Les Définitions de la Psychiatrie
QUELQUES DEFINITIONS |
1. Névroses et psychoses
2. Troubles de l'humeur
3. Anxiété
4. Délire
5. Antidépresseurs
6. Neuroleptiques
7. Somatisation
8. Thérapies comportementales et cognitives
9. Freud
10. Que signifient ces mots ?
Les maladies mentales peuvent être classifiées en 2 grands groupes opposés :
1- Les névroses : qui peuvent se résumer dans le fait que le névrotique :
- d'une part est tout à fait conscient de son trouble mental (origine pathologique)
- et d'autre part n'est pas atteint dans les fonctions essentielles de sa personnalité, à savoir :
- Pas de perte de contact avec la réalité
- Pas de délire ou d'hallucinations
Les troubles occasionnés sont généralement mineurs et peu handicapant.
On y retrouve : Les troubles phobiques (agoraphobie, claustrophobie...), les états anxieux (panique, angoisse, obsessions...), l'hystérie...
2- Les psychoses : plus graves, elles se caractérisent par le fait que le psychotique
- ignore ses troubles
- perd contact avec la réalité
- devient inadapté social, à la suite d'une altération foncière du lien interhumain.
On y retrouve : La schizophrénie, la psychose maniaco-dépressive, la mélancolie délirante...
Elles touchent environ 1% de la population urbaine
On parlera donc de psychose à partir du moment où le sujet évalue mal la précision de ses perceptions et l'exactitude de sa pensée, et même confronté à l'évidence, il continuera à vivre dans sa néoréalité.
Les troubles de l'humeur (ou troubles thymiques)
On parle de troubles de l'humeur lorsqu'il y a existence d'une perturbation marquée de l'humeur :
- Soit par excès : états d'excitation de type maniaque et apparentées
- Ou à l'opposé : états de dépression psychologique sous toutes leurs formes.
Exemple : - Le maniaco-dépressif passe par des phases d'excitation intense où sa capacité d'agir est exagérément facilité, et des phases dépressives où elle est anormalement entravée. On dit qu'il présente des troubles thymiques bipolaires.
- Le déprimé quant à lui est dit unipolaire.
Petit tableau représentatif des différents troubles de l'humeur
Troubles thymiques
Bipolaires (et unipolaire maniaque) |
Unipolaires dépressifs |
1. Manie récurrente pure (très rare) |
1. Dépression majeure (récurrente ou non) |
2. Maladie maniaco-dépressive |
2. Dysthymie (névrose dépressive) |
3. Dépressions + hypomanies |
3. Autres (dépression mineure, brève...) |
4. Cyclothymie |
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5. Autres (Schizomanies...) |
L'anxiété
L'anxiété est un état affectif caractérisé par un sentiment d'insécurité, la crainte d'un danger mal défini. Il s'agit d'un phénomène universel qui peut devenir pathologique lorsqu'il atteint une certaine intensité.
On distingue dès lors :
- les attaques de paniques caractérisées par le fait que le sujet ressent un sentiment de menace, a peur de devenir fou ou de ne plus se contrôler, croit qu'il va mourir.
Les signes témoins de ce malaise sont : sensation d'étouffement, étourdissements, vertiges, tachycardie, tremblements ou secousses musculaires, nausées ou douleurs abdominales, sueurs, sensation d'engourdissement, bouffées de chaleur ou frissons, douleur ou gêne thoracique...
Elles peuvent durer de quelques minutes à plusieurs heures et les sujets en gardent un souvenir très douloureux.
- les manifestations anxieuses chroniques caractérisées par un état de tension, des soucis injustifiés ou excessifs sans cause particulière, mais qui se polarisent sur les situations ou les événements à venir: échéances financières...
Le délire
Étymologiquement "délirer" signifie "sortir du sillon". Le syndrome délirant constitue une croyance ou un système de croyances erronés en opposition avec la réalité ou l'évidence. Le terme de croyance implique que le sujet délirant est convaincu de ce qu'il avance : c'est la conviction délirante. " Le délire n'est pas dans le thème, il est dans la conviction" écrivait le psychiatre français Clérambault.
Il faut donc d'emblée distinguer le délire de l'erreur, laquelle est corrigible et ne s'accompagne pas d'une conviction inébranlable.
En pratique clinique, il n'est pas toujours aisé d'affirmer qu'un sujet délire : soit les informations sur la réalité manquent, comme dans le cas d'un sujet jaloux, soit la culture du sujet diffère de celle du médecin.
On décrit des délires :
- de persécutions (sujet victime d'un complot, de malveillance...)
- de grandeur (le sujet se croit appelé à remplir une grande mission...)
