Travail des enfants - Partie 2

 

Trafic d’enfants [modifier]

Le trafic d'enfants inclut « le recrutement, le transport, le transfert, l’abri ou la réception d’un enfant à des fins d’exploitations[41] ». L’OIT estime que 1,2 million d’enfants subissent un tel trafic dans le monde dont 550 000 rien qu’en Amérique du Sud. Mais ce 1,2 million n’est pas compté dans le total des « pires formes de travail » afin d’éviter un double compte : les enfants trafiqués subissent en général une autre forme d’exploitation.

Le but du trafic dépend de l’âge et du sexe des enfants : les garçons sont généralement trafiqués pour du travail forcé dans de grandes plantations ou le trafic de drogue tandis que les filles sont plutôt destinées à l’exploitation sexuelle ou domestique. Les enfants peuvent aussi être exploités dans des réseaux de mendicité organisée, envoyés pour des réseaux d’adoption illégaux ou pour des mariages forcés. Les trafics s’opèrent aussi bien à l’intérieur des pays, qu’entre différents pays ainsi qu’à l’échelle mondiale[5]. Les réseaux sont à la fois nationaux, continentaux ou mondiaux ; l’OIT a ainsi identifié quelques grandes routes de trafic international : Amérique latine → Europe et Moyen-Orient ; Asie → Europe et Moyen-Orient ; Népal et Bangladesh → Inde ; Myanmar et Laos → Thaïlande ; Afrique de l’Ouest → Nigéria ; Afrique australe → Afrique du Sud ; Europe de l’Est → Europe de l’Ouest[42].

Exploitation sexuelle [modifier]

Prostituée de 10 ou 11 ans, enceinte de 4 mois (Angleterre, 1871).
Prostituée de 10 ou 11 ans, enceinte de 4 mois (Angleterre, 1871).

D’après l’OIT[2], 1,8 million d’enfants sont impliqués dans le commerce sexuel mondial, la plupart entre 15 et 17 ans ; 750 000 se trouvaient en Amérique du Sud et Caraïbes, 590 000 en Asie / zone Pacifique et 420 000 dans les pays développés. Les formes de travail sont diverses : pornographie juvénile, prostitution, trafic sexuel et / ou tourisme sexuel. 98 % des enfants concernés sont des filles[43].

L’exploitation sexuelle des enfants apparaît dans les médias à l’occasion de scandales sur le tourisme sexuel, organisé en général pour des hommes venant de pays développés vers la Thaïlande, la République dominicaine ou le Brésil entre autres pays. Mais l’exploitation sexuelle est aussi organisée localement : aux États-Unis, on estime à plus de 100 000 le nombre d’enfants prostitués[4]. L’exploitation sexuelle peut être liée à d’autres formes d’exploitations : les fabriques indiennes de tapis citées plus haut sont connues pour servir de centres de recrutement pour des maisons closes. Les enfants prostitués sont exposés aux maladies sexuellement transmissibles, aux grossesses non désirées, aux drogues. Ils souffrent également de stigmatisations dans le reste de la société, et sont parfois même considérés comme « illégaux » et traités comme tels par les forces de l’ordre, par exemple quand le racolage est interdit.

La prostitution d’enfants répond à une demande, entretenue par des superstitions (avoir une relation sexuelle avec un enfant entretiendrait la virilité) et la crainte du sida (les enfants sont supposés être moins contaminés que les adultes, supposition souvent fausse)[23].

La pornographie enfantine est définie par les Nations Unies comme « toute représentation, par quelques moyens que ce soit, d’un enfant s’adonnant à des activités sexuelles explicites, réelles ou simulées, ou toute représentation des organes sexuels d’un enfant, à des fins principalement sexuelles », dans le protocole facultatif à la Convention des droits de l’enfant[44]. Le développement d’Internet a aussi accru la demande pour ce type de pornographie dont on estime qu’elle concerne un million d’images en circulation, incluant également les images montrant des actes de sadisme, de dépravation sexuelle et / ou de relations entre enfants parfois très jeunes. Les études font état de graves troubles psychologiques pour les enfants dont des tendances suicidaires[45]. Ce commerce génère deux à trois milliards de dollars US aux seuls États-Unis[46].

