Partir 02 - Enfance

main à son front, puis recule devant la ceinture que je continue à faire tournoyer au-dessus de ma tête. Je lis dans ses yeux une peur animale. Puis celui-ci se ressaisit et marche alors vers moi menaçant. Cette fois-ci je suis désemparé devant la taille de ce colosse de 100 kilos et me met à mon tour à reculer. Ma mère se ressaisit et se met entre nous deux. Cela décide mon père à sortir brusquement de la pièce. J'ai la sensation d'avoir sauvé la vie de ma mère qui allait chuter en arrière dans l'escalier, et soulagé moi-même d'avoir échappé à la mort.

J'ai la sensation d'avoir franchi une limite. Une limite interdite.

Les limites. Je les cherche autour de moi.

Les humains ne m'intéressent pas. Je les crains. Je sens que les questions que je me pose sont partout autour de moi. Je scrute le noir du ciel et les étoiles. Je parcours les forets. Je franchis les cours d'eau et les prairies. Je marche sous le vent et la pluie.

Je décide d'aller à l'opposé du village. Là où les champs de terre immenses remontent vers des collines lointaines et proches à la fois d'où il est possible de surplomber le paysage du village.

Une haute colline domine, et je dois traverser les champs pour m'y rendre.

Les maisons vieilles comme le temps défilent sur mes pas. La rue n'en finit plus. C'est une rue de traverse qui ne mène nulle part. Après c'est le vide, l'inconnu. La dernière maison me rassure.

J'imagine ses occupants, blottis près de la cheminée. Cette vision me réchauffe.

Devant ce sont les champs, à l'infini, comme un appel au vivant..

Les couleurs me giflent en arrivant. Du pourpre, de la terre de sienne, du rouge, mille couleurs me frappent au visage.. L'odeur acre de la terre me serre la gorge.

Les sillons luisent sous le ciel blanc, comme si la pluie était passée.. Sensation qui ondule, serpents qui s'entrecroisent. L'odeur des terres. Je m'avance et la foule aux pieds. Je m'enfonce. Sensation de marcher sur une chair. Envie de me rouler dans les sillons.

Le désir monte en moi. Troubles. La terre me colle aux pieds. Impression de m'ensevelir.

Je suis maintenant au milieu du champ. Je m'arrête et fais un tour sur moi-même.

Sensation d'avoir foulé le monde. Tout a l'air si lointain, le village, la rue, le reste du monde. Je suis entre le village et la colline, et le ciel vide et blanc.

L'air raisonne. Des corbeaux croassent loin dans le ciel. La terre m'avale entier. Je suis pétrifié, et me retourne. Je scrute la colline. Elle est toujours là immense, et me domine. Pétrifié par les couleurs et les odeurs. Envie de rester là pour toujours. Pour profiter de l'instant à jamais.

Au loin les horizons lointains et bleutés des collines.

D'autres mondes qui m'échappent pour toujours.

Je suis seul. Si seul. Et heureux.

 

 

 

 

DANS LE JOUR QUI RUISSELE

Dans le jour qui ruissèle, les labours enceints,
sous la pluie fine qui trempe ma peau nue,
je pars au milieu des gués, des sillons bruts,
en marchant sur la terre des ombres noires,
sous la charpente voûtée des cieux gris,
sans peur ni regrets je m'enfouie en dédales,
mes pensées sont confuses, le sang fouette mes sens,
quand se coule la rosée, sur mon front orné d'un ciel bas.

 

Mon frère de 3 ans qui urine au lit revient de l'extérieur de la maison avec sa culotte trempée. Ma mère comprend, puis se saisit d'une poêle brûlant sur le gaz et l'applique brutalement sur la bouche de mon frère. Celui-ci se met à hurler longuement et je constate que ses lèvres sont brûlées et noirâtres. Je suis tétanisé par la violence de la scène, et ne peut dire un mot, ni même penser. Mon autre frère assiste à la scène.

Le lendemain, j'ai tout oublié.

