Sodomie
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La sodomie est un rapport sexuel. Elle consiste en une pénétration de l'anus puis du rectum du ou de la partenaire, généralement avec le pénis ou à l'aide d'un jouet sexuel, tel un godemichet, simulant un phallus.
Lorsqu'il s'agit de la pénétration du pénis, elle est pratiquée par un homme sur un homme ou sur une femme. Le godemichet, éventuellement monté sur un harnais (appellé aussi « gode-ceinture »), permet à une femme de sodomiser un ou une partenaire. On a relevé son existence chez certains animaux, notamment chez des primates comme les chimpanzés ou les bonobos, les chiens et les taurillons élevés en stabulation.
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Autres noms
La sodomie est également appelée pédication dans un registre plus soutenu. Il existe un bon nombre de surnoms populaires pour désigner le coït anal (pénétration rectale) : culbutation, tassement de crotte, ou boxe du ver solitaire. De manière extrêmement vulgaire, on utilise les termes baisage de boule ou de fion et enculade. Il est à noter que ce dernier, « se faire enculer », est aussi utilisé pour désigner le fait d'être victime d'une escroquerie ou d'être le perdant d'une bagarre. Dans le 'catalogue des prix de l'amour' de Marcelle Lapompe (1910 env.) le terme utilisé est « voyage en terre jaune ».
Étymologie
Le terme de sodomie vient du nom de la ville de Sodome qui, selon la Bible, fut détruite par Dieu pour ses mœurs jugées perverses (cf. l’épisode de Sodome et Gomorrhe). Dans cet épisode, il ne serait pas explicitement fait mention de la sodomie telle qu’on la définit actuellement : les habitants de Sodome sont en effet caractérisés par un grand appétit sexuel. En somme, les Sodomites (habitants) ne sont pas forcément sodomites (pratiquants de la pénétration anale). On trouve aussi cette histoire dans le Quran, où Dieu parle du même village avec le nom de "KÂoumou Lout", Dieu qui a envoyé un prophète pour montrer à ces gens le droit chemin, mais à cause de leur ignorance Dieu a détruit ce peuple !
L’écrivain François Cavanna signale que nous n’avons en revanche à ce jour retrouvé aucune information sur la gomorrhie. Le terme est considéré comme synonyme de sodomie.
Dans certains contextes, notamment les classifications légales de certains États fédérés des États-Unis d'Amérique, le terme anglais sodomy inclut d’autres pratiques sexuelles jugées déviantes par certains, notamment le cunnilingus et la fellation (contact entre la bouche et le sexe). En allemand (Sodomie) et en norvégien (sodomi), le terme ne fait aucunement référence à la pénétration anale mais désigne la zoophilie.
D’une manière similaire, le terme « bougre » (du latin Bulgarus, qui donne l’ancien français bogre) désignait à l’origine les bogomiles (« amis de Dieu » du bulgare Bog « dieu » et mile « ami »), membres d’une secte bulgare hétérodoxe proche des mouvements cathares. On avait accusé ces bogomiles du péché de sodomie afin — entre autres — de les tourner en dérision. « Bougre » en est donc venu à ne plus désigner les seuls Bulgares bogomiles, mais aussi de manière injurieuse les sodomites. Par affadissement, le terme a désigné un « gaillard » et enfin un « individu ». Le cognat anglais bugger a gardé le sens original de sodomite.
Platon nommait la sodomie « saillie des mâles ».
Certains appellent la sodomie un 99 en référence au 69.
Aspects historiques
La sodomie entre hommes, si elle ne fut pas la position sexuelle privilégiée, fut pratiquée dans la Grèce antique, ainsi qu'à Rome, dans le cadre d'une relation entre un homme plus âgé, le maître, actif, et son élève, passif, plus jeune.
Sous l'Inquisition espagnole des XVIe et XVIIe siècles[1], la sodomie, à l'instar de la bestialité, était considérée comme un péché abominable. La sodomie était qualifiée de parfaite si elle était le fait de deux hommes et imparfaite (donc moins grave) si elle était le fait d'un homme et d'une femme. Le terme incluait secondairement d'autres pratiques sexuelles, telle que fellation, cunnilingus, masturbation, onanisme, etc. La torture était fréquemment pratiquée : y résister était une preuve de bonne foi.
