Je voulais savoir quoi

 

 

Je voulais savoir quoi

23/07/2012

Témoignages > Information-Psychoéducation-Découverte du diagnostic

Pourquoi, qui, quoi, je ne savais pas. Maintenant, je suis rassurée et prête à partir vers lʼavant.
Je suis une maman de trois enfants au tout début de mon traitement. Jʼai été diagnostiquée il y a seulement deux mois. Mais je peux déjà dire que ce qui mʼa aidé le plus pour soigner ma cyclothymie, cʼest dans un premier temps de poser le diagnostique, et son acceptation.
Cʼest la base même de toute réussite du traitement, même si je nʼen suis quʼau début. Jʼai derrière moi 31 ans de vie et de souffrances, par défaut de diagnostic, par défaut dʼécoute et par lʼignorance de cette maladie.

Jʼai fait le parcours du combattant pour trouver tout dʼabord sur internet ce que jʼavais et jʼai autant peiné pour trouver une personne capable de confirmer le diagnostic.

Je suis de celles qui accepteront le traitement donné, parce que pour moi, poser enfin un nom sur toutes ces souffrances a été un soulagement.
enfin le début dʼune nouvelle vie, enfin une personne qui a entendu ma souffrance, enfin, une direction à prendre, pour être capable dʼêtre enfin posée, dʼêtre la mère que je souhaite être pour mes enfants, et non ce monstre hurlant que jʼétais devenue.

Des personnes incapables dʼécoute, jʼen ai eu, des personnes pour qui ce trouble nʼexiste pas, ces personnes pour qui tout est dans la tête.

Enfant, jʼai été victime dʼabus sexuels par de multiples abuseurs et de maltraitances. Jʼai des années derrière moi de thérapies qui mʼont fait réfléchir sur ce que je ne voulais surtout par devenir : une mère maltraitante.
Jʼai enchainé des dépressions , des tentatives de suicides, des abus médicamenteux, des périodes dʼanorexie/boulimie, des automutilations,... dʼaussi loin que remontent mes souvenirs. Je suis sortie de lʼenfer à 24 ans, après un divorce pour faute contre mon ex mari, dont jʼétais victime de violences conjugales.

De 24 ans à aujourdʼhui, dans les bras dʼun homme doux, respectueux, stable, qui mʼa permis de me reconstruire, jʼai découvert enfin le bonheur, le bonheur dʼêtre maman trois fois, bonheur entaché par deux dépressions post-partum, et une troisième grossesse catastrophique où les phases se sont enchainées quasiment sans interruptions, où jʼai cru que jʼallai commettre lʼirréparable.

Cʼest lors de cette grossesse que je me suis interrogée : je suis heureuse, bien dans ma vie, jʼai un mari aimant, deux enfants, enceinte du troisième. Pourquoi alors ai-je lʼimpression dʼêtre la pire des mères ? Pourquoi ai je envie de me foutre en lʼair? Pourquoi je mʼautomutile? Pourquoi ai je si mal alors que je devrai être bien?

On me dit que je suis borderline, anxieuse, dépressive. les psychiatres me disent que tout vient de mon passé et nʼécoutent pas mes dires quand je veux parler de mes insomnies, mes nuits à écrire sans pouvoir mʼarrêter, à défaut de bricoler.

Je vais sur internet et je tombe sur le trouble borderline, puis sur le trouble bipolaire. Je me dis que ce nʼest pas moi, vu que je nʼai jamais eu de phase maniaque. On y parle dʼune rupture dans la vie de la personne.
Je vois cette rupture, je vois cette phase maniaque, à mes 17/18 ans avec mes délires mystiques et mes hallucinations.

Peu à peu, je relis ma vie à travers ce trouble et je découvre que jʼai bien plus de phases autre que dépressive que je ne lʼaurais pensé.
Je découvre que cʼest lors de ces moments critiques que jʼose dénoncer mes abuseurs, que je dis tout haut des choses que jʼaurais tu en temps normal, je me souviens des moments où je parlais des heures au téléphone, moi qui déteste parler au téléphone, je me souviens de ces moments où jʼai témoigné de ma foi devant plus de 300 personnes, moi si timide et incapable de prendre la parole en classe durant toute ma scolarité , je me revois debout pendant des heures la nuit à bouquiner enfant, ou à vouloir bricoler à trois heures du matin, je me souviens de ces quelques semaines où je nʼai pas pu fermer lʼoeil qui mʼa conduit aux urgences, suite à une tentative de suicide que je nʼavais aucunement envie de faire, juste après avoir eu un médicament pour dormir.

Tout est devenu clair et limpide, tout ne venait pas de mon passé. Mon passé en soi, je lʼai digéré, jʼai fait la paix avec, jʼai pardonné à beaucoup de personnes. Mais voilà, il y a cette fragilité qui fait que lorsque les phases reviennent, les crises sʼenchainent, jʼai la pire famille, je suis la pire des mères, je suis ingérable...

Le diagnostic, cela a été déjà un grand "ouf" de soulagement. Enfin je pouvais poser mon fardeau, enfin, on mʼécoutait, et surtout, enfin, on ne me dit pas que je suis folle.
Je comprends mieux pourquoi je me suis toujours sentie différente, pourquoi ma sœur qui a subi les mémés abus sexuels que moi nʼa jamais eu ni dépression, ni fait de tentatives de suicide, pourquoi je me suis toujours sentie incomprise lorsquʼon me répétait sans cesse que je ressassais trop de choses, que je me prenais trop la tète pour un rien.

La réussite de ce traitement résidera et réside dans lʼacceptation de mon diagnostique. je prendrai coute que coute ces médicaments, car ce qui compte bien plus que mon propre bien-être, cʼest le bonheur de mes enfants et de mon mari, cʼest dʼêtre ma meilleure mère possible pour mes amours...


08/05/2013
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