Les ETATS MIXTES Manie/Depression chez le BIPOLAIRE

 

 

Etat mixte

Au cours de l’état                           mixte des symptômes maniaques et des symptômes                           dépressifs sont intriqués. L’humeur                           est variable, tous les cas de figure s’observent                           : tristesse avec excitation psychique et motrice, euphorie                           avec ralentissement, tristesse avec excitation psychique                           mais ralentissement moteur…

   
On appelle manie dysphorique                           des épisodes associant un état maniaque                           classique à au moins trois symptômes dépressifs,                           notamment la tristesse de l’humeur qui est souvent                           masquée par l’agitation, l’hostilité                           et l’anxiété du patient. C’est                           une forme fréquente et grave d’épisode                           mixte.
   
Ces épisodes représenteraient                           20% des épisodes et le risque suicidaire ne doit                           pas être négligé.
   
Les antidépresseurs doivent                           être maniés avec prudence, le traitement                           d’un état mixte se rapproche en fait de                           celui d’un accès maniaque. Un traitement                           par sismothérapie peut être indiqué                           dans ces épisodes.
   
 
 

 

 

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Savoir repérer l’état mixte : un mélange de dépression et d’hypomanie au même moment

L’état mixte est une mixture détonante classique chez les personnes souffrant de bipolarité. Théoriquement, on peut penser quand on est bipolaire ou cyclothymique, que le sujet est en « haut » ou en « bas ». Cependant, il existe des épisodes où on peut présenter simultanément des variations d’humeur et d’énergie de polarité opposée. Ainsi l’« état mixte » consiste en un mélange de signes de dépression et d’hypomanie au même moment. Le plus souvent, on ressent la force de l’hypomanie (énergie se manifestant dans le corps ou dans l’afflux subit de pensées) d’un côté, et l’émotion négative ou l’immobilisme de la dépression de l’autre. Cet état mixte est nettement plus fréquent dans la cyclothymie et cela s’explique par la rapidité des oscillations des niveaux d’humeur et d’énergie, donc par l’extrême instabilité.

➤ Comment peut-on ressentir ces états mixtes ?
Pour vous aider à mieux définir ces états, pensez en premier que les variations vers le haut (les excès) et le bas (les défauts) s’opèrent dans trois domaines : votre corps (psychomotricité), votre humeur (émotions) et votre esprit (pensées).
Ainsi, en combinant les doubles variations dans les trois domaines, six formes d’états mixtes sont possibles (dans le tableau qui suit les états mixtes sont classés selon les combinaisons possibles avec des flèches orientées en fonction de la polarité hypomaniaque ou dépressive).

                                                              Pensées   Émotions     Corps
Hypomanie inhibée ou ralentie                       ▲ (H)       ▲ (H)          ▼ (D)
Hypomanie mixte « dépressive »                   ▲ (H)       ▼ (D)          ▲ (H)
Hypomanie avec pauvreté de la pensée         ▼ (D)       ▲ (H)          ▲ (H)
Dépression mixte agitée                               ▼ (D)       ▲ (D)          ▲ (H)
Dépression mixte excitée                              ▼ (D)        ▲ (H)         ▼ (D)
Dépression mixte avec pensée abondante      ▲ (H)        ▼ (D)         ▼ (D)

(H) : variation vers le haut hypomaniaque
(D) : variation vers le bas dépressif

 

 

Regardons ensemble ces formes classiques d’états mixtes.

– Vous êtes « hyper », exalté, de bonne humeur, vous vous sentez plein d’entrain,
envie de faire plein de choses, mais rien ne sort ; votre corps est en décalage,
il n’arrive pas à suivre l’envolée de vos émotions et ambitions.
Vous êtes dans une « hypomanie mixte type inhibée », tout comme une voiture
qui s’apprête à démarrer à pleine vitesse mais dont le frein à main est toujours levé.

Hèlène, 36 ans, mère au foyer vient souvent consulter pour une dépression ; c’est
le mari qui l’amène régulièrement lors de ses rechutes, qui, selon lui,
sont des dépressions. À l’entretien, Hélène, malgré son aspect général figé
et bloqué, participe bien et discute comme il faut. Elle se plaint de ne pas
pouvoir réaliser ce qui se passe dans sa tête.


