Luminothérapie
Luminothérapie
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La luminothérapie, fait partie de la grande famille des photothérapies, et consiste à exposer les yeux du sujet à une lumière dépourvue d'infrarouges (IR) et d'ultraviolets (UV). L'unité d'éclairement est le lux. Avec les lampes classiques, difficilement transportables à cause de leur dimension, on exposait les yeux à une forte luminosité : 2 500 lux pendant 2 heures, 5 000 lux pendant 1 heure ou 10 000 lux pendant ½ heure. Certaines nouvelles techniques de luminothérapie (souvent présentées sous forme de lunettes), proposent des appareils qui, grâce à leur haute technologie optique, permettent d'obtenir les mêmes effets thérapeutiques avec un dosage de 2 000 lux pendant ½ heure, ce qui diminue l'éblouissement par rapport à une lampe à 10 000 lux.
Mode d'action [modifier]
Les rayons lumineux stimulent les cellules ganglionaires de la rétine (photorécepteurs non-imageants) dont l'influx nerveux influence l'horloge biologique qui bloque la sécrétion de la mélatonine (hormone du sommeil) dans l'épiphyse (ou glande pinéale).
Activité physiologique de la lumière [modifier]
- Par son inhibition de la sécrétion de mélatonine, la lumière permet un réveil amélioré et une meilleure vigilance.
- Elle régule l'horloge biologique et améliore la synchronisation des rythmes biologiques : ce qui entraînera une meilleure forme et une meilleure énergie vitale.
- Elle stimule les régions de la base du cerveau et augmente la production de sérotonine (neurotransmetteur) qui a un effet antidépresseur et régulateur de l'appétit.
INDICATIONS [modifier]
Dépression saisonnière ou blues de l'hiver [modifier]
La dépression saisonnière se caractérise par une baisse d'énergie et une augmentation de l'appétance pour le sucre. Si un sujet présente ces symptômes du mois d'octobre au mois de mars pendant au moins deux années consécutives, on parlera de dépression saisonnière (Winter blues). On peut considérer que 10 à 15 % de la population du Bénélux souffre de dépression saisonnière dont plus ou moins 75 % de femmes et 25 % d'hommes. Un pourcent de cette population nécessite une hospitalisation. Selon des médecins américains, la lumière constitue un traitement de premier choix pour soigner ce type d'affection et présente l'avantage d'éviter les effets secondaires des médicaments.
(Dr Norman E. Rosenthal et Gérard Pons : "Soif de lumière" Jouvence éditions)
Dépressions non saisonnières [modifier]
Certaines études américaines proposent l'association de la luminothérapie et d'un antidépresseur sérotoninergique. Cette association permet de raccourcir le délai de réponse de l'antidépresseur et, même dans certains cas, de diminuer le dosage des médicaments. Utilisée en fin de traitement, la luminothérapie permet d'allonger la période de "bien-être" du patient.
Travail de nuit ou travail de "pauses" [modifier]
Pour un travail de nuit, la luminothérapie est utilisée au moment qui correspond au début de la journée de travail. Une deuxième exposition à la lumière est préconisée vers 1h. du matin (moment du "coup de pompe") et en fin de travail, la personne évitera la lumière du matin afin de mieux dormir durant la journée.
Pour un travail de "pauses", il faut qu'il n'y ait pas de changement d'horaires sur une durée de minimum 7 jours. A ce moment-là, il faudra adapter chaque changement d'horaire de travail en se basant sur les traitements de luminothérapie préconisés dans le jetlag (changement de fuseau horaire lors de voyage aérien).
Troubles du sommeil et luminothérapie [modifier]
La luminothérapie permet de remettre à l'heure l'horloge interne du patient qui présente des décalages de phases ou des insomnies.
1) Avance de phase du sommeil : le patient s'endort tôt (17 h. p. ex.) et se réveille tôt (p. ex. 3 h. du matin). Une séance de luminothérapie vers 17 h. retardera la phase de sommeil vers la nuit.
2) Retard de phase de sommeil : le patient s'endort tard et se réveille tard. Une séance matinale de luminothérapie recalera la phase de sommeil vers la nuit.
3) "Mauvais sommeil" : une séance matinale de luminothérapie améliorera le sommeil du patient tout en évitant les effets secondaires des hypnotiques (somnolence matinale, diminution de la mémoire et décapitation des phases III et IV du sommeil (phases de récupération), diminution de la libido, risques d'accoutumance et de dépendance).
La luminothérapie a été citée comme une des meilleures thérapies non médicamenteuses de l'insomnie.
