Polygamie

Polygamie

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Pays autorisant la polygamie en 2006 (en vert)
Pays autorisant la polygamie en 2006 (en vert)

La polygamie est pour un individu le fait d'avoir plusieurs conjoints : pour une femme ayant plusieurs maris on parle de polyandrie, pour un homme ayant plusieurs femmes de polygynie. Plus généralement, la polygamie désigne la situation d'une espèce animale dans laquelle un individu s'accouple avec plusieurs partenaires sexuels. En sciences humaines, le terme polygamie est souvent employé pour désigner la polygynie, mais c'est alors un emploi abusif.

La polygamie s'oppose à la monogamie. Dans le cas précis de deux conjoints simultanés, il s'agit d'une bigamie. On distingue différents sous types de polygamie, notamment la polygamie parallèle qui désigne la situation jusqu'à présent où un individu s'accouple avec plusieurs partenaires, non pas au cours du même acte sexuel mais au cours d'une même période reproductive et la polygamie séquentielle qui consiste pour un individu à avoir plusieurs partenaires différents au cours de sa vie, mais pas de façon simultanée. Cette dernière forme de polygamie est aussi dite monogamie sérielle.

La polygamie est une pratique mal perçue dans la civilisation occidentale au point que de nombreux États la reconnaissent comme un délit. Toutefois, certaines de ces administrations en question la tolèrent dans la pratique. À l'opposé, de nombreux pays autorisent la polygynie sans néanmoins l'encourager. C'est le cas non seulement de la totalité des pays à forte population musulmane, à l'exception de la Turquie et de la Tunisie l'ayant interdite en 1957, mais également de quelques pays animistes africains. Quelques États autorisent aussi la polyandrie.

Sommaire

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Polygamie en France [modifier]

Elle est en principe interdite par la loi mais en pratique, l'administration française tolère depuis longtemps la polygamie pour les immigrés, en vertu du respect traditionnel du statut personnel des étrangers. Le 24 août 1993, une loi est votée pour interdire le regroupement familial pour les polygames. Peu après, plusieurs circulaires reviennent sur l'interdiction stricte. Celle du 8 février 1994 précise que les femmes qui ont des enfants français ou qui séjournent en France depuis plus de quinze ans sont inexpulsables. En avril 2000 et en juin 2001, deux autres circulaires accordent le renouvellement des cartes de séjour pour les familles polygames arrivées en France avant 1993, sous réserve que les ménages «décohabitent». Selon les chiffres de la Direction des populations et des migrants du ministère des Affaires sociales, entre 8 000 et 15 000 ménages auraient pratiqué la polygamie en France en 2004. Le ministère de l'Intérieur avance des estimations entre 10 000 et 20 000.

Un arrêt d'assemblée du Conseil d'État du 11 juillet 1980, l'arrêt Montcho, a admis le regroupement familial d'étrangers dans le cas de polygamie.

Débat sur la polygamie [modifier]

Déclarations lors des émeutes de 2005 dans les banlieues françaises [modifier]

Les mardi 15 et mercredi 16 novembre 2005, le ministre délégué à l'emploi, Gérard Larcher, et le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, affirment que la polygamie constitue l'une des causes de ces violences urbaines. Le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy avait déjà déclaré le 10 novembre précédent qu'« il y a plus de problèmes pour un enfant d'un immigré d'Afrique noire ou d'Afrique du Nord que pour un fils de Suédois, de Danois ou de Hongrois. Parce que la culture, parce que la polygamie, parce que les origines sociales font qu'il a plus de difficultés. » Hélène Carrère d'Encausse, secrétaire perpétuelle de l'Académie française tient des propos similaires au journal Libération: « Tout le monde s'étonne : pourquoi les enfants africains sont dans la rue et pas à l'école ? Pourquoi leurs parents ne peuvent pas acheter un appartement ? C'est clair, pourquoi : beaucoup de ces Africains, je vous le dis, sont polygames. Dans un appartement, il y a trois ou quatre femmes et 25 enfants. Ils sont tellement bondés que ce ne sont plus des appartements, mais Dieu sait quoi ! On comprend pourquoi ces enfants courent dans les rues. » Ces déclarations ont suscité un tollé chez les personnalités associatives et les personnalités politiques de gauche. Pour le député-maire socialiste d'Évry (Essonne), Manuel Valls, « donner à penser que les problèmes actuels des banlieues seraient directement liés à la polygamie est gênant, voire insupportable. » D'après le député communiste Jean-Claude Sandrier, « les autorités cherchent des boucs émissaires [...] Le principal problème pour l'intégration c'est l'emploi. » Les Verts dénoncent les « relents racistes » de la droite et du gouvernement.

Au Canada une étude défend la polygamie [modifier]

Une étude juridique commandée par les ministère de la Justice canadien appelle à abroger la loi sanctionnant la polygamie tout en renforçant les lois protégeant les femmes et les enfants vivant dans des familles à conjoints multiples, révèle jeudi 12 janvier 2006 l'agence Canadian Press.
Ce rapport, rédigé par trois professeurs de droit de l'Ontario, avance notamment le fait que l'article du code pénal canadien sanctionnant la polygamie n'a aucune utilité, notamment du fait qu'il n'est quasiment jamais appliqué.
« La criminalisation ne s'attaque pas aux maux associés aux mariages polygames étrangers valides et aux unions plurielles, en particulier aux maux touchant les femmes », affirment les auteurs. Ils préconisent de remplacer cette interdiction par une modification de la loi offrant une réelle protection dans leur relation, notamment en leur offrant un droit à l'héritage.

Selon l'un des auteurs, la criminalisation aurait même des effets pervers se répercutant sur les femmes et les enfants. « Pourquoi criminaliser ce comportement ? Nous ne criminalisons pas l'adultère », affirme-t-elle.

« À la lumière du fait que nous avons une société à juste titre permissive… pourquoi distinguons nous cette forme particulière de comportement en la criminalisant ? », poursuit l'auteur.
« S'il y a des problèmes tels que des abus sur des enfants ou des abus entre conjoints, il existe d'autres dispositions pénales et d'autres lois traitant de ces problèmes, et qui devraient certainement être renforcées », estime-t-elle.

Une étude de l'INED sur la polygamie [modifier]

En mars 1995, l'Institut national d'études démographiques (INED) réalise une étude sur la capacité de la France à intégrer les étrangers. Une partie de cette enquête concerne la polygamie. En 1995, l'INED estime qu'il y a 10.000 ménages polygames en France. L'enquête précise également que cette pratique n'existe quasiment que chez les femmes d'ethnie africaine Mandé, qui représentent moins d'un quart de la population africaine noire de France.
Le taux de fécondité d'un ménage polygame est difficilement estimable et l'Insee a admis avoir sous-estimé le solde migratoire (Le Figaro 24 août 2006), donc il est à ce jour difficile d’avoir une estimation précise du nombre des ménages polygames en France.

Articles connexes [modifier]

Bibliographie [modifier]

  • (fr) Philippe Antoine et Jeanne Nanitelamio, Peut-on échapper à la polygamie à Dakar ?, Paris, CEPED, 1995, 31 p. (ISBN 2-87762-077-8)
  • (fr) Alfred Yambangba Sawadogo, La polygamie en question, Paris, L'Harmattan, 2006, 144 p. (ISBN 2296014895)

Filmographie [modifier]

Liens externes [modifier]



30/08/2007
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