Romantisme - Partie 1

Romantisme

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Le romantisme est un courant artistique d'Europe occidentale apparu au cours du XVIIIe siècle en Grande-Bretagne et en Allemagne, puis au XIXe siècle en France, en Italie et en Espagne. Il se développe en France sous la Restauration et la monarchie de Juillet, par réaction contre la régularité classique jugée trop rigide et le rationalisme philosophique des siècles antérieurs.

Le romantisme s'esquisse par la revendication des poètes du « je » et du « moi », qui veulent faire connaître leurs expériences personnelles et faire cesser cet aspect fictif attribué aux poèmes et aux romans. Le romantisme se caractérise par une volonté d'explorer toutes les possibilités de l'art afin d'exprimer les extases et les tourments du cœur et de l'âme : il est ainsi une réaction du sentiment contre la raison, exaltant le mystère et le fantastique et cherchant l'évasion et le ravissement dans le rêve, le morbide et le sublime, l'exotisme et le passé. Idéal ou cauchemar d'une sensibilité passionnée et mélancolique, ses valeurs esthétiques et morales, ses idées et thématiques nouvelles ne tardèrent pas à influencer d'autres domaines, en particulier la peinture et la musique.

Sommaire

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Que faut-il entendre par le mot romantisme ? [modifier]

S'il est un nom qui, depuis quelque deux cents ans, a fait du bruit dans l'histoire des littératures européennes et autour duquel se sont déchaînées des polémiques passionnées, c'est celui du romantisme, nom de guerre intellectuel, dont l'imprécision souvent recherchée a servi de prétexte de querelle : symbole de la plus belle expansion de l'âme humaine pour les uns, il fut pour les autres un symbole d'impuissance, d'égarement et de corruption.

Définition du romantisme [modifier]

On a donné, en France, le nom de romantisme au grand courant littéraire qui a commencé aux environs de 1820 et s'est poursuivi jusqu'aux alentours de 1850, pendant la Restauration et la Monarchie de Juillet. Ce nom désigne un art où l'imagination et la sensibilité prédominent sur toute autre faculté de l'esprit. Plus généralement, il évoque des formules diamétralement opposées à celle de l'art dit classique des XVIIe et XVIIIe siècles.

Mais ce sens très précis, le mot romantisme ne l'a pris qu'assez tard. En effet, la crise romantique de la littérature française n'est qu'un des aspects tardifs d'un mouvement bien plus général, qui s'est fait sentir dans le reste de l'Europe comme en France : l'Angleterre, l'Allemagne, la Russie ont eu leurs romantiques, et le nom de Hugo évoque ceux de Byron, de Gœthe et de Pouchkine. L'art n'est pas moins concerné que la littérature : Delacroix, David d'Angers, Berlioz, Wagner seront les alliés des novateurs.

D'autre part, les origines de ce mouvement sont très antérieures à 1820. Le mot même existait bien auparavant. Dès 1737, on lit dans une lettre de l'abbé Le Blanc au président Bouhier : « M. Pape a tâché de donner à son jardin ce goût que les Anglais appellent romantic et nous pittoresque. » Il va de soi qu'à cette date le mot romantique avait une signification autre que celle qu'on lui a donnée plus tard. Il est passé, avant d'en arriver là, par diverses acceptions dont il est essentiel de rappeler l'histoire...

Premier sens (étymologique) [modifier]

Dans son sens le plus vaste, le mot romantisme signifie conception de la vie relative au « roman », conception dont nous trouvons l'expression dans les récits épiques des peuples romans. Les populations romanes ayant développé les premières le génie du Moyen Âge, elles ont donné leur nom à ce génie. Or celui-ci est commun à tous les peuples de l'Europe septentrionale et occidentale, et procède d'un événement dont les conséquences furent immenses, l'avènement du christianisme.

Friedrich : Arbre au clair de lune (1824, Wallraf-Richartz-Museum, Cologne). Les romantiques cherchent dans la nature un reflet de leurs sentiments intimes.
Friedrich : Arbre au clair de lune (1824, Wallraf-Richartz-Museum, Cologne). Les romantiques cherchent dans la nature un reflet de leurs sentiments intimes.