Voyage aérien : décalage horaire ou "jetlag" [modifier]
Lorsqu'une personne voyage en "sautant" des fuseaux horaires, elle ressent un état de fatigue ou d'éveil à un mauvais moment de la journée. Pour se remettre en phase avec le nouvel horaire du pays dans lequel on va, nous avons besoin d'un jour de "réadaptation" par fuseau horaire "sauté" . A titre d'exemple, un voyage Bénélux <---> États-Unis engendre un décalage de 6 heures par rapport à l'horaire de départ. Un individu normal aurait besoin normalement de 6 jours de "réadaptation" au nouvel horaire mais, grâce à la luminothérapie, 1 à 2 jours lui suffiront. Chaque voyage devra être analysé individuellement et certaines méthodes de calcul permettent d'établir des traitements de luminothérapie différents selon le nombre de fuseaux horaires "sautés".
Quelques conseils supplémentaires :
- Dans l'avion, boire au moins deux litres d'eau (en évitant l'alcool et le café).
- Se mettre directement à l'heure de la destination : régler la montre à l'heure de la destination future et imaginer la présence sur place.
- Adapter le comportement en fonction du nouvel horaire.
- Pour rester éveillé plus longtemps, prendre un repas riche en protéines (viandes). Consommer des protéines, riches en tyrosine et pauvres en sucres augmente l'excitation des neurotransmetteurs dont la sérotonine et provoque l'éveil.
- Pour trouver le sommeil, prendre un repas riche en glucides. Consommer des produits comme du lait riche en tryptophane (précurseur de la sérotonine) et des produits sucrés augmentant le taux d'insuline et aidant le transport du tryptophane à travers la barrière hémato-encéphalique provoquera une augmentation du taux de mélatonine.
Pour préparer votre voyage vers l'est :
Deux jours avant votre départ, réveiller-vous 2 h. plus tôt chaque jour et faites une scéance de luminothérapie le matin au lever pendant ½ h.
Pour préparer votre voyage vers l'ouest :
Les deux jours qui précèdent votre voyage, vous pouver faire une séance de luminothérapie (½ h.) le soir, 2h. plus tard chaque jour.
Remise à l'heure de l'horloge biologique [modifier]
La chronobiologie préconise la prise d'un médicament en fonction du métabolisme de celui-ci en effet notre horloge biologique règle les rythmes hépatiques. En choisissant une heure bien précise pour la prise d'un médicament, variable selon le type de médicament, le thérapeute pourra optimaliser le traitement et se permettre de diminuer les doses de celui-ci. Ce cas bien particulier de la médecine est utilisé en cancérologie où l'on a recours à des médicaments très toxiques. En cas de cancer, le patient subit des décalages par rapport à une journée normale, ceux-ci étant dus à son état de stress, d'insomnies, de nausées, ... La luminothérapie utilisée en début de traitement permettra de remettre l'horloge biologique interne du patient en phase par rapport à l'horloge réelle de la journée. Le thérapeute pourra alors choisir la meilleure heure pour l'administation du traitement anti-cancéreux.
Syndrome de fatigue chronique [modifier]
Pour le médecin, le diagnostic n'est pas aisé et ce type d'état du patient est très controversé. Cette fatigue intense peut "cacher" bon nombre de problèmes : dépression, fibromyalgie, mononucléose infectieuse,... De manière générale, la luminothérapie, par son action régulatrice sur le rythme circadien (+/-24h.), aura une action bénéfique sur la fatigue de la personne. Certains individus ont été soulagés de cet état de fatigue anormal par une simple exposition matinale à la lumière.
États dépressifs avant et après accouchement [modifier]
Une femme sur dix environ présente un état dépressif pendant sa grossesse. Pendant la période de gestation, le médecin évite autant que possible l'utilisation de médicaments (effets tératogènes, effets abortifs, ...). Un grand nombre de patientes présenteront un état dépressif après l'accouchement (baby-blues). Des séances de luminothérapie commencées pendant la grossesse et poursuivies après l'accouchement amélioreront l'état dépressif ante- et post-partum.
Syndrome prémenstruel [modifier]
Le syndrome prémenstruel est un désordre applicable aux jours précédant les menstruations chez certaines femmes. Il est caractérisé par une prise de poids notable due à une rétention hydrosaline excessive, par un gonflement douloureux des seins, des maux de tête, les jambes lourdes, des éruptions cutanées ou d'herpès et par des troubles du comportement : nervosité, anxiété, émotivité, dépression... Cet état est du à un déséquilibre du rapport sérotonine / mélatonine. La lumière peut rétablir cet équilibre. On préconisera une simple luminothérapie quelques jours avant l'apparition habituelle de ces symptômes.
Fatigue dans la sclérose en plaques et dans la maladie de Parkinson [modifier]
Une séance de luminothérapie matinale peut améliorer les états de fatigue intenses que connaissent les personnes atteintes de sclérose en plaques ou de la maladie de Parkinson. Un examen ophtalmologique est nécessaire.