Enfants soldats [modifier]

Enfant soldat Kamajoh au Sierra Leone, années 1990.
Enfant soldat Kamajoh au Sierra Leone, années 1990.

Actuellement, il y aurait environ 300 000 enfants soldats dans le monde, impliqués dans une trentaine de conflits ; un tiers d’entre eux se trouvent en Afrique subsaharienne et dans les conflits réguliers en République démocratique du Congo, en Colombie (où entre 11 et 14 000 enfants feraient partie des forces paramilitaires) et au Myanmar (où 20 % de l’armée serait composée de mineurs d’après Human Rights Watch[47]). La plupart d’entre eux ont entre 14 et 18 ans mais on compte aussi des enfants d’à peine 8 ou 9 ans qui s’engagent volontairement dans des milices et autres groupes paramilitaires[48]. Si l’image la plus courante est celle de l’enfant-combattant fusil à la main, les enfants-soldats sont utilisés pour de nombreuses tâches : espionnage et reconnaissance, pose de mines, entraînements des soldats adultes mais aussi tâches ménagères, portage du matériel ou cuisine. Les filles sont de plus exposées aux abus sexuels.

Leurs motivations incluent la recherche d’un moyen de survie dans des régions souvent dévastées, l’expérience de membres de leurs familles tués ou mutilés par le conflit ou la faible éducation qui ne permet pas d’autre alternative. De nombreuses filles s’engagent pour échapper aux abus sexuels ou à la servitude domestique, bien que leurs conditions de vie ne soient pas forcément meilleures en tant que soldats. La proportion de filles serait d’environ 40%[49]. Les motivations de leurs recruteurs sont différentes : les enfants-soldats sont « impressionnables, sensibles à l’autorité, moins portés à déserter ou à réclamer leur solde que des adultes »[23]. L’Unicef affirme que la diffusion de petites armes légères a renforcé l’utilisation d’enfants[50].

Les déterminants du travail des enfants [modifier]

Pour Bénédicte Manier, le travail des enfants est causé par un ensemble de facteurs agissant en commun : la pauvreté des familles, la faible scolarisation, l’échec ou l’inefficacité des politiques sociales ainsi que certains facteurs socioculturels. Parmi ces facteurs, la pauvreté est régulièrement identifiée comme une raison essentielle[51].

Causes socio-économiques [modifier]

Effets de la pauvreté [modifier]

Comparaison des indicateurs
 (1/4)
Taux de pauvreté dans le monde : pourcentage de personnes vivant sous le seuil de pauvreté officiel du pays, d’après la CIA, années 2001 à 2005.
Taux de pauvreté dans le monde : pourcentage de personnes vivant sous le seuil de pauvreté officiel du pays, d’après la CIA, années 2001 à 2005[52].

Le travail des enfants a été identifié comme une des stratégies de survie des populations pauvres : ces stratégies visent à assurer l’essentiel et en premier lieu l’alimentation du jour. Chaque membre de la famille étant une bouche à nourrir, tous sont appelés à contribuer au revenu familial. La pauvreté empêchant le pouvoir de décision à long terme et entraînant une lutte quotidienne pour sa survie, les familles peuvent être amenées à accepter n’importe quelle proposition les aidant à améliorer leur situation — l’analphabétisme encore fréquent dans les pays en développement pouvant les amener à croire des personnes peu scrupuleuses[51]. Le lien entre pauvreté et travail des enfants se vérifie également dans les pays développés (où les enfants au travail font partie des couches défavorisées) et dans les pays ayant connu des crises économiques (l’Argentine en 2000, l’Asie du Sud-Est en 1997, l’Europe de l’Est) où les enfants au travail font partie des « nouveaux pauvres ».