Le romantisme ainsi compris est donc une mentalité d'inspiration chrétienne et nord-occidentale, par opposition à la mentalité antique et classique, d'inspiration païenne et d'origine gréco-latine. De cette mentalité est sorti un art cherchant à représenter l'infini, se portant volontiers vers l'inaccessible, le merveilleux, le fantastique, le mystérieux, tandis que l'art antique recherchait la raison, le calme, la simplicité, la noblesse, la clarté. Ce romantisme serait spécialement l'esprit moyenâgeux, avec ses sentiments profondément religieux, son enthousiasme pour une société chevaleresque, son amour du miraculeux ; il se soucierait plutôt de foi, de sentiment et de fantaisie que de critique, de raison, de mesure ; il serait en un mot l'expression de tendances absolument opposées à celles des anciens, raisonnables, moralistes et païens.

Qu'on examine en effet le vieux poème germanique des Nibelungen, notre Chanson de Roland, le Romancero espagnol, la Divine Comédie de Dante, et l'on ne manquera pas d'y trouver, malgré la variété des cadres, des sujets, des pensées, un certain nombre de caractères communs à opposer à d'autres caractères communs de la poésie antique.

La fatalité (l'anankè grecque ou le fatum latin) a disparu du monde ; l'homme est libre ; il ne dépend plus que de sa volonté et de la grâce divine, qui peut lui faire défaut, mais non le contraindre. La divinité désormais agit dans les cœurs, bien plus qu'elle n'intervient dans l'ordre physique des événements.

L'homme devient une âme ; le corps perd son importance. La souffrance physique n'est plus un sujet de tragédie : Philoctète, Prométhée font place aux damnés de Dante, qui souffrent dans une chair indestructible et mystique. L'amour se dépouille si bien des sens qu'il devient parfois chimérique : c'est l'union et l'aspiration mutuelle de deux âmes à travers le temps, à travers l'espace, à travers la mort.

La nature extérieure change d'aspect : elle est, comme l'homme, plus troublée, plus inquiète ; il y voit un reflet de son âme ; il la peuple, non plus de divinités occupées chacune de leur petit domaine, mais de puissances amies ou malfaisantes, de génies bons ou mauvais, fées, elfes, sylphes, gnomes, etc., personnifications variées du bon et du mauvais principe qui se disputent le monde.

Ainsi, partout l'âme au lieu des sens, donnant aux choses leur prix, et partout des agents libres, substitués à la fatalité : tel est le grand sens de cette révolution intellectuelle issue du christianisme et du génie des peuples celto-romans et germaniques.

La Renaissance des XVe et XVIe siècles modifia un peu partout ce développement naturel, mais beaucoup moins profondément dans le reste de l'Europe qu'en France. En effet, pas plus que Dante, qui pourtant avait pris Virgile pour maître et pour guide dans le voyage imaginaire de la Divine Comédie, Shakespeare, italien presque autant qu'anglo-saxon, n'est tombé dans l'imitation servile des modèles antiques. Ce n'est que plus tard, au XVIIIe siècle, quand la littérature française sera devenue classique et rayonnera sur toute l'Europe, que les littératures étrangères sortiront de la voie du romantisme pur où la France, comme les autres peuples, s'était engagée au Moyen Âge, mais qu'à la différence des autres peuples elle avait complètement quitté à la Renaissance.

Deuxième sens (sens adopté par l'histoire littéraire) [modifier]

Fragonard (1732-1806) : L'Inspiration (Musée du Louvre). L'inspiration et l'enthousiasme s'opposent nettement, chez les romantiques, à la réflexion et à la sérénité des classiques.
Fragonard (1732-1806) : L'Inspiration (Musée du Louvre). L'inspiration et l'enthousiasme s'opposent nettement, chez les romantiques, à la réflexion et à la sérénité des classiques.