- d'influence (le sujet agit sous l'influence d'un avis extérieur)
- de filiation
- passionnels : jalousie, érotomanie (conviction d'être aimé), délire de revendication
- hypocondriaques : idées de métamorphose, d'être possédé, de négation d'organes...
- d'indignité et de culpabilité : le sujet se croit ruiné, coupable, dévalorisé.
Antidépresseurs
Les antidépresseurs sont des substances dont l'action psychotrope majeure consiste en une simulation de l'humeur ; ce sont les médicaments des états dépressifs. Leur action thérapeutique est totalement différente de celle des tranquillisants avec lesquels ils sont souvent confondus.
Les antidépresseurs peuvent être classés en trois groupes :
1- Les antidépresseurs tricycles et apparentés
2- Les inhibiteurs de la monoamine oxydase IMAO.
Ils ont en commun plusieurs propriétés, outre leur date de découverte (1957) :
- une efficacité antidépressive qui n'apparaît qu'au bout de 2 à 3 semaines. Les antidépresseurs n'ont un effet que chez le sujet malade déprimé ; ils n'ont pas ou très peu d'effet euphorisant ou stimulant chez le sujet sain (à la différence des amphétamines qui sont psychostimulants et euphorisants chez le sujet normal) ;
- la capacité de déclencher chez certains patients une inversion de l'humeur ;
- un certain nombre d'effets secondaires indésirables d'intensité variable selon les produits.
3- Les antidépresseurs non-tricycles et non IMAO.
Ces "nouveaux" antidépresseurs n'ont pas encore réussis à réduire à la période de latence de l'action antidépressive mais ils sont mieux tolérés en raison d'effets secondaires moindres.
Neuroleptiques
Les neuroleptiques, "antipsychotiques", "tranquillisants majeurs" dans les pays de langue anglaise, constituent une classe particulière de psychotropes agissant sur l'excitation psychomotrice et certains symptômes psychotiques, hallucinations et délires en premier lieu. On peut dater leur découverte de 1952, année des premiers travaux de J.Delay et P.Deniker sur l'activité de la chlorpromazine dans les états psychotiques, qui devaient ouvrir la voie à la mise au point des nombreux neuroleptiques désormais disponibles.
Leur introduction en psychiatrie a représenté un progrès décisif dans le traitement médical des états maniaques et psychotiques, l'un des facteurs ayant le plus contribué à humaniser la psychiatrie en permettant de réduire le recours aux hospitalisations asilaires prolongées, avec toutes les implications psychologiques et sociales en découlant.
Effets thérapeutiques :
- L'effet antipsychotique : encore dénommé effet antiproductif, ou effet antidélirant. Il est illustré par la réduction des symptômes "positifs" ou "productifs" des états psychotiques : contrôle des hallucinations et du délire, mais aussi de la désorganisation mentale simultanée (réduction des troubles "positifs" de la pensée) (cf. schizophrénie - Phase d'état).
Cet effet est d'autant plus marqué que les symptômes psychotiques sont aigus, évolutifs, instables. Il est bien moindre sur des symptômes anciens, résiduels, fixés.
Quant aux symptômes négatifs fondamentaux des états psychotiques (rétrécissement affectif, intellectuel et motivationnel) ils sont peu ou pas sensibles aux neuroleptiques.
- L'effet sédatif : les neuroleptiques sont de très puissants tranquillisants qui agissent :
- sur l'excitation psychomotrice : effet antimaniaque ;
- sur l'hypersensibilité affective : effet ataraxique, réduisant la réactivité émotionnelle aux stimuli ;
- sur l'agitation anxieuse : effet sédatif et anxiolytique ;
- sur l'agressivité : effet anti-agressif.
Somatisation
On appelle somatisation un ensemble de troubles représentés par des symptômes physiques multiples, variés, variables dans le temps, habituellement présents depuis plusieurs années, pour lesquels le sujet a subi de nombreuses investigations, des bilans exploratoires, tous négatifs. Le sujet entretient avec les médecins une relation complexe, faite d'une plainte permanente, d'une exigence et d'une insatisfaction pour les services rendus.
Les symptômes peuvent toucher n'importe quel système ou partie du corps. Ils sont en dehors du contrôle de la volonté. Les motifs en sont inconscients. Il n'existe pas de lésion somatique objectivable, à la différence de la pathologie psycho-somatique dans laquelle il existe une maladie somatique avec des lésions dont l'évolution est dépendante de facteurs psychologiques.
Thérapies comportementales et cognitives
En plein essor, les thérapies comportementales et cognitives s'adressent à un nombre croissant de troubles mentaux dans une perspective scientifique et expérimentale. Faisant appel à de nombreuses techniques différentes, elles reposent sur des bases théoriques depuis le début du XXe siècle par le courant "béhavioriste".