La sodomie pouvait valoir à ses auteurs le bûcher, les galères, la prison à vie ou pour plusieurs années, le bannissement, des pénitences diverses ou simplement d'être fouetté en public, selon la gravité de l'acte soigneusement pesée par les inquisiteurs. Cependant, dans ce domaine, la justice civile était encore plus sévère et plus expéditive.
En France comme dans de nombreux pays, la sodomie fut longtemps interdite. En 1726, un lieutenant de police est brûlé vif en raison de « crimes de sodomie », le jour même de son accusation. D'après Michel Foucault « ce fut, en France, une des dernières condamnations radicales pour fait de sodomie » (Histoire de la folie à l'âge classique). La sodomie disparaît du code pénal révolutionnaire en 1791.
Au Canada, la loi anti-sodomie est révoquée en 1969 par Pierre Elliott Trudeau.
Dans le livre La Conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole, le héros Ignatius J. Reilly considère les sodomites comme « des dégénérés ».
Pratique
Contrairement à la vulve et au vagin, l’anus et le rectum ne sécrètent pas de lubrification naturelle facilitant le rapport sexuel. Cependant, l'anus est particulière innervé, source d'un possible plaisir pour le receveur. De plus, lors de la sodomie passive masculine, la pression exercée contre la prostate peut conduire à un orgasme.
On utilise donc habituellement, plus que la salive qui peut s'avérer insuffisante, un lubrifiant artificiel. Autrefois, la vaseline servait souvent à cet usage, mais à base de gras, elle fragilise les préservatifs tout en étant plus difficilement lavable. De nos jours, sont donc plutôt utilisés des lubrifiants intimes à base d’eau ou de silicone.
Le rectum pouvant contenir des restes de matière fécale, certains pratiquent un lavement avant de débuter une sodomie. Néanmoins cette pratique peut fragiliser le rectum.
Risques médicaux de la sodomie
Une pénétration trop brutale peut provoquer micro-coupures ou saignements. La sodomie peut provoquer des fissures anales, voire (pour les pratiques extrêmes dérivées de la sodomie) un prolapsus anal ou une incontinence anale.
Le sphincter anal est normalement resserré, sauf pendant la défécation. De ce fait, la sodomie peut être douloureuse.
D'autre part, la muqueuse rectale est fragile et poreuse aux virus et bactéries. Elle a la propriété (dont tirent parti les suppositoires) d’absorber les substances déposées dans le rectum. En conséquence, elle est un terrain propice aux échanges de maladies sexuellement transmissibles, notamment du SIDA. C’est la raison pour laquelle il est fortement déconseillé d’avoir un rapport anal sans préservatif avec une personne dont on ne sait pas si elle est infectée par de telles maladies.
Popularité
affirmation | taux de réponse |
---|---|
ont pratiqué et aimé | 10% |
ont pratiqué mais pas aimé | 19% |
n'ont pas pratiqué mais le voudraient | 3% |
n'aimeraient pas vraiment essayer | 9% |
ne le feraient en aucune façon | 36% |
aucune réponse | 23% |
En 1998, lors d'un sondage réalisé en France, 33% des personnes interrogées déclarent trouver « plutôt pas » ou « pas du tout choquant » que leur partenaire leur propose la sodomie, contre 47% choisissant la réponse « tout à fait » ou « plutôt choquant »[3]. En 2001, 29% des femmes interrogées déclarent avoir pratiqué la sodomie[2]. Un sondage de l'IFOP de 2004 sur la sexualité des Françaises[4] montrait que 9% des femmes avaient déjà pratiqué la sodomie dont 6% par plaisir.
Sodomie et virginité
Dans certains milieux sociaux ou religieux, la sodomie peut également être une alternative à la pénétration vaginale pour ne pas rompre l’hymen de la femme avant le mariage ou éviter la fécondation, comme chez les Perses, où elle a longtemps été fortement recommandée comme un moyen de contrôler les naissances, notamment par l'intermédiaire de codes rédigés à cette intention par les chefs religieux.
