Une vérité qui dérange - Partie 1
Une vérité qui dérange
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Une vérité qui dérange (An Inconvenient Truth, titre en anglais) est un film documentaire américain traitant du changement climatique, spécialement du réchauffement planétaire, réalisé par Davis Guggenheim. Al Gore, ancien vice-président des États-Unis d'Amérique et nouveau prix Nobel de la paix 2007, y tient le premier rôle.
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Disponibilité [modifier]
Sortie en salles [modifier]
Ce documentaire de 94 minutes est basé en grande partie sur une présentation multimédia que Gore a préparée pour sa campagne de sensibilisation sur le réchauffement climatique. Le film fut présenté en avant-première en 2006 au Festival du film de Sundance, puis au Festival de Cannes 2006.
An Inconvenient Truth est apparu sur les écrans à New York et Los Angeles le 24 mai 2006. Il s'agit du troisième plus gros succès jusqu'à présent pour un documentaire aux États-Unis. Gore et la Paramount, le distributeur du film, ont utilisé la recette afin de financer des campagnes éducatives sur le changement climatique[1].
Livre d'accompagnement [modifier]
An Inconvenient Truth est également le titre d'un manuel de Al Gore qui atteint la première place des bestsellers du New York Times (en date du 2 juillet et du 13 août 2006)[2], et se maintient encore pendant de nombreux mois sur la liste[3].
Le livre a été publié en même temps que la sortie du documentaire en salle. Le livre contient de l'information additionnelle, des analyses scientifiques, et le commentaire de Al Gore sur les problématiques présentées dans le documentaire.
Présentation [modifier]
Synopsis [modifier]
L'ancien vice-président Al Gore se consacre à ce qu'il considère comme le but de sa vie après l'échec de l'élection présidentielle de 2000. Il s'implique lui-même dans la lutte contre le réchauffement climatique. Dans la continuité d'une présentation exposée à travers le monde dans sa tournée surnommée « the slide show », Gore met en lumière la quasi-unanimité des scientifiques s'accordant sur le réchauffement global de la Terre, débat sur la politique et l'économie du réchauffement global, et décrit les conséquences graves que le changement du climat produira si la quantité de production humaine de gaz à effet de serre n'est pas significativement réduite dans un futur très proche.
Le film présente beaucoup d'aspects catastrophistes, comme le risque de l'effondrement d'un inlandsis majeur, un glacier très étendu au Groenland ou en Antarctique, dont l'un ou l'autre pourrait élever les niveaux de mer globaux d'approximativement 6 mètres, provoquant l'inondation des secteurs côtiers et créant une centaine de millions de "réfugiés climatiques", les écoréfugiés. La fonte des eaux du Groenland pourrait stopper le courant du Gulf Stream et rapidement déclencher un refroidissement local dramatique en Europe nordique (en dépit du réchauffement climatique global). Le documentaire se conclut en indiquant que si les mesures appropriées sont prises rapidement, les effets du réchauffement peuvent être inversés avec succès en libérant moins de dioxyde de carbone et en cultivant plus de plantes et d'arbres. Enfin Gore invite tous les spectateurs à apprendre comment ils peuvent aider et à se mobiliser dans cette initiative.
Dans le but de montrer le phénomène de réchauffement climatique, le film présente la température annuelle et les niveaux de CO2 pendant les 650 000 dernières années déterminés par les analyses des carottes de glace prélevées en Antarctique. Une analogie à l'ouragan Katrina est utilisé pour leur rappeler que les vagues de 9 à 14 mètres ont détruit presque un million de maisons côtières du Mississippi, de la Louisiane, de l'Alabama et de la Floride.
Les aspects de controverse[4] liés à l'attribution des causes du réchauffement climatique y sont présentés comme une manipulation provenant d'un groupe limité de personnes, cherchant à entretenir le doute par une dissonance entre les médias de presse spécialisée et les médias grand public[5].
Al Gore est présenté dans ce documentaire, ainsi que les étapes majeures ayant mené à son engagement en politique. Il y règle de plus ses comptes avec ses adversaires, pointant de manière précise du doigt les personnes qui participent à la désinformation en ce domaine[6].
Origines [modifier]
Gore est intrigué la première fois par le réchauffement planétaire lors d'un cours à l'université de Harvard avec le professeur Roger Revelle, l'un des premiers scientifiques à mesurer le taux de dioxyde de carbone dans l'atmosphère[7]. Le livre de Gore publié en 1992, Sauver la planète Terre, traitait déjà d'un certain nombre de sujets touchant l'environnement et se classa dans la liste des bestsellers du New York Times. Plus tard, quand Gore pris la présidence du congrès des États-Unis en qualité de vice-président des USA, il initia la première audition du congrès à ce sujet, y emmena des climatologues et commença à en débattre avec les représentants élus[8]. Il pensait qu'une fois les législateurs au courant de l'incontestable évidence, ils seraient conduits à l'action ; pourtant finalement, le processus fut lent voire laborieux.
En tant que vice-président dans l'administration Clinton, Gore poussa à la création d'une taxe sur le carbone, la carbon tax, pour inciter à réduire la consommation de combustible fossile et de ce fait diminuer l'émission de gaz à effet de serre, elle a été partiellement mise en œuvre en 1993. Il a aidé à promouvoir le protocole de Kyoto en 1997, le traité international conçu pour limiter les gaz à effet de serre. Cependant, il n'est pas ratifié par les États-Unis en raison de l'opposition du sénat Américain. Gore a aussi soutenu le placement du satellite dans le cadre du programme Triana, pour accroître la conscience des problèmes environnementaux et pour avoir les premières mesures directes de la proportion de rayonnement solaire réfléchi par la Terre. Gore engagea en partie sa campagne présidentielle de 2000 sur la ratification du protocole de Kyoto.