Je suis subjugué par les éclairs de l'orage. Je sors sous la pluie qui me bat au visage. Le tonnerre roule au lointain, quelquefois au pied du village. Puis un claquement terrible illumine le ciel. Je tends les bras sous l'eau qui me trempe. Vers le feu du ciel que j'implore. Les nuages entraînés par le vent avancent sous le noir. La nature en folie galvanise mon courage. Je cours et je vole en riant. Les arbres battent de leurs branches l'espace qui résonne. Je cours et je vole transi par le vent.

ILS MARCHENT SUR LE VENT

Nous chevauchons le vent,
les nuages gris et lourds,
trépassés par les songes
qui peuplent nos rêves.

Dominant les plaines,
Nous sommes muets, accroupis,
nos yeux regardent en vain

Les éclairs blancs des cieux.


Le tonnerre roule la nuit,

Tels arcs-en-ciel les jours de pluie.
Pour recevoir les averses chaudes
des ciels noirs d'orage,

Condamnés à sentir en nous,
ce que les mots ne peuvent décrire,
nous marchons sur le vent,
pour déterrer nos sens enfouis.

Ce qui est beau, c'est qu'un enfant a confiance dans sa maîtresse, surtout quand c'est une enseignante et une femme à la fois, et qu'elle a elle-même des enfants.

La mienne prenait à partie mon petit frère à 4 ans et le déculottait devant toute la classe pour lui mettre des claques sur les fesses. Oui, celui qui avait été brûlé aux lèvres. Et qui avait été violé par l'Education Nationale aussi.

Ma maîtresse vient un jour me voir dans la cour, m'apostrophe avec dédain, et me dit violemment sans raison que je ne m'appelle pas Pascal C..... Un coup de foudre frappe ma pensée, et je sens une panique cosmique m'envahir. La tête me tourne.

" Non ", dit-elle, tu ne t'appelles pas C.......

Puis aussi brusquement qu'elle était venue, elle tourne les talons et disparaît dans une classe. Je suis interloqué, et dès le retour à la maison, je raconte la scène à ma mère. Je vois soudain son visage s'obscurcir gravement, et sans rien dire elle quitte la pièce. Je sens que quelque chose ne va pas, ne tourne pas rond, et je suis inquiet. Le lendemain, ma mère m'accompagne à l'école, puis se rend dans le bureau de la maîtresse. J'entends alors des cris, des voix qui parlent fort, et je comprends que ma mère est entrain de chahuter la maîtresse pour sa déclaration le jour précédent. Je me réfugie au fond de la cour car j'ai l'intuition que je vais être victime de la fougue de la maîtresse. Je ne me suis pas trompé, la voici un quart d'heure plus tard marcher vers moi à grandes enjambées, grande comme un homme et charpentée comme une maison. Je suis terrorisé, et comme par défi pour ne pas montrer ma peur, je relève la tête dans sa direction pour l'affronter.

" Alors ! ", Hurle t-elle, " tu as osé dire à ta mère que je t'aurais dit que tu ne t'appelais pas C....... ! ".

" Oui ! " Réponds-je bravement en haussant le ton et en avançant mon petit corps.

" Mais c'est faux, petit menteur ", m'assène t-elle ! .

Et la maîtresse de faire un tour brusquement sur elle-même pour m'assener une gigantesque claque qui me fait vaciller sur moi-même, et me fait voir des étoiles blanches devant les yeux. Puis la harpie tourne les talons pour disparaître aussi vite qu'elle est apparue. Comme une tornade. Je suis sans mots, interloque, et mes bras tremblent.

Depuis ce jour, il me sera impossible de mémoriser un nom propre.

Mon nom n'est pas mon nom. On me cache un mystère. J'apprendrais 14 ans plus tard que mon père et ma mère n'étaient pas mariés, et que je portais le nom de ma mère au lieu de porter le nom de mon père.

La maîtresse l'avait su par l'état civil de la Mairie puisque son mari était le Maire du village, et elle était venue m'invectiver pour me donner honte d'être un enfant naturel.

Ce qui me blessait le plus est qu'elle m'ait dit que j'avais menti.