Répression
Sodomie versus reproduction
Pratique considérée comme déviante puisque ne menant pas à la reproduction, entourée des tabous liés aux fonctions excrétrices (l’anus étant concerné), surtout dans les civilisations où ces fonctions naturelles sont jugées honteuses, la sodomie est perçue de manière très diverse selon les sociétés et les religions. De nos jours, certains pays criminalisent toujours la sodomie entre adultes consentants, allant même jusqu’à requérir la peine de mort[réf. nécessaire]. La sodomie est aussi très souvent rapprochée de l’homosexualité masculine.
Ceci renforce les tabous autour de la sodomie. En effet, l’idée qu’un homme pénètre un autre homme porte atteinte aux stéréotypes sexistes voulant que l’homme soit le pénétrant actif, le pénétré passif étant considéré comme inférieur.
Sodomie et puissance masculine
Dans la Rome antique, un homme libre qui sodomisait ses esclaves manifestait sa puissance. En revanche, un homme libre sodomisé se ravalait à un rang inférieur, et cette passivité était considérée comme honteuse. C’est pour ces raisons qu’on compte, au titre des injures homophobes les plus courantes, des expressions comme (sale) enculé ou va te faire enculer, qui rappellent bien que, d’une manière stéréotypée et inconsciente, celui qui se fait sodomiser, surtout un homme, serait moins qu’un homme, un sous-être.
Notons que le mot enculer est un synonyme vulgaire du mot sodomiser et que l’injure peut devenir une simple interjection, enculé !, somme toute démotivée et parfois positive voire affectueuse. De même, l'expression va te faire voir chez les Grecs peut signifier va te faire enculer (chez ou par les Grecs) à cause du cliché selon lequel les Grecs seraient homosexuels et donc pratiqueraient la sodomie.
Aspects juridiques
En anglais, sodomy ne désigne pas seulement la pénétration anale. Dans les expressions comme sodomy law, loi qui régissait les pratiques acceptées ou interdites dans tel ou tel État américain, il fallait comprendre sodomy comme pratique sexuelle jugée déviante, parmi lesquelles, outre la sodomie pouvaient être comptés la fellation et le cunnilingus. Ces lois, le plus souvent, étaient des manières d’interdire l’homosexualité. Elles s’appuyaient sur un cliché faisant des homosexuels mâles des sodomites, alors que cette pratique n’est bien entendu pas acceptée par tous les homosexuels et que des hétérosexuels la pratiquent aussi.
La section 377 du Code Pénal indien, intitulé « Des délits contre-nature » punit « les relations charnelles contraires à l’ordre de la nature » d’une peine pouvant atteindre 10 ans d’emprisonnement.
En 2003, la Cour suprême des États-Unis a déclaré anticonstitutionnelles les lois de certains États fédérés contre la sodomie. Elles violent le XIVe amendement de la constitution qui protège la vie privée et la liberté des citoyens américains. Treize États fédérés, situés surtout dans le sud du pays, pratiquaient jusqu’alors des lois contre la sodomie entre adultes consentant, dont quatre condamnaient aussi les fellations : le Texas, le Kansas, l’Oklahoma et le Missouri.
Le 1er juillet 2006, apparaît au Zimbabwe l'article 73 de la "criminal law", menaçant celui pratiquant la sodomie de deux ans de prison[5] bien que cette loi, mentionnant explicitement la sodomie, semble plutôt viser l'homosexualité.
Sodomie, religion, mythologie
L’Église catholique a longtemps condamné — et continue de le faire — la sodomie comme faisant partie des pires perversions humaines. Certains considèrent qu’il y aurait là une mauvaise interprétation de la Bible, et que celle-ci, du moins dans l’épisode de Sodome et Gomorrhe, ne serait pas expressément mentionnée. (Cf. Vision chretienne de l'homosexualité pour une étude plus approfondie). Les plus graves théologiens ont savamment discuté sur la nature de la sodomie ; on en trouvera un excellent résumé, dans le Compendium Theologiae Moralis Sancti Alphonsi Mariae de Liguori du chanoine Neyraguet, plusieurs fois réédité au XIXe siècle.
