La dépression est l'un des maux les plus vieux et les plus fréquents au monde. Ses symptômes peuvent être à la fois physiques et psychologiques, et varier d'une personne à l'autre. Les symptômes de la dépression sont les suivants :
Références
McIntyre RS, Mancini DA, Chen I, Maresky N, Parikh SV, Grupp L, Kennedy SH. A multicentre validation of the abbreviated Hamilton depression rating scale (HAMD- 7) to evaluate remission in primary care. Données présentées lors de la réunion anuelle de l'Association des psychiatres du Canada; octobre 2004; Montréal, Québec.
Kennedy SH, Lam RW, Beaulieu S, O’Donovan C. New perspectives in the management of depression: Are you aware? Données présentées lors de la réunion annuelle de l'Association des psychiatres du Canada; octobre 2004; Montréal, Québec.
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2. Quels sont les traitements physiques de la dépression?
Dans plus de 70 % des cas, l'état des personnes atteintes de dépression s'améliore avec la prise du traitement approprié.
Les inhibiteurs spécifiques du recaptage de la sérotonine (ISRS), tels que Celexa, Luvox, Paxil, Prozac et Zoloft, ainsi que les antidépresseurs à double action, tels que Effexor XR, Remeron et Wellbutrin SR, sont les antidépresseurs le plus souvent prescrits. La plupart des antidépresseurs agissent sur les neurotransmetteurs (messagers chimiques entre les cellules nerveuses) dans le cerveau, tels que la sérotonine, la noradrénaline et la dopamine. En règle générale, ils occasionnent moins d'effets indésirables perturbateurs et sont plus sûrs en association avec d'autres médicaments que les antidépresseurs plus anciens, tels que les antidépresseurs imipraminiques et les inhibiteurs de la monoamine oxydase, qui sont généralement prescrits en deuxième et en troisième intentions, respectivement.
Certains produits médicinaux ou en vente libre, tels que le millepertuis et les acides gras oméga 3 (huile de poisson) ont été mis à l'essai dans le traitement de la dépression, mais aucun de ces produits ne s'est avéré aussi efficace que les médicaments d'ordonnance.
Le recours à un traitement léger, surtout en cas de dépression saisonnière ou hivernale, a également fait ses preuves.
Les électrochocs peuvent s'avérer extrêmement efficaces chez les patients atteints de dépression grave. Ce traitement consiste généralement à soumettre le patient à un léger courant électrique transmis par des électrodes appliquées sur le cuir chevelu, après lui avoir administré des relaxants musculaires. Le courant provoque une crise convulsive mineure qui dure entre 30 et 45 secondes. Les effets indésirables le plus souvent associés à la procédure sont les maux de tête et des troubles passagers de la mémoire. En général, le patient se soumet à deux ou trois séances d'électrochocs par semaine jusqu'à ce qu'il se rétablisse. Des séances d'entretien périodiques peuvent s'avérer nécessaires pour prévenir les rechutes. Les troubles de la mémoire disparaissent généralement en l'espace de deux ou trois mois.
Références
Kennedy SH, Eisfeld BS, Parikh SV. Depression. Dans Gray J (éditeurs) Therapeutic Choices, 4e édition. Association des pharmaciens du Canada, 2004.
Kennedy SH, Lam RW, Nutt DJ, Thase ME. Treating Depression Effectively: Applying Clinical Guidelines. Londres, R.-U. : Martin Dunitz; 2004.
UK ECT Review Group. Efficacy and safety of electroconvulsive therapy in depressive disorders: a systematic review and meta-analysis. Lancet 2003;361(9360):799-808,
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3. Quels sont les traitements psychologiques de la dépression?
Les traitements psychologiques les plus efficaces sont la thérapie cognitive du comportement (TCC) et la thérapie interpersonnelle (TIP). La TCC repose sur le principe que les personnes déprimées ne pensent pas comme les autres. Le pessimisme qui caractérise les personnes déprimées les amène à se comporter comme si le pire était à venir, à s'éloigner de leurs amis et à cesser leurs activités. La TCC aide le sujet à réfléchir aux idées fausses qui vont de pair avec la dépression et qui l'incitent à cultiver des pensées et à poser des actes qui le pousse à se complaire dans la dépression.
La thérapie interpersonnelle explore la façon dont les problèmes relationnels (conflits de rôles, transitions de rôles, déficits sociaux) peuvent avoir un impact majeur sur l'humeur et les capacités fonctionnelles.
Pour en savoir plus sur le sujet : Renseignez-vous sur la thérapie cognitive du comportement.
Références
Segal ZV, Whitney DK, Lam RW, Groupe de travail sur la dépression du Réseau canadien pour les traitements de l'humeur et de l'anxiété (RCTHA). Clinical guidelines for the treatment of depressive disorders: III. Psychotherapy. Can J Psychiatry 2001;46(suppl. 1):29S-37S.