 

CHEMIN DE BRAISES

Sur le chemin de braises, pas à pas,
ma raison folle chavirera au trépas,
le vent soufflera sur les Andes,
et la pluie me flagellera au corps nu.


Sous les cieux qui tonnent aux nues,

où tout est nuit, brouillard qui s'exhale,
où la lumière troue le noir enveloppé,
je fuirais la raison qui m'échappe.

Qu'avais-je à voir avec les humains ? Seuls les vieux du village pouvaient peut-être me comprendre. Et je pensais comprendre leurs petits yeux pétillants et malicieux. Et je pouvais parfois les presser de mille questions, pour avoir en retour leur attention.

Il y a ce vieil homme en noir avec son bêret que je croise tous les matins près de la fontaine du village, dans la rue de l'école. Je lui dit bonjour à chaque fois et il me répond de même. Bien que l'on dise qu'il boit et qu'il menace régulièrement sa femme avec une hache, et qu'il m'impressionne, j'ai pour lui une curiosité spéciale.

J'apprendrais bien plus tard que c'est le grand-père du député socialiste et Maire GAUDRON, qui habite aussi le village, et avec qui j'entretiendrais une correspondance car lui aussi est tombé amoureux du petit village où nous avons grandi tous les deux.

Ce jour là, j'ai du récupérer un moineau blessé dans le jardin, qui n'a pas survécu. Je me souviens l'avoir mis dans un bocal en verre, et être allé l'enterrer au fond du jardin. Des larmes amères me coulaient aux joues. Je lui confectionnais une petite croix en bois que je plantais en terre. Je savais qu'il ne volerait plus. Que je l'avais perdu à jamais. C'était au printemps. Le printemps qui souriait à la vie.

La vie était rythmée les week-ends par le passage du marchand de peaux de lapins dans la rue du village, et à son cri " peaux de lapins ! ", les gens descendaient pour leur vendre leurs peaux. Régulièrement, le marchand était accompagné de son tambour, et après un long roulement de tambour, il énonçait à voix haute les décisions du maire aux administrés.

C'était le signal de la fin de la grasse matinée du Dimanche matin.

Les enfants s'habillaient ensuite de leurs plus beaux habits, et allaient à la messe à pied à l'église du village voisin.

Sur la route, on croisait le marchand de gniole à l'entrée du village voisin, juste avant l'église, avec son décanteur entièrement noir qui ressemblait à une locomotive à vapeur. Le décanteur était installé sur une charrette, et tiré par un cheval. Il était donc impossible aux croyants en marche vers la messe d'échapper à l'odeur du parfum de l'alcool entrain de se décanter.

La messe du curé était dite en latin, et le curé rondouillard se tournait la plus part du temps vers la sacristie, ce qui fait que nous n'avions pour seul repère que le livre de chant à notre disposition. Je regardais souvent intrigué les enfants de chœur, et les beautés architecturales de l'église.

De temps en temps, une voisine organiste venait jouer de l'orgue, et mes sens s'enflammaient alors sous les airs qui résonnaient sous les voûtes.

Les sorties de la messe donnaient sur un petit cimetière jouxtant l'église, et donnaient souvent lieu entre les gamins à des bagarres de cailloux entre les tombes, au grand désespoir du curé. Le curé nous distribuait des images religieuses comme cadeaux quand nous avions de bonnes notes au cours de catéchisme. L'histoire des saints m'ennuyaient prodigieusement. C'était la personnalité du Christ qui m'intéressait surtout. La culpabilité des hommes et qu'il portait pour les hommes me rappelait celle que me faisaient porter le coup donné à mon père, et par la honte que me faisait porter l'Education Nationale en refusant mon art de la peinture et mon nom patronyme. Et puis n'étais-je pas coupable de quelque chose puisque l'église refusait de me faire baptiser ?

Pourtant le curé ne nous oubliait jamais quand il distribuait le denier du culte, et ma mère lui remettait toujours l'enveloppe qu'il attendait.

Et elle n'oubliait jamais de nous donner de la monnaie pour la messe.