La pauvreté des familles provient souvent elle-même du chômage ou du sous-emploi des parents : d’après l’OIT, en 2003, 180 millions de personnes sont au chômage et 700 millions sont sous-employées soit au total un tiers de la population active mondiale qui ne gagne pas le minimum vital. Si le secteur informel absorbe une partie de cette main-d’œuvre, il n’est pas illimité et les revenus qu’il dégage ne sont pas stables d’où le recours à un revenu d’appoint en faisant travailler les enfants. De plus, la demande d’emploi étant supérieure à l’offre, les employeurs peuvent davantage imposer leurs conditions et choisir d’embaucher des enfants (moins payés et plus dociles) que des adultes : dans de nombreuses situations, les enfants travaillent alors que les parents sont au chômage, entrant ainsi en « concurrence involontaire »[51].

La vulnérabilité s’ajoute à la pauvreté : les enfants au travail se situent fréquemment au bas de l’échelle sociale parmi les castes inférieures en Inde, les paysans sans terre au Brésil, les réfugiés, les minorités ethniques, etc. Les systèmes inégalitaires rendent plus facile l’exploitation d’enfants.

Le choix entre travail et scolarisation [modifier]

Appliquée aux décisions familiales, la théorie microéconomique analyse la scolarisation comme le résultat d’un arbitrage avec le travail. D’après Gary Becker[56], le résultat de cet arbitrage est que les enfants sont envoyés à l’école tant que le profit à terme anticipé de l’éducation est supérieur au coût d'opportunité, c’est-à-dire à la perte de revenu immédiate qu’implique la scolarisation. La possibilité du travail des enfants vient s’ajouter aux coûts de scolarisation, dans la mesure où elle représente un manque à gagner, tandis que la qualité de l’enseignement influe directement sur le profit anticipé de l'éducation.

Le coût de la scolarisation s'accroît donc avec les salaires. Des études ont montré que, dans les pays latino-américains, la hausse du niveau de salaire diminue les chances de scolarisation[57]. Au Mexique, la hausse du niveau des salaires diminue les chances que l'enfant soit uniquement scolarisé sans travailler[58]. Cet effet des salaires est parfois plus important dans les zones riches que dans les zones pauvres. Ainsi au Brésil dans les années 1990, le travail des enfants était plus important dans la région riche de São Paulo que dans celle pauvre de Bahia[59].

D’ailleurs, d’autres études montrent que le taux de chômage a un effet similaire. Les périodes de chômage, bien que synonymes de pauvreté, sont favorables à la scolarisation et au recul du travail des enfants, parce qu'elles réduisent le coût d'opportunité de la scolarisation[60]. Cela montre que le coût d’opportunité de la scolarisation a un effet décisif sur le travail des enfants, et que la pauvreté ne suffit pas seule à l’expliquer.

Des mesures microéconomiques peuvent modifier cet arbitrage entre scolarisation et travail. Gary Becker, qui l'interprète comme l’opposition des intérêts économiques à court terme des parents et ceux à long terme de l’enfant, propose ainsi de payer les parents lorsque leurs enfants sont scolarisés. Cette mesure est appliquée au Mexique, où environ 2 millions de familles pauvres reçoivent en moyenne 25 dollars par mois lorsque leurs enfants sont scolarisés (le revenu moyen mensuel de ces familles est d'environ 100 dollars)[61] ainsi qu'au Brésil, de façon similaire aux allocations familiales introduites en France au début du XXe siècle.

Facteurs socioculturels [modifier]

La valeur attribuée à l'éducation par rapport à l'apprentissage ou au travail n'est pas la même selon les cultures : la « culture de l'école » a mis plus d'un siècle à s'implanter durablement en Europe et elle ne semble toujours pas acquise dans de nombreux pays en développement où les grands-parents et souvent les parents ne sont pas allés à l'école. Le travail des enfants, loin d'être vu comme un « fléau », y est valorisé car il permet souvent l'apprentissage tandis que le système éducatif ne mène pas forcément à un bon emploi ; cette conception est souvent celle des populations pauvres[51]. La perception qu'en ont les enfants est aussi variable : il y a ceux qui souffrent de leur condition mais d'autres qui sont fiers d'aider leur famille ou d'apprendre un savoir-faire[2].

Le faible taux de scolarisation des filles (qui forment 60 % des enfants non scolarisés) provient quant à lui souvent de préjugés culturels, les filles étant « destinés à être mariées » et l'éducation étant alors une perte de temps et d'argent : il vaudrait mieux leur apprendre à effectuer les travaux domestiques. Ainsi, si le travail des filles commence plus tôt, il est aussi moins visible puisque restreint à la famille[51].