Kennedy SH, Lam RW, Nutt DJ, Thase ME. Treating Depression Effectively: Applying Clinical Guidelines. Londres, R.-U. : Martin Dunitz; 2004.
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4. Tout le monde a des moments de déprime. En quoi un épisode de dépression majeure est-il différent?
Le diagnostic de dépression majeure repose sur la survenue d'une série de symptômes qui se manifestent plus ou moins continuellement pendant au moins deux semaines. Pourtant, il n'est pas rare que plusieurs mois, voire plusieurs années se passent avant que le patient ne cherche à obtenir un traitement. La dépression ne se résume pas à un sentiment de tristesse, à un coup de cafard ou à une période de stress. Il s'agit d'une maladie et non d'un état d'esprit passager.
Existe-t-il un test qui permet de diagnostiquer la dépression?
Bien que certaines analyses de sang donnent des résultats anormaux chez les personnes atteintes de dépression (taux de cortisol anormal), ces épreuves ne sont pas suffisamment spécifiques ni fiables pour permettre de poser un tel diagnostic. Certaines techniques d'exploration de la structure du cerveau (IRM) et du fonctionnement cérébral (PET, IRMFI) sont prometteuses. Une région du cerveau intervenant dans la fonction mnésique (l'hippocampe) semble atrophiée chez les sujets atteints de dépression chronique. Toutefois, aucune de ces techniques ne peut être utilisée systématiquement pour établir un diagnostic fiable. Le diagnostic est posé par un médecin et repose sur l'écoute attentive du patient qui relate ses problèmes.
Références
Mayberg HS. Modulating dysfunctional limbic-cortical circuits in depression: towards development of brain-based algorithms for diagnosis and optimised treatment. Br Med Bull 2003;65:193-207,
Drevets WC. Neuroimaging studies of mood disorders. Biol Psychiatry 2000;48:813-829,
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5. Les cas de dépression sont-ils fréquents?
Environ 4 % des Nord-Américains souffrent un jour ou l'autre d'une dépression majeure. Les femmes sont deux fois plus susceptibles que les hommes de connaître un épisode dépressif. Les changements hormonaux qui surviennent chez les femmes après un accouchement et aux alentours de la ménopause peuvent provoquer un épisode dépressif.
La dépression touche 20 à 50 % des personnes présentant des troubles neurologiques, tels que la maladie de Parkinson, l'épilepsie ou l'AVC, et 10 à 20 % des personnes atteintes d'autres affections, telles que le cancer, l'infection par le VIH et les maladies cardiaques.
Les personnes aux prises avec des troubles anxieux ou avec des problèmes de consommation abusive d'alcool et d'autres drogues à un jeune âge sont plus susceptibles de souffrir de dépression. Il en va de même pour les personnes victimes de violence physique ou sexuelle, qui ont perdu leurs parents ou qui ont reçu peu de soutien à un âge précoce.
Références
Parikh SV, Lam RW, Groupe de travail sur la dépression du Réseau canadien pour les traitements de l'humeur et de l'anxiété (RCTHA). Clinical guidelines for the treatment of depressive disorders: I Definitions, prevalence and health burden. Can J Psychiatry 2001;46(suppl. 1):13S-20S.
Kennedy SH, Lam RW, Beaulieu S, O’Donovan C. New perspectives in the management of depression: Are you aware? Données présentées lors de la réunion annuelle de l'Association des psychiatres du Canada; octobre 2004; Montréal, Québec.
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7. La dépression est-elle héréditaire?
Entre 15 et 20 % des gens présentant des antécédents familiaux de dépression seront eux-mêmes dépressifs. Toutefois, il ne semble pas y avoir de gène spécifique qui soit responsable de la dépression. De plus, divers facteurs environnementaux survenant à divers moments de la vie peuvent modifier l'expression des gènes. Les premiers travaux de recherche indiquent que les gènes représentent environ 50 % du risque de dépression. Toutefois, ce n'est ni l'inné (les gènes) ni l'acquis (les expériences de la vie) qui est responsable de la dépression, mais les deux.
Les chercheurs sont sur le point d'identifier les gènes qui codent pour les facteurs biologiques importants dans la dépression.
Références
Eley TC, Sugden K, Corsico A, Gregory AM, Sham P, McGuffin P, Plomin R, Craig IW. Gene-environment interaction analysis of serotonin system markers with adolescent depression. Mol Psychiatry. Octobre 2004;9(10):908-915.
Melke J. Serotonin transporter gene polymorphisms and mental health. Curr Opin Psychiatry 2003;16:215-220.
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8. Peut-on guérir la dépression?