Considérant les maladies mentales comme le résultat d'un mauvais apprentissage, les comportementalistes visent à en corriger les symptômes en faisant "apprendre" au sujet un comportement différent. Plus que les réflexes conditionnés étudiés par Pavlov, les techniques utilisés font appel au modèle de conditionnement opérant de Skinner et à l'apprentissage vicariant ou social mis en lumière par Bandura.
Les thérapies cognitives ont pour objet les événements internes : pensées, émotions, images mentales, discours intérieur. Leurs prometteurs américains, Ellis et surtout Beck, conçoivent les troubles dépressifs et anxieux comme des anomalies dans le traitement des informations. La thérapie cognitive aide à corriger ces erreurs selon une procédure non directive, socratique.
D'abord appliquées à la dépression, puis aux troubles anxieux, elles ont vu progressivement leurs indications s'étendrent aux troubles de la personnalité et à ceux des conduites alimentaires.
Il s'agit essentiellement, en recueillant par écrit ses pensées et ses émotions, de repérer avec le patient les distorsions dans le traitement de l'information pour l'amener à adopter des pensées alternatives.
De plus en plus, on tend à associer chez un même patient l'abord comportemental et cognitif, en particulier pour les pathologies complexes et chroniques comme les troubles de la personnalité ou les dépressions chroniques.
Freud
Sigmund Freud, neuropsychiatre autrichien, fondateur de la psychanalyse.
Poursuivant ses études médicales à Vienne, il se spécialise en neurologie, fait d'importants travaux sur l'anatomie comparée du système nerveux et sur les encéphalopathies infantiles, et découvre les propriétés anesthésiques de la cocaïne. Privat-dozent de la faculté de Vienne, il vient en France pour compléter sa formation médicale : en 1885, il suit l'enseignement de J.M. Charcot, à la Salpêtrière et, quatre ans plus tard, celui de H.Bernheim, à Nancy. Installé à Vienne, il devient le collaborateur de J. Breuer, avec lequel il publie en 1895 ses Études sur l'hystérie.
Convaincu que les névroses sont des maladies psychiques indépendantes de toute lésion organique, causées par des chocs affectifs oubliés, il est à la recherche d'une méthode susceptible de ramener au jour les traumatismes enfouis. Après avoir utilisé, successivement, l'hypnose, puis un traitement par questions, il emploie la méthode des libres associations et formule la règle de non-omission (le patient doit dire tout ce qui lui vient à l'esprit). Il étudie les rêves, en démonte les mécanismes principaux, élabore les notions de censure, de refoulement, de libido, d'inconscient, préparant par phases successives une nouvelle psychologie, connue sous le terme de psychanalyse. Il ne s'agissait plus d'une simple thérapeutique, mais d'une doctrine qui remettait en question les idées que l'on se faisait de la condition humaine.
Avec courage et constance, S.Freud continua sa recherche, en dépit de l'hostilité que ses conceptions révolutionnaires suscitaient. Son oeuvre est considérable. "Par sa fécondité, dit E.Claparède, elle constitue l'un des événements les plus importants qu'ait jamais eu à enregistrer l'histoire des sciences de l'esprit." Parmi ses très nombreux ouvrages, citons : la Science des rêves (1900), Introduction à la psychanalyse (1916-1917), Inhibition, symptôme et angoisse (1926). Le premier volume de la traduction française des oeuvres complètes de Freud est paru en 1988. Vingt autres devraient le suivre.
Que signifient les mots suivant :
Anamnèse : Ensemble des renseignements recueillis auprès d'un malade et de son entourage, relatifs à son histoire personnelle et à sa maladie.
L'anamnèse oriente le diagnostic et souvent aussi l'attitude thérapeutique du médecin ou du psychologue. En effet, l'organisation chronologique des éléments fournis par cette enquête permet parfois, à l'investigateur perspicace, de découvrir des relations causales entre certains faits.
Cyclothymie : humeur évoluant par phases entre la gaieté et la tristesse. Les cyclothymiques se caractérisent par leur possibilité d'accord et de vibration avec le monde. D'humeur mobile, ils suivent les oscillations de l'ambiance, réagissant selon la situation par la joie, la colère ou la tristesse. Ils sont sociables et réalistes.
Quand la cyclothymie prend un caractère exagéré, que le sujet passe de la bruyante gaieté à la dépression pour des motifs banals, on entre dans le domaine pathologique. Ces variations ne font plus partie de la cyclothymie mais de la cycloïdie, qui peut aboutir à la "folie circulaire" ou psychose maniaque-dépressive.