Le week-end, c'était aussi les promenades solitaires en bicyclette sur les routes des villages aux alentours, puis les fêtes qui rythmaient les saisons où on pouvait aller voir les balançoires en bois voltiger dans les airs, et acheter des pistolets à bouchon pour effrayer les adultes en tirant dans leur direction.

Il y avait aussi le train, que nous prenions parfois avec ma mère pour nous rendre à la ville de Laon, toute proche.

Une petite gare se trouvait en bas du village, au tournant d'une descente que nous prenions parfois à toute vitesse en vélo.

Les gares m'avaient toujours impressionné, surtout quand elles étaient plantées au milieu d'une campagne dans un décor aussi si grand, et l'on pouvait voir les rails venant de nulle part pour aller nulle part. J'avais une sensation d'immensité. D'infini.

Nous attendions alors la micheline, un train qui ressemblait à l'époque à un engin de science fiction, peint en couleur beige et rouge.

Je m'asseyais sur un banc et j'écoutais longuement le silence.

Je fixais les rails.

Des rails qui arrivaient de nulle part, et qui allaient vers nulle part.

Un arrêt sur la vie.

Un instant où l'on a le temps de s'interroger sur soi. Sur la vie.

J'étais entre deux trains. Entre l'arrivée et le départ. Nulle part en fait. Quelque part dans l'espace temps. A l'arrêt. A l'arrêt de moi-même.

Le temps n'avait alors plus de signification. Les rails silencieux de la gare ressemblaient aux aiguilles d'une horloge qui s'étaient arrêtées. Pour laisser place aux songes. Au silence. A la simple attente d'un arrêt sur la vie qui se prolonge délicieusement.

Je jouissais alors du moment présent, sans avoir de but précis ou une certitude quelconque.

J'étais dans la contemplation d'un temps figé, mais qui se démultipliait en fait à l'infini, de telle sorte que le temps n'existât plus.

Attendre le train, c'était toujours pour moi un moment religieux.

Puis pour rythmer les années, il y avait aussi les fins d'années scolaires où on remettait les prix, et où chacun avait une pièce de théâtre à jouer sur une estrade improvisée, devant tout le village qui était convié à la fête.

On y voyait " les grands " aussi jouer leur propre pièce de théâtre, des adolescents qui avaient passé leur certificat d'études et qui étaient partis au lycée. Ils étaient souvent excellents en théâtre, et je les admirais pour leur vitalité intellectuelle comparée à celle des enfants de mon âge.

Je suis attiré très tôt par les livres. Je fouille régulièrement le grenier pour lire les vieux livres qu'ont entassé mon père et ma mère.

Je suis fasciné par un livre sur l'Afrique qui regorge d'images sur la faune, la flore et ses habitants, les tribus sauvages.

Nous allons passer nos vacances aux Sables d'Olonnes. Je suis vite fasciné par la mer. Une promenade organisée sur un chalutier pour les touristes où je participe avec mes deux frères et ma mère traverse une tempête lors du retour. Les touristes vomissent. Je suis accroché vers l'avant au bastingage et j'exulte de joie quand l'écume des vagues m'éclabousse.

Mes parents ont un bateau en modèle réduit, c'est un voilier ancien à trois mats entièrement fait de bois, et je rêve des heures durant devant celui-ci en imaginant des aventures lointaines.

Mes grands-parents et mon grand-père remplaçaient maintenant un peu le père absent que j'avais, et qui partait parfois des semaines sans laisser de nouvelles, ni d'argent, pour son travail qui consistait à visiter les fermes pour vendre de l'engrais pour les récoltes des fermiers.

Je me souviens être allé une fois chez la commerçante du village chercher des bombons. Elle m'apostrophait durement en me disant qu'elle ne pouvait plus continuer à faire crédit des courses de ma mère, et qu'il fallait qu'elle règle la note au plus tôt.

Les adultes sont comme les enfants. Ils sont sans pitié.

Ma grand-mère d'origine bretonne, et donc pauvre elle aussi, collectionnait les emballages papier d'orange pour remplacer le papier toilette. C'était rude au toucher, et pas très pratique. Ce qui est à ce stade un épouvantable sens de l'économie je le reconnais. Toutefois, pour lui faire plaisir, croyant bien faire, je lui en mettais toujours de coté, et je me demande si c'est pour cela que je suis devenu son préféré par la suite.

Elle me parlait de son père qui s'était engagé toute sa vie comme militaire dans les colonies, et je suivais avec passion les noms des pays lointains et exotiques qu'elle citait et où il avait fait la guerre. L'Afrique, l'Orient, puis l'Asie. C'était l'époque de la grandeur de la France, comme certains disent. Mon arrière-grand-père avait donc rencontré sa femme sur l'Ile d'Ouessant où son bateau de guerre était stationné. Sa femme était la bonne du médecin de l'île.

Ouessant, l'île de l'extrême et des tempêtes.

Ouessant, c'est voir son sang.

Je tomberais par la suite amoureux de cette île.

Puis mon arrière-grand-père avait fait la guerre de 14/18 où il commandait une compagnie de sénégalais nettoyeurs de tranchées. Ma grand-mère soulignait que ce travail était terrible, car il consistait à trancher la tête des jeunes allemands qui étaient blessés dans les tranchées après les combats. Souvent ceux-ci tendaient les photos de leurs fiancées pour demander pitié et pour se faire épargner. Mais les Sénégalais étaient sans pitié. Et c'est pour cela qu'on les avait pris pour nettoyer les tranchées.

J'avais réellement une sympathie pour eux, bien qu'ils étaient censés être nos ennemis.

Je dédis à mon arrière-grand-père cette histoire qu'il a probablement vécue.

LES NETTOYEURS DE TRANCHEES

La guerre faisait rage.. Et 500 000 hommes se faisaient face chacuns de part et d'autre d'une frontière imaginaire... Allemands et Français, blottis dans les tranchées sous les obus qui pleuvaient sur la rase campagne..

Les canonnades avaient fini d'ensemencer la plaine, et les deux armées s'étaient retirées, laissant des tranchées percées par les trous d'obus..

Le ciel était morne, gris et les champs de terre labourés par les impacts avaient remplacé l'herbe verte des saisons.

Ma compagnie de tirailleurs sénégalais était là, à pied d'œuvre, pour investir ce qui restait des tranchées, des talus de terres vives, ensanglantées, où se comptaient par centaines les cadavres des allemands dont nous avions enfoncé le front..

Maintenant c'était le sale boulot à faire, le boulot des nettoyeurs de tranchée, et mes 200 sénégalais avaient sorti leurs machettes de leur fourreau, pour couper les têtes des blessés qui gémissaient, que nous allions retrouver dans les monceaux de cadavres qui s'exposaient sous un soleil voilé par des nuages s'étirant de gris.

Les blessés encore conscients levaient les bras en l'air, en nous voyant arriver, tenant les photos de familles dans leurs mains tremblantes, femmes, enfants, parents, amis.

Rien ne pouvait émouvoir les Sénégalais, leur réputation terrorisait les Allemands du front.

Je partais dans une tranchée, et me retrouvais seul coupé de mon bataillon, et j'avançais parmi les corps sans vie.

Et je vis un jeune allemand allongé, qui glissa sa main dans sa veste, pour ressortir un portefeuille pour enfin montrer une photo..

Je m'approchais de lui, le fusil pointant, et je ne pus m'empêcher de regarder un instant la photo.

La femme était très belle, d'une vingtaine d'années, et ses cheveux bouclés n'arrivaient pas à cacher le grand front qui ornait un visage d'une douceur étrange.

C'était un jeune allemand qui devait avoir une fiancée, qui l'attendait quelque part, et il me suppliait, comme tant d'autres, que je lui laisse la vie.

Je pensais que j'allais la lui ôter, dans quelques instants. Je pensais à ma propre femme, à mes trois enfants qui m'attendaient.

Et je n'aurais pas voulu être à la place de cet homme. Mais les yeux de l'Allemand ne quittaient pas les miens, et je devais les baisser pour ne pas



07/08/2007
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