La dépression est une maladie récurrente. Après un premier épisode, le risque de récurrence est de 50 %; il passe à 70 % après deux épisodes et à 90 % après trois épisodes. À la lumière de ce constat, l'accent est mis de plus en plus sur le traitement d'entretien à long terme et sur les stratégies visant à prévenir les récurrences, comme la thérapie cognitive du comportement (TCC) et la pharmacothérapie préventive.
Le but du traitement est d'atteindre la rémission, c'est-à-dire l'absence de symptômes, pour que le sujet puisse reprendre un mode de vie normal. (voir la figure 1) Pour être complète, la rémission requiert généralement un traitement de 12 semaines ou plus. Les données montrent que le traitement à long terme par des antidépresseurs réduit le risque de récurrence. Voir les recommandations présentées à la figure 2.
Figure 1 : Les phases du traitement de la dépression
Phase |
Durée |
Objectifs |
Activités |
Aiguë |
6 à 12 semaines, ou plus |
• Rémission des symptômes • Récupération des capacités fonctionnelles |
• Établir une alliance thérapeutique • Informer le patient • Choisir le traitement • Surveiller la réponse |
Entretien |
6 mois qui suivent la rémission ou plus |
• Prévention des rechutes et des récurrences |
• Informer le patient • Prendre en charge les effets indésirables • Aider à la réadaptation • Surveiller pour prévenir les récurrences |
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Figure 2 : Recommandations relatives au traitement d'entretien de la dépression majeure
• Tous les patients devraient poursuivre leur traitement antidépresseur pendant au moins six mois après la rémission complète des symptômes. |
• Les patients présentant les facteurs de risque suivants doivent suivre un traitement d'entretien à long terme d'au moins deux ans et, dans certains cas, à vie : |
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• Épisodes chroniques (> 2 ans) • Épisodes graves (idées suicidaires, dépression psychotique) • Épisodes persistants ou difficiles à traiter • Épisodes fréquents (2 épisodes au cours des 2 dernières années) • Épisodes récurrents (3 épisodes ou plus au cours d'une vie) • Âge avancé (> 65 ans) |
• La dose d'antidépresseurs prescrite pendant la phase d'entretien et la phase aiguë doit être la même. |
• Si l'on décide d'interrompre le traitement par antidépresseur, la dose doit être diminuée graduellement pour éviter les symptômes de sevrage. |
• La psycho-éducation sur les signes précoces de rechute doit se poursuivre (p. ex., le retour des troubles du sommeil); le patient doit se présenter à des visites de suivi régulières, environ tous les deux ou trois mois. |
• La psychothérapie, par exemple la TCC, peut s'avérer utile pour prévenir les rechutes. |
• Les maladies et les troubles psychiatriques comorbides doivent être traités. Les programmes de réadaptation (p. ex., les séances d'orientation professionnelle) peuvent s'avérer utiles. |
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Références
Lam RW, Kennedy SH. Evidence-based strategies for achieving and sustaining full remission in depression: focus on metaanalyses. Can J Psychiatry 2004;49(3 Suppl. 1):17S-26S.
Keller MB. Past, present, and future directions for defining optimal treatment outcome in depression: remission and beyond. JAMA 2003;289:3152-3160.
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9. Je souffre de dépression, mais cela veut-il dire que je souffre également de trouble bipolaire?
Le trouble bipolaire se caractérise par des phases successives de dépression et de manie ou d'hypomanie qui durent quelques semaines. Pendant une phase de manie (d'euphorie), le sujet présente un ou plusieurs des symptômes suivants : 1) une amélioration du moral, 2) une irritabilité extrême, 3) un moins grand besoin de sommeil, 4) un débordement d'énergie, 5) la prise de risques sans considération pour les conséquences familiales ou professionnelles, 6) des dépenses inconsidérées, 7) des pensées incohérentes ou 8) une élocution rapide.
Dans la forme la plus grave du trouble bipolaire, le sujet peut finir en salle d'urgence ou être admis à l'hôpital pour une période de stabilisation. Depuis peu, on admet davantage l'existence de cas de trouble bipolaire plus légers, dont le diagnostic est souvent erroné.
Il s'agit d'un problème diagnostique important, étant donné que les régulateurs de l'humeur, comme le lithium, sont nécessaires pour traiter le trouble bipolaire pendant les phases dépressives.
Références
Glick ID. Undiagnosed Bipolar Disorder: New Syndromes and New Treatments. Prim Care Companion J Clin Psychiatry 2004;6:27-33.
Thomas P. The many forms of bipolar disorder: a modern look at an old illness. J Affect Disord 2004;79 Suppl. 1:S3-S8.
Hirschfeld RM. The Mood Disorder Questionnaire: A Simple, Patient-Rated Screening Instrument for Bipolar Disorder. Prim Care Companion J Clin Psychiatry 2002;4:9-11.