Personnes âgées et démence sénile [modifier]
Les personnes âgées présentent souvent des avances de phase du sommeil : la personne s'endort tôt et se réveille tôt. Une exposition à la lumière vers 17h. retardera l'apparition du sommeil et décalera ainsi la phase de sommeil vers la nuit. Le personnel soignant est peu nombreux pendant la nuit, ce qui augmente les risques d'accident des personnes âgées qui se relèvent la nuit sans surveillance. N'oublions pas que beaucoup d'hypnotiques présentent de nombreux effets secondaires notamment des effets négatifs sur la mémoire, sur l'équilibre, ils diminuent la vigilance, ils provoquent des effets de sédation nocturne mais aussi diurne, ils ont un effet dépressogène et provoquent une dépendance et une accoutumance. La luminothérapie ne présente pas ces inconvénients et est certainement très bien placée pour remplacer ou, en tout cas, diminuer les hypnotiques.
États cognitifs et perturbation des cycles sommeil-éveil dans la maladie d'Alzheimer [modifier]
Ces états sont dus à une dégénérescence des cellules de l'horloge biologique à cause de la maladie. En début de maladie, lorsque l'horloge biologique est encore active, on peut espérer améliorer l'état général du patient en l'exposant à une séance matinale de luminothérapie. (La lumière améliore la synchronisation des rythmes biologiques).
Boulimie - anorexie - prise de poids [modifier]
Les états compulsifs alimentaires tels que la boulimie et l'anorexie peuvent être améliorés par une séance matinale de luminothérapie. Une étude parue dans le Int. Journ. of eat disorders (janvier 2003 vol 33;76-77) propose une "aide" thérapeutique au moyen de la luminothérapie à toutes les adolescentes atteintes d'anorexie. Dans les prises de poids, la luminothérapie pourra venir en aide dans le sens où elle diminue les appétances pour le sucre. Ces compulsions alimentaires sont plus souvent présentes au début de l'automne et pendant toute la période automne - hiver. Cet attrait pour le sucre est dû à un manque de sérotonine. En mangeant du sucre, l'augmentation du taux d'insuline permet un passage plus aisé du tryptophane (précurseur de la sérotonine) au niveau de la barrière hémato-encéphalique. Ce réflexe peut être compris comme un réflexe de régulation interne.
Abstinence alcoolique [modifier]
Une étude parue dans Journal of Clinical Psychiatry (1993) (Jul, 54.7, 260-2) démontre que la "noirceur" appelle l'alcool. Sans facteur de stress ajouté, des rats soumis à une noirceur totale préfèrent boire de l'alcool que de l'eau. Dans ce même journal, l'auteur montre que la luminothérapie peut s'avérer très utile dans les sevrages alcooliques. On peut remarquer que les rechutes dans l'alcoolisme sont plus fréquentes pendant la période automne - hiver. Spécialement pendant cette période, une séance matinale de luminothérapie administrée à ces patients les aidera à prévenir les rechutes. Par son effet stabilisateur sur le sommeil et sur la composition de celui-ci, la lumière utilisée pendant le sevrage alcoolique trouvera une place de choix en complément avec les traitements conventionnels.
Sport [modifier]
Des études ont été faites sur l'état de vigilence du cerveau de volontaires exposés ou non à la lumière. Il s'avère que les personnes exposées à une lumière intense répondent plus rapidement et avec plus de discernement que celles mises dans la pénombre. Les sportifs, pratiquant un sport nécessitant une grande attention, verront un intérêt certain dans l'utilisation de la luminothérapie. Pour les sportifs professionnels, un problème de jetlag peut s'ajouter.
Personnes actives et en bonne santé [modifier]
Une petite séance de luminothérapie, dans les deux heures après le lever, procurera à tout un chacun le même tonus qu'une matinée ensoleillée de printemps ou d'été.
EFFETS SECONDAIRES [modifier]
La lumière étant dépourvues d'ultra-violets et d'infra-rouges, la luminothérapie est a priori dépourvue d'effets secondaires. On observe parfois de légers maux de tête et de l'insomnie, surtout en début de traitement. Une diminution de la durée d'exposition et un espacement plus importants des séances fera disparaître ces petits inconvénients.
Il faudra être prudents chez les personnes sensibles à la lumière, soignées aux sels de lithium ou aux tétracyclines (sensibilisants).
La prudence est de règle chez les maniaco-dépressifs (c'est à dire souffrant de maladie bipolaire) qui ne feront pas de luminothérapie en dehors d'une surveillance médicale : risque de faire un état maniaque, d'autant plus important si le patient a tendance à prolonger les séances de luminothérapie. On conseille aux maniaco-dépressifs des séances de 10 minutes pendant les phases dépressives et un arrêt du traitement dès amélioration des symptômes.
CONTRE-INDICATIONS [modifier]
- Dégénérescence maculaire liée à l'âge.
- Rétinopathie.
- Glaucome.
- Cataracte.
- Maladie(s) pouvant provoquer une atteinte des yeux (p. ex. le diabète, ...).
Dans tous ces cas, il est recommandé de consulter un ophtalmologue