Les études empiriques montrent que le niveau d’éducation des parents, et plus particulièrement de la mère, est le plus important déterminant du travail ou de la scolarisation des enfants. Il aurait plus d’impact que le niveau de revenu, le coût d’opportunité et la qualité du système éducatif (ces variables sont toutefois toutes liées). L’explication de ce phénomène reste incertaine. Les mères éduquées ont une préférence plus grande pour l’éducation. Elles ont aussi une plus grande influence au sein de la famille, ce qui se révèle décisif lorsque leur préférence pour la scolarité n’est pas totalement partagée par le père. Enfin, dans la mesure où les mères passent davantage de temps avec leurs enfants, leur niveau d’éducation diminue le coût de celui de leurs enfants[62].

Faiblesse de la scolarisation et des politiques sociales [modifier]

École rurale au Soudan.
École rurale au Soudan.

Pour l'Unicef, 117 millions d'enfants ne sont pas scolarisés dans le monde[63], chiffre qui monte à plus de 400 millions en incluant les moins de 18 ans. De même que la scolarisation obligatoire a été un facteur important d'abandon du travail des enfants en Occident, les faibles taux des pays en développement et notamment de l'Afrique sub-saharienne empêchent ce phénomène de reculer. Même lorsqu'un enfant est inscrit à l'école, l'achèvement de sa scolarité n'est pas assuré : seul un enfant sur trois termine son cycle primaire dans le monde[33], les écoles atteignent difficilement les zones rurales et les bidonvilles des banlieues, les fournitures scolaires et la cantine coûtent cher aux parents, ce à quoi l'enfant peut contribuer par une activité rémunératrice. Mais ce travail peut lui-même empêcher l'assiduité d'où un cercle vicieux aboutissant à l'exclusion de l'école.

L'échec de l'éducation est lui-même imputé aux budgets insuffisants alloués à ce domaine alors qu'il occupe plus d'un cinquième du budget d'un pays comme la France, la part allouée à l'éducation dans les pays en développement ne cesse de régresser (- 30 % dans les années 1990[64]) ; la corruption des gouvernements, la dette des pays pauvres, la faiblesse de l'aide au développement et la faiblesse des recettes provenant de leurs exportations ne leur permettent pas d'accroître ce budget. L'Internationale de l’éducation estime ainsi que 70 % des enseignants dans le monde sont pauvres, les obligeant alors à recourir à un travail supplémentaire pour couvrir leurs besoins, et que la pénurie d'enseignants atteint 2,7 millions de personnes[65].

Conséquences [modifier]

Conditions de travail et effets sur les enfants travailleurs [modifier]

Garçons bangladeshi à la sortie d'une fabrique de vermillon (Mitfordh Hospital, Old Dhâkâ).
Garçons bangladeshi à la sortie d'une fabrique de vermillon (Mitfordh Hospital, Old Dhâkâ).

L'OIT rapporte[2] que les conditions de travail des enfants sont généralement éprouvantes. Ils ne disposent pas de congés ou de temps libre, les locaux sont souvent insalubres, les enfants sont soumis à de mauvais traitements, à des punitions et le rendement demandé est souvent excessif ; certains enfants travaillent dès 5 ou 6 ans alors que leur organisme n'est pas adapté et que leurs besoins, tant physiologiques que psychologiques, ne correspondent pas à une astreinte au travail plusieurs heures par jour.

Certains effets physiologiques sont communs à une grande partie des enfants travailleurs : la malnutrition entraînant des carences et un retard de croissance, l'exposition aux risques et la pénibilité du travail. 70 % des maladies et des accidents subis par les enfants au travail se retrouvent dans l'agriculture où les enfants comme les adultes sont exposés à des produits chimiques, des objets tranchants, de lourdes charges et aux dangers de l'environnement (morsures d'animaux, chaleur, maladies, etc.)[66]. L'industrie les expose également à des produits toxiques et des machines dangereuses, entre les tanneries et leurs bains d'ammoniaque, les fonderies aux fours brûlants ou les explosions et intoxications dans les fabriques d'allumettes ou de feux d'artifice. Les chantiers les exposent aux chutes, les carrières aux poussières et la position accroupie (fréquente en Asie) provoque des problèmes articulaires[26]. Dans le secteur informel, le travail dans les rues les expose aux violences des gangs et de la police, aux accidents de la route, aux rackets, sans parler du travail sur les décharges [67].

