Ce trouble touche environ 0.03% de la population. Il apparaît habituellement à l'âge adulte moyen mais peut débuter plus tôt. L'évolution est très variable (il peut s'agir d'un épisode isolé sans rechute ou d'un trouble chronique).
A. Idées délirantes non bizarres (c'est-à-dire impliquant des situations rencontrées dans la réalité telles que : être poursuivi(e), empoisonné(e), contaminé(e), aimé(e) à distance, ou trompé(e) par le conjoint ou le partenaire, ou être atteint(e) d'une maladie), persistant au moins 1 mois.
B. N'a jamais répondu au critère A de la schizophrénie (voir Qu'est-ce que la schizophrénie ?). NB: des hallucinations tactiles et olfactives peuvent être présentes dans le trouble délirant si elles sont en rapport avec le thème du délire.
C. En dehors de l'impact de l'idée (des idées) délirante(s) ou de ses (leurs) ramifications, il n'y a pas d'altération marquée du fonctionnement ni de singularités ou de bizarreries manifestes du comportement.
D. En cas de survenue simultanée d'épisodes thymiques (dépressifs ou maniaques) et d'idées délirantes, la durée totale des épisodes thymiques a été brève par rapport à la durée des périodes de délire.
E. La perturbation n'est pas due aux effets physiologiques directs d'une substance ou d'une affection médicale générale. (En effet certaines substances toxiques (alcool, drogues, certains médicaments) et certaines maladies physiques (ex. diabète, épilepsie) peuvent apporter des idées délirantes, le diagnostic de trouble délirant ne s'applique pas dans de tels cas.)
Types définis selon le thème délirant dominant:
Érotomaniaque: le thème est qu'une personne, habituellement d'un niveau plus élevé, est amoureuse du sujet.
Mégalomaniaque: le thème est une idée exagérée de sa propre valeur, de son pouvoir, de ses connaissances, de son identité ou d'une relation exceptionnelle avec une divinité ou une personne célèbre.
Jalousie: le thème est que le partenaire sexuel du sujet lui est infidèle.
Persécution: le thème est que l'on se conduit d'une façon malveillante envers le sujet (ou envers une personne qui lui est proche). Ce type est le plus courant.
Somatique: le thème est que la personne est atteinte d'une imperfection physique ou d'une affection médicale générale. Il peut être difficile de distinguer ce type de trouble délirant avec l'hypocondrie et la peur d'une dysmorphie corporelle. Ce qui les distingue est l'intensité de la croyance. Dans le trouble délirant, la personne ne peut admettre la possibilité que la maladie redoutée ne soit pas présente ou qu'elle a une vision faussée de son aspect physique.
Mixte et non spécifié: lorsqu'aucun thème délirant ne prédomine et lorsque le thème ne peut être clairement identifié ou ne correspond à aucun des types spécifiés.
Le trouble délirant fait partie des troubles psychotiques.
Définition: Psychotique (symptôme, épisode)
Le terme psychotique a reçu plusieurs définitions. La définition la plus étroite se limite à l'existence d'idées délirantes ou d'hallucinations prononcées, ces dernières survenant en l'absence de reconnaissance de leur caractère pathologique.
Une définition légèrement moins restrictive inclurait également des hallucinations prononcées, la personne se rendant compte qu'il s'agit d'expérience hallucinatoires.
Une définition encore plus large inclut également d'autres symptômes positifs de la schizophrénie (p.ex. discours désorganisé, comportement grossièrement désorganisé ou catatonique).
Des définitions plus anciennes étaient, selon le DSM-IV (1), beaucoup trop inclusives, si bien qu'un trouble mental était qualifié de psychotique s'il interférait de façon marquée avec la capacité à répondre aux exigences ordinaires de la vie.
Voyez:
- Les symptômes psychotiques tels qu'entendre des voix sont relativement fréquents
- Quels sont les troubles psychotiques?
Source: (1) DSM-IV, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux ("Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders").
Les symptômes psychotiques tels qu'entendre des voix sont relativement fréquents
Les symptômes psychotiques tels qu'entendre des voix seraient beaucoup plus fréquents chez les enfants et les adolescents que ce qui est actuellement considéré, selon une étude publiée dans le British Journal of Psychiatry. Des études ont déjà montré que de tels symptômes seraient vécus par jusqu'à 17% de la population adulte.
Mary Cannon et Ian Kelleher du département de psychiatrie du Royal College of Surgeons (Dublin, Irlande) ont mené cette étude avec 2666 enfants âgés de 11 à 16 ans dans 4 études séparées.
21% à 23% des 11-13 ans et 7% des 14-16 ans rapportaient avoir vécu ces symptômes. Les hallucinations peuvent varier, consistant à entendre une phrase isolée à l'occasion, jusqu'à entendre des conversations entre 2 ou plus de personnes pendant plusieurs minutes.
Pour plusieurs, ces symptômes sont transitoires et ne sont pas associés à des problèmes de santé mentale, mais pour environ 50%, ces symptômes étaient associés à d'autres problèmes de santé mentale non-psychotiques et parfois plus qu'un.
Le lien entre les hallucinations auditives et d'autres troubles mentaux était plus important chez les 14-16 ans que chez les 11-13 ans. Dans le groupe le plus jeune, 57% de ceux qui avaient des hallucinations auditives ont reçu un diagnostic de trouble psychiatrique dans une évaluation clinique qui a suivi. Dans le groupe le plus âgé, cette proportion était de 80%. Ces troubles incluaient les troubles affectifs (ex. dépression), les troubles anxieux et les troubles de comportement.
Une étude allemande, publiée en 2006, montrait que plusieurs adultes entendent des voix mais n'ont jamais senti le besoin de recourir à des services de santé mentale.