Phéromone

Phéromone

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Les phéromones sont des substances émises par la plupart des animaux et certains végétaux, et qui agissent comme des messagers sur des individus de la même espèce. Extrêmement actives, elles agissent en quantités infinitésimales, si bien qu'elles peuvent être détectées, ou même transportées, à plusieurs kilomètres. Chez les mammifères et les reptiles, les phéromones sont détectées par l'organe voméro-nasal, tandis que les insectes utilisent généralement leurs antennes.

Les phéromones sont des substances chimiques comparables aux hormones. Mais, tandis que les hormones classiques (insuline, adrénaline, etc.) sont produites par les glandes endocrines et circulent uniquement à l'intérieur de l'organisme en participant à son métabolisme, les phéromones sont généralement produites par des glandes exocrines, ou sécrétées avec l'urine, et servent de messagers chimiques entre individus. Elles peuvent être volatiles (perçues par l'odorat), ou agir par contact (composés cuticulaires des insectes par exemple, perçues par les récepteurs gustatifs). Elles jouent un rôle primordial lors des périodes d'accouplement, et chez certains insectes sociaux, telles les fourmis ou les abeilles. Ces phéromones sont indispensables au bon fonctionnement du groupe. Les phéromones sexuelles des insectes contribuent à l'isolement reproducteur entre les espèces grâce à leur spécificité. Par ailleurs, on a longtemps pensé que l'organe voméro-nasal, très actif chez les animaux, ne fonctionnait pas chez l'homme ; or, plusieurs études ont prouvé le contraire. Les biochimistes savent dorénavant produire des phéromones de synthèse.

Sommaire

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Étymologie et définition [modifier]

Le terme de phéromones fut défini par le biochimiste allemand Peter Karlson et l'entomologiste suisse Martin Lüscher[1] en 1959 à partir des racines grecques :

  • pherein (transporter) et
  • hormon (exciter).

Ainsi, les phéromones furent définies comme : « des substances sécrétées par des individus et qui, reçues par d'autres individus de la même espèce, provoquent une réaction spécifique, un comportement ou une modification biologique »[2].

Les différentes phéromones [modifier]

On distingue deux types et sept classes de phéromones intervenant dans la communication chimique, et définis essentiellement à partir des insectes :

  • Type A : phéromones incitatrices. Elles agissent sur le comportement
  • Type B : phéromones modificatrices. Elles agissent sur la biologie
1. Phéromones de territoire 

Déposées dans l’environnement, elles délimitent un territoire. Chez les canidés, ces hormones sont contenues dans les urines que les individus déposent sur des repères, ceux-ci servant en quelque sorte de « bornes » pour marquer leur « territoire ».

2. Phéromones de trace 

Elles sont très courantes chez les insectes sociaux : les fourmis, par exemple, balisent leurs pistes par des hormones de trace - en l'occurrence, des hydrocarbures non-volatiles.

3. Phéromones d’alarme 

Ce sont des substances volatiles libérées par un individu en cas d'attaque par un prédateur, et qui déclenchent la fuite (pucerons) ou l'agression (abeille) chez les autres individus de la même espèce. Les phéromones existent aussi dans le monde végétal : certains végétaux, lorsqu’ils sont broutés, émettent des phéromones d’alarme ; les voisins réagissent alors en produisant des tanins qui les rendent moins appétants pour l’herbivore, si bien que celui-ci doit changer souvent de lieu.

4. Phéromones sexuelles 

Chez les animaux par exemple, les phéromones sexuelles indiquent la disponibilité des femelles pour être fécondées. Certains papillons détectent un partenaire sexuel à plus de 10 kilomètres.

5. Phéromones épidéictiques, ou d'« espacement » 

Reconnues chez les insectes, elles sont différentes des phéromones de territoire. 'Les femelles qui pondent leurs œufs dans ces fruits déposent ces substances mystérieuses au voisinage de leur ponte pour la signaler aux autres femelles de la même espèce : afin tout bêtement qu'elles aillent pondre ailleurs.' (H. Fabre)

7. Phéromones d'agrégation 

Produites par l'un ou l'autre sexe, elles attirent les individus des deux sexes.

8. Autres phéromones (non encore classées) 

Cette classification, fondée sur les effets induits sur le comportement, reste encore trop superficielle, et les phéromones remplissent bien d'autres fonctions.

  • Phéromones de Nasanov (abeilles ouvrières)
  • Phéromones royales de l'abeille…
  • Phéromones d'apaisement (mammifères)

Principales caractéristiques [modifier]

Suivant les espèces animales, on trouve des phéromones dans la peau, certaines glandes dermiques (sébacées, sudoripares), la salive, l'air expiré, les sécrétions des voies urogénitales, les sécrétions vaginales (primates), les glandes anales, les urines ou les fèces.