Les lieux aux conditions de travail éprouvantes les plus connus sont les ateliers textiles et les mines. Dans les premiers, on retrouve des conditions vues en Europe au XIXe siècle, où la faible luminosité et le travail de fils très fins font rapidement chuter la vision et où la laine et la soie entraînent des affections pulmonaires. Les mines sont là où se concentrent encore la plupart des accidents mortels (32 accidents mortels pour 100 000 enfants travailleurs en 1994[27]) dus aux explosions, aux gaz et poussières, aux maladies (tuberculose, silicose). Enfin, les enfants-soldats et les enfants exploités sexuellement sont soumis à un degré de violence encore bien supérieur (se reporter aux sections et articles spécifiques)[26].

Rôle économique [modifier]

Enfant thaïlandais vendant des souvenirs, dernier maillon d'une chaîne de production pouvant s'étendre sur plusieurs pays.
Enfant thaïlandais vendant des souvenirs, dernier maillon d'une chaîne de production pouvant s'étendre sur plusieurs pays.

Fournissant un travail, ces enfants participent à l'économie. Une grande partie de ce travail est « invisible », dans le sens où il est attesté, mais il n'est pas comptabilisé : c'est le cas du travail dans la sphère familiale, qui concerne encore souvent les femmes n'ayant pas d'activité professionnelle mais s'occupant de leur famille. Les enfants qui travaillent à l'extérieur de leur famille y apportent une contribution financière directe (participation au budget familial) et indirect (ils subviennent à leur propres besoins et représentent une bouche de moins à nourrir). L'OIT estimait qu'un enfant actif peut apporter entre 20 et 25 % du revenu familial pour une famille pauvre[68].

La minorité des enfants salariés[69] pèse un certain poids dans l'économie du pays : l'OIT estime que les enfants représentent près 5 % de la population active en Amérique latine, mais 14 % au Kenya[70]. Il n'existe que des ordres de grandeur pour leur poids par secteur : ainsi, au Pakistan, l'industrie du tapis rapportait 109 millions de dollars en exportations en 1995-96 d'après le patronat ; selon la SACCS, 500 000 enfants y travailleraient (sur 1,5 millions de salariés), un chiffre sujet à caution mais qui donne un ordre de grandeur.

Les enfants impliqués dans le commerce, notamment dans le travail informel de vente dans les rues, se retrouvent souvent à être le dernier maillon d'une chaîne de production, quand ils vendent des boissons fraiches de grandes marques, des journaux, des friandises, etc., entrant parfois en concurrence avec les commerces établis. De même, les récupérateurs de déchets font partie du système de recyclage informel, en apportant les ordures à des récupérateurs professionnels. De fait, la principale motivation pour employer des enfants est d'ordre économique : un enfant est moins cher et plus docile qu'un adulte, avec des salaires deux à six fois moins élevés[71] qui permettent de réduire les dépenses salariales.

Coûts et bénéfices [modifier]

Un des arguments avancés contre l'abolition du travail des enfants est le fait que celui-ci, en améliorant la rentabilité des entreprises, contribue à l'industrialisation et donc au développement économique du pays[3]. L'OIT a conduit une étude en 2004 sur les coûts et les bénéfices liés à l'abolition du travail des enfants[72]. Sa conclusion est claire :

« Bien que certains avantages importants, tels qu’un renforcement des chances de développement personnel, sont difficilement mesurables en termes monétaires, nos calculs permettent clairement de conclure que l’élimination du travail des enfants représente un investissement global très rentable. »