L'imitation méthodique des littératures anciennes, inaugurée en France au XVIe siècle, atteignit son apogée au XVIIe siècle, et l'on peut dire que nos écrivains créèrent alors une littérature qui est devenue la nôtre propre bien plus que notre littérature du Moyen Âge qu'ils avaient oubliée et reniée. À leur tour, les autres nations imitèrent la littérature française du XVIIe siècle et, par cette imitation de seconde main, ne firent qu'énerver leur génie pendant une période plus ou moins longue. La littérature française était devenue, au regard des autres littératures modernes, une nouvelle littérature classique ou, si l'on veut, la continuation de l'Antiquité classique. C'est que l'esprit français est le seul dans l'Europe moderne pour qui l'esprit antique ne soit pas étranger : pour lui, l'imitation des modèles grecs et romains n'était pas servilité ou mode, c'était une sorte de tradition de famille retrouvée.

Mais le jour arriva où cette nouvelle littérature classique devint un joug pour la plupart des nations de l'Europe. Formé sur les modèles antiques, mais bien plus encore sur certaines règles empruntées ou que l'on croyait empruntées à l'Antiquité, elle se prit peu à peu pour un type de perfection qui devait être immuable. Or, l'immobilité répugne à la nature humaine, et particulièrement à la littérature, miroir d'idées en perpétuel changement. Ajoutons que chaque nation a son génie propre, qui s'accommode malaisément de formes empruntées à des nations étrangères et, malgré son caractère d'universalité, la nouvelle littérature classique façonnée par le génie français portait si bien le cachet propre de notre esprit, qu'elle devenait une gêne pour le libre développement d'un génie national chez les peuples étrangers qui l'avaient prise un moment pour modèle.

Aussi n'est-il pas étonnant que l'influence rayonnante de la littérature française au XVIIIe siècle ait provoqué une réaction, et c'est cette réaction que l'on appelle proprement le romantisme. Le mouvement partit d'Allemagne, où pourtant notre littérature régnait dans la plupart des cours, et passa de là en Angleterre. Il fut très marqué dans ces deux pays et eut une influence très importante sur notre propre réaction.

Le romantisme allemand [modifier]

La Littérature allemande du XVIIe siècle [modifier]

La littérature allemande du XVIIe siècle n'avait pas manqué de noms, mais elle n'avait pas eu d'inspiration commune et nationale. Les écrivains semblaient isolés les uns des autres ; aucune pensée générale ne les soutenait. L'Allemagne semblait ne plus se souvenir de son passé, ne plus savoir ce qu'elle avait été au XIIIe siècle, au temps de Wolfram von Eschenbach, de Hartmann von Aue, de Walther von der Vogelweide ; elle semblait ne plus se rappeler l'énergique mouvement d'idées qui, avec Luther, Melanchton, Zwingli, Hans Sachs, avait précédé et accompagné la Réforme. Elle s'était perdue elle-même. Martin Opitz, Paul Fleming, Andreas Gryphius, Friedrich von Logau, Henri Buchholz imitaient la France de Louis XIII ; Hoffmann von Hoffmannswaldau et Christian Hallmann copiaient le faux clinquant de l'Italie. Leibniz (1646-1716) lui même écrivait en latin, sortant par là même de l'histoire de la littérature en Allemand.

La réaction du XVIIIe siècle [modifier]

Gottsched [modifier]

La réaction ne se fit pas tout d'un coup. Le premier, Gottsched (1700-1766) prit à cœur de rallier les forces dispersées de son pays et de constituer, en face de la France et de l'Italie, une grande littérature allemande. Mais, froid écrivain, poète sans imagination, il était impuissant à satisfaire l'idéal qu'il avait éveillé.

Bodmer [modifier]

Johann Christoph Gottsched.
Johann Christoph Gottsched.
Friedrich Gottlieb Klopstock, peinture par Johann Caspar Füssli (1750).
Friedrich Gottlieb Klopstock, peinture par Johann Caspar Füssli (1750).