« Les uns, dit-il, estiment que la sodomie consiste dans le commerce charnel dans le vase indu, et d’autres dans le commerce charnel avec le sexe indu ». Mais la seconde opinion étant plus probable, il peut donc y avoir sodomie entre femmes, même si nos théologiens se demandent comment elles s’y prendraient, mais non entre un homme et une femme ; le coït du mâle dans le vase postérieur de la femelle n’étant qu’une sodomie imparfaite, distincte dans son essence de la sodomie parfaite. En revanche la fellation par un homme peut être qualifiée de sodomie, au contraire de celle que pratique une femme : « si vir polluitur in ore fæminæ, erit copula inchoata [...] si vero in ore maris, erit sodomia ».
Une légende veut que la sodomie fût pratiquée comme cérémonie d’intronisation des nouveaux membres de l’ordre des Templiers. Le qualificatif sodomite fit d’ailleurs partie de l’acte d'accusation lors du procès des Templiers.
Mythologie
Il existerait un dieu chinois de la sodomie appelé Chou Wang (voir l'article dévolu pour plus d'explications).
Anecdotes
- À un juge qui lui demandait s’il était exact qu’il était sodomiste (sic), Paul Verlaine répondit : « On dit sodomite, monsieur le juge. »
- Boccace, alors qu’il vivait à Paris, eut des ennuis avec l'Inquisition qui l’accusait d’avoir traité sa maîtresse « à la mode napolitaine » : « J’avoue ignorer ce que signifie cette expression, répondit-il. Mais peut-être entendez-vous ce qu'on appelle chez nous alla francesa. » On rit, et on ne poussa pas l’affaire plus loin.
- Le film franco-italien Le Dernier Tango à Paris de 1972 présente Paul (Marlon Brando) et Jeanne (Maria Schneider) utilisant comme lubrifiant une plaquette de beurre.
Notes
- ↑ Bartolomé Bennassar, L'Inquisition espagnole, XVe-XIXe siècles, Paris, Éditions Hachette, 1re édition 1979, rééd. 2001. ISBN 2012790216
- ↑ a b Enquête TNS/Sofres de 2001 sur la sexualité des françaises auprès d'un échantillon représentatif de 500 femmes de 18 à 65 ans en avril et mai 2001.
- ↑ Sondage réalisé par BVA pour Psychologies auprès d'un échantillon représentatif de 950 majeurs réalisé en octobre 1988. Voir :
- ↑ La sexualité des Françaises, sondage réalisé les 20 et 21 mars 2004 auprès d'un échantillon de 485 femmes représentatif de la population féminine âgée de 18 ans et plus
- ↑ Magazine Têtu du 13 juillet 2006[lire en ligne].
Bibliographie
- Leo Bersani, Homos : repenser l'identité, Odile Jacob, 1998 ; Le Rectum est-il une tombe ?, L'Unebévue, 1998.
- Guy Bechdel, La Chair, le diable et le confesseur (1994), Hachette Pluriel "histoire", 2006.
- Bill Brent, Tout savoir sur le plaisir anal (pour lui), Tabou, 2005.
- Les Enfans de Sodome à l’Assemblée Nationale [1790], recueil de pamphlets anonymes parus au début de la Révolution française, notes et préface de Patrick Cardon, Lille, QuestionDeGenre/GKC, 2004.
- Claude Guillon, Le Siège de l'âme: Eloge de la sodomie. Fantaisie littéraire, érosophique et antithéiste, Zulma "Grain d'orage", 1999.
- Christian Gury, L'Honneur perdu d'un politicien homosexuel, Kimé "le sens de l'histoire", 1999.
- Mark D. Jordan, The Invention of Sodomy in Christian Theology, University of Chicago Press, 1998. Traduction : L'Invention de la sodomie dans la théologie médiévale, EPEL, 2007.
- Tristan Taormino, Tout savoir sur le plaisir anal (pour elle), Tabou, 2005.
- Charlotte Webb, MasterClass: Anal Sex, The Erotic Print Society, 2006.