mécanismes de formation sont identiques, avec prédominance de l’élaboration secondaire. Comme source commune et modèle normal de toutes ces créatures fantasmatiques, on trouve ce qu’on nomme les rêves diurnes de la jeunesse, auxquels on a déjà accordé dans la littérature une certaine attention même si elle n’est pas encore suffisante. Dans la rue, on reconnaît facilement néanmoins celui qui est pris dans un rêve diurne à un sourire subit, par où il signale le point culminant de la situation dans son rêve. La fonction de perturbateurs du sommeil et de formateurs des images du rêve est assurée par ce qu’on appelle les restes diurnes, processus de pensée investis d’affects, provenant du jour du rêve, et qui ont dans une certaine mesure résisté à l’abaissement générale du sommeil. On découvre ces restes diurnes lorsqu’on ramène le rêve manifeste aux pensées latentes du rêve. Ils sont des fragments de celles ci et appartiennent donc – qu’ils soient conscients ou demeurés inconscients – aux activités de la veille, qui peuvent se poursuivre pendant le temps du sommeil. Correspondant à la variété des processus de pensée dans le conscient et l’inconscient, ces restes diurnes ont les significations les plus nombreuses et les plus diverses. Il peut s’agir de désirs inassouvis ou d’appréhensions, de tentatives pour s’adapter à des problèmes qui surgissent, etc. Dans cette mesure il faut évidemment que la caractéristique dont il s’agit apparaisse justifiée du point de vue du contenu reconnu par l’interprétation. Mais ces restes diurnes ne sont pas encore le rêve, bien plus il leur manque l’essentiel de ce qui constitue le rêve. Ils ne sont pas capables à eux tous seuls de former un rêve. En toute rigueur, ils ne sont que le matériel psychique dont a besoin le travail du rêve, tout comme les excitations sensorielles ou corporelles survenant d’une manière contingente, ou les conditions introduites expérimentalement, forment son matériel somatique. Leur attribuer le rôle principal dans la formation du rêve ne signifie rien d’autre que répéter à une autre place l’erreur préanalytique, qui était de croire que les rêves sont expliqués du moment qu’on a mis en évidence une mauvaise digestion ou une pression sur un endroit de la peau. Tant il est vrai que ces erreurs scientifiques ont la vie dure et sont toujours prêtes, si on les écarte, à revenir subrepticement sous de nombreux masques. Pour autant que nous ayons pénétrer cet état de fait, nous devons dire que le facteur essentiel de la formation du rêve est un désir inconscient, généralement un désir inconscient infantile maintenant refoulé qui peut venir à s’exprimer dans ce matériel somatique ou psychique (donc également dans les restes diurnes) et pour cette raison lui prête une force lui permettant, même pendant la pause nocturne de la pensée, de forcer le passage jusqu’à la conscience. Cette fois l’accomplissement de ce désir inconscient est le rêve, même si celui ci contient par ailleurs, comme toujours, avertissement, réflexion, aveu, et la partie par ailleurs non liquidée du riche contenu de la vie éveillée préconsciente qui se prolonge dans la nuit. C’est le désir inconscient qui donne au travail du rêve son caractère particulier, celui d’une élaboration inconsciente d’un matériel préconscient. Le psychanalyste ne peut caractériser le rêve que comme le résultat du travail du rêve. Il ne peut mettre les pensées latentes du rêve au compte du rêve, il doit le mettre au compte de la réflexion préconsciente, bien que ce soit d’abord par l’interprétation du rêve qu’il ait pris connaissance des ces pensées. En même temps s’ajoute au travail du rêve l’élaboration secondaire opérée par l’instance consciente. On peut en faire abstraction sans rien changer à la conception présentée. On devrait dire alors : le rêve au sens psychanalytique du terme comprend le travail du rêve proprement dit et