La première poussée efficace vient de la Suisse. Bodmer (1698-1783), poète médiocre comme Gottsched, mais critique supérieur, adresse de véhéments appels au génie germanique, réveille le sentiment national, oppose la poésie du Nord à la poésie des peuples latins et, cherchant à la fois le naturel et la grandeur, enthousiasme les esprits pour les hardiesses du poète anglais Milton, en même temps qu'il met en lumière les grâces naïves des Minnesingers (chantres d'amour du Moyen Âge). Une pléiade de jeunes poètes frémit à ses accents ; un journal littéraire d'avant-garde, le Recueil de Brême, se fonde, où paraissent en 1748 les trois premiers chants de La Messiade.

Klopstock [modifier]

La Messiade ! Bodmer a trouvé son poète ; il le proclame, il lui prodigue les encouragements et les hommages, il le prône comme le réformateur et le pontife de la poésie. C'est un sacerdoce, en effet, que la carrière de Klopstock (1724-1803). Grave, austère, identifié, pour ainsi dire, avec son œuvre, il élève toutes les imaginations vers les hauteurs que sa pensée habite ; il ranime le goût des grandes choses. Les inspirations de la vieille Germanie se réveillent à sa voix. Toutes ces vertus si allemandes (et non prussiennes) — enthousiasme, ferveur religieuse, tendresse, virilité — il les chante non seulement dans son épopée du Christ, en réalité beaucoup moins « barbare » et véhémente qu'on ne l'a cru dans le premier enthousiasme, mais aussi dans ses odes et dans ses drames. Il glorifie Hermann et la Germanie des premiers âges, comme il glorifie le Messie et les premiers jours de l'Évangile. Le christianisme primitif et la primitive Allemagne, voilà les objets de son culte. On peut dire de toute la vie de Klopstock ce que Mme de Staël a dit seulement de la Messiade : « Lorsqu'on commence ce poème, on croit entrer dans une église au milieu de laquelle un orgue se fait entendre. »

Lessing [modifier]

Bien différent est Lessing (1729-1781), l'auteur du Laocoon et de la Dramaturgie de Hambourg. Tandis que Klopstock élève les cœurs et purifie les imaginations, Lessing aiguise et fortifie les intelligences. Poète, philosophe, érudit, journaliste, novateur plein d'idées, polémiste de premier ordre, il renouvelle tout ce qu'il touche, l'érudition et la critique, la théologie et le théâtre. Nul homme n'a plus vivement agi sur l'Allemagne. C'est le grand animateur de l'esprit public au XVIIIe siècle. Soit qu'il encourage ses lecteurs, soit qu'il les provoque à la lutte, il suscite les talents qui s'ignorent eux-mêmes : Gœthe deviendra poète en lisant son Laocoon.

Pour rendre au génie allemand la liberté de ses mouvements, Lessing voulut détruire ce qui lui paraissait une tyrannie. Il le fit de deux manières : en ruinant les théories sur lesquelles reposait tout l'art dramatique français, et en proposant d'autres modèles à l'admiration des Allemands. Le théâtre français s'appuyait principalement sur l'autorité d'Aristote : Lessing entreprit de démontrer que les critiques et les poètes français ne comprenaient pas la Poétique d'Aristote, et qu'ils avaient substitué des règles arbitraires aux préceptes du philosophe grec. D'autre part, il proposa aux Allemands le théâtre de Shakespeare, modèle beaucoup plus conforme, il faut le reconnaître, à l'esprit germanique de l'époque et à la liberté du génie en général, que ceux auxquels on le substituait.

L'Allemagne, excitée par Lessing, se jeta dans des voies nouvelles ; l'esprit allemand rentra en possession de lui-même et produisit sa littérature originale, celle qu'il a appelée sa littérature classique.

Wieland (1733-1813) essaya bien un retour en arrière et son Obéron est une pure imitation des modèles français, mais l'impulsion donnée par Klopstock et Lessing était trop forte, et la réaction romantique n'allait que s'accentuer.