– Vous êtes « hyper », bourré de projets à réaliser, et surtout
hyperactif (200 à l’heure et rien ne vous freine),
vos pensées aussi sont rapides et créatives, mais l’esprit ne suit pas.
Au fond, vous êtes en même temps triste, morose, pas de
joie, pas d’émotions agréables. C’est l’« hypomanie mixte
dépressive » ou dysphorique. Souvent, des montées subites
et incontrôlables de peur, d’angoisse, sans raison, une incapacité
à savoir comment faire les choses peuvent survenir
et entraîner une perte de contrôle et la panique. On ressent
un flottement dans la tête, sans pour autant être capable de
dire si c’est de la peur, de l’appréhension, ou l’attente d’une
catastrophe… Cet état est inexplicable et peut durer quelques
heures ou quelques jours sans raison particulière. La
différence avec les autres formes d’états mixtes réside dans
le fait que l’hypomanie n’alimente pas d’excitation mentale
ou physique mais représente un réservoir inépuisable
d’angoisse, sans scénario ou idée claire. Tout se traduit par
de la fuite, de l’évitement, de la peur flottante.

Paul, 45 ans, commercial
« Il m’arrive une à deux fois par mois d’avoir une montée de panique
sans raison. Je suis chez moi, je rentre du travail et cela arrive
d’un seul coup. Je sens que ma tête tourne à 100 à l’heure, je ressens
de la peur, mais je n’en trouve pas la raison. Et le pire est que,
comme c’est sans raison, je ne sais pas quoi faire pour me calmer. »


– Vous êtes hyperactif, envie de faire plein de choses, exalté
(en d’autres termes trop bien) mais votre esprit semble bloqué
– trop d’énergie pour rien –, pas de projet, la pensée
lente, pauvre ou bloquée sur une idée (ça tourne comme
une idée fixe ou une obsession et ça rumine). Dans ces cas,
on devient plus impulsif que d’habitude. L’impulsivité se
manifeste par des conduites à risque (envie de faire mal ou
de se faire mal, de prendre des risques, de tester l’impossible,
crises de boulimie). Très souvent, ces patients ressentent
une grande impression de vide et ont des envies
suicidaires. L’état mixte avec impulsivité est dangereux
(risque suicidaire, risque de se blesser) et demande que
vous appeliez au plus vite votre psychiatre. Ce type d’état
mixte, et notamment l’impulsivité qui l’alimente, est un
état très complexe reposant sur une base biologique
(l’énergie vient de l’hypomanie) et envenimé par des facteurs
psychologiques (événements ou pensées qui entraînent
une émotion triste ou une excitation).

Mathilde, 23 ans, étudiante en architecture
« Quand je me sens bouillonnante dans la tête et que mon corps ne
veut rien, c’est insoutenable pour moi, autant à cause de l’ébullition
que par la montée inexpliquée d’une impulsivité et d’une envie
de se foutre en l’air pour que ça cesse. Le plus souvent je prends du
cannabis ou je me tripote les bras à la lame de rasoir. Cela m’arrive
soit quelques fois par an, soit très fréquemment en quelques jours.
Puis ça retombe d’un seul coup. Jusqu’à la prochaine fois. »


– Vous êtes très agité, comme une pile électrique (taper du
pied, raclements incessants de gorge, impossibilité de rester
en place) et à l’inverse votre cerveau est complètement
vide, sans idée claire, avec un ressenti triste. C’est l’hypomanie
dans le corps et la dépression dans les émotions et
les pensées. C’est la « dépression mixte agitée » (ou Melancholia
Agitans).