Après sa défaite à l'élection présidentielle, Gore a adapté une projection de diapositives, slide show qu'il avait précédemment créé, et commença à donner à travers les USA et dans le monde entier des présentations multimédias sur le réchauffement climatique. Au moment où le film débute, Gore estime l'avoir montré plus d'un millier de fois. Les producteurs Laurie David et Lawrence Bender ont vu le show de Gore à New York après la première de The Day After Tomorrow[9]. Inspirés, ils rencontrent le réalisateur Davis Guggenheim au sujet de la possibilité de transformer la projection de diapositives en un film. Guggenheim, sceptique au début, vit plus tard une présentation de Gore faite pour lui seul, et déclara qu'il avait « été soufflé » (« blown away »), et que « après une heure et demi, je pensais que le réchauffement planétaire était le problème le plus important.[…] Je n'avais aucune idée de la façon dont on pourrait en faire un film , mais je voulais l'essayer »[10].
Réalisation [modifier]
La structure du film est essentiellement celle d'un film documentaire, An Inconvenient Truth suit une base dramatique dans la séquence où les faits sont révélés et les prévisions soulignées, auxquels s'ajoutent des événements de la vie personnelle d'Al Gore. Plutôt qu'énumérer simplement des faits d'une façon sèche et mécanique, le film place son sujet dans un contexte plus moral et émotionnel avec des éléments d'une intrigue dramatique.
David Guggenheim et son équipe ont reconstitué une salle de conférence dédiée pour le tournage propre au film en présence de l'hôte vedette. La cause planétaire et la stature de l'homme politique ont contribué à l'afflux de bonnes volontés autour du projet ; s'agissant tant de professionnels de l'industrie du cinéma acceptant de contribuer sans demander d'émoluments, que de Melissa Etheridge, habituée des chansons militantes, qui a composé une chanson après avoir visionné les rushs de la conférence.
Base scientifique [modifier]
Dans le film et le livre l'accompagnant, Gore cite beaucoup d'études scientifiques pour soutenir la revendication que le réchauffement climatique est réel et en grande partie causé par l'homme :
- La fonte de nombreux glaciers est souligné par des photographies montrant l'avant et l'après[11].
- Une étude faite par les chercheurs de l'Institut de Physique de l'université de Berne et du Projet Européen pour creuser la glace dans l'Antarctique, l'EPICA[14], présente des données de l'Antarctique à partir de carottes de glaces montrant les concentrations en dioxyde de carbone les plus élevées pour les 650 000 dernières années[15].
- L'enquête du Dr. Naomi Oreskes en 2004, recense 928 articles scientifiques sur le changement climatique publiés entre 1993 et 2003. Le résultat de son observation, publié en éditorial dans le journal Science, est que chaque article soit soutient le consensus « le réchauffement global a une part d'origine humaine », soit n'en tient pas compte[12].
L'agence de presse américaine Associated Press, est entrée en contact avec plus de 100 experts et chercheurs sur le climat et les ont interrogés au sujet de la véracité du film. Ce sondage se déroulant avant la sortie nationale du film ou du livre, seuls 19 climatologues ont vu le film et ils disent tous que Gore a transmis correctement les faits scientifiques [16]. Le Comité Sénatorial de l'Environnement et des Travaux Publics des États unis, « U.S. Senate Committee on Environment and Public Works » présidé par le sénateur Jim Inhofe, un sceptique du réchauffement global, a publié un communiqué de presse critiquant ce rapport [17]. La position d'Inhofe « le réchauffement global est le plus grand canular jamais commis sur les Américains »[13], apparaît dans le film.
RealClimate, un blog collectif maintenus par 11 climatologues, honore les faits scientifiques du film comme " remarquablement à jour, contenant des références à une partie des toutes dernières recherches ", [14].
L'historien des sciences et le fondateur de The Skeptics Society, Michael Shermer a écrit dans Scientific American que An Inconvenient Truth « m'a fait un choc et m'a fait quitter mon attitude dubitative », « shocked me out of my doubting stance » [15].
De même, le 26 juin 2006, dans l'éditorial du Wall Street Journal, le climatologue Richard Lindzen, sceptique du réchauffement climatique a critiqué le film et se questionne sur ses motivations[16]. Une analyse critique de l'article de Lindzen par un bloggueur, David Lawrence, un biogéographe et journaliste, révèle que les réclamations de Lindzen sont basés sur des données actuellement dépassées[17].
Réactions [modifier]
Le film, en ouverture de festivals de films, a été accompagné par une promotion publicitaire utilisant des slogans tels que « Un avertissement au Monde » ("A global warning"[18]), « Nous sommes tous sur une fine couche de glace », « De loin le plus terrifiant film jamais vu », et enfin « Le film le plus effrayant cet été est celui où vous êtes le méchant et le héros »[19]. La réaction à Sundance fait écho au montant du box-office et aux articles positifs des critiques de films. D'ailleurs, le film et l'acclamation des critiques ont été parodiés dans des programmes télévisés.