Herder [modifier]

C'est alors, en effet, que se lève Herder (1744-1803), animateur à l'égal de Lessing. Il détruit définitivement le prestige des siècles raffinés et réveille le goût des littérature primitives. Personne n'a comme lui l'instinct des premiers âges du monde, l'amour et l'intelligence des premières inspirations de chaque peuple. Une magnifique source de poésie s'épanche dans tous ses livres (Lieder, Les Voix des peuples, Chants d'amour de l'Orient, etc.). Ses images sont neuves et surprenantes, tel celle qu'il trouve pour exprimer le progrès continu de l'amitié entre gens de bien : « Elle croît, comme l'ombre du soir, jusqu'à ce que le soleil de la vie se couche. » L'on peut presque dire du moindre détail de son style ce qu'Edgar Quinet, son traducteur et son imitateur involontaire dit de l'un de ses ouvrages : « Pour parler, sa langue, il ressemble à ce lotus sacré des Védas, qui, balancé çà et là sur les eaux primitives porte au loin, dans son frêle calice, tout un univers naissant. » Moins net peut-être et moins précis que Lessing, mais plus poète, il agit davantage sur l'imagination.

Gœthe et Schiller [modifier]

Johann Wolfgang von Goethe, peinture de Joseph Karl Stieler (1828).
Johann Wolfgang von Goethe, peinture de Joseph Karl Stieler (1828).
Friedrich von Schiller, peinture de Gerhard von Kügelgen.
Friedrich von Schiller, peinture de Gerhard von Kügelgen.

Gœthe (1749-1832), déjà éveillé à un monde nouveau par le Laocoon, s'ignorait encore lorsque Herder, l'ayant rencontré à Strasbourg, lui révéla tout son génie. Les premières œuvres de Gœthe, Götz von Berlichingen (1773), Les Souffrances du jeune Werther (1774), etc., expriment admirablement l'ardeur fougueuse que les prédications de Herder avaient éveillé dans l'âme du jeune poète.

Ces années d'enthousiasme où le génie germanique se fraye impétueusement des voies nouvelles sont appelées par les historiens littéraires la période Sturm und Drang (Tempête et Élan). Ce nom même, emprunté à un drame de Maximilien Klinger, exprime bien l'esprit désordonné et presque farouche de cette époque. Cette exaltation se propage d'un bout de l'Allemagne à l'autre. De jeunes rêveurs, Voss, Bürger, Hahn, Stolberg, se réunissent au fond d'une forêt, près de Göttingen, pour prêter serment à la poésie, révèrent Klopstock à l'égal d'un pontife suprême, brûlent les œuvres de Wieland, se jettent enfin dans le domaine de l'art comme des factieux dans une conjuration.

C'est en effet une véritable anarchie qui règne alors dans la littérature allemande ; c'est la Verwilderungsperiode (période du retour à l'état sauvage), comme l'appellent les Allemands eux-mêmes. Les premiers drames de Schiller (1759-1805), Les Brigands (1782) et La Conjuration de Fiesque (1784), en sont l'explosion dernière et le couronnement.

Comme si l'esprit moderne, pour garder son originalité, devait être toujours dans l'enfance, la poésie s'était efforcée de se replacer dans les temps du Moyen Âge, et d'en retrouver l'inspiration à la fois violente, bizarre et naïve. Cette résurrection fut une grande nouveauté, mais elle avait le tort d'être une sorte de jeu littéraire, un pastiche ingénieux de sentiments et de croyances disparus. Aussi, après avoir ébloui un moment, devait-elle assez vite tomber dans le discrédit, surtout quand les néophytes maladroits commencèrent à exagérer les bizarreries de la nouvelle école.

Fatalement, une inspiration plus calme succéda à ces poétiques ferveurs. Gœthe, qui est allé voir « le pays où les citronniers fleurissent » (1786), est tombé amoureux de l'antique beauté. Toutes les œuvres qu'il rapporte d'Italie sont aussi pures, aussi majestueuses de forme et de pensée que les productions de sa jeunesse étaient tumultueuses. Cette recherche d'une sérénité idéale s'exerce d'ailleurs un peu au détriment de l'imagination. Si, dans le drame d'Egmont (1787), frémissait encore la jeune inspiration de l'auteur de Gœtz, quel calme et quelle retenue dans ces compositions si savantes et si profondes : Iphigénie (1787) et Torquato Tasso (1790) !

Le Docteur Faust du drame de Gœthe. //

31/08/2007
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