Étienne, 27 ans, professeur d’italien
« Il m’arrive souvent, quand je perds pied, quand je suis dans une
situation dont je ne trouve pas l’issue, de ressentir une montée de
souffrance très vive et de forte agitation. Je touche à tout, je zappe,
commence sans finir, je n’ai aucune concentration. Je me sens mal,
j’ai envie de tout casser, et en même temps mon cerveau ne
veut rien entendre. Le plus souvent, je sors dans la rue et je marche
pendant des heures, ou je vais à la piscine me fatiguer physiquement.
Et si on me demande ce qui se passe, si on me demande
d’écrire, il n’y a rien qui sort. Je ne suis même pas sûr de pouvoir
rester attentif à ce qu’on me dit. Je me sens mal, ça doit sortir, j’ai
les larmes aux yeux. »


– Vous-vous sentez abattu, l’esprit ralenti, tout a l’air d’une
dépression « banale » mais vous êtes pris par des crises de
rire ; paradoxalement, votre humeur paraît joyeuse sans
raison.

Alexandre, 19 ans, étudiant en économie
« La dernière fois, je regardais un DVD et subitement j’ai eu une
crise de fou rire et des larmes de tristesse qui sont montées. Le
DVD me paraissait drôle mais ce que disait la personne touchait
en moi une douleur passée. C’est très étrange cette impression de
ressentir des émotions contradictoires d’un seul coup. »


– Vous ressentez votre corps lourd comme « en plomb »,
avec une immense difficulté à faire quoi que ce soit ; vous
ressentez une intense fatigue, de la tristesse ou du mal-être,
et paradoxalement votre cerveau est envahi de milliers de
choses floues, de pensées pêle-mêle de ce que vous avez
fait dans la journée, des pensées qui s’encombrent sans fil
conducteur et forment comme un « bouchon de circulation
» (certains désignent cet état de « crowded thoughts »
ou embouteillage de pensées). C’est la dépression au
niveau du corps et de l’émotion et l’hypomanie au niveau
de la pensée (trop-plein de pensées).

Fabien, 32 ans, assistant juridique
« Le soir, quand je me couche, je sais que c’est parti pour plusieurs
heures de ruminations sur tout et rien, une parole entendue dans la
journée, une chanson qui passe en boucle dans ma tête. Je
ne peux rien contrôler et c’est extrêmement fatigant. Je me sens
épuisé et pourtant, il y a quelque part une réserve d’énergie intarissable
pour alimenter ces délires. »


Quelle que soit la forme que revêt l’état mixte, il est fréquent que les patients relatent aussi des manifestations anxieuses comme l’arrivée :
– d’obsessions soudaines, souvent à thème sexuel, de mort,
de maladie. Ce sont des pensées absurdes et irrationnelles,
basées sur rien, aucune logique, mais insistantes et intrusives,
en boucle ;
– des crises de panique spontanées, parfois survenant en
plein milieu de votre sommeil ;
– d’une anxiété sociale sévère où l’on devient subitement timide,
on perd ses moyens face aux autres et on n’a qu’une seule
envie, est disparaître ou quitter les lieux dans l’immédiat ;
– des soucis de tout genre au sujet de la famille, du travail,
de la santé, des finances… ;
– des inquiétudes sur votre corps au point de devenir subitement
hypocondriaque.



➤ Pourquoi est-il si important de connaître les états mixtes ?
– En premier lieu, ça aide à suspecter la nature cyclothymique de votre trouble ; en effet, on ne peut pas manifester un état mixte si on n’est pas bipolaire ; donc mixité signifie présence de phénomène bipolaire.
– En second, les variétés des états mixtes peuvent fausser les pistes diagnostiques vers des diagnostics comme TOC, trouble panique ou hystérie.
– Enfin, ne pas détecter un état mixte peut vous exposer à des risques liés à un traitement inadapté, comme vous prescrire un antidépresseur alors que vous êtes dans une dépression mixte, ce qui peut entraîner une levée brutale de l’excitation, des idées ou pulsions suicidaires ou une aggravation nette de l’agitation avec des conduites impulsives ou violentes.

 

Extrait du livre d'Elie Hantouche et Vincent Trybou, SOIGNER SA CYCLOTHYMIE, éditions Odile Jacob

Toute reproduction interdite

 

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ETUDE SUR 50 Pages des Etas MIXTES :

Aller à cette adresse :

http://doc.rero.ch/record/4169/files/1_GervasoniNG_these.pdf

 

 

 

 

 



11/04/2013
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