Psychiatrie et Nazisme
Psychiatrie et
nazisme...firent bon ménage.
Dés 1908, le professeur Kraepelin de Munich, un des plus grand psychiatre d'Allemagne, se rallie à l'eugénisme. Il ne manque pas de communiquer ses idées eugénistes à ses étudiants, marquant l'accent sur la problématique de la reproduction chez les malades mentaux. (Il écrit "inférieurs mentaux). En 1914, le professeur A.Alzheimer, celui qui a trouvé la maladie du même nom, adhère à son tour à l'eugénisme. Il s'inscrit à la Société d'Hygiène Raciale, crée par Ploetz en 1905.
L'euthanasie soulève plus de questionnements. Il est fort probable que, sans le nazisme, l'eugénisme aurait persisté. En ce qui concerne l'euthanasie, en 1921, l'assemblée des médecins allemands rejette encore à l'unanimité un projet de loi autorisant la "suppression des vies indignes d'être vécues). Les eugénistes sont plutôt contre l'euthanasie. Il en va un peu différemment, pour certains darwinistes, d'étudier la possibilité d'avortement et d'euthanasie des nouveaux-nés difformes ou handicapés.
C'est plutôt les juristes et les psychiatres qui se montrent favorables à l'euthanasie en Allemagne avant 1933.
De 1934 à 1935, quatre lois dites "de Nuremberg" sur la ségrégation raciale et la protection de la race sont promulguées.
Deux d'entre elles concernent les malades mentaux (Loi pour la prévention de la procréation des personnes atteintes de maladie héréditaires en 1934, loi sur les examens prénuptiaux en 1935).
La schizophrénie, la psychose maniaco-dépressive, l'épilepsie et l'alcoolisme sont désormais considérés comme des maladies mentales héréditaires.
Des généticiens allemands connus tels que Rüdin sont chargés d'un enseignement destiné aux psychiatres pour les préparer à l'application des lois.
En effet, il convient d'apprendre que "l'Etat doit se substituer à la nature défaillante et supprimer les existences inutiles" (Mein Kampf)
Désormais, tout pouvoir est accordé au corps médical vis à vis des êtres humains dont ils ont la charge.
Notons qu'aucun psychiatre n'a été contraint de prenre part directement aux actions d'euthanasie, contrairement aux différents corps armés. On ne leur donnait pas l'ordre (Befehl) mais l'autorisation (Ermächtigung) avec pleins pouvoirs. Les acteurs médicaux de l'euthanasie sont essentiellement des psychiatres, de pédiatres et de très jeunes médecins généralistes idéologiquement nazis.
Au nom du matérialisme cérébral, l'handicapé mental est vu comme un inférieur. Le professeur Kloos, psychiatre de son état, considère ouvertement les enfants en bas age profondément arriéré comme scientifiquement comparables à des singes. Le pédiatre Catel, considère que ces enfants sont des êtres ayant forme humaine mais qui se trouvent à un niveau inférieur à celui d'un animal domestique.
Les chambres à gaz sont la finalité incontestable de l'euthanasie psychiatrique.
Plus de 150 000 malades allemands a pu donc se faire sans difficulté grâce à la collaboration, voire l'adhésion de la majorité des psychiatres. Au contraire, nombre d'entre eux s'approprient la dépouille des euthanasies, pour en extraire le cerveau et pratiquer des expériences. Parallèlement, on stérilise 360.000 stérilisations de malades dits "héréditaires".
En France
En France, sous le régime de Vichy, les asiles d'aliénés auraient connu une surmortalité (40000) morts selon la thèse de Lafont de Lyon en 1981 et publiée en 1987 sous le titre "l'extermination douce". Durant l'occupation nazie, la psychiatrie française se recommande des thèses d'Alexis Carrel ("l'homme, cet inconnu"). qui préconisent l'élimination des "tarés", dont font partie, bien entendu, les malades mentaux. L'élimination, à Sainte-Anne comme ailleurs, était faite par sous-alimentation, jusqu'à ce que mort s'ensuive
En Autriche
En Autriche, après l'Anschluss, le principe de l'euthanasie a régné en maître. En 1979, à l'occasion d'une émission télévisée, le Dr psychiatre Heinrich Gross s'explique sur la part qu'il a prise dans le programme nazi d'euthanasie. Il explique la bienfaisance dont il a fait preuve envers les enfants considérés comme "indignes de vivre" dans les hôpitaux psychiatriques, en empoisonnant leur nourriture. Cette confession n'a pas empêché ce brillant professeur de devenir, la même année, chef de la psychiatrie autrichienne.
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