Dépression : Sentiment de tristesse persistante, pessimisme, perte de l'estime de soi, perte de goût aux activités.
Dyskinésie tardive : Mouvements anormaux lents et involontaires de certains muscles (bouche, langue, lèvres). Un effet secondaire potentiel d'un traitement de longue durée par antipsychotiques (neuroleptiques). Elle peut également survenir dans d'autres parties du corps.
Émotion Exprimée : Concept anglo-saxon. Fait référence à une émotion caractérisée par un surinvestissement émotionnel qui se traduit par une hostilité et une critique excessive à l'égard du patient.
Groupes psycho-éducatifs : Groupes réunissant des patients schizophrènes ou des familles de patients schizophrènes dans lesquels un animateur professionnel - psychiatre, psychologue, infirmier(e), assistant(e) social(e) - répond aux questions des membres du groupe et évoque avec eux les principaux aspects de la maladie et de son traitement.
Hallucinations : perceptions sensorielles fausses, sans influence de l'extérieur. Les patients peuvent entendre des voix (hallucinations auditives) ou sentir des odeurs (hallucinations olfactives) qu'une personne saine n'entendrait/ne sentirait pas. L'hallucination peut également être tactile : le patient a alors l'impression qu'on le touche.
Hypomanie : C'est une manie atténuée : état d'excitation qui rompt avec l'équilibre ordinaire du sujet, mais demeure compatible avec le maintien d'une activité de qualité, et reste dépourvu de troubles du jugements importants, si caractéristiques de la manie. L'hypomanie inaugure souvent le dérèglement de l'humeur, annonçant l'aggravation maniaque ou une inversion dépressive de l'humeur.
Idées délirantes : Convictions personnelles erronées que les autres ne partagent pas. Convictions qui sont maintenues en dépit des évidences. Le patient a l'impression qu'il est persécuté, qu'il est Dieu, que tout tourne autour de lui, etc.
Inconscient : Découverte essentielle pour la psychologie, la notion d'inconscient s'associe à celle de territoire psychique profondément enfoui et non accessible à la connaissance directe. Pour Freud, l'inconscient est constitué de contenus refoulés et s'élabore ainsi au fur et à mesure de l'histoire du sujet.
Neurotransmetteur : Messager chimique élaboré au niveau des synapses et qui assure la transmission de l'influx nerveux. La dopamine et la sérotonine sont deux neurotransmetteurs.
Phénomène de référence : Sentiment d'être l'objet de discussions ou d'allusions lorsque ce n'est pas le cas.
Psychopathie : état mental pathologique. Dans un sens plus restreint, ce terme s'applique à des déviations surtout caractérielles (affectivité, volonté) entraînant des conduites antisociales, sans culpabilité apparente. Les psychopathes ne se classent ni parmi les psychotiques (réellement aliénés) ni parmi les névrosés (qui souffrent de leurs troubles). Ce sont des individus instables, impulsifs et difficiles, dont le comportement fait souffrir, essentiellement, leur entourage. Inadaptés sociaux, ils ont souvent des démêlés avec la justice.
Psychotrope : Substance naturelle ou synthétique dont l'action sur le système nerveux central est capable de modifier l'activité mentale et la conduite d'un individu.
On distingue trois groupes de psychotropes : les sédatifs (neuroleptiques...), les stimulants (antidépresseurs...), et les perturbateurs psychiques (hallucinogènes, stupéfiants, alcool,...)
Surmoi : Ensemble des interdits moraux introjectés.
Cette formation inconsciente serait consécutive à l'identification de l'enfant aux parents idéalisés ou à leurs substituts. Elle exercerait une fonction d'autorité et de censure morale, obligeant le moi à lutter contre certaines pulsions instinctuelles, sous peine de voir naître des sentiments pénibles, principalement de culpabilité.
Dans certains troubles mentaux (mélancolie par exemple), les sentiments pénibles nés du fonctionnement du surmoi sont si intenses qu'ils rendent la vie insupportable et peuvent conduire le malade à rechercher une souffrance expiatoire ou même la mort.
Toxicomanie : appétence morbide manifestée par certains sujets pour des substances toxiques, entraînant des effets nuisibles pour eux-mêmes et pour la société.
La toxicomanie se manifeste par la tolérance de l'organisme, l'augmentation des doses, un besoin incoercible de la drogue, la dépendance de l'individu à l'égard de celle-ci et sa déchéance physique et mentale à plus ou moins long terme.
Traitement prophylactique : Traitement qui consiste à un ensemble de mesures destinées à empêcher l'apparition ou la propagation d'une ou de plusieurs maladies.