Plus précisément, cette étude portait sur la réalisation du programme IPEC dans les pays en développement et en transition. Les coûts du projet sont l'amélioration de l'éducation (infrastructure, enseignants, fournitures…), le transfert de revenus (c'est-à-dire les programmes visant à compenser la perte pour les familles du revenu dégagé par l'enfant, sous forme d'allocations), les interventions non scolaires (visant les pires formes de travail, les enfants très pauvres et/ou de castes inférieures, les facteurs culturels dont les différences liées au genre), et le coût d'opportunité (les bénéfices perdus suite au retrait des enfants de leur travail). Les bénéfices économiques attendus sont une capacité de production accrue grâce à une meilleure éducation, et une réduction des coûts de santé grâce à l'arrêt des pires formes de travail (dont les conséquences physiques et psychiques ont été exposées plus haut). En utilisant des données nationales et l'expérience de programmes déjà en place, l'étude a pu estimer le total des coûts et bénéfices :


Total des coûts et bénéfices économiques potentiels résultant de l'élimination du travail des enfants d'après l'OIT sur la période 2000 - 2020[72]. Chiffres en milliards de dollars US à parité de pouvoir d'achat.
Région Pays en
transition
Asie Amérique
latine
Afrique
sub-saharienne
Afrique du Nord
Moyen-Orient
Ensemble
Éducation 8,5 299,1 38,7 107,4 39,6 493,4
Transfert de revenus 0,7 6,3 1,2 1,5 1,1 10,7
Autres interventions 0,4 2,4 5,8 0,6 0,2 9,8
Coût d'opportunité 16,0 151,0 30,9 30,1 18,8 246,8
Coûts totaux 25,6 458,8 76,6 139,5 59,7 760,3
Meilleure éducation 145,8 3 307,2 403,4 721,8 500,2 5 078,4
Santé améliorée 4,0 14,0 3,8 2,1 3,9 28,0
Bénéfices totaux 149,8 3 321,3 407,2 723,9 504,1 5 106,3
Bénéfices économiques nets 124,2 2 862,4 330,6 584,4 444,4 4 346,1
Paiements de transferts 13,1 125,8 23,5 29,1 22,1 213,6
Bénéfices financiers nets 111,1 2 736,6 307,1 555,4 422,3 4 123,5

L'OIT a conclu de cette étude que l'élimination du travail des travails, généralement poursuivie pour des raisons éthiques, est également valable d'un point de vue économique ou financier : les bénéfices dépasseraient de 6 à 7 fois les coûts. Cette étude rejoint celles de la Banque mondiale qui tendent à montrer qu'investir dans l'éducation est une opération rentable à long terme pour les pays concernés[73]. En Afrique sub-saharienne, les bénéfices financiers nets dépassent la moitié du revenu national brut annuel. Cependant, l'étude ne reste qu'une estimation, portant sur un programme théorique durant 20 ans ; et les coûts restent supérieurs aux bénéfices pendant les 15 premières années, les bénéfices s'envolant en revanche à partie de la 16e année. L'OIT appelle à juste titre ce projet un « investissement transgénérationnel. »

Vers l'abolition ? [modifier]

Évolution du droit [modifier]

Au niveau international, le travail des enfants est régi par plusieurs conventions de l'OIT dont les principales sont actuellement la convention no 138 sur l'âge minimum de travail (datant de 1973 et remplaçant plusieurs conventions précédentes sur l'âge minimum dans divers secteurs d'activités) et la convention no 182 sur les pires formes de travail (voir la carte à ce sujet plus haut). La chronologie permet de retracer les premières conventions de l'OIT qui, depuis 1919, portaient généralement sur l'âge minimum dans différents secteurs d'activité. Ces conventions servent effectivement de « code du travail » international et de référence pour les ONG[74]. L'ONU joue également un rôle important, notamment avec la Convention internationale des droits de l'enfant et les conventions portant sur l'esclavage et les enfants-soldats. Deux conférences ont été organisées spécifiquement sur ce sujet par l'ONU, à Amsterdam en 1997 et à Kampala en 1998.

Au niveau national, les lois évoluent lentement dans le sens du durcissement et d'un rehaussement de l'âge légal, la convention 138 accordant une certaine marge de manœuvre dans ce domaine pour les travaux légers dans l



06/10/2007
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