Les phéromones sont généralement perçues par l'organe voméronasal (également appelé organe de Jacobson), mais chez les mammifères certaines sont perçues par le système olfactif principal: les dernières trouvailles montrent qu'une seconde famille de récepteurs olfactifs, les TAARS, semblerait reconnaître les phéromones mâles chez les souris.

Le signal phéromonal peut être constitué d'une ou de plusieurs molécules (bouquet phéromonal), émises simultanément ou successivement. Les phéromones existent sous forme volatile ou soluble ; elles parviennent au contact des cellules sensorielles soit par inhalation, soit après un contact physique. Une substance émise par un organisme peut être liée à une autre molécule, à un transporteur, ou être transformée (par exemple par une action bactérienne), avant de devenir une phéromone.

Les phéromones peuvent être des acides carboxyliques saturés, des stéroïdes, des aldéhydes, des esters, des cétones, des alcools et d'autres composés.

Les phéromones humaines [modifier]

Chez l'homme, les phéromones peuvent être sécrétées dans la sueur apocrine axillaire et périnéale (androstène et androsténol) et dans la partie prostatique du sperme (spermine et spermidine).

Chez la femme, les phéromones peuvent être sécrétées dans la sueur apocrine axillaire, mamelonnaire et périnéale, et dans les sécrétions vaginales produite par les glandes atriales et de Skene (chaînes courtes d'acide gras).

Dans l'espèce humaine, les effets les plus significatifs des phéromones sont physiologiques, comme par exemple la synchronisation des cycles menstruels des femmes qui vivent en communauté (Weller 1993).

On observe également quelques effets émotionnels, mais quasi aucun effet comportemental. Par exemple, par rapport à la sexualité, aucune des molécules testées n'a induit ou déclenché un comportement sexuel. Les résultats les plus intéressants concernent l’exposition aux androgènes, mais avec des résultats extrêmement contradictoires. On a ainsi montré que l'exposition expérimentale à l'androsténol augmente chez les femmes la durée de leur contact social avec les hommes (Cowley 1991). La molécule ne provoque pas le comportement de reproduction, mais elle permet de l'initier en favorisant le rapprochement hétérosexuel. Mais d'autres expériences ont montré que l'androsténone induit au contraire, chez les femmes, des réactions émotionnelles négatives envers les hommes (Filsinger 1985), que les hommes produisent simultanément les deux molécules, et que l'effet olfactif de l'androsténone est plus fort que celui de l'androsténol (Maiworm 1990) : l'effet global, en situation "naturelle", devrait alors être répulsif.

En conclusion, l'effet des phéromones est faible dans l'espèce humaine, et il est surtout physiologique.

Chez les mammifères, la diminution de l'importance des phéromones depuis les rongeurs jusqu'à l'Homme est cohérente avec la réalité neuroanatomique : chez les rongeurs, les structures olfactives représentent un tiers du cerveau, tandis que, chez l'Homme, elles ne représentent plus que quelques pourcents ; les trois quarts du cerveau humain étant dédiés aux fonctions cognitives.

Voir aussi [modifier]

Références bibliographiques [modifier]

  • COWLEY J.J., BROOKSBANK B.W. : Human exposure to putative pheromones and changes in aspects of social behavior. Journal of steroid biochemistry and molecular biology, 39/4B:647-659, 1991
  • FILSINGER EE, BRAUN JJ, MONTE WC. An examination of the effects of putative pheromones on human judgments. Ethol Sociobiol, 6:227–36, 1985
  • FOIDART A., LEGROS J.J., BALTHAZART J. : Les phéromones humaines : vestige animal ou réalité non reconnue. Revue médicale de Liège, 49/12:662-680, 1994
  • MAIWORM RE. Influence of androstenone, androstenol, menstrual cycle, and oral contraceptives on the attractivity ratings of female probands. Paper presented at the Ninth Congress of ECRO; 1990
  • MEREDITH Michael : Human vomeronasal function : a critical review of best and worst cases. Chemical senses, 26:433-445, 2001
  • WELLER Leonard, WELLER Aron : Human menstrual synchrony : a critical assessment. Neuroscience and biobehavioral reviews, 17:427-439, 1993

Liens internes [modifier]

Liens externes [modifier]

Notes [modifier]

  1. KARLSON P., LÜSCHER M.: Pheromones: a new term for a class of biologically active substances. Nature 183:55-56, 1959
  2. in M. Barbier, Les phéromones, aspects biochimiques et biologiques